Summer nights (Rulfie)

J’étais encore complètement paumée. Perdue dans les débris qu’étaient devenus ma vie. Je me plongeai totalement dans l’inconnu. Toujours accompagnée de ma sœur, j’étais maintenant totalement seule dans ce grand monde sauvage. J’avais pris part à une série pendant des années et j’avais claqué la porte. Le regrettai-je ? Non puisque j’étais désormais sur un autre projet avec Netflix. Mise en avant. Etre sur le devant de la scène toute seule. Sans se faire éclipser. Et pourtant à côté d’Alfie et de sa beauté à la fois intérieure et extérieure, je me sentais plus brouillon que jamais. Comme rappel de ma timidité, je lève doucement le regard vers lui, balayant son corps parfaitement sculpté du regard. Imprimant son image derrière ma rétine lors des froides nuits d’hiver. Je n’avais aucune idée de ce que j’étais en train de faire. Je savais juste pourquoi. J’en avais envie. A quoi ça m’a servi de mettre des barrières ? A avoir une meilleure vie ? A ne pas souffrir ? Je me sens rougir sous l’effet du compliment. Je frissonne sous ses caresses, tressaille lorsqu’il rejette mes cheveux en arrière. Pourtant, je ne peux m’empêcher de casser les choses. J’aimerai avoir cette faculté de pouvoir faire confiance aveuglément aux hommes. Mais, je n’avais trop furtivement partagé ma vie avec le sexe opposé. Lachlan qui m’a détruite. Seamus. Lorenzo. Je ne me suis essayée au plaisir charnel avec aucun d’eux. Avec un seul homme auparavant. Et je ne pouvais que me poser des questions sur la hauteur de mes performances. Je reste accrochée à ses lèvres avant de sourire lorsqu’il me dit aimer Grease, John Travolta. « Eh bien, tu tiens un bar rétro en Australie. Tu as même un petit air fifties malgré toi. » Je passe doucement une main dans ses cheveux. Et surtout, je suis moi-même en décalage avec mon temps. Alfie s’intéressait à moi malgré mes robes d’une autre époque, mon style babydoll par moment et mon ombrelle. Je le guide jusqu’à ma chambre où Le Chat nous fixe de son regard jaune, ne bougeant. Si on ne discernait pas ses gros yeux, on pourrait croire qu’il n’était pas là. Après un court passage dans la salle de bain, je prends place sur les genoux de Dany Zucko version 2017 avant de passer une main sur sa barbe. « J’aime bien les hommes aux airs négligés. Ça change des minets bien propres. Et puis tu n’as pas besoin d’être bien apprêté pour être beau, Alfie. » Je lui montre ma brosse avant de lui sourire. Après tout, j’allais essayer de réaliser un rêve de gosse. Sally et ses cheveux aussi fillasses que moi disait que je faisais des merveilles avec une brosse. Et puis, j’avais le gel et la laque à portée de main. « Seulement les cheveux, je suis déçue. Je pensais que j’aurai au moins droit à ce corps de dieu grec pour la nuit, murmurai-je d’une voix plus séductrice, un sourire enjoleur sur mes lèvres. » Puis, je passe une main dans son épaisse tignasse. Je n’allais pas les couper, juste leur donner le mouvement souhaité. « Dis-moi, dis-je tandis que je commençai mon ouvrage capillaire, Alfie c’est un diminutif ou c’est ton véritable prénom ? » Après un temps et assez de patience de ma part, je relève la tête, satisfaite, balayant le nuage de laque que j’avais disséminé dans l’appartement. « Je pense que tu pourras faire un bon shampoing après le selfie de beau gosse pour te rappeler que t’as ressemblé à John Travolta pendant dix minutes. » Je lui tends mon téléphone pour le laisser s’admirer. Il pouvait bien faire son Narcisse et tomber amoureux de son propre reflet, j’en avais le seul mérite pour une fois.