in the morning, everything is new (libre)

La journée a à peine commencée mais déjà, Milo est dehors. À ses cotés, son vieux chien ne le quitte pas d'une semelle sans qu'il n'ait besoin d'être tenu en laisse. Milo n'a pas eu besoin de l'avoir depuis son plus jeune âge pour qu'Amiral devienne son plus fidèle ami, et il n'a pas été difficile de l'éduquer afin qu'il connaisse les tours les plus simples, mais aussi d'autres plus compliqués. Marcher à coté de lui sans être tenu par exemple, et sans se mettre à courir après chaque chat qu'ils croisent. Arrivés au parc, l'Américain se dirige vers un banc en bois avant d'aller s'y asseoir. Il a les mains plongées dans les poches de son pantalon et le regard perdu au loin. Il repère une fine branche d'arbre juste à coté, s'en empare, et la lance à Amiral qui se met à courir vers l'objet avant de le mâchouiller un peu, puis de le ramener vers son maître. Un faible sourire vient étirer les lèvres de Milo. Après avoir lancé le bâton une seconde fois, il laisse aller sa tête en arrière et profite un moment de la chaleur du soleil contre sa peau. Il se perd dans ses pensées, songe à son boulot, à sa colocation pour le moment peu concluante. Puis il réalise qu'Amiral n'est pas revenu vers lui depuis déjà trop longtemps. Un peu inquiet, il se redresse et remarque son trop social de chien auprès d'une personne. Immédiatement, Milo quitte son banc et se dirige vers eux. « Amiral ! » l'appelle-t-il avant de croiser le regard de cette personne qui semble avoir attiré l'attention de l'animal. « Désolé, mon chien a tendance à être trop familier, surtout dans les parcs. » Il esquisse un sourire en coin et appelle Amiral pour qu'il retourne à ses pieds.

Il a toujours aimé ces moments passés avec son chien, seul être vivant avec qui Milo se permet de songer à autre chose qu'aux douloureuses images du passé qui n'arrêtent pas de revenir sans cesse dans ses pensées. Lui qui a toujours aimé les animaux, la présence d'Amiral agit sur ses plaies comme un pansement provisoire. Quelques heures de bonheur où enfin, le monde entier ne pose pas son poids sur ses épaules. Déjà gamin, il se souvient être venu au secours de bon nombre d'oiseaux, chats, chiots blessés. Il les emmenait jusqu'au vétérinaire le plus proche sur son vélo, quitte à devoir parcourir des kilomètres et à rouler pendant des heures. Il était un gamin généreux, il est devenu un homme au grand coeur. Trop focalisé sur Amiral, il ne fait pas tout de suite attention à la femme vers qui ce dernier s'est dirigé. Ce n'est que lorsqu'elle s'adresse à lui que Milo lève les yeux vers elle, par politesse. Il pourrait se contenter de récupérer l'animal et de s'en aller sauf qu'à la place, il reste figé sur place à regarder cette femme qui lui fait face. Elle lui ressemble. Elle ressemble à Jenny, sa fiancée partie à jamais dans un monde où il ne peut pas aller la chercher. Les cheveux roux, les yeux clairs. C'est peut-être pour cette raison qu'Amiral s'est empressé de courir jusqu'à elle. De loin, il ne doit pas être difficile de confondre les deux. Il y a cependant un détail que l'inconnue devant elle possède et pas Jenny. Elle est vivante. Après avoir réalisé qu'il la fixait peut-être un peu trop intensément, Milo baisse le regard. « Désolé, je... vous ressemblez à quelqu'un que j'ai connu, c'est troublant. » Il rit nerveusement pendant que, entre eux deux, son chien continue de battre l'air à l'aide de sa queue. « Je dirais même qu'on a connu, » ajoute-t-il. Il aimerait reculer, retourner à ce banc où il était quelques minutes plus tôt, mais Milo a l'impression que ses pieds sont vissés au sol. Au lieu de s'en aller, il attend donc que l'inconnue fasse le premier pas, fuyant Milo après l'avoir certainement pris pour un fou.