Bah quoi ? T'es pas content de me voir ?

Toujours prêt à participer aux événements se déroulant à proximité de Bowen, Woody n’avait pas hésité à se procurer un billet pour cette croisière qui partait justement de sa ville. Après tout, il avait le budget personnel pour se le permettre malgré les grands travaux sur sa maison, et surtout il avait le besoin de vivre à fond sa vie avant que sa maladie ne l’en empêche. De telles vacances ne se présenteraient sans doute pas avant quelques années encore, et d’ici-là, qui sait dans quel état le jeune homme serait. Une chose était certaine : il n’irait pas se montrer à tout le monde sur une telle croisière s’il était en chaise roulante ou un truc du genre. Son handicap, Woody comptait bien le vivre seul, caché de tout le monde, parce que son orgueil en prendrait un sale coup et il n’était pas certain de pouvoir un jour assumer son futur handicap. En attendant le pire, Woody saisissait chaque occasion de pouvoir s’amuser, parfois de façon très égoïste. Avec les femmes, ça ne faisait pas exception. Il avait beau blesser celles qui tenaient réellement à lui, il avait beau décevoir celles qui s’attendaient à plus, au fond il n’était pas prêt à arrêter, à se poser. Parce qu’à partir de ce moment-là, ce serait comme s’il acceptait la fatalité, et il n’était pas prêt encore à le faire. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, Woody se trouvait accoudé au bar longeant la piscine, le corps légèrement tourné vers une charmante demoiselle, en train de marquer des points auprès d’elle. Armé de son plus beau sourire, d’un regard perçant et d’un bas de maillot de bain, le jeune homme était en mode séduction. État duquel il ne ressortait habituellement pas avant d’avoir eu ce qu’il désirait. Sauf que là … l’arrivée de Jake changea un peu la donne. Il se tourna vers l’homme alors qu’il lui donnait une tape sur l’épaule en le saluant. « Hé, Jake. La forme, et toi ? » Il tenta de garder son sourire, même si on dénotait bien l’agacement sur son visage. Le brun tendit alors sa main vers la jeune femme, se présentant à elle, et lâchant la blague la plus nulle qui puisse exister. Woody secoua la tête en se forçant à rire légèrement. « Fais pas attention à lui, il est légèrement retardé. » Bon, c’était pas très politiquement correct, comme façon de parler, mais ça n’avait jamais vraiment arrêté Woody. Plutôt que de simplement le saluer et aller s’occuper, Jake resta avec eux, à discuter. Visiblement, son plan venait de tomber à l’eau, direct dans la piscine à côté. « Pas grand-chose écoute, j’profite de mon cocktail et de ma charmante compagnie ! » Il jeta un regard à la jeune femme et lui sourit, avant de reporter son attention sur Jake. « Et toi ? T’es pas avec Callie ? Après la dernière fois, je m’imaginais que vous étiez plutôt inséparables … » Ajouta-t-il, en faisant évidemment référence à l’anniversaire de Jake.

Il était vrai que personne sur cette croisière ne pouvait réellement prétendre ne pas y trouver son bonheur. Il y en avait pour tous les goûts - autant au niveau des activités que des femmes, hein ! Alors que ceux qui trouvaient le moyen de s'ennuyer et de broyer du noir retournent chez eux et cessent de s'inscrire à des activités du genre s'ils n'ont pas le bonheur facile, tout simplement ! Woody n'avait même pas besoin de chercher quelle activité faire ou à quel événement participer, parce que le tout se présentait à lui avant même qu'il n'ait à lever le petit doigt pour s'informer. Évidemment, le bar de la piscine et la piscine elle-même était pour le moment le repère du jeune homme, puisque la gente féminine rôdait pas mal autour. Il faut croire qu'il y avait aussi une autre clientèle présente, si Jake se trouvait ici sans sa Callie. Après tout, les endroits de la croisière étaient pour tout le monde, il ne fallait pas commencer à discriminer selon qu'on soit célibataire ou non. Dommage, Woody aurait pu avoir un peu plus la paix. « Écoute, je sais pas, mais pour que tu viennes me faire la discussion je me dis que peut-être que t'avais trouvé le moyen de t'ennuyer. » Un peu comme un chien errant, perdu dans son maître : Jake sans sa Callie. Bon, Woody exagérait quand même, et puis au fond il appréciait assez Jake mais tout dépendait du contexte, comme tout le monde, et là disons que l'homme tombait un peu mal. Et qu'il semblait le faire exprès. Il leur sortait des blagues débiles que Woody ne releva même pas, et puis voyant la gêne et le malaise s'installer sur le visage de sa compagne, le jeune homme se demanda s'il n'était pas préférable de laisser Jake se planter tout seul, l'ignorer et continuer à converser avec la demoiselle en le laissant de côté. Puis, il pensa à Callie, se disant qu'il la cherchait peut-être et ainsi il pourrait l'envoyer sur de fausses pistes, à l'autre bout complètement du bateau de croisière. Raté, elle était en train de recevoir un traitement de la peau. Jake continua donc dans les sous-entendus plus ou moins subtils, et Woody jeta un coup d'oeil à la demoiselle lorsqu'il aborda la sexualité, même si c'était à demi-mot. « Nan écoute, c'est un tout inclus, j'ai pas à travailler pour avoir mes pâtisseries. » Il avait très bien compris à quoi faisait référence Jake, se souvenant évidemment de son anniversaire durant lequel il avait surpris le jeune homme avec Callie en plein préliminaire. Quand le brun se tourna vers la belle inconnue pour lui parler du talent de Woody avec ses mains, celle-ci leva les yeux au ciel et se leva. « Je vais vous laisser tous les deux, vos histoires de jalousie ça ne m'intéresse pas et j'suis visiblement de trop. » Elle s'en alla sans se retourner. Woody soupira. « T'es sérieux, là ? Non mais c'est quoi ton problème ?! Cette fille-là était au moins un 9/10 ! » Se fâcha-t-il.  

Woody secoua la tête avec un sourire quand Jake lui dit qu’il s’ennuyait de lui. « Ouais, c’est l’effet que je fais. » Plaisanta-t-il, d’une voix un peu lasse. Il ne savait pas à quel jeu son ami jouait, mais en tout cas, c’était de l’amusement à sens unique. Woody ne tarderait pas à lui faire comprendre d’une manière un peu moins douce qu’il était carrément en train de gâcher son plan drague, et que ça ne faisait pas son affaire. S’il voulait passer du temps avec lui, Woody accepterait volontiers, mais plus tard. Après tout, il appréciait plutôt bien la présence de Jake et de ce qu’il avait pu voir, ils s’entendaient sur pas mal de trucs ce qui ne pouvait que faciliter la bonne entente. Mais ils ne s’entendaient pas sur une chose : être le wingman d’un autre, ça voulait aussi dire laisser l’autre voler de ses propres ailes quand il n’avait visiblement pas besoin d’aide. Jake ne serait jamais un vrai bro pour lui, s’il s’acharnait sans raison valable à faire foirer ses histoires. Est-ce que c’était une sorte de payback pour la dernière fois ? Parce que Woody et Lily-Anaëlle avait en quelque sorte mis un terme à leurs petites galipettes dans les cuisines de la pâtisserie de Jake, en les surprenant sur le fait ? À y penser, ça aurait bien du sens. Et ce serait le genre de Woody d’avoir une telle vengeance, à sa place. Mais quand même, Jake forçait un peu trop, au point où la demoiselle finit par s’en aller, agacée par cette discussion dans laquelle elle n’avait pas sa place. Dans laquelle elle ne voulait pas être, non plus. Woody soupira, énervé, en levant les yeux au ciel. « J’crois qu’elle disait plutôt que t’étais jaloux d’elle. Et honnêtement j’me le demande aussi, maintenant. » Lâcha-t-il en regardant Jake. Il avait carrément tout fait pour qu’elle parte, c’était à se demander s’il n’était pas un peu jaloux de ne pas passer autant de temps de qualité avec Woody. Ou alors de ne pas avoir autant de succès que lui auprès des femmes. Le physiothérapeute demanda alors à son ami c’était quoi exactement, son problème, d’avoir été aussi lourd. « C’que j’ai compris c’est que tu viens de la qualifier de 10, alors j’dirais que oui, tu la qualifies aussi. » Woody rigola, content de voir que Jake s’emmêlait dans ses pinceaux. Peu importe s’il disait qu’elle était un dix ou pas, il venait de l’objectifier. Jake s’installa à la place de l’ex-coup de Woody. Il regarda à son tour autour de la piscine. « J’dirais plutôt cinq ou six. J’ai perdu le compte. » Dit-il, en blaguant, mais ça pouvait certainement porter à confusion en connaissant Woody. « Et j’veux bien, oui, mais si à chaque fois tu débarques pour faire ton numéro, c’est pas gagné d’avance. » Il prit une gorgée de sa consommation et reposa le verre devant lui. « Ça va. Mais ne recommence pas, hein. T’as eu ta vengeance, maintenant on est quittes. » Dit Woody avant de secouer la tête d’exaspération. « Ou alors j’vais piquer la place d’un massothérapeute, c’est encore plus facile, elles sont déjà nues sous leur serviette. Qui sait, j’aurai peut-être la chance de masser Callie ! » Osa dire Woody avec un petit sourire moqueur. 

L’attachement avait toujours été un problème pour Woody. Si au départ il n’aurait pas su s’expliquer pourquoi, il savait maintenant qu’il avait cette crainte de dépendance envers une femme, de tomber sous son charme au point de vouloir passer sa vie avec elle, et ainsi de lui faire subir les pires côtés de sa maladie. La sclérose en plaques n’était pas encore à un stade avancé chez le physiothérapeute, son état ne s’était pas énormément dégradé depuis son diagnostic, mais il savait que ça ne tarderait pas. C’était en étant en relation avec Sara qu’il avait compris la provenance de sa peur de l’engagement. Il ne voulait pas entraîner quelqu’un dans son malheur, il ne voulait pas obliger quelqu’un à gâcher sa propre vie pour lui. Et même si Sara lui avait répété à maintes reprises qu’elle l’aimait et qu’elle voulait être là pour lui, rien n’y avait fait. Woody s’était borné à repousser toute relation amoureuse possible, pour le bien de tous. La progression de sa maladie, il la vivrait seul. Loin de la honte et de la dépendance. C’est pourquoi il continuerait à profiter nuit après nuit des plaisirs charnels et de cette source d’affection qu’étaient ses conquêtes, sans jamais donner l’occasion à l’une d’entre elles de réellement s’attacher. Il fut donc bien déçu et frustré de voir la jeune femme avec qui il avait passé la dernière demi-heure se lever et s’en aller, tout ça parce qu’un Jake un peu trop lourd aujourd’hui avait décidé de gâcher les plans de Woody. Quel ami ! « J’ai toujours su en fait que Callie c’était un cover. Elle est bien trop belle. » Le nargua Woody. Il pouvait bien se permettre une petite revanche verbale après le coup que Jake venait de lui faire. Évidemment, il la trouvait jolie, sa copine, mais il était loin d’être capable de déterminer si Jake était dans sa ligue ou non. Noter les mecs sur l’échelle de un à dix, très peu pour lui. Très peu pour Jake aussi visiblement, même pour ce qui était des femmes, puisqu’il se mit les pieds dans les plats vis-à-vis de sa propre copine. « T’inquiète, Jake, je vais pas aller lui répéter ta confession. Ça reste entre toi et moi. » Il lui fit un clin d’œil et lui donna une tape sur l’épaule. Ça va, la frustration d’avoir perdu son coup de l’après-midi commençait à diminuer. Et puis, avec toutes les conneries que pouvait sortir Jake, c’était difficile de ne pas passer à autre chose. Woody plaisanta sur son nombre de conquêtes, même si en vérité il n’avait tout simplement pas compté. S’il avait à tenir une liste, ce serait carrément un autre emploi à ajouter à son cv. « Qu’est-ce que t’en sais ? Peut-être que c’était la future mère de mes enfants, ça ! » Déjà en disant ça pour désigner une femme, Woody confirmait que non, elle n’aurait pas été la femme de sa vie. Ou alors celle-ci avait bien peu de respect pour elle-même. Jake, pour se rattraper, lui donnait quelques idées pour draguer à la pelletée. En parlant de massage, le massothérapeute ne put s’empêcher de penser à Callie, qui semblait apprécier ces petits soins. « Ouais mais c’était pas moi, le professionnel en question. Ce n’est pas fair play, il faut au moins que tu me laisses ma chance de faire mes preuves auprès d’elle ! » Insista Woody en riant. Il se moquait, bien sûr, il n’avait aucunement l’intention de s’immiscer entre les deux. Et puis ils avaient l’air amoureux, eux.

Et voilà que Woody allait devoir réconforter Jake et lui faire comprendre que ce n’était qu’une plaisanterie, vraiment ? Si le pâtissier s’attendait à ce qu’il le couvre de compliments pour le convaincre du contraire de ses premières paroles, alors il allait être bien déçu. Pas que Woody pensait réellement ce qu’il avait dit à propos de la beauté de Callie versus celle de Jake, mais disons qu’il n’avait pas vraiment envie d’aller plus loin que ça. « Euh … J’disais ça pour rire. J’suis pas très bon juge pour ce genre de truc. » Lâcha d’abord Woody, ne voulant absolument pas avoir à qualifier le physique de son ami. Il était pourtant bien à l’aise dans sa masculinité et n’aurait pas dû avoir peur de lui offrir un ou deux bons commentaires, mais il avait tout simplement un blocage. Il n’arrivait pas à analyser même objectivement la beauté d’un homme. « T’es un mec bien, alors … J’crois pas qu’elle soit hors de ta catégorie. Ou vice-versa. » Ajouta—t-il, ne voulant pas non plus passer pour l’ami le plus merdique de la planète. Ce qu’il n’était pas. Le jeune homme était sans doute le pire petit ami à avoir, ça oui, mais au niveau de ses amitiés, Woody savait être loyal, gentil, dévoué. Auprès des rares personnes qui voulaient bien de lui comme ami. D’ailleurs, c’était à se demander comment ces deux-là pouvaient bien s’entendre, au final, avec toutes les petites piques lancées et le sarcasme qui n’en finissait plus. Peut-être qu’à force de se faire autant de mauvaises blagues, les deux hommes allaient en venir à bout l’un de l’autre. Espérons pas. Il était cool, au fond, Jake. Quand il n’interrompait pas des rendez-vous improvisés de séduction. Quand il mentionna qu’un accident était parfois vite arrivé, parlant de la future mère des enfants de Woody, ce dernier eut un léger rictus qui cachait une certaine blessure. Heureusement que Jake retira ses paroles, oui, parce que ça avait effectivement touché une corde sensible. Pourtant, prisonnier de sa fierté et de son orgueil, le physiothérapeute tenta de ne rien laisser paraître. « Surtout avec mes mini-Woody ultra performants, faut faire gaffe ! » Lança-t-il à la blague, comme pour cacher tout le reste qui se passait dans sa tête. Il était vrai que personne ne voudrait avoir d’enfants de lui, et pire encore, aucun gamin ne voudrait avoir Woody comme père. Non seulement il était un enfoiré détesté par plus de la moitié de la ville mais, en plus, il allait bientôt être en mobilité réduite, incapable de leur offrir quoi que ce soit de bien. Ces accidents vite arrivés, Woody les redoutait. « J’suis bien capable de faire face à la déception. J’suis pas mauvais perdant, et j’aurai donné le meilleur de moi-même. » Releva Woody, comme pour challenger encore un peu plus Jake et le convaincre de finalement laisser ce défi-là se produire. C’était complètement con, et ça ne mènerait à rien puisque Callie refuserait de prendre part à une telle chose. Jake lui demanda alors comment se passait le séjour avec Annushka. « Bien, très bien ! J’essaie de faire en sorte qu’elle ne soit pas au lit à dix heures le soir. Faut quand même qu’elle profite et qu’elle ne passe pas trop de temps dans la chambre, elle non plus ! » Il sourit. « T’en fais pas, j’fais pas le con auprès d’Annushka. » Elle avait son amitié, son respect, et même s’il la trouvait drôle, gentille et surtout attirante, ils avaient en quelque sorte dépassé ce stade dans lequel Woody était con.

Aux paroles mi-gênées, mi-drôles de Jake, Woody se contenta d’hocher la tête brièvement avec un mince sourire, l’air de dire je m’en fous un peu de cette conversation. Il n’allait pas lui dire qu’il était beau, et il ne commencerait pas non plus à faire une analyse poussée de sa personnalité. Il était quelqu’un de bien, aux premiers abords, et de ce que Woody connaissait de lui. Nul besoin de surenchérir ou d’ajouter un mais. Ça s’arrêtait là, point final, tout comme le sujet de conversation. Quoique le prochain n’était pas nécessairement mieux, avec Jake qui parlait de grossesses accidentelles et Woody qui complimentait ses propres spermatozoïdes. « Toujours. » Répondit-il avec un léger rire, quant à la modestie de ses mini-Rutkowski. Non, ni Woody ni ses demi-enfants n’étaient humbles. Cela se laissait d’ailleurs transparaître dans le discours de l’homme quand il aborda l’idée du challenge de massothérapie, dont la juge ne serait nulle autre que Callie. Certes, Jake partait avec une longueur d’avance parce que la demoiselle était amoureuse de lui, et sans doute le nommerait-elle vainqueur par amour, mais au fond Woody savait que ses mains faisaient des miracles. Autrement, il n’aurait pas autant insisté. « T’as qu’à dire non, Jacky-boy. Je comprends, tu sais, moi aussi j’aurais peur de me mesurer au maître. » Se moqua-t-il en donnant une légère tape amicale sur l’épaule de son ami – ou ce qui s’en rapprochait. Ce dernier lui demanda alors, trouvant enfin un sujet plus léger, comment se passait sa colocation avec Annushka. Contrairement à ce que tout le monde devait penser, Woody se comportait bien avec elle. Évidemment, cela n’allait pas jusqu’au point de dire qu’il était un parfait gentleman, parce qu’il tentait malgré tout de la dévergonder un peu, seulement ce n’était pas avec lui. « J’espère que ce que j’ai vu avec Callie, c’est pas trop une habitude que vous prenez même sur les heures de travail. Annushka risquerait le traumatisme. Ou alors peut-être qu’elle vous a déjà vus et ça expliquerait qu’elle soit un peu moins timide … » Blagua-t-il, comme si le fait d’avoir vu les fesses de son patron aurait pu l’ouvrir un peu plus. Au contraire, elle se serait sans doute davantage refermée dans sa coquille. Jake rassura finalement Woody sur le fait qu’il n’avait aucun sous-entendu en parlant de la brunette, comme quoi ce n’était pas tout le monde qui avait une perception bien arrêtée de lui. « Bébête ? Je sais pas comment je dois le prendre ! » Dit-il avec un sourire malgré tout. Finalement, le brun proposa d’aller au restaurant tous les quatre, ou toute autre activité. C’est que Jake semblait bien aimer ramener des gens pendant ses moments de couple avec Callie ! « Attention, Annushka risquerait de penser que vous êtes en train d’essayer de la caser avec moi ! » Lâcha-t-il, bien certain que la jeune femme serait bien réticente à cette idée. « Non, mais plus sérieusement, c’est une bonne idée. Ce serait cool. » Ici-même sur le bateau, pourquoi pas ? Autant profiter du tout-inclus !  

Woody lui-même en venait à se perdre dans ce personnage qu’il jouait. Il avait parfois bien du plaisir, un malin plaisir, à entretenir cette réputation qui au fond ne le décrivait qu’à moitié. Certaines personnes pensaient tout connaître de lui, le tombeur, le dragueur, le con, rien que pour avoir tout lu sur lui dans le blog des Writers, ou pour avoir entendu la voisine d’une voisine en parler. Au fond, Woody se plaisait bien à faire parler de lui de la sorte, parce qu’au moins il vivait à fond et ne serait pas oublié, même quand il le voudrait. Oui, quand la maladie le gagnerait, quand elle lui drainerait toute sa vie, il s’effacerait. Dans une révérence des plus épiques. En laissant dans les mémoires l’idée d’un homme qui renversait tout sur son passage. C’était ça, au fond, qu’il voulait. Il s’y prenait juste parfois d’une très mauvaise manière. « Tu fais bien, tu fais bien. Tu sais pas quelles sanctions t’attendraient. » Ajouta-t-il dans ce délire, même si rien du tout ne se produirait si Jake osait froisser son égo. Bon, Woody lui ferait un peu la tête mais bien vite ça lui passerait. Tout comme cette conversation-là passa elle aussi, pour aboutir à Annushka, et son innocence à préserver à tout coût, même si pour cela son ami allait devoir cesser de faire le fou avec Callie au boulot. « Tu penses à fermer la porte quand la boutique est fermée et qu’y’a personne mais c’est le dernier de tes soucis quand y’a tous tes amis de l’autre côté ? T’es vraiment bizarre, Rockhold. Change pas. » Il le faisait rire, à se mettre les pieds dans les plats, à donner un peu trop d’informations, puis à en rire. Cela amusait énormément Woody, et c’était bien pour ça qu’il continuait à lui parler, à l’apprécier. C’était un chic type, Jake. D’ailleurs, quand il proposa l’idée d’aller manger un morceau avec Callie et Nushka, l’idée lui plut tout de suite. Par contre, pas question d’accepter sans le narguer en parlant des idées que ça pourrait donner à sa colocataire de croisière. Bien sûr, il plaisantait, il n’imaginait pas que toutes les filles sautaient à ce point aux conclusions en sa compagnie. Quoique … ! « Le coup du petit chat, un classique ! Tu serais un très bon wingman, dis donc. Faudra que j’t’invite plus souvent à sortir dans les bars. » Se réjouit Woody. Il avait peut-être complètement fait foirer son coup pour aujourd’hui, mais il y avait de l’espoir pour d’autres.