(perry) débauche quand tu nous tiens

Un fêtard comme Orson ne pouvait manquer à l'appel lors de ce genre de fêtes. Bien sûr, il avait bien d'autres choses à faire que de se bourrer la gueule jusqu'à en gerber à cause d'un concours du "qui tient le mieux l'alcool", mais il aimait ça et voulait profiter de la vie comme tout jeune de son âge. Alors il s'était rendu à la plage, vêtu d'un jean basique noir, d'un T-shirt blanc un peu large et d'une veste en simili cuir. Baskets aux pieds, il était devant un bar de la plage, un peu plus loin de la terrasse, à fumer son pilon tranquillement. Ses potes dans son champ de vision buvaient un coup, installés à la terrasse du bar. Lui était assis sur le rebord en pierre de la plage, les pieds dans le sable, la musique de l'endroit résonnait à plusieurs mètres. Et lui en profitait largement, balançant ses pieds dans le vide, fredonnant parfois les mélodies qu'il connaissait. L'air frais lui faisait du bien, le joint le calmait un peu. Mais il lui rendait la bouche pâteuse, alors il décida d'aller boire, lui aussi. Il jeta le mégot de son joint dans le sable puis se rendit au comptoir en traversant la foule qui le bousculait de part et d'autre. Il n'y faisait même pas attention, la drogue faisant déjà effet. En même temps, il n'en était pas à son premier cône. Il tenta de s'installer sur un tabouret, car la file d'attente était longue pour commander un verre. Mais il préféra abandonner après quelques minutes d'essai intensif, en se rendant compte que les gens à côté de lui pourraient le prendre pour un con. Il en rit même tout seul, à cette pensée. « Merde, j'suis con. » Orson observa plus ou moins attentivement les alentours, plusieurs fois. Quitte à poser son regard sur une personne de façon insistante sans vraiment s'en rendre compte. Il s'en foutait de toute façon. Il était là pour s'amuser et c'était bien ce qu'il comptait faire.

Heureusement qu’il a des amis et une famille sur qui il peut compter, des gens qui soient là à n’importe quelle heure pour l’aider, près à sacrifier une soirée tranquille pour s’occuper d’un bébé. Penny a neuf ans maintenant donc elle peut se débrouiller à peu près toute seule, en tout cas elle arrive à s’occuper sans avoir besoin de quelqu’un, un bouquin ça lui suffit. Par contre Siobhan, qui n’a que sept mois, n’est pas ce qu’on peut appeler une personne autonome. Il faut donc tout le temps quelqu’un, de confiance, pour s’occuper d’elle. Ses colocs s’en occupent parfois, sinon ses amis, comme Isaiah qui lui avait proposé de s’occuper d’elle, surtout qu’il est son parrain ou Oscar son meilleur ami.
Grâce à toutes ces personnes Perry peut sortir s’amuser de temps en temps et décompresser. Ce soir là il a choisi d’aller au bar de la plage car depuis qu’il est à Bowen c’est sans doute son endroit préféré pour sortir. A une époque il y passait presque sa vie, se baladant sur la plage avant d’aller chercher un mojito. Il a rencontré un nombre incalculable de gens et a fini au lit avec un nombre incalculable de gens rencontrés ici également. Parfois il regrette cette époque où il ne devait pas faire attention en rentrant chez lui et où la seule chose à laquelle il devait penser c’était à lui, ce moment où il n’avait pas de responsabilités. Mais, comme tout le monde, il grandit et avec l’âge doit devenir un vrai adulte, moins dépendant de ses parents, plus mature et responsable. Soyons honnêtes, Perry ne fait pas parti de la part la plus responsable de la population, il a encore des efforts à faire mais il veut rester lui-même tout en prenant soin de sa famille.
Lorsqu’il arrive, le jeune homme commande un mojito, il ne boit quasiment que ça de toute façon, et jette un coup d’œil autour de lui, histoire de voir s’il ne voit pas quelques personnes ayant l’air sympa. Il aperçoit un type, un peu à l’ouest, brun-roux qui a l’air complètement perdu dans le vague. Il lui rappelle énormément Matty, ce gars avec qui il a été plus ou moins en couple il y a de ça plusieurs années. La même tête, le même âge à peu près, le même genre quoi, son type. Enfin Perry n’a pas vraiment de type, il fait au feeling, comment le courant passe. Il s’approche de lui avec un sourire et lâche un « Hey ! » comme il en a l’habitude.

La tête dans les nuages, Orson était vraiment fait ce soir-là. De toute façon, c'était lui. Il ne ratait jamais une seule occasion de se mettre bien, comme il le dit. Son corps frêle s'était forcément habitué à ces consommations régulières, tant et si bien qu'il y est peut-être devenu accroc. Mais pour le moment, il considère simplement profiter de la vie, comme tous les jeunes de son âge. Et tant pis pour sa santé, il n'allait pas si mal que ça, c'était toujours ce qu'il se disait le lendemain de soirée. Toujours un peu moins pire que la dernière fois, ça c'est parce que j'ai mangé, bu beaucoup d'eau entre temps, j'ai bien dormi aussi, ça aide. Que de paroles faites pour se voiler la face dans son petit quotidien d'adolescent. Mais là, il n'était pas temps de la réflexion. Là, il préférait s'envoyer une boisson bien fraîche, la bouche pâteuse, il s'était frayé un chemin jusqu'au comptoir du bar bien rempli jusqu'à ce qu'il se mette à buguer sur un gars sans trop le faire exprès. Ses pensées avaient quitté la conscience depuis un bon moment déjà, et puis, il vit un homme s'approcher de lui. C'est ainsi qu'il remit les pieds sur terre, secouant son visage et passant sa main dessus comme si cela allait changer quelque chose. « Merde, quel con. » soupira-t-il en riant de lui-même. Qu'il avait l'air bête, ainsi.

Mais surtout, il ne s'attendait pas à ce qu'on l'abordât. Le "hey" que lâcha le garçon près de lui le fit légèrement sursauter, mais il lui lança un sourire aussi brillant que ses yeux et l'accueillit dans son petit espace. « Salut ! On se connait ? » C'était probable, peut-être qu'il l'avait déjà rencontré. Il rencontrait toujours un tas de gens dont il ne se souvenait jamais du nom ou du visage, lors de ces soirées endiablées. Mais ce gars-là ne lui disait rien du tout, alors, il posa sa main contre sa propre poitrine pour se présenter, en se penchant vers lui pour que sa voix surpasse le son de la musique ambiante. « Je m'appelle Orson, et toi ? Tu veux boire quelque chose ? » Du coin de l'oeil, il pouvait voir le serveur débordé se rapprocher petit à petit, ce qui lui indiquait que cela allait être bientôt à son tour d'être servi. Enfin.

C’est un type sociable qui va souvent aborder les gens, Perry. Il n’a pas peur du ridicule même s’il a un ego qui lui prend de la place et qui n’aime pas être blessé. En soirée il ne reste jamais dans son coin à ruminer en buvant un verre. Il est plutôt le genre, dix secondes à peine après être arrivé à foncer vers une tête qu’il trouve sympa et parler, plus si affinités. Il aime les gens et ils le lui rendent bien en général. Il est vu comme le type cool, sympa, le bon pote.
Après avoir abordé un type qui lui rappelle étrangement un autre gars, celui-ci lui demande s’ils se connaissent. Ce pourrait-il que ce soit réellement lui, Matty ? Il ne sait pas ce qu’il devient, ça fait des années qu’ils ne se sont pas vus. Perdus de vus, comme bon nombre de personnes qu’il a côtoyé. Si Perry s’attache il arrive aussi à oublier ses amis partis, il s’en fait de nouveaux en un rien de temps. Bien sûr les plus marquants restent dans son cerveau, il ne risque pas de les oublier, mais les autres, il ne saurait même pas les reconnaître dans la rue. « P’t’être. » dit-il en essayant de savoir s’il le connaît vraiment ou pas. Bon ses talents de détective sont vraiment très mauvais, il n’est clairement pas bon pour ce genre de choses et a une mémoire ainsi qu’une intelligence relativement réduite. Le mystère s’envole lorsqu’il se présente, c’est juste un gars qui lui ressemble au final. « Perry ! » dit-il avant de lui répondre « Bah on est là pour ça. » A une époque il aurait appelé le serveur par son prénom tellement il passait sa vie ici mais les temps changent et il a troqué les mojitos et les séances de bronzette sur la plage pour les costards et les changements de couche. Lorsque le barman vient à eux il commande un mojito et dit à son nouvel ami. « Prend c’que tu veux, j’paie ! » annonce-t-il, ça sert d’avoir de l’argent.