I'm fired up and tired of the way that things have been ft. Oscar

C'est la sonnerie de son portable qui l'a sorti de son état de somnolence, alors qu'il était en train de piquer du nez devant un vieux film en noir et blanc qu'il avait en plus déjà vu. Oscar pensait qu'il ne ferait pas long feu, qu'il ne tarderait pas à aller se coucher vu l'heure déjà tardive et ses yeux fatigués. Les jours lui semblent longs depuis sa rupture avec Perséphone et, des fois, il lui arrive de vouloir repartir sur cette croisière où il arrivait à ne penser à rien. Il était bien là-bas, aux cotés de Concho, Perry, Mathilda, Zelda, de vieux amis comme d'autres personnes qu'il a petit à petit appris à connaître. Depuis qu'il est de retour, sa vie semble n'avoir été faite que de coups bas et de mauvaises nouvelles. Les disputes avec Percy, Luce qui est tombée malade, son foutu syndrome de la page blanche. Il dort peu la nuit, et il somnole le jour. Mais alors qu'il s'apprête à faire une énième tentative de sommeil réparateur, le nom de Nevaeh affiché sur son écran le fige sur place. Il lit les mots qu'elle a écrit, sait dire que quelque chose ne va pas rien qu'à la façon dont elle les a rédigés. Il répond qu'évidemment, elle peut passer. Qu'il serait ravi de la voir même. Il efface la dernière phrase pour ne pas paraître trop désespéré et appuie sur la touche "envoyer". En l'attendant, Oscar se dirige vers la cuisine et fait face au frigo. Sur celui-ci, quelques photos sont accrochées, principalement des clichés de Luce pris avec son téléphone. Son attention s'arrête sur une photo de lui aux cotés de Perséphone. Ils sourient, ont l'air heureux. Sans réfléchir plus longtemps, il attrape le bout de papier et le plie en plusieurs fois avant d'aller le jeter à la poubelle. Il n'a plus besoin de ces souvenirs inutiles, douloureux, et il n'a pas non plus envie que Nevaeh le questionne sur cette fille. Il se prépare un café pour rester éveillé mais, lorsqu'il entend toquer à la porte, il l'oublie sur le plan de travail. Oscar marche jusqu'au hall d'entrée, ouvre la porte, et esquisse un demi-sourire à son ex-copine. Il voit qu'elle ne va pas bien, il s'en doute depuis le SMS et en est maintenant certain au son de sa voix. Il se décale pour la laisser entrer. « Tu ne dérangeras jamais, Nev. Luce est en haut, elle dort et ne risque pas de se réveiller. Elle a chopé un sale rhume. » Après avoir fermé la porte derrière elle, il la guide jusqu'au salon. « Tu veux quelque chose à boire ? » lui demande-t-il par politesse, même si au fond il meurt d'envie de savoir ce qui l'a amenée jusque chez lui.

Il s'empresse de hocher la tête, un demi-sourire au coin des lèvres. « C'est rien de grave, t'en fais pas. » Rien qu'un simple rhume attrapé parce que mademoiselle n'a pas su s'acclimater au changement de températures entre deux pays. Plutôt que de s'attarder plus longtemps sur l'état de sa fille, Oscar à envie d'en savoir plus sur celui de Nevaeh. Elle a les traits tirés, comme si cela faisait des jours qu'elle n'avait pas dormi car quelque chose la tenait éveillée chaque nuit. Il ne sait trop quoi, peut-être qu'il serait plus au courant si il passait plus de temps à fouiller sur le site des Writers. Depuis qu'il a appris qu'un rumeur courait sur lui et Candy, Oscar a totalement arrêté de s'intéresser à ces commérages et n'a donc aucune idée ce qu'il se passe actuellement dans sa vie sentimentale. Après qu'elle ait répondu par l'affirmative à sa question, il va jusqu'à la cuisine afin d'aller chercher un verre d'eau pour elle puis revient dans le salon, lui tendant sa boisson. Elle est déjà assise alors il vient tout naturellement prendre place à ses cotés sur le canapé, attristé de la voir dans cet état. Oscar connait Nevaeh, il sait que quelque chose de grave s'est passé rien qu'en observant les traits de son visage. Elle qui est toujours si souriante, rayonnante même, cet air triste qu'elle aborde ce soir réussit à lui retourner le coeur. Malgré ça, les derniers mots qu'elles prononcent arrivent à créer en lui une sorte de vague de chaleur agréable à laquelle il aimerait s'accrocher. Elle est venue le voir lui, en premier. Il en est sincèrement touché. « T'as bien fait de venir, tu sais bien que quoi qu'il arrive je serai là pour toi. » Et il sincère. Que ce soit en cas de cuite trop violente, de la perte d'un être cher, d'un changement trop soudain dans sa vie qu'elle n'arriverait pas à gérer, Oscar sera présent. Elle ne sera pas obligée de l'appeler ou encore de venir comme elle l'a fait ce soir, mais il restera tout de même là au cas où elle aurait besoin de lui. Alors qu'il s'apprête à creuser un peu plus sur ce qui la rend si triste, elle retourne la situation et s'intéresse à lui plutôt qu'à elle. Il la reconnait bien là, toujours si avenante envers les autres et préférant éviter les discussions sur sa vie personnelle. Un nouveau sourire étire ses lèvres. « Je vais bien, promis. C'est juste de la fatigue, » dit-il sans mentionner les récents événements de sa vie, ne voulant pas ajouter encore plus de points de négatifs alors que Nevaeh est sûrement déjà être en train de faire face à plusieurs. « Je compte pas te forcer tu sais, si t'as pas envie de parler on peut se contenter de regarder un film, de parler d'autre chose, ou même de jouer au monopoly. » Son sourire grandit un peu plus. « Mais tu peux tout me dire, Nevaeh. Je suis prêt à être ton ami, mouchoir, punching-ball, tout ce que tu veux que je sois.»

Il a fini par la connaître, Nevaeh. Il sait qu'elle préférera toujours s'intéresser aux autres plutôt qu'à elle-même, qu'elle est trop généreuse que pour se focaliser sur ses propres problèmes en premier. Malheureusement pour elle, Oscar est pareil. Il ne veut pas parler de ce qui le tient éveillé la nuit, de ce qui l'empêche d'écrire, et il préfère se focaliser totalement sur elle afin de pouvoir s'oublier le temps d'un instant. À cette question qu'elle lui pose, il ressent un léger pincement au coeur. Comme promis, il ne la forcera pas. Comme lui, elle non plus ne doit pas avoir envie de prononcer ces mots qui rendraient la situation plus réelle. Leur tristesse est différente, ils ne la vivent donc pas de la même façon. Pour Oscar, c'est plus une sorte de fatigue cumulée et un trop plein d'émotions. Pour Nevaeh, sa douleur semble bien plus intense. Certainement plus récente aussi, c'est toujours plus facile de cacher ce qu'on ressent réellement après avoir réussi à prendre du recul. « Bien sûr, j'ai acheté Netflix la semaine passée ça tombe bien. » Un petit plaisir qu'il s'est fait, pour lui et Luce. Après qu'elle ait tapoté la place à ses cotés, Oscar prend place et attrape la télécommande posée sur l'accoudoir du canapé. Il allume l'écran, diminue le son jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un bruit de fond et, alors qu'il s'apprête à lancer un film au hasard. Alors qu'elle lui demande si elle pourrait squatter son canapé pour la nuit, il lui répond comme si la question était totalement absurde. « Évidemment que tu peux, t'as qu'à prendre mon lit et je resterai ici en bas. C'est plus confortable là-haut. » Il hausse les épaules sans la regarder, continuer de zapper les différents titres de films, puis Oscar se fige en entendant les paroles de Nevaeh. Sans qu'il ne puisse s'en empêcher, un sourire vient étirer le coin de ses lèvres. Lentement, il tourne la tête vers elle et plonge son regard dans le sien. « T'as pas à être désolée. On était des gamins, un peu immatures et pas vraiment certains de ce qu'on faisait. » Oscar appuie son dos contre le canapé. Sur l'écran, une comédie se lance sans qu'il n'y porte une grande attention. « Mais moi aussi, j'étais heureux. » Et il est sincère, même si il n'a certainement pas besoin de le préciser puisque cela se voyait sur son visage à l'époque. Il souriait souvent jusqu'à en avoir mal aux joues, sourire qu'il a d'ailleurs retrouvé la première fois qu'ils se sont recroisés. « Pourquoi tu me dis ça si soudainement ? » l'interroge-t-il ensuite, un sourcil haussé.

Il a toujours eu le coeur grand Oscar, énorme même. Si grand qu'on le lui a fréquemment piétiné, qu'on a joué avec sa gentillesse que, pourtant, il n'a jamais perdue. Alors avec Nevaeh, ça lui semble naturel de lui proposer son lit deux personnes plutôt qu'un canapé qu'il a déjà testé une nuit où il avait veillé trop tard que pour avoir la force de monter, et qui lui avait filé des courbatures toute la journée suivante. Elle refuse, réaction qu'il aurait très bien pu anticiper venant d'elle. Ils ont toujours été si têtus l'un comme l'autre, à tel point qu'ils pourraient se lancer dans un duel du plus poli en proposant à l'autre la meilleure option entre deux. Oscar n'arrive pas à se souvenir de si c'est déjà arrivé, mais ça ne l'étonnerait même pas d'apprendre que si. Sa dernière phrase le fait sourire. « Tu doutes de ma force maintenant ? Je pourrais te prouver le contraire rien que pour regonfler mon égo là. » Il n'est pas vraiment sérieux, et il n'est pas difficile de s'en rendre compte vu le sourire un peu niais qui étire ses lèvres. Et lorsqu'elle se met à évoquer de vieux souvenirs, une époque où il était plus qu'heureux avec elle dans sa vie, ce sourire ne fait que s'agrandir au fil des secondes. Oscar laisse aller sa tête contre le dos du canapé et fixe le plafond comme si sur celui-ci était projeté un film de leurs moments passés ensemble. Après avoir posé sa question, il détourne cependant son attention du mur blanc et regarde Nevaeh en attendant sa réponse, curieux. « Ne sois pas si dure avec toi-même, » souffle-t-il. « Les sentiments ne se contrôlent pas, et je ne peux pas être encore fâché contre toi parce que tu es tombée amoureuse de celui qui est certainement le bon pour toi.  » Puis, soudainement, il se stoppe. Il se repasse dans sa tête les mots qu'elle vient de prononcer, surtout la partie où elle dit que lui n'aurait jamais fait une chose pareille. Et il comprend, il arrive à assembler les pièces du puzzle sans qu'elle n'ait besoin de dire quoi que ce soit. D'ailleurs, il se sent stupide ne pas avoir compris plus tôt. Tout en continuant de la regarder, Oscar se pince les lèvres. « Nevaeh, » murmure-t-il, son sourire à présent dissipé. « Je suis content de le savoir, et tu sais que c'est réciproque. » Elle embrasse sa joue, appuie sa tête contre son épaule et, tout naturellement, il dépose la sienne par-dessus en prenant soin de ne pas y mettre tout son poids. Il regarde sa main qu'il voudrait prendre, sa peau qu'il pourrait caresser du bout de son pouce. Sauf qu'Oscar ne fait rien. Il reste immobile, son regard perdu dans le vide alors que le film continue de tourner. « Tu veux savoir un secret ? » lâche-t-il soudainement, pratiquement certain que cette simple question suffira à éveiller sa curiosité.

Il ne comprend d'abord pas. Dans sa tête, CJ est et sera toujours celui vers qui Nevaeh retournera. Elle l'a déjà fait deux fois, et ça même après qu'il n'ait disparu avant de faire son grand retour comme si quelques mots suffisaient à recouvrir des années d'absence. Et ça a suffi. Sans répondre, Oscar garde son regard rivé sur elle jusqu'à ce qu'elle ouvre à nouveau la bouche. La vérité ne tarde pas à tomber : CJ l'a trompée. Immédiatement, le coeur d'Oscar se sert. Il n'en veut pas à CJ pour son geste, lui-même est bien placé pour savoir à quel point il est capable de contrôler ses sentiments. En réalité, il aurait très bien pu se montrer compréhensif si Nevaeh n'avait pas été la victime dans toute cette histoire. Si Oscar est remonté contre le québécois, c'est pour l'état dans lequel se trouve son ex-fiancée. Il a pris sa place CJ, il a décidé d'être celui qui s'occuperait de Nevaeh et il n'en a pas été capable. « Je suis désolé Nev. » C'est tout ce qu'il arrive à prononcer. Il y a tant d'autres mots qui restent coincés dans sa gorge, des paroles rassurantes et d'autres insurgées. Pourtant, rien ne sort. À la place, il lui propose de lui révéler un de ses secrets et, visiblement, cela suffit à attirer l'attention de Nevaeh qui relève son visage d'entre ses bras. Voir ses joues humidifiées par ses larmes lui donnent envie de prendre sa main pour ne plus la lâcher. Il aimerait l'enlacer, caresser ses cheveux, ne plus se détacher d'elle jusqu'à ce qu'elle n'ait plus besoin de sa présence. Même en larmes, Nevaeh reste si belle. Il hoche simplement la tête à sa demande et garde ses réflexions pour plus tard, même si il est certain qu'il les aura probablement oubliées. « Mon secret, » répète-t-il en se redressant sur le canapé, son regard toujours plongé dans celui de Nevaeh. « Tu sais que j'ai toujours aimé écrire des pièces de théâtre. Je le faisais déjà à l'époque, même si c'était quelque chose que je gardais beaucoup plus secret comparé à maintenant. Et bien, il y en a une, ma préférée, » précise-t-il avec un sourire, « Qui est inspirée de toi. » Cette fois, son regard quitte celui de Nevaeh. Son ventre se noue sous l'attente de sa réaction, craignant qu'elle ne se mette soudainement à le prendre pour une sorte de taré obsessionnel. Mais Oscar n'avait pas pu s'empêcher. Nevaeh l'avait inspirée à ce moment, elle l'a toujours fait. Ensemble ou pas, elle aura été sa muse la plus précieuse.