#454 - trying to be the best for you (perring)

A son retour à Bowen, les gens étaient plutôt heureux de le revoir et qu’il soit de retour définitif en ville. Aisling ne faisait pas partie de ces gens. Perry ne s’attendait pas à la voir heureuse de son retour mais il ne s’attendait sans doute pas à ce qu’elle lui en veuille autant. Il n’est pas habitué à ce que les gens lui fassent la gueule et lui balancent des méchancetés. D’habitude c’est plus fou rires et discussions légères mais avec la blonde les conversations ne sont jamais vraiment légères. Quand ils se voient pour ramener ou venir chercher Siobhan, leurs échanges sont brefs et se résument à s’accorder sur la prochaine fois où chacun verra leur fille. Mais cette fois il a l’intention de mettre les choses au clair et surtout de comprendre pourquoi elle lui en veut autant et essayer de se faire pardonner, même si jusqu’à maintenant ça n’a pas fonctionné. Il sait qu’il est parti subitement, lui laissant Siobhan alors qu’elle n’en voulait pas à la base. Il pensait que c’était mieux qu’elle reste avec elle. De toute façon s’il l’avait pris avec lui, elle lui en aurait aussi voulu, pour d’autres raisons. Il frappe à la porte, Siobhan dans ses bras, toute calme après une journée à courir partout et à jouer, bien fatiguée. Quand il a sa fille, Perry prend sa journée et ne l’emmène pas à la crèche pour pouvoir profiter au maximum parce qu’il sait qu’il ne peut pas la voir autant qu’il le voudrait.

Aisling était entrain d'éplucher les légumes pour le repas du soir quand elle entendit frapper à la porte. Elle se doutait bien de ce que c'était. Elle ouvrit et tomba sans surprise sur les visages de sa fille et du père de celle-ci. La petite semblait presque ensommeillée. Un sourire attendri s'afficha sur le visage de la jeune femme et elle s'écarta de la porte pour le laisser entrer.

-Entrez tous les deux. Est-ce que tu veux un café ? Un soda ?

Elle s'était soudainement rappeler que le café était une boisson un peu trop adulte pour Perry. Elle finit par récupérer sa fille, l'embrassant sur le front avant de l'asseoir sur le canapé pour lui retirer son manteau et ses chaussures.

-Alors, qu'avez-vous fait aujourd'hui ?

Elle n'était jamais très à l'aise en présence de son pseudo-ex, mais elle essayait de le cacher autant que possible. Elle voulait que, au moins pour Siobhan, ils ressemblent à une famille à peu prés normale. Elle savait que, de toute façon, ça ne servait à rien de continuer à être hostile avec Perry, d'une part parce que c'était toxique pour sa fille, et d'autre part parce qu'il ne comprendrait jamais ce qu'elle pouvait ressentir, avoir ressenti. Elle se contentait de garder ses distances.

Le jeune homme n’a pas connu de parents séparés mais il imagine que ça ne doit pas être le truc le plus sympa de se faire trimballer de maison en maison avec des parents qui se disputent sous prétexte de vouloir le meilleur pour leur enfant alors qu’en réalité ils ont seulement des comptes à régler. Il veut que les choses se passent le mieux possible pour Sio et il sait que c’est le cas pour Aisling aussi, c’est pour ça que lorsqu’ils se retrouvent tous les trois dans la même pièce elle ne se montre pas hostile envers lui. Malgré tout il appréhende toujours un peu le moment où il ramène sa fille chez la blonde, même si globalement ça ne dure jamais très longtemps. Celle-ci lui ouvre la porte et lui demande gentiment s’il veut boire un truc. « Nan t’inquiète j’vais pas te déranger longtemps. » dit-il en essayant d’être sympa. D’habitude Perry a confiance en lui sur sa sympathie et sur le fait que les gens l’aiment bien mais Ais tout est différent. Il sait qu’il doit marcher sur des œufs en permanence s’il veut que les choses se passent un minimum bien. La demoiselle installa Siobhan pour lui retirer ses chaussures et son manteau. Elle lui demanda ce qu’ils avaient fait le temps qu’ils étaient ensemble. La petite fut plus rapide à répondre que son père. Elle partit dans ses explications avec des grands gestes, toute excitée par la journée qu’elle venait de passer. « Aloors on est allé au parc, j’ai fait du toboggan et pis après on a fait un tour de manège et j’étais sur un cheval. Et pis on a mangé une glace, elle était au moins grand comme ça. Et papa il m’a aussi acheté un livre, il est trop beau, c’était le plus beau du magasin ! » Une journée bien rempli pour un petit être comme elle, au moins elle sera assez calme ce soir et dormira bien.  

Quelque part, Aisling s'attendait un peu à sa réponse. Elle ne savait pas si on pouvait dire qu'elle l'espérait pour autant... Peut-être que si. Après tout, moins longtemps il était là, et moins elle avait besoin de se contrôler pour que les choses se passent bien et que ses nerfs ne prennent pas le dessus. Sans doute qu'elle devrait aller voir un thérapeute, qu'il fallait qu'elle extériorise sa colère pour la soigner et qu'elle arrive, surtout, à mettre des mots et des causes dessus.

-Comme tu préfères.

La blonde souriait avec sincérité alors que sa fille lui racontait sa journée. Elle était heureuse de l'avoir si excitée et si contente. C'est le sourire sur le visage de sa petite tête blonde qui embellissait ses journées.

-Ah oui, tout ça ? Et bien, ça a l'air d'être une très belle journée ma puce.

Ça lui faisait penser que quand elle serait un peu plus grande, elle aimerait essayer de faire monter sa fille sur un vrai cheval. Enfin, un vrai poney. Une fois les vêtements retirés, elle mit la télé sur la chaîne de dessins animés pour Siobhan avant de s'éloigner de quelques pas avec Perry.

-Ça s'est bien passé ? Elle n'a pas posé de questions étranges, elle n'a pas fait de crises, pas pleuré ?

Elle s'inquiétait pour sa fille, même si elle savait que Perry était un père responsable et qu'il saurait sans aucun doute gérer toutes ces situations. Malgré les années, elle avait peur de faire quelque chose de travers.

Les deux parents souriaient en entendant le récit de leur fille sur sa journée bien remplie. Même si Perry avait vu Penny grandir, avec Siobhan ce n’était pas pareil. Quand il a eu la garde de sa première fille, elle avait déjà sept ans et vécu une autre vie avant. Et même s’il l’aime plus que tout au monde et que ce sont les gènes de sa famille, elle n’est pas de lui et ça fait tout de même une différence. Il a vu sa seconde fille naître, enfin pas vraiment puisqu’il n’était pas présent, mais il l’a vu alors qu’elle n’avait que quelques jours. Il l’a vu apprendre à parler et à marcher, même s’il n’était pas là tout le temps. Au début il parlait à Aisling pour prendre des nouvelles de sa fille puis il a pu parler directement à Siobhan, évitant un peu de devoir parler à son ex. Perry guetta la réaction de la jeune femme, voyant si elle approuvait ou non les activités qu’il avait choisi. Il fut rassuré qu’elle ne lui fasse pas de remarques. Le jeune homme serait bien resté devant les dessins animés avec sa fille mais il fallait tout de même qu’il parle un peu à la blonde. Elle demanda quelques détails sur la journée, s’inquiétant que tout se passe bien. « Oui ça a été, elle voulait voir Penny mais elle était à l’école alors je lui ai expliqué. » Heureusement qu’il n’a pas une fille trop difficile à gérer parce qu’il serait sûrement dépassé. « Elle pose des questions mais c’est normal. » Oui il ne se prend pas la tête. « Mais ça va, elle a plus héritée de mon calme que du tien. » dit-il en la taquinant un peu.

S’ils ne partagent pas grand-chose, que ce soit au niveau du caractère ou des moments qu’ils passent ensemble, Aisling et Perry partagent les craintes des jeunes parents, qui voient leur enfant grandir et prendre petit à petit plus d’indépendance. Si Perry a déjà eu une première expérience de la paternité avant Siobhan, ce n’est pas pareille. Quand il a adopté Penny elle était déjà grande, allait à l’école et comprenait la vie mieux que lui qui était encore plus immature qu’aujourd’hui. Avec Siobhan, il espère que tout ira bien, qu’elle se fera des amis, qu’elle sera calme et ne sera pas un enfant turbulent comme lui l’a été. « Tout ira bien. » Oui il n’en sait rien mais il préfère ne pas imaginer tout ce qui pourrait mal se passer. Ça sert à rien de se prendre la tête, c’est un peu ce qui représente sa vie. Perry tente de taquiner la jeune femme qui lui répond sur un ton un peu plus sec que le sien. Mais il ne prend pas la mouche, il lui en faut bien plus pour qu’il s’énerve. « Tu sais c’est bien de pas se prendre la tête pour tout aussi. Franchement ça a vraiment des avantages d’être con tu sais. » Il a confiance en lui mais il sait bien qu’il n’est pas le gars le plus intelligent mais il ne s’en formalise pas, c’est pas grave, il a plein de qualités qui équilibrent les choses.

Perry semblait vouloir la rassurer. Evidemment qu'Aisling était inquiète pour sa fille et pour la façon dont elle prenait les choses. Après tout, elle n'avait ni été une bonne génitrice, ni une bonne mère. Et avec les allers et venues de son père... Il y avait de quoi être perturbé. Mais Siobhan restait toujours incroyablement souriante.

-J'espère.

Aisling arqua un sourcil à ses mots. Sans doute était-ce un peu prétentieux, ou égoïste, enfin, elle ne savait pas trop, mais dans tous les cas, elle espérait que sa fille ne soit pas aussi stupide que son père.

-Oui, c'est bien, on blesse les autres plutôt que se blesser soit-même.

Elle se mordit l'intérieur de la joue, soudainement piquée au vif par de nombreux souvenirs qui refaisaient surface, au mauvais moment.

-Combien de fois ai-je versé des larmes à cause de toi ? Mais toi, t'en as jamais rien eu à cirer. T'as jamais rien compris.

Elle secoua la tête, chassant le pincement au cœur qui la faisait souffrir pour tourner le visage vers sa fille qui semblait toute heureuse devant ses dessins animés.

-A part le sexe, et elle, il n'y a jamais rien eu.

Aisling n’était pas la seule à être inquiète pour Siobhan, pour son futur, Perry aussi. Il ne voulait juste pas montrer toutes les inquiétudes qu’il a chaque jour, voulant plutôt rassurer son ancienne copine qu’autre chose. Il est persuadé que sa fille grandira bien, sans soucis mais il se voile sans doute la face. Aucun enfant n’est parfait et il y aura forcément des hauts et des bas, il tente seulement de ne pas y penser tout de suite. La discussion prit une autre tournure et la jeune femme en profita pour déverser une partie de sa rancœur. Les mots de la blonde touchent vraiment Perry, bien plus qu’il ne voudrait l’admettre. Il n’aime pas faire de mal aux gens, mais il le fait tout de même, en étant lui, en étant maladroit et en ne voyant pas tous les messages qu’on lui lance. « Ais, c’est faux. Tu me connais, j’ai jamais été fait pour être en couple, avec quelqu’un, c’pas pour moi. Toi tu as trouvé Isaiah qui te rend heureuse mais moi j’ai jamais trouvé quelqu’un comme ça, j’ai jamais ressenti tout ça. J’voulais pas t’faire de mal. Je sais que j’ai été maladroit et que tu m’en veux. J’suis p’t’être con mais tu m’le montres assez pour que j’m’en rende compte. » Il aurait aimé que leur relation se passe mieux mais il sait aussi qu’on ne peut pas changer le passé. La jeune femme n’est pas du genre à pardonner facilement, il le sait bien.

Faux ? Il allait lui falloir un peu plus d'argumentation de ça pour oser envisager croire Perry. Mais elle préféra ne rien dire. Peut-être qu'il s'en était voulu pendant une demi seconde de lui avoir fait du mal, mais y repensait-il ? S'en voulait-il ? Sûrement pas.

-Si tu le sais aussi bien, que c'est pas pour toi, pourquoi est-ce que tu as tenu à ce qu'on aille plus loin ? Pourquoi est-ce que tu es venu me voir ce jour-là, et que tu m'as fais céder ? Je t'ai servi de crash test ?

Ce n'était pas elle qui lui avait demandé à ce qu'ils soient un espèce de couple. Mais elle tenait à lui, elle s'était laissé convaincre. Ça lui avait servi de leçon, et puis, il y avait eu Chase, qui aurait pu totalement la vacciner de toute relation sentimentale quelle qu'elle soit. Mais Isaiah avait, semble-t-il, cicatrisé suffisamment ses peines pour qu'elle réussisse à s'ouvrir à nouveau, à la personne en qui elle avait le plus confiance en ce bas monde.

-Il faut dire que je n'ai jamais vraiment essayer de te le cacher, que je t'en voulais. Pour m'avoir largué sans crié gare, pour être parti en me laissant Siobhan, pour revenir comme si rien ne s'était passé. C'est facile pour toi, tout est facile pour toi. Mais, et, crois-moi, ça me fait mal de l'admettre, pour moi et tout ce que j'ai pu ressentir un jour, ce n'est pas aussi simple.

Elle finit par détourner le regard, laissant s'échapper un soupir. Maintenant que les choses étaient dites, peut-être qu'elle arriverait à se détendre.

Lui-même ne connaît pas vraiment les réponses à toutes les questions qu’elle lui pose. Peut-être que c’est ça, qu’elle n’a été qu’un crash-test pour lui, un moyen de vérifier que les relations amoureuses ne sont définitivement pas faites pour lui. Une chose est sûre, il a merdé mais il n’a jamais voulu la faire souffrir. Il pensait qu’en la quittant elle serait libéré, qu’elle trouverait quelqu’un d’autre qui saurait lui apporter tout ce dont elle désirait, mieux que lui en tout cas. « On s’entendait bien, j’voulais essayer pour voir. J’me disais que ça fonctionnerait peut-être mais au fond j’crois que j’ai fini par me trouver des excuses pour te quitter. C’était sympa quand on était ensemble mais j’pense pas que j’ai été fait pour ça, du coup j’ai préféré laisser ma place à quelqu’un d’autre. J’pensais pas vraiment compter pour toi. » Si Perry a confiance en lui quand il s’agissait d’Aisling ce n’était pas pareil. Il se sentait ridicule par rapport aux autres hommes qu’elle fréquentait, lui le gars sans cervelle qui amuse la galerie. « Je sais que j’me rends pas compte de tout, que j’suis parti. Mais aujourd’hui j’veux comprendre et essayer d’arranger les choses. J’ai pas envie que tu m’détestes. Je sais qu’on sera pas des supers amis mais j’aimerais bien qu’on s’entende un minimum. Et pas juste pour faire plaisir à Siobhan quand elle est là. » Clairement il n’aime pas être en froid avec les gens, qu’on lui en veuille. Et en plus de ça, il risque de la voir pendant un bon bout de temps Aisling, alors autant que leur relation ne soit pas si merdique.

Aisling resta silencieuse quelques instants alors que Perry tentait de s’expliquer. Qu’il ait pris les choses à la légère, quelque part, n’étonnait pas vraiment la jeune femme. Après tout, elle le connaissait, et à l’époque déjà elle savait à quoi s’en tenir avec lui. Seulement, elle, elle s’était sans doute investie plus qu’elle n’aurait dû, et même plus qu’elle ne l’aurait cru à l’époque. N’est-ce pas quand on perd quelque chose qu’on se rend compte de sa valeur ? Mais elle ne pouvait pas laisser passer les derniers mots de Perry sur le sujet. Comment avait-il pu s’imaginer ne pas compter ? Pourquoi serait-elle restée auprès de lui, s’il ne comptait ?

-Je pensais que tu me connaissais mieux que ça. Je pensais que tu savais que j’évitais généralement de fréquenter ceux ne comptent pas. J’ai bien d’autre chats à fouetter, Perry.

Elle secoua la tête avant d’émettre un petit soupir.

-J’aimerais bien qu’on arrête de décider à ma place ce que j’aime et ce que je n’aime pas, ce je veux, et ce que je ne veux pas.

Après tout, Perry n’était pas le seul à décider sans même lui en parler, Ciàran avait, pendant un temps du moins, été champion sur la question. Peut-être bien, d’ailleurs, que Perry était très différent des hommes qu’elle fréquentait à l’époque. Peut-être que c’était ça qu’elle aimait chez lui. Peut-être que c’était ce que justement elle lui reprochait aujourd’hui qui lui plaisait, avant. Juste retour de bâton sans doute.

-Tu comptais, c’est sûrement pour ça que tu m’énerves autant.

Elle connaissait assez l’Américain pour savoir qu’il n’aimait pas spécialement être en froid avec les gens, le concept était sans doute un peu trop compliqué à comprendre pour son cerveau. Mais elle ne savait pas si elle était prête à lui pardonner, ou plutôt, si elle en était capable. Elle était rancunière la jolie blonde et parfois malgré elle.

-Je ne sais pas. Je veux que les choses se passent bien pour Siobhan, mais j’ai plus l’habitude de me tenir éloigner des ceux qui m’ont fait, ou qui risque de me faire du mal, que de vivre avec et prendre sur moi. Je ne suis pas très familière du pardon et des efforts relationnels, et tu le sais.

Les conversations sérieuses sont toujours le genre de choses que Perry tente de fuir ou de détourner mais parfois il faut bien se jeter à l’eau et parler, se livrer, chose qu’il ne sait pas très souvent sérieusement. Il sait bien qu’il a dû merder à un moment mais il a dû mal à se rentre compte d’où alors il tente d’écouter le point de vu d’Aisling et de le comprendre. Au final il a tenté de minimiser les sentiments qu’avaient la jeune femme envers lui afin de moins se sentir coupable en la quittant. Il a été hypocrite pour ne pas se faire souffrir lui-même, comme s’il avait voulu se protéger du mal qu’il pouvait lui faire. « Désolé, je sais que je peux pas y faire grand-chose maintenant mais j’essaie de me rattraper, un peu. » Il ne peut pas changer le passé mais il peut au moins essayer de faire de son mieux pour que le présent et le futur se passent bien. « Et regarde, imagine un peu si on était resté ensemble. C’est sûr que ça n’aurait pas été, alors que maintenant tu as Isaiah, qui est clairement beaucoup mieux que moi pour tout ce qui est couple, et sans doute pleins d’autres trucs. » Il tente de voir le positif là où il peut. Même si savoir qu’elle a fini avec un mec bien, qui a l’air bien sous tout rapport et de vraiment bien s’occuper de Siobhan, ça lui fait de la peine. Pas qu’Aisling soit en couple avec, non il est content de ça mais il a peur qu’il le remplace comme père et il a du mal à se débarrasser de cette peur. C’est aussi cette peur qui l’a fait revenir en Australie. « Tu sais, ça se fera petit à petit. Un jour, tu voudras plus me tuer en me voyant, puis après tu toléreras ma présence à peu près correctement. P’t’être qu’un jour on partira en vacances tous ensemble, comme une vraie famille et qu’on sera vraiment contents d’être tous ensemble ! » Il vit vraiment dans un monde de bisounours.

Aisling ne voyait pas trop en quoi il essayait de se rattraper mais elle ne dit rien. Après tout, il débarquait dans sa vie comme un ouragan pour reprendre une partie de la garde de leur fille, sans vraiment ni crier gare ni lui demander son avis. Est-ce que c'était ça, pour lui, se rattraper ? Si se rattraper c'était être gentil avec elle, eh bien... Il était gentil avec tout le monde, donc ça n'avait rien d'exceptionnel.

En l'entendant, la jeune femme ne put s'empêcher d'arquer un sourcil. Elle avait du mal à comprendre comment les choses se passaient dans son esprit. Mais, peut-être valait-il mieux qu'elle n'y réfléchisse pas trop. Elle secoua la tête avant de relever son regard vers le sien.

-Tu devrais arrêter de te justifier, tu n'améliores pas les choses.

Est-ce qu'elle était plus heureuse avec Isaiah qu'elle ne l'avait été avec Perry ? Sans doute. Elle avait mûrie, aussi, chose qui ne serait sans doute pas arriver avec l'Américain. Elle arrivait à construire quelque chose ce qui.. ne serait probablement arrivé avec personne d'autre que l'ébéniste. Elle esquissa un sourire avant de reporter son attention sur le père de sa fille.

-Ce n'est pas à toi de décréter que ma vie est mieux parce que tu m'as quittée, que ce soit vrai ou non.

Perry était fidèle à elle-même, et elle ne pouvait pas lui en vouloir pour ça. Elle se contenta donc d'un petit soupire puis finit par tenter de lui sourire. Après tout, il ne méritait pas qu'elle soit aussi désagréable avec lui. Enfin, sûrement que si, mais elle pouvait tout de même faire des efforts pour que les choses se passent au moins correctement.

-Sans doute que Siobhan sera très heureuse d'avoir deux fois plus de vacances.

Les vacances chez son père, à peu prés où elle voudrait vu les sommes colossales qu'il était capable de dépenser, et les vacances plus low-cost avec maman et tonton Isaiah, mais connaissant son amoureux, sans doute pas moins enrichissantes.

Il sait qu’il n’est pas le meilleur quand il s’agit d’arranger les choses. En général il ne se met pas les gens à dos donc il n’a pas besoin d’aller arranger les choses ou alors il fait une blague ou deux et c’est bon. Mais avec Aisling les choses ont toujours été plus compliquées. C’est peut-être pour ça aussi qu’il a préféré fuir lâchement en prétextant qu’elle avait qu’à se mettre en couple avec un des autres types qu’elle voyait. Il aurait peut-être apprécié une relation plus simple, avec quelqu’un qui lui ressemble plus et qui soit autant du genre sans prise de tête que lui. Il ne pense pas que la blonde soit spécialement prise de tête mais elle a un caractère beaucoup plus affirmé que lui. « Oui c’est vrai, j’essaie juste de voir le positif tu vois ? T’as l’air heureuse avec Isaiah donc j’préfère que les choses se soient passées comme ça plutôt qu’on s’engage plus tous les deux et que tu finisses avec lui. » A croire que sous cette carapace de type qui se fout de tout il y a un cœur qui bat avec des sentiments. Peut-être qu’au fond il ne veut pas s’engager et tomber vraiment amoureux de quelqu’un par peur d’en ressortir avec le cœur brisé. Aisling n’était pas prête à penser à de futures vacances tous ensemble, expliquant que leur fille apprécierait sûrement d’avoir deux fois plus de vacances. « Oui peut-être. C’est juste que...j’ai peur. J’ai peur qu’elle voit plus Isaiah comme son père que moi. » Ce n’était pas facile à dire pour lui, mais il devait bien en parler à quelqu’un.