what a pleasure -r.

Woody esquissa un sourire alors que Tiffany disait savoir faire la différence. Au moins, les choses étaient claires. Pas que le jeune homme ne commençait pas à effectivement apprécier Tiffany, non, c’était bien ça qui était surprenant. Elle avait été d’agréable compagnie pendant cette balade, même. Sauf qu’il n’était pas prêt à mettre derrière eux leurs querelles puériles à propos de trucs qui ne concernaient même pas la blonde. Il n’était pas près de passer l’éponge sur le fait qu’elle s’était fait des idées préconçues de lui seulement pour des histoires, sans jamais apprendre à véritablement le connaître. Certes, il y avait la solidarité féminine, l’amitié avant tout, toute cette merde. Sauf que ça ne lui avait jamais donné le droit d’attaquer Woody de la sorte, alors même si aujourd’hui ils semblaient plutôt bien s’entendre, le jeune homme ne lui donnerait pas cette satisfaction. Pas maintenant. La jeune femme aborda finalement le sujet de la santé, que Woody tenta d’esquiver tout en se confiant, cherchant à approuver ses dires sans pour autant se montrer vulnérable. Mais c’était plus difficile que ce qu’il aurait pensé de ne pas laisser sa voix être teintée par la tristesse qui l’habitait. « Ça, j’te le fais pas dire … » Elle n’avait même aucune idée à quel point c’était vrai. Woody s’était réveillé un matin, pensant que la fatigue lui causait quelques engourdissements, quelques problèmes de vue, croyant que ce n’était qu’une migraine ou un corps trop sollicité par le sport. Puis le verdict était tombé après une visite chez le médecin et jamais, jamais il n’aurait cru pouvoir tomber d’aussi haut. Il n’avait jamais vue venir sa maladie, elle s’était présentée à lui, en lui, sans crier gare. Et maintenant, elle continuait encore ce petit manège de bondir dans les moments où Woody s’y attendait le moins. Ils parlèrent finalement de chiens, et le physiothérapeute sembla pencher pour un Border Collie pour Tiffany. Du peu qu’il pouvait affirmer connaître d’elle, c’était un assez bon choix. « Content d’avoir pu aider à orienter ton choix ! Faudra que tu m’le présentes, si tu te laisses tenter. » Il sourit. S’il était question de chien, Woody se montrerait toujours un peu plus amical. Il accepta même l’offre de jus de fruit de la part de la blonde. Elle lui rendit alors Edgar, et Woody attrapa la laisse sans pour autant avoir une véritable emprise sur son chien. Il ne laissa rien paraître, de toute façon son gros clébard restait planté là et ne forçait pas trop. Et puis, Tiffany était déjà partie chercher leurs jus. Woody alla s’asseoir sur un banc non loin de là, et entrepris d’attacher la laisse du chien autour du pied du banc. Ce n’était pas le nœud le plus serré qui puisse exister, parce que ses mains lui donnaient du fil à retordre, mais ça ferait l’affaire – sans doute. La jeune femme revint quelques minutes plus tard en lui tendant son jus. « Le seul fait que tu le dises me fait douter ! Mais merci. » Il esquissa un sourire, mais qu’elle ait craché dedans ou non, il s’en foutait pas mal. Et puis, il la croyait bien sincère. Si Tiffany avait un coup bas à lui faire, ça ne serait pas qu’en crachant dans son verre. Elle était capable de pire, il n’en doutait pas une seule seconde. « Nope, j’aurais pas cru ça possible ! Tu crois qu’on sera capables d’autant de calme et de civilité à chaque fois, maintenant ? » Demanda Woody, amusé, tournant la tête vers sa partenaire de promenade.  

« On pourrait courir ensemble avec nos chiens, comme ça il pourrait avoir un ami chien ! » Tu avais l’impression de dire des choses complérement folles, comme si ton chien avait besoin d’un ami. Mais tu n’y connaissais pas grand-chose, tu pensais juste au fait que ça pourrait être sympa justement. Et puis c’était lui qui voulait le rencontrer donc ça pouvait être une bonne façon de faire les choses. « Je voulais juste te rassurer mais c’est vrai que c’était pas forcément la bonne approche. » admettais-tu en lui tendant son gobelet. Tu étais prête à l’échanger avec le tien pour prouver ta bonne foi mais il semblait tout de même te croire. De toute façon tu avais été capable de faire pire dans le passé, cracher dans un gobelet ce n’était plus de ton niveau aujourd’hui. C’était bien à huit ans et encore. « Tu crois qu’un jour, toi et moi, on pourrait s’entraîner ensemble ? J’ai toujours trouvé que tu étais un grand sportif et j’ai parfois rêvé d’être confrontée à toi mais ça ne s’est jamais présenté ! » C’était un bel aveu que tu venais de lui faire là, mais tu avais toujours estimais qu’il était un adversaire digne de toi, un adversaire à ta taille, qui te donnerait pas mal de fil à retordre. Tu y avais longuement pensé mais tu n’avais jamais osé provoquer cette rencontre parce qu’à l’époque, la colère qui t’animait aurait pu te pousser à commettre des gestes irréparables. Notammement le sabotage pour le mettre en défaut. Ce n’était pas dans tes habitudes et jamais tu n’avais recourru à de tels méthodes, mais pour clouer son bec à Woody, tu aurais été capable du pire. Tu étais bien heureuse de savoir qu’aujourd’hui, tout ça était derrière toi. Profiter du beau temps, d’un jus de fruit et de la compagnie de Woody, ça n’allait pas se produire tous les jours mais comme tout, cela avait un début et surtout une fin. Parce que ce n’était pas tout mais tu devait retourner travailler, ta pause n’était pas extensible. « Je crois que nos chemins se séparent ici, je vais aller reprendre ma course et toi ta promenade ou anything else » Peut-être qu’il irait sur la plage, qu’il rentrerait chez lui, qu’il retournerait travailler, à vrai dire tout ça ne te regardait pas vraiment et ça ne t’intéressait pas tant non plus. Tu commençais à bien t’entendre avec Woody mais ce n’était pas pour ça que tu voulais qu’il te dise tout sur lui. Il fallait en garder pour les prochaines fois si jamais ça devait se refaire.

« On pourra faire ça, oui. » Ça leur permettrait enfin de se mesurer, l’un à l’autre. Autrement que par des paroles cinglantes. Et puis, avec les chiens avec eux, ça rendrait sans doute la compétition un peu plus amicale, même si avec eux, il était certain que l’orgueil les mènerait loin. Pour s’assurer de sa performance, toutefois, il valait mieux que Tiffany l’achète bientôt son chien, parce que Woody n’avait pas de nombreuses années devant lui à être en aussi bonne condition physique. Il ne pouvait malheureusement pas le lui dire, ça. Il était trop borné à garder son état de santé pour lui. Tiffany revint avec les jus de fruits, et Woody prit le sien malgré la remarque de la blonde, qui n’était assurément qu’une blague. Ils prirent place ensemble sur le banc de parcs, alors que la jeune femme reprenait la discussion sur l’entraînement, rendant la proposition un peu plus officielle encore. Un peu plus redoutable pour Woody, aussi. « Je dis pas non, il est grand temps qu’tu vois à quel point tu fais pas le poids. » Il esquissa un sourire, avant de rire légèrement. Il avait la grosse tête, Woody, mais il y avait quand même une pointe d’humour dans sa voix pour cette fois. À peine quelques minutes après, Tiffany mit un terme à cette petite rencontre inespérée. Il hocha la tête. Il n’avait de toute façon pas prévu s’éterniser ici, et encore moins avec celle qu’il avait jusqu’alors considérée comme une ennemie, une adversaire, ou un truc du genre. Qui aurait cru que sa perception d’elle pourrait un jour changer. « Merci encore pour le jus. Bonne fin de promenade et … peut-être à un de ces jours, Tiffany. » Il la regarda s’éloigner, termina rapidement son jus dont il disposa, et rentra finalement chez lui avec Edgar, d’un pas lent, essayant de faire en sorte que son chien ne tire pas trop sur la laisse. C’aurait été bien bête de le perdre à nouveau même si, au final, cet incident avait mené à quelque chose d’un peu plus beau.

TERMINÉ