who we are right now (perring)

En le voyant reculer, Aisling se mordit l'intérieur de la joue. Est-ce qu'elle venait de faire une connerie ? Est-ce que c'était beaucoup trop demander ? Beaucoup trop affectueux ? Perry était un bisounours, et c'était plutôt elle, celle des deux qui rejetait les câlins, mais il pourrait bien vouloir n'être pas trop près d'elle. Elle qui l'avait blessé, elle qui l'avait trompé en quelque sorte, elle qui lui avait purement et simplement refourgué un bébé.
Quand il la prit de nouveau dans ses bras, elle eut un large sourire et lui sauta au cou. Elle ne voulait plus être rejetée, elle ne voulait plus être juste celle dont on a peur.

-Je...

Elle enfouit son visage dans son cou, fermant les yeux.

-Merci, pour tout.

Elle avait soufflé contre son oreille, juste soufflé.

Perry ne put s’empêcher de rire en la voyant presque se jeter sur lui. D’habitude ce n’est pas vraiment comme ça que ça se passe. Ou alors elle lui saute dessus mais c’est pas juste pour lui faire un câlin. Comme quoi les choses changent et les gens aussi. Après qu’elle l’ait remercié, il lui fit un baiser sur la joue avant de lui répondre « Bah j’fais pas grand-chose en fait. » Bon il s’occupe de leur fille puisqu’elle vit chez lui mais à part ça, il n’est pas non plus d’un grand secours. Il est juste là s’il faut, c’est un bon ami, quelqu’un qui sait écouter et remonter le moral à sa manière. Faut que ce soir c’est plus elle qui lui a remonté le moral que l’inverse.

Pas grand chose, oui, tout est relatif. Il prend soin d'une fille dont il n'a pas voulu, il s'investit pour qu'elle s'occupe d'elle, pour qu'elle l'aime. Et il l'accepte, lui qui sait pourtant comment elle peut être, lui qui sait qu'elle est loin d'être la première sur qui compte quand on a besoin de réconfort, ou de câlins.

-Si, t'en fais beaucoup plus que tu n'as l'air de le voir, surtout pour une fille comme moi.

Elle s'écarta d'un pas, tournant la tête vers l'océan, regardant quelques secondes les vagues s'échouer contre la coque du bateau.

-Je devrais peut-être te laisse à te méditation.

Il savait que pour sa fille il en faisait pas mal mais pour lui c’était normal. Il devait s’occuper d’elle, il n’allait quand même pas la laisser avoir une enfance malheureuse en ne s’en occupant pas. Et puis il aime bien ça au final. Perry aime être un papa, se balader au parc avec ses filles, leur faire plein de câlins. Au début il ne s’attendait pas à être comme ça, surtout lorsqu’il a eu Penny mais au final, c’est un vrai papa poule. « Mais ça m’fait plaisir tu sais. » lui répondit-il avant que la blonde ne s’écarte de lui pour aller regarder l’océan. Elle évoqua la possibilité de le laisser pour méditer. Méditer, vraiment ? Lui ? Il n’est clairement pas dans le délire méditation, yoga et compagnie. « Tu peux rester t’sais, ça m’dérange pas ! » Il aime bien passer du temps avec elle, peut-être plus qu’il ne voudrait bien l’avouer.

Aisling esquissa un sourire quand il lui dit que ça lui faisait plaisir. Au moins, ça la soulageait un peu. Elle n'était pas si monstrueuse que ça.
Ca se finissait toujours comme ça, elle qui évoquait l'idée de partir et lui qui la retenait. Elle ne savait pas s'il faisait ça pas pure politesse ou s'il le pensait vraiment. Perry était quelqu'un de plutôt honnête alors sans doute le pensait-il. Elle ne savait pas vraiment comment elle devait prendre ça. Sans se prendre la tête, très certainement.

-Que ça ne te dérange pas ne signifie pas pour autant que ça te fait plaisir.

Perry se rend compte, peut-être à tord, qu’au final la blonde donne l’impression de n’en avoir rien à faire d’eux ou des gens en général mais qu’en réalité elle aime bien l’affection et les câlins. Bon il ne fait là que des suppositions et on ne peut pas dire qu’il soit très bon en général pour en faire. Toujours est-il qu’il se souvient de leur rencontre et à cette période elle ne lui réclamait pas de câlins. Comme quoi tout le monde peut un peu changer avec le temps. « Mais bien sûre que j’veux qu’tu restes. J’t’ai jamais mis dehors, demandé d’partir ou un truc comme ça. » Ce n’est pas juste que sa présence ne le dérange pas, c’est qu’il a réellement envie qu’elle reste. « Tu sais j’aime bien passer du temps avec toi, et pas juste pour parler de Siobhan. » avoua-t-il finalement.

Non, c'était vrai, il ne l'avait jamais mise dehors, d'aussi loin qu'elle se souvienne. Il n'était pas le plus froid d'eux deux, c'était très clair, mais il était le plus gentil, et parfois, quand on est gentil, on n'ose pas forcément dire aux autres qu'ils nous emmerdent.

-Non, c'est vrai, la dernière fois c'est toi qui es parti, tout seul.

Elle avait posé sur lui son regard bleu dans lequel on pouvait lire un fond de tristesse et une pointe de nostalgie. Elle évoquait leur pseudo rupture, puisque chez eux tout n'était que pseudo. Ils n'avaient qu'un pseudo couple, bien qu'elle ait eu le droit à un plaquage dans les règles de l'art à son sens.
Elle resta quelques instants silencieuse alors qu'il lui avouait qu'il aimait passer du temps avec elle, pas seulement pour la fille. Même si elle ne l'avouerait jamais, ça lui réchauffait le cœur.

-Et pas juste pour baiser non plus ?

Perry baisse la tête lorsqu’elle évoque leur rupture. Sur le moment il ne pensait pas lui avoir fait du mal, il pensait réellement qu’elle était plus heureuse comme ça et qu’en deux jours elle l’aurait oublié. Mais faut croire que non et ça il ne s’en est rendu compte que lorsqu’ils se sont revus à l’hôpital, des mois plus tard, après la naissance de leur fille. Enfin à l’époque il n’était pas sûr que ce soit la sienne. « Oui je sais, désolé. » Il était sincère, il n’avait pas voulu lui faire du mal. Au final elle en avait plus souffert que lui alors qu’il pensait que ce serait le contraire. Clairement il n’est pas fait pour être en couple, ni pour rompre. Clairement il est un peu con de s’excuser de l’avoir laissé en plan, de l’avoir quitté, d’avoir été aussi débile mais c’est sorti comme ça. Il espère juste que ça ne va pas l’énerver mais si c’est le cas il ne lui en voudra pas.
La question de la blonde lui fait hausser un sourcil. Comme s’il aimait rester avec elle juste pour avoir des relations sexuelles. « Bah nan regarde là, on est des gens civilisés, on a rien fait. » Enfin pour le moment parce qu’on sait jamais avec eux.

Elle sait ses excuses sincères. Perry est quelqu'un de sincère. Elle hocha doucement la tête, passant une main dans ses cheveux blonds.

-Ne t'inquiète pas, j'ai arrêté de t'en vouloir. Et puis, tu as fait ce qu'il fallait pour te protéger.

Après tout, c'était tout ce qui comptait, se protéger. A sa place elle aurait sans doute fait la même chose. Aisling vivait dans un monde où l’égoïsme primait, où il était nécessaire de penser à soit avant de penser aux autres, alors elle comprenait très bien ce genre de réaction, même si elle avait été blessée parce que, pour la première fois de sa vie, elle avait aimé.

Aisling éclata de rire. Elle le regarda avec un sourire amusé.

-Des gens civilisés hein. C'est vrai que je suis rarement civilisée.

Y avait qu'à voir son discours quand elle avait gagné le boward de la personne la plus étrange de la ville. Elle se rapprocha doucement de Perry pour venir chuchoter à son oreiller.

-T'aime pas quand je deviens un petit chat sauvage ?

Peut être qu'elle aurait plutôt dû se comparer à une lionne, tout était une question de point de vue.

D’une certaine façon elle a raison, il a pensé à lui lorsqu’ils se sont séparés, à la jalousie qu’il détestait ressentir, à l’égoïsme qu’il ressentait en la voulant juste pour lui. Mais il a pensé aussi à elle, il ne fallait pas qu’elle s’enferme dans une relation, surtout pas avec lui. Il n’a jamais pensé être réellement l’homme qui lui fallait. Si au final il aime ses venter, crier haut et fort qu’il est le meilleur amant de toute la ville, l’homme le plus génial, au fond il ne pense pas mériter un jour l’amour d’une personne sincère. Perry sait qu’il est un bon ami mais il a aussi la présence d’esprit de savoir qu’il serait probablement le pire copain du monde et certainement, sait-on jamais, le pire mari qui puisse exister. Oui il a l’air sûr de lui tout le temps mais parfois il doute, parfois il se demande si les gens l’aiment réellement, s’il n’est pas juste le type naïf dont tout le monde se sert. Parce qu’il sait qu’il n’est pas intelligent et parfois il regrette de ne pas avoir été le premier de la classe qui comprend tout parce qu’il a réellement l’impression de ne pas comprendre moitié des trucs. Il ne répond rien à sa réponse, il a honte de ce qu’il a fait et qu’elle pense qu’il a agit par pur égoïsme. Mais bon c’est peut-être ce qu’il est au final, un égoïste.
Heureusement pour lui la conversation sur la rupture ne dure pas plus longtemps. Elle le fait rire mais c’est vrai que la blonde n’est pas la personne qui se fond le plus dans la masse. Elle est plutôt un petit animal rapide qu’on ne peut pas attraper et à peine observer. « Mais ça t’arrive...parfois. » ironisa-t-il avant qu’elle ne lui demande, en lui chuchotant à l’oreille, s’il aime lorsqu’elle est un petit chat sauvage. « J’aurais pas dit un p’tit chat... » dit-il avec un sourire avant de venir l’embrasser.

Parfois. Au maximum oui. On comptait sur les doigts d'une main les moments où elle se comportait en femme civilisée. Rien qu'à la fac, elle se montrait comme un renard agressif, qui mordait dés qu'elle en avait l'occasion, dés qu'on violait son espace vital. Elle n'avait, pour ainsi dire, aucun ami dans sa promo. Ils n'osaient pas vraiment l'approcher.

-T'as des exemples ?

Elle avait demandé avec un léger sourire, et non pas agressivement comme elle aurait pu en être capable.
Elle répondit à son baiser avec peut-être un peu plus d'envie que tout à l'heure.

-Tu aurais dit quoi alors ?

Il n’a pas une très bonne mémoire, ce qui va de paire avec son intelligence. Perry n’a jamais fait de test de qi mais il est possible qu’il soit en dessous de la moyenne ou en tout cas dans la moyenne basse de la population. Elle lui demande des exemples sur les fois où elle a agit en femme civilisée. Il faut réfléchir maintenant. « Bah globalement avec moi ça va. Genre quand on a mangé des pâtes tous les deux t’étais plutôt civilisée. » dit-il en riant en se souvenant qu’ils ont tout de même partagés de bons moments tous les deux.
Ils finirent par s’embrasser et elle lui demanda avec quel animal sauvage il l’aurait comparé. « J’sais pas, on a déjà parlé d’la lionne l’autre fois mais un truc genre un léopard ou une panthère! » Après être allé au zoo il a un peu amélioré sa culture animale ce qui n’est pas un mal.

Elle esquissa un sourire à l'évocation des pâtes. Il n'avait pas prit le bon exemple, enfin si, mais disons qu'il y avait des circonstances particulières.

-Quand je t'ai menacé avec un couteau dans la rue, tu m'as trouvée civilisée ? Et puis les pâtes c'était parce que je voulais te plaire, c'est différent.

Elle ne lui avait jamais avoué, mais elle pensait bien qu'il l'avait comprit.
Elle eut de nouveau un sourire quand il parla des léopards et des panthère, qui étaient, soit dit en passant, exactement le même animal, mais autant évité ce genre de commentaire dans ce genre de moment.

-Grrr... J'aime bien l'idée, je trouve que ceux sont des animaux magnifiques.

Et agile, d'une élégance qu'elle admirait. Elle l'embrassa de nouveau, glissant une main derrière sa nuque.

Il est vrai que lors de leur première rencontre on ne peut pas dire que case soit passé réellement normalement. Heureusement la situation a changé en mieux et ils ont fini par discuter sans que la blonde ne pense que Perry la suive et qu'elle arrête de le menacer avec son couteau.
Pour le coup des pâtes il ne pensait pas qu’elle l’avait fait juste pour lui faire plaisir. Il pensait qu'à elle aussi ça lui faisait plaisir, qu’elle ne se forçait pas. Il est plutôt déçu mais ne lui dit pas. “Te force pas à faire des trucs.” Dit-il seulement sans plus de détails.
Un animal sauvage de la jungle ça lui va plutôt bien il trouve et on dirait qu’Aisling trouve aussi. “Comme toi.” Répondit-il avec son petit sourire charmeur. Il a bien le droit de la draguer un peu. Puis il l’embrassa à nouveau.

Ne pas se forcer à faire des choses ? Si parfois, il le fallait, et souvent, elle était plutôt heureuse de l'avoir fait. Parfois, elle était sortie de chez elle à cause d'Isaiah, et elle ne l'avait pas regretté. Un jour, elle s'était forcé à faire à manger à Perry, et le voir content l'avait rendue heureuse.

-J'ai rarement des regrets quand je me force à faire des trucs, comme tu dis.

Elle avait esquissé un léger sourire en lui répondant.
Aisling eut un léger rire avant de répondre au baiser de Perry. Il n'y avait bien que parce que c'était lui qu'elle pouvait passer au-dessus de ça. Elle vint lui murmurer à l'oreille.

-Tu sais que c'est une phrase de dragueur de trottoir ?

Elle se mit alors à lui mordiller le cou avant de plonger son regard bleu dans le sien.

-Et toi qu'est-ce que tu serais ? Un petit tatou ?