I gotta feeling [birthday party] + open

J’avais eu la permission de quitter l’hôpital. Anniversaire de mon frère. Odieux mensonge mais je ne supportai plus de rester enfermée dans un endroit où ça sentait le désinfectant. Je fais LE MUR. Je me casse. Cependant avant de partir l’infirmière veille à ce que ma tension soit nickel, que j’ai pris mes médicaments et me refais les consignes. Pas d’alcool, pas de cigarette et on évite les peines de cœur. Je pense que je réussirai à m’y tenir sans soucis. Je passe faire un tour à la boutique du coin pour acheter deux peluches. Une pour Léo –ouais il est vieux mais on s’en fout- et une pour son fils. Il est tellement adorable. Rien que de penser à ce petit bout, mon cœur me serre mais je pourrais faire un effort. C’était l’anniversaire de mon ami. Des copines mannequins étaient venues me voir pour déposer la jolie robe que je devais porter. Du noir. Pour changer. J’attache mes cheveux en chignon lâche dans le taxi qui me dépose devant l’imposante demeure. Je reste un moment bouche bée avant d’entrer. Je me faufile pour repérer Léo qui est tout beau dans son costume. « Mon lapiiiiiiin. » Je m’approche de lui pour le serrer dans mes bras. « Bon anniversaire ! Alors pour fêter cette grande date t’as le droit à un cadeau de la boutique de souvenirs… » Je n’en ajoute pas plus tandis que je dépose un baiser sur ses genoux. « Jolie maison en tout cas. » J’essaie de lui sourire avant de le regarder tandis que les gens commençaient à arriver.

P*tain d'anniversaire à la c*n. Surtout si c'est pour voir la sale tronche de Léo. Mais la famille avant la haine. Arthur ne portait pas particulièrement sa cousine dans son cœur, mais il était présent pour elle en cas de pépin. Sa voiture étant en panne, il avait fait le chauffeur jusqu'à la demeure des Emerson. Quitte à passer une soirée pourrie, il videra les bouteilles de champagne. Et puis connaissant le metier qu'exercait Léo, il est persuadé qu'il rencontrera de jolis minois mannequins dans les parages. Profiteur, le Arty? Ouais, à mort.

L'anniversaire de Léo, un anniversaire que tu ne pouvais manquer sous aucun prétexte. Léo était quand même ton plus vieil ami, vous vous connaissiez depuis tout petit que tu avais l'impression d'avoir fait un bond dans le temps en te rendant chez lui ce soir pour fêter sa trentième année. Déjà trentenaire, et la tienne approchait aussi, d'ici un mois tu aurais 27 ans. Le temps passait vite, mais maintenant tu avais hâte que le temps passe vite, tu voulais que les six prochains mois se déroulent en un clin d'œil pour enfin profiter de ce qui grandissait dans ton petit ventre. Ce n'était pas encore très apparant, pour ça que tu avais mis un peu de temps avant de le réaliser mais maintenant que tu le savais, tu avais l'impression que ton ventre se dessinait un peu plus à mesure que les jours avançaient. Tu avais mis une robe un peu large pour cacher tout ça, ce soir c'était l'anniversaire de Léo, pas l'annonce de ta grossesse. Et tu étais ravie d'y aller ce soir parce que tu avais le sentiment de ne pas avoir vu Léo depuis un bail. Il était là à ton mariage mais vous n'aviez même pas eu l'occasion de discuter et avec les choses que tu avais appris entre deux, tu réalisais à quel point tout ça te manquait cruellement. Tu avais donc un plan mis en place, et il ne faudrait pas tarder à l'exécuter parce que ça allait vite bloquer dans le temps. Tu te rendais à la maison Emerson, tu poussais la porte pour admirer l'immensité de la pièce. Tu n'étais pas venue depuis des années et tu avais toujours ce sentiment de grandeur, l'impression d'être si petite face à tout ça. Tu souffles un bon coup, cherchant ton ami du regard mais il semblait déjà bien entouré, tu irais le saluer plus tard. Pour le moment tu partais à la conquête d'un verre d'eau, essayant de croiser un visage connu parmi la foule, peut-être que Fleur ferait bientôt son apparition.

Il était clairement impossible pour Fleur de rater le trentième anniversaire de Léo. Pendant plusieurs jours elle s’est torturé l’esprit pour trouver le cadeau idéal. Une montre ? Un parfum ? Un tee-shirt ? Par peur qu’il se retrouve avec les mêmes cadeaux, elle avait rayé ces idées de sa liste. Au lieu de ça, elle avait confectionné un grand panier à fruits enveloppé d’un papier brillant et de rubans colorés. Parmi les fruits elle avait placé/caché : une pochette de jeux à gratter, un couteau véritable suisse et une BD humoristique de poche « le guide de la trentaine ». Cela ne mangeait pas de pain, mais c’était à son image. Original, dirions-nous.

Fleur arrivait donc avec son panier à fruits dans la grande pièce principale où elle vit immédiatement son amie Lily. Son cousin Arthur l’avait déjà abandonné, ce qui n’était pas plus mal car elle n’était pas bien fière de se montrer à ses côtés. Il n’avait même pas pris la peine de retirer sa casquette. Vêtue d’une robe bicolore, verte et grise, Fleur avait joué la carte de la simplicité.

- Ma Lily ! Je suis contente de te voir ! Tu peux m’aider ? Où est-ce que je pourrais poser ça ? lui demanda t-elle à travers son énorme panier de fruits qui cachait la moitié de son visage.

Si d’habitude Lennox évitait à tout prix ce genre de soirée, où il y avait beaucoup trop de monde et où la panique menaçait constamment de s’emparer de tout son être, ce soir le notaire allait faire un effort. Pour Léo, pour son anniversaire. Son ancien voisin avait été là pour lui, dans de biens mauvais moments, encore plus que Lennox ne l’aurait imaginé d’ailleurs. Et si leur relation avait toujours été malheureusement basée sur leurs remises en question existentielles face à la vie, cette fête d’anniversaire était peut-être le bon moment pour faire tourner la roue. Pour que leur amitié prenne un nouveau départ, sur un nouvel élan. Après tout, Lennox allait mieux, beaucoup mieux, depuis qu’il était en couple avec Andreas. On aurait presque pu croire qu’il flottait sur un nuage, même si ce nuage en était de pluie et de gris, il était quand même au-dessus et ça, c’était tout nouveau pour Lennox. Il entra donc la grande maison des Emerson et posa son cadeau bien emballé sur une table visiblement destinée à cet effet, et se tourna vers les invités déjà arrivés. Il reconnut Lily-Anaëlle, avec qui les souvenirs d’une danse étaient plutôt flous parce qu’ils s’étaient rencontrés durant la sombre passe de Lennox. Il croisa également le regard de Léo, à qui il adressa un sourire et un signe de la main. Il irait le voir plus tard. Puis, ses yeux se posèrent sur Effy, au bar, coupe de champagne à la main. Son cœur se mit à se débattre dans sa poitrine. Avec Effy, il avait cette relation un peu destructrice. Avec Effy, Lennox s’était enfoncé bas, tellement bas, et pourtant il avait toujours eu l’impression de voler avec elle. Il ne l’avait pas revue depuis tellement de temps. Et depuis qu’il était avec Andreas, c’était le silence radio. Comme s’il avait peur de ce qu’elle ferait remonter en lui. Le pire, sans doute. Le plus noir. Lennox resta planté là à la regarder, comme figé sur place, en déséquilibre entre le bien et le mal. Le noir et la lumière. Et il ne savait plus lequel des deux elle était.

Il en était à sa troisième coupe de champagne, qui était – il devait bien l’avouer, somptueux. Elle (Effy) n’avait rien d’un mannequin mais Arthur l’avait immédiatement remarqué. C’est fou comment elle lui foutait la frousse.  Ses yeux maquillés d’un noir profond, s’accordaient parfaitement à sa robe mauve. Elle regardait un type, d’une façon si intense, que cela éveilla encore plus sa curiosité. Il s’approcha d’elle, d'un air très détaché.    

- Tu vas finir par te manger une crampe, à force de le regarder.

Il enfourna ensuite grossièrement un morceau de petit four dans la bouche. Les cours de délicatesse n’étaient pas introduits à son emploi du temps.

Elle n'a jamais été très à l'aise dans les événements où elle était sûre de ne connaître presque personne, et pourtant la voilà qui franchit le seuil de la maison familiale de Léo en serrant nerveusement un paquet cadeau entre ses mains. Pour ses trente ans, elle a fait encadrer des photos de tous les endroits où ils se sont rendus elle et lui lors de son séjour en Irlande, car Cleo sait à quel point il aime la photographie. Arrivée dans le jardin, elle regarde autour d'elle en essayant de repérer quelqu'un qu'elle connait et qui lui empêcherait d'avoir l'air trop perdue. Elle remarque Lily qu'elle ne connaît que depuis qu'elle a organisé son mariage, mais ne sent pas assez proche d'elle que pour squatter sa présence. Elle voit ensuite Léo, déjà bien entouré, et un fin sourire étire ses lèvres alors qu'elle l'entend prononcer le mot "champagne". Maladroitement, Cleo se faufile entre les autres invités puis se retrouve enfin devant le célébré. « Je peux participer à la tournée champagne ? » demande-t-elle avant de brandir fièrement son cadeau fait maison entre eux-deux. « Bon anniversaire handsome. » Elle sourit à nouveau puis regarde autour d'eux, prêtant cette fois-ci un peu plus attention à ces personnes qu'elle n'a jamais vues de sa vie. Un petit verre lui ferait du bien, sûrement que ça l'aiderait à ne pas se sentir aussi oppressée. « Je peux déposer ça sur une table, tu l'ouvriras plus tard. » Puis elle recule d'un pas, ne voulant pas s'interposer plus longtemps entre Léo et ses invités.

Malgré les inconnus qui l'entourent et qui arrivent à la faire se sentir aussi à l'aise qu'un poisson hors de l'eau, ces deux petits mots que prononcent Léo suffisent à la faire sourire immédiatement. Elle est heureuse qu'il utilise ce surnom, celui qui lui donne l'impression qu'elle et lui partagent à présent un passé qui les gardera liés à tout jamais. Elle qui veut simplement s'extirper du petit groupe afin d'aller poser plus loin son cadeau ailleurs, elle se retrouve rapidement avec les mains vides et n'a donc plus vraiment d'autres choix que de rester à sa place, entre une jeune rouquine et un homme visiblement bien plus prêt qu'elle à faire la fête. Peut-être qu'elle devrait prendre exemple sur lui et enfin se lâcher un peu, ça ne pourrait que lui faire du bien. Léo se charge des présentations Ludmilla pour elle et Doug pour lui. Elle hoche la tête, sourit aux deux, mais reporte rapidement son attention sur l'homme à ses cotés lorsque celui-ci s'adresse à elle en utilisant le même surnom donné par Léo. Elle n'y voit pas vraiment d'inconvénient et se permet même de lui sourire une seconde fois. « C'est un peu comme mon nom de scène, » répond-elle pour plaisanter, son sourire grandissant petit à petit alors qu'elle hausse innocemment les épaules.