excuse me, were you saying something ? no, you can't tell us nothing (cj/felix/aisling)

Au beau milieu de la croisière, alors que Woody passait du bon temps, autant avec Annushka qu’avec un tas de personnes rencontrées sur le bateau, le jeune homme avait appris via une rumeur des Writers que sa petite sœur Nevaeh venait de se faire tromper par son connard de copain. Ça lui apprendra à se connecter au Wi-Fi à tous les soirs. Woody avait toujours su que quelque chose n’allait pas avec ce mec, il n’avait jamais pu le sentir, et même quand il se forçait on pouvait lire dans son regard qu’il ne lui faisait pas confiance. Et il avait bien eu raison de se comporter ainsi. Woody avait téléphoné à sa sœur dès qu’il avait pu, avait pris de ses nouvelles, s’était assuré qu’elle avait des gens sur qui compter pour la réconforter, pour la soutenir là-dedans. Il savait à quel point elle l’aimait, d’ailleurs il avait même appris via cette rumeur qu’ils étaient fiancés, ces deux-là. Certes, ça avait fait un double-choc à Woody, non seulement d’apprendre que sa sœur était fiancée et qu’il n’avait pas été le premier au courant, mais aussi de savoir que son fiancé avait osé lui être infidèle. Au moins, pour Nevaeh, elle avait su à quel point il n’en valait pas la peine avant qu’il ne soit trop tard. Avant que l’étau ne se referme, avant que les déboires judiciaires ne doivent être ajoutées à l’équation. En lui parlant au téléphone, il avait finalement réussi à lui tirer les vers du nez et à apprendre que CJ se trouvait présentement à Sydney pour des spectacles. Déjà, il avait bien ri en sachant que CJ y était pour danser. Puis, il s’était réjoui quand il avait réalisé que la prochaine escale du bateau était justement à Sydney. Pas qu’il était content que tout ça arrive, non, il aurait largement préféré que sa sœur soit heureuse. Mais tant qu’à avoir un con en cavale, aussi bien avoir la chance de le retrouver facilement et de lui montrer qu’il ne s’était pas mis à dos la bonne famille. Les Rutkowski ne pardonnaient pas aussi facilement. Une fois amarrés à Sydney, donc, Woody avait rapidement trouvé l’information qu’il cherchait : l’endroit de représentations des spectacles dans lesquels performait CJ. Il y en avait une ce soir. À voir si le remplaçant de CJ allait devoir prendre sa place. Woody s’était rendu quelques heures avant le spectacle, espérant y trouver CJ en train de se préparer. Bingo. À coups de mensonge et d’histoires de famille, il avait réussi à convaincre les gens de le laisser se rendre en coulisse pour voir les artistes. Après avoir ouvert trois ou quatre portes qui ne menaient nulle part, Woody trouva enfin la grande salle de préparation, où il ne tarda pas à repérer CJ. « T’as du culot quand même d’être ici, d’mener ta petite vie de tapette en tutu, alors que t’as détruit ma sœur parce que tu sais pas la garder dans ton pantalon. » Lança Woody en s’approchant de lui, le regard sombre, le visage neutre et menaçant à la fois.  

Voilà une semaine que tu avais fui Bowen, le but n'étant pas de fuir mais au moins ça t'évitait la visite surprise des frères de Nev. Même si tu savais que tu ne pourrais y couper. Même si elle leur demandait de ne pas le faire, tu pouvais être sûr qu'ils ne l'écourteraient pas. Et tu avais bien raison. En te retournant tu voyais Woody débarquer comme une furie, pensant qu'ils avaient pris un aller juste pour te casser la gueule. Ce qui était tout de même assez flippant et aussi très surprenant. « Woody, Félix. » Ton ton était froid, bien que Félix ait accepté de te laisser une chance, pour Woody il n'en avait jamais été question. Il te voulait hors de la vie de sa sœur et aujourd'hui il avait gain de cause. Tu avais commis une erreur et les Writers l'avait exposé au monde entier. Étalant publiquement votre linge sale et en lançant une quête stupide pour savoir qui était la jeune femme en question. Tu les écoutes te parler froidement m, méchamment. Une chose dont tu étais sûr, ça ne faisait que commencer. « C'est marrant, venant de toi c'est pas crédible. T'as pas fait subir la même chose à Sara avec Freja par hasard ? » Les deux femmes étaient proches de toi, d'une autre façon aujourd'hui, tu n'avais eu d'yeux que pour Nevaeh, puis Théia avait apporté une dynamique différente à ta vie pendant son absence. Elle devenait l'interdit, la tentation et tu n'avais pas su y résister. Tu n'étais pas trop sûr de ce que ça voulait dire contrairement à eux pour qui les choses étaient claires. « De toute façon vous êtes venus pour m'en coller alors alors allez-y. Peu importe ce que je dirais, ça n'ira pas parce que je suis et je serais toujours CJ le connard à vos yeux. Je sais bien que c'est pour cette raison que Nev vous a rien dit pour les fiançailles et notre futur aménagement. » C'était clairement de la provocation, tu avais une rage profonde toi aussi. Être jugé à vie pour les actes du passé c'était injuste. Alors tu voulais essayer d'en finir le plus vite possible.

Suite à sa propre réplique, son frère Félix, qui avait évidemment voulu lui aussi arranger le portrait de ce con, continua à remuer le couteau dans la plaie. Et si plaie il n’y avait pas, ça ne saurait tarder. Les deux frères étaient à cran, prêts à tout pour sauver l’honneur de leur sœur. C’était la colère qui avait guidé leurs pas jusqu’à ces coulisses, et tout au long du trajet, ils s’étaient échangé des paroles qui n’avaient qu’augmenté le besoin de vengeance dont ils s’apprêtaient à faire preuve. À leur arrivée, CJ s’était tourné vers eux, et après les avoir écoutés cracher leur venin, il avait tout simplement prononcé leurs prénoms. D’un ton froid, d’un regard neutre. Comme s’il les attendait. Comme s’il était déjà défait face à l’évidence. Puis, le jeune homme reprit les paroles de Woody et les retourna contre lui. Ce n’était pas vraiment le moment de jouer aux comparaisons. Pas après ce qu’il avait fait à Nevaeh. « J’ai jamais menti sur qui j’étais, j’ai jamais fait de fausses promesses. Toi, par contre, même fiancé, t’as sauté sur la première occasion, ou plutôt sur la première fille venue, dès que Nev’ s’est absentée. » Ça en disait long sur le genre de mariage qu’il aurait promis à sa sœur. Woody ne se faisait pas d’illusions sur qui il était, raison pour laquelle il n’était pas avec Sara, et qu’il ne le serait sans doute jamais. Contrairement à CJ, il avait su arrêter leur course qui ne mènerait qu’à un gouffre, avant qu’il ne soit trop tard. Avant qu’ils n’aient sauté dans un élan qui ne suffirait pas à traverser le néant sous leurs pieds. Les poings de Woody se resserrèrent quand CJ releva le fait que si Nevaeh ne leur avait rien dit concernant leurs fiançailles et leur déménagement, c’était parce qu’il ne serait jamais accepté dans la famille. « Y’a plus de futur, là-dedans. » Souligna Woody. S’il pensait que Nevaeh reviendrait en courant vers ses bras, il se mettait le doigt dans l’œil. Woody y veillerait bien. « Mais si tu nous invites si ouvertement à t’en foutre une, j’me gênerai pas. Well, j’me serais pas gêné, one way or another. » Woody tourna le regard vers Félix, attendant comme un hochement de la tête, ou un signal dans ses yeux, pour donner le coup de départ.

On n'était pas là pour parler de ça. Et même s'il estimait avoir mis fin à tout ça avant qu'il ne soit trop tard, tu estimais qu'il mentait. Sara avait été blessé, Freja s'était attachée à lui et il avait fait du mal aux deux femmes. Même si lui ne s'était pas fiancé. Il se savait être toxique. Alors que toi, tu pensais être quelqu'un de bien, tu pensais ne jamais franchir le cap. Tu pensais vraiment pas en arriver là un jour. Et pourtant, c'était le cas. Tu perdais un peu tous tes repères, comme si tu ne savais pas qui tu étais. Ce que tu faisais et ce que tu allais faire. « Ça, t'en sais rien. » Tu avais un petit sourire en coin. Tu savais très bien qu'il aurait plus voix au chapitre que toi à partir de maintenant. Mais tu espérais croire que Nevaeh était capable de prendre une décision sans être influencée par sa famille. Bien que ses frères soient intimidants et qu'ils seraient capable de lui faire la gueule pendant des semaines pour lui regretter sa décision, si jamais elle te pardonnait. Et si ce n'était pas le cas, tu l'accepterais si elle venait uniquement d'elle. Le temps de discussion était fini, les deux se dirigeaient vers toi. Tu avais un avantage technique, tu connaissais la maladie de Woody et tu pouvais essayer de lui taper dans le bassin et oser croire que ça pourrait le déséquilibrer et peut-être le mettre de côté le temps de gérer Félix. Mais il fallait te rendre à l'évidence, ils étaient deux contre toi. L'un t'attrapant, l'autre te cognant. Dans les côtes pour commencer, et le visage par la suite. Tu essayais de te débattre, mais il fallait te rendre à l'évidence. Tu n'étais pas vraiment un bagarreur, tu ne t'étais jamais battu d'ailleurs. Contrairement à Woody qui avait du déclencher des milliers de bagarres, surtout dans des bars, pour avoir draguer les mauvaises femmes.

Comme Felix le fit remarquer, ce n’était de toute façon pas le procès de Woody, présentement. Non, c’était plutôt l’heure de payer de CJ. Il allait au moins comprendre une chose, ce soir, c’était qu’on ne faisait pas de mal à un Rutkowski sans entendre parler des autres par après. Et il ne ferait pas qu’entendre parler les deux frères, en fait. Nevaeh était certainement la plus pacifique des trois, et c’est ce qui faisait justement en sorte que les deux autres étaient encore plus enclins à sortir les poings. Si ce n’était pas eux qui le faisaient, personne ne le ferait. Et Nevaeh méritait bien qu’ils se tiennent debout pour elle. Sans doute qu’une mise au point verbale aurait suffi, mais pour les deux frères, ça n’avait pas semblé suffisant. C’était surtout leur colère qui s’exprimait, qui leur laissait ce besoin grandissant de s’attaquer à CJ de la manière forte. Comme pour laisser une marque indélébile. Question que le message soit bien clair. Quand Woody parla de l’absence de futur entre CJ et Nevaeh, lui qui avait tout foutu en l’air maintenant, la réponse de l’homme le fit grincer des dents. « J’connais assez ma sœur pour savoir qu’elle a assez de fierté pour ne pas retomber dans tes bras. » Lâcha-t-il, espérant avoir raison. En réalité, il ignorait ce que l’amour pouvait pousser Nevaeh à faire, mais il osait croire qu’elle avait du respect pour elle-même. Sinon, il tenterait de lui ouvrir les yeux. CJ avait beau l’avoir rendue heureuse, Woody était trop une tête de mule et ne l’appréciait pas depuis le premier jour, alors ce ne serait certainement pas aujourd’hui qu’il prendrait sa défense. Quand CJ se prépara ouvertement à recevoir sa raclée, Felix lui demanda de ne pas jouer aux victimes, puisqu’il s’était lui-même jeté dans la gueule du loup en trompant leur sœur. Les deux frères s’échangèrent alors un tout dernier regard, celui qui voulait tout dire, et s’élancèrent vers CJ. Felix l’attrapa d’abord, permettant à Woody de se ruer sur lui et de le frapper de ses poings, jusqu’à ce que CJ soit plié en deux et qu’ils n’aient plus qu’à se délivrer de leur colère, de leur ressentiment envers cet homme qui avait brisé l’une des femmes de leur vie.

Aisling avait su que Cupidon était en tournée dans le coin. Il restait quelqu'un qu'elle appréciait beaucoup, un peu parce qu'il l'avait aidée à accoucher, surtout parce qu'il continuait à prendre des nouvelles. C'était assez incroyable mais la blonde s'attachait à ceux qui étaient aussi gentils qu'elle était froide et tranchante.
Pour pouvoir passer en coulisse et lui faire une surprise, la blonde avait fait les yeux doux aux agents de sécurité. Parfois, ça avait des avantages d'être une femme. Alors qu'elle allait commencer à ouvrir les portes une à une pour savoir où se trouvait le danseur, elle entendit du bruit. Fronçant les sourcils, elle se rendit jusqu'à la pièce dont la porte était ouverte. Elle ne mit alors pas longtemps à reconnaître deux hommes qui se trouvaient sur la croisière avec elle, dont un qu'elle avait vu à la pendaison de crémaillère de son patron, et surtout Cupidon, qui se faisait frapper. A deux contre un, y en a qui avaient vraiment pas d'honneur, c'était affligeant. Surtout Cupidon... Il n'avait pas vraiment le profil du gros dur bagarreur. Elle était sûre qu'il était capable de réciter des poèmes d'amour et de paix dans cette situation. Bon certes ce n'était pas Isaiah mais tout de même, il était loin d'être violent, la preuve était leur première rencontre.

Elle se mordit l'intérieur de la lèvre, réfléchissant au meilleur moyen de lui porter secours. Elle n'espérait pas vraiment échapper aux coups, et elle s'en foutait bien. Même si elle avait l'allure d'une poupée fragile, elle ne se voyait pas comme ça. Et en cas d'extrême urgence, elle avait son couteau. Cela dit, l'idée de répandre du sang sur le sol de la salle de danse ne la réjouissait pas vraiment. Elle aurait du mal à appeler Ciàran au secours d'ici en plus.

Posant son sac à main au sol, elle s'approcha à pas de loup des trois hommes avant de décocher un coup de genoux dans les côtes de celui qui tenait Cupidon, Félix si sa mémoire était bonne.

-Ca va à deux contre un ? Vous vous sentez pas trop blessé dans votre virilité de devoir être deux pour frapper un mec qui a plus la carrure d'un danseur que d'un boxeur ?

Ils pouvaient être sûrs ces deux-là que femme ou pas, fragile ou non, elle leur démonterait la tête s'il le fallait. Parce qu'Aisling c'était une louve, et Cupidon il faisait parti de sa meute.

Il avait sûrement raison. Si elle s'aimait un tant soit peu, elle ne reviendrait jamais vers toi. Jamais elle ne pourrait te pardonner cet acte si stupide. Pourtant, tu n'avais jamais imaginé ça. Tu n'avais pas voulu lui briser le coeur. Il en était ainsi et c'était ta faute. Assumer les conséquences, c'est ce que tu allais faire aujourd'hui en essayant de te défendre du mieux que tu peux. Tu n'avais vraiment pas la carrure pour te battre, tu n'avais jamais lancé ton poing dans la gueule d'un mec. Et même si tu avais menacé plusieurs fois de te battre contre Alfie, tu étais toujours ravi de voir que ça n'allait pas plus loin parce que tu te serais fait démonté. Tu avais déjà perdu contre Aino. Et si Aisling n'avait jamais frappé, tu avais eu peur plusieurs fois de te prendre un coup dans le pif. Mais même si tu parvenais à mettre au coup de poing au bon endroit, là, tu pouvais être certain de ne pas t'en sortir. Félix était venu derrière toi, t'attrapant les bras et tu n'avais jamais appris à te défendre pour te sortir de ce genre de prise. Tu étais là, les bras ouverts prêt à accueillir toute la violence de Woody. Et il ne tardait pas à te la montrer en commençant par ton visage. Démolir ta gueule d'ange pour commencer, et te démolir après. Pour être certain que tu n'oublies jamais cette correction. Tu ne parvenais toujours pas à te sortir de l'étreinte de Félix. Une voix te sortait de tes songes. Une voix que tu connaissais assez bien. Mais tu te demandais ce qu'elle faisait là. Elle aussi était sur le croisière ? Elle voulait te faire une surprise ? En tout cas, une chose est sûre, c'est elle qui allait être surprise. Tu l'entendais parler mais tu ne comprenais pas le moindre mot. Tes oreilles bourdonnaient. Tu clignais des yeux et tu te sentais partir. Tu ne savais pas comment, mais Félix ne te tenais plus. Tu aurais voulu te relever et lui donner un coup de main mais tu n'avais pas la moindre force. Tu t'étalais au sol, comme un mort. « Aisling ? » prononçais-tu dans un murmure, le dernier coup que tu venais de prendre venait de te faire perdre connaissance.

Cette gueule d’ange, oui, Woody y déversait toute sa rage, frappant là où il pourrait ruiner ce charme qu’il utilisait visiblement sur plus d’une. Son arcade sourcilière était en sang, sa bouche et son nez aussi, et Woody ne s’arrêta pas pour autant. Il n’y allait pas de main morte et même que toute sa raison s’était envolée au moment où CJ lui avait remis en pleine face ses propres histoires, comme si cela pouvait justifier la peine qu’il avait faite à Nevaeh. S’il avait au moins pu assumer ses actes, s’il avait pu accepter son erreur sans chercher à revirer la situation vers un autre sens, vers Woody. Mais non, il leur avait tenu tête, et cela avait achevé toute la bonne conscience du physiothérapeute. Il s’abandonna donc à sa colère, encouragé par son frère qui lui donna d’abord le champ libre avant de se joindre à lui dans les coups. CJ ne tenait plus debout, tout ce qui le retenait de s’écrouler de long en large au sol, c’était les coups de Felix et de Woody dans son ventre. C’est quand une quatrième personne se mêla à la bagarre, contre Felix toutefois, que les deux hommes s’arrêtèrent pour regarder la nouvelle arrivante, la défenderesse de l’infidèle. CJ s’étala alors au sol, pendant ce moment de répit qui ne lui permit que la prononciation du prénom de la blonde avant qu’il ne perde connaissance aux pieds de ses assaillants. Felix, d’abord plié par le coup, mais ayant rapidement retrouvé sa contenance en se retournant vite vers Aisling, s’adressa à la jeune femme qui venait de leur reprocher cette attaque à deux contre un. Qui était-elle, d’ailleurs ? L’amante de CJ, peut-être ? « Tu viens terminer ce que t’as commencé avec lui ? Briser Nevaeh un peu plus encore ? C’est bien clair, maintenant, pourquoi elle ne faisait pas partie de son audience invitée. Fallait quand même pas risquer que vous vous croisiez. C’aurait été un bien mauvais move. » Il tourna la tête vers CJ, toujours étendu au sol, les yeux clos. « Voilà ce que ça fait, de jouer avec le feu. » Peu enclin à frapper une fille, aussi fragile que celle devant lui en plus, Woody tourna la tête vers son frère. « On n’a plus rien à faire ici … » Qu’ils la laissent traiter CJ en victime, si c’était le rôle qu’elle voulait avoir.    

L'homme qu'elle venait de frapper s'était subitement tourner vers elle. Il semblait qu'il allait lui rendre son coup, mais non, il s'arrêta. Sans doute parce qu'elle était une femme ? Ils étaient bien stupides les hommes qui faisaient ce genre d'état d'âme. Bien stupide, et sexiste, accessoirement. Mais ce n'était pas le sujet du jour.

-Ah ouais, et c'est lequel de vous deux qu'il a trompé ?

Les yeux d'Aisling fixait les deux hommes qui se tenaient debout, là, avides de violence. Des êtres sanguinaires, barbares, comme on en faisait plus de nos jours, enfin ça, c'était ce qu'on voulait bien nous faire croire. Mais aujourd'hui la blonde avait la preuve, sous ses yeux, que les êtres humains ne valaient pas mieux qu'une bande de loups prit de folie, qui tuait les moutons sans daigner les manger après. Vraiment, un meurtre pour un p'ti coup de bite mal placé ? Mais où allait le monde ? Est-ce que ça ressemblait à ça, l'évolution ? Grâce au ciel, elle était assez instruite pour savoir ce que signifiait exactement évolution et bien comprendre que l'Homme n'était pas plus évolué que les autres espèces qu'il côtoyait, et sa plus grande faiblesse était sans aucun doute de le croire. Non, pour verser dans cette attaque sanguinaire pour un vulgaire adultère il fallait bien être humain. Êtres humains, ceux là même qui, pour freiner leur instant animal, avait eu recours à cette construction artificielle qu'était la justice. Ils avaient besoin d'une cours pour s'empêcher de commettre les pires abominations du monde, ils avaient besoin de savoir qu'ils allaient être puni pour ne pas déchaîner leur haine sur leur voisin pour un mot plus haut que l'autre. Qui pouvait penser une seule seconde que c'était ça, l'évolution ? Elle ne savait quelle excuse invoquerait ces deux là, mais une chose était sûre, dans tous les cas elle serait mauvaise, parce qu'on ne pouvait en rien justifier autant de violence. Parce que non, Aisling ne pouvait pas concevoir qu'on en vienne à de telles extrémités pour si peu de choses. Mais visiblement, ces deux-là étaient resté à l'époque moyenâgeuse où une femme adultère risquait lourd, ou encore avaient-ils fait un voyage récent en Arabie Saoudite, là où on lapide les femmes quand elles se font violer.

Voir son ami s'écrouler au sol interrompit le jeu de regards que la blonde avait lancé. Elle s'accroupit à côté de lui, soudainement morte d'inquiétude. A quel point est-ce qu'ils l'avaient tabasser ? Il semblait avoir des hématomes partout sur le visage et elle n'avait aucune idée de l'état de son corps, mais ça devait être bien pire encore. Il avait perdu connaissance. La réaction qu'elle aurait dû avoir était, sans doute, d'appeler les urgences. Et pourtant, c'est exactement ce qu'elle ne fit pas.

Elle se releva, arquant un sourcil aux propos du plus vieux des deux hommes. Elle n'avait absolument aucune idée de ce dont il parlait. Et pire encore, elle n'en avait rien à foutre. A partir du moment où ce qu'il formulait ne ressemblait pas à des remords, alors il n'y avait rien à en tirer. Dans les yeux bleus de la Callaghan, on pouvait clairement y lire du mépris.

-J'sais pas qui est Nevtruc, mais si c'est à cause d'elle qu'il est dans cet état là, alors ouais, pour son bien vaut mieux pas que j'la croise.

Une femme, un homme, Aisling se fichait bien du sexe de la personne à qui elle allait foutre son pied bien profond dans le cul. On ne pouvait pas dire que la blonde était contre la violence, même si Isaiah déteignait sur elle, ce ne serait pas demain qu'elle deviendrait pacifiste. Mais il y avait quand même une grosse différence entre une droite de rage et un passage à tabac dans les règles de l'art qui plus est prémédité et réfléchi.
Mais est-ce qu'ils pensait réellement se barrer comme ça, comme si de rien n'était ? Oh elle aurait dû, elle aurait sûrement dû les regarder partir, appeler le SAMU et la police, porter plainte pour Cupidon. Mais elle n'avait pas apprit à jouer avec les règles du jeu. Et faut dire qu'elle était loin d'avoir autant de sang froid quand l'homme qui l'avait accouchée gisait à ses pieds à cause, visiblement, de deux ego d'hommes barbares.
D'une impulsion sur sa jambe, la blonde envoya son poing aussi que ses dents dans le nez du brun. Qu'elle soit seule contre deux elle s'en foutait bien, qu'elle finisse dans le même état que lui, tant pis.

La jeune femme parlait comme s’il fallait avoir été directement trompé pour en vouloir à quelqu’un, comme s’il fallait que le lien d’impact soit immédiat pour en souffrir. Woody, Felix et Nevaeh avaient une relation tissée solide, et si l’un d’entre eux vivait une souffrance, un malheur, alors tous les trois le ressentaient. Pourtant, ils n’étaient pas jumeaux, ils n’avaient pas ce lien invisible qui caractérisait apparemment ces gens, mais ils avaient grandi ensemble en étant soudés. Ensemble contre tous. Encore aujourd’hui, ils étaient prêts à se remettre les trois alignés, côte à côte contre le monde, s’il le fallait. Aujourd’hui, Felix et Woody s’allaient contre CJ pour défendre l’honneur et le cœur de leur sœur. « Tu dois pas savoir ce que c’est qu’d’avoir une famille, toi, pour dire ça. Personne fera de mal à notre sœur sans y passer. » C’était sans doute insensible de cracher cela à la blonde alors qu’il ignorait tout de son passé, alors qu’il ne savait pas ce qu’elle avait vécu niveau familial, mais le simple fait qu’elle se mêle de ce qui ne la concernait pas suffisait à rendre Woody encore plus injuste et cruel qu’il ne l’était habituellement. À côté d’eux, CJ termina son glissement vers le sol et s’écroula enfin au complet. À cette vue, la blonde s’accroupit à côté et sembla l’inspecter, pendant que Woody l’attaquait comme si c’était elle, l’autre. Parce qu’à la voir avec CJ, c’était la seule idée qui lui venait en tête. Elle se releva alors, et sur un ton agressif et sarcastique, elle menaça de faire du mal à leur sœur si jamais elle la croisait. « Ah ouais, donc t’es pas mieux que nous, toi. Du tout. » Si elle comptait s’en prendre à la seule personne qui était réellement la victime dans cette histoire, alors la jeune femme n’avait vraiment rien compris, et défendait présentement des convictions qu’elle-même n’avait pas. Sur ces paroles, la blonde envoya son poing au visage de Woody, frappant avec une force qu’on n’imaginerait pas pour une fille aussi frêle. Le jeune homme porta ses mains à son nez, poussant un gémissement intérieur de colère. « Crazy fucking bitch ! » Cria-t-il à son intention alors que Felix criait aussi sur elle et lui décocha à son tour un coup de poing. Woody, ayant du mal à rouvrir les yeux à cause de la douleur à son nez, n’avait qu’entrevu ce geste de rage émanant de son frère. « Arrête, bro’, elle en vaut pas la peine. On fout le camp maintenant. » Et peut-être qu’en voyant le nez de son frère en sang, Felix allait enfin l’écouter. Ou peut-être que ça ne ferait qu’accroître sa frustration. Honnêtement, Woody ne connaissait pas son frère aussi violent, alors il n’avait aucune idée de ce qu’il ferait ensuite.    

Aisling esquissa un sourire mauvais à la réponse du plus vieux des deux. Oh si elle savait ce que c'était d'avoir une famille. Elle avait un frère et un lien indéfectible les liait. Et pourtant, elle ne se voyait pas tabasser une fille, ou un mec cela dit, à mort parce qu'elle, ou il, avait trompé son frère. Parce qu'elle ne voulait ni se rabaisser au rang de barbare ou d'animal, et puis parce que l'escalade de la vengeance ne résolvait rien. Il y avait, en plus, tellement de circonstances à un problème de cœur... C'était si facile de seulement accuser le fautif. Quoiqu'il en soit, elle ne se rabaisserait pas non plus à répondre à lui répondre.

Et le voilà de nouveau agressif, alors qu'elle pseudo-mençait la fille que CJ avait trompé et qui, visiblement, était leur soeur. Nevtruc donc. Bon, elle retiendrait jamais son prénom et ça ne lui sera jamais utile de toute manière.

-En vérité, si elle ne vous a pas demandé de faire ça, alors je la plains vraiment.

Parce qu'elle avait des frères qui se prenaient pour de pseudo-justicier, et qui, plutôt que de la consoler et de la réconforter, semble-t-il, préféraient agir en barbares.
Quand Perry avait rompu, elle avait été incroyablement malheureuse. Et pourtant, personne n'était aller frapper le jeune homme. Pourquoi ? Parce qu'elle avait sans doute, un entourage censé.

Elle envoya alors son poing dans le nez de Woody, sur un acte irraisonné, sans doute, et peut-être qu'elle se rabaissait à leur niveau, mais les voir partir comme si de rien n'était ça la mettait hors d'elle. Elle n'eut pas le temps d'esquisser un sourire à l'insulte que le deuxième frère répliquait. Elle eut un mouvement de côté, pour retrouver sa stabilité. Elle sentit une vive douleur à la joue, comme du feu, il n'y avait pas été de main morte.

-Parce qu'il croit qu'il me fait peur, le blondinet ?

Elle se tourna vers lui, plongeant son regard bleu dans le sien, prête à répliquer. S'il voulait se battre, ils allaient se battre.