here comes the sun, me (willow)

Parmi les différents endroits de Bowen qu'il a déjà eu l'occasion de visiter lorsqu'il ne restait pas cloîtré dans son appartement à regarder des épisodes de confessions intimes, la place de la ville est probablement son endroit préféré. Assis à une terrasse d'un des cafés, Rory peut juger l'univers entier tout en buvant un café qui, il doit l'avouer, n'est clairement pas dégueulasse. Il pourrait donner l'impression d'être le type je-m'enfoutiste par excellence avec son air parfois hautain et ses réflexions souvent prononcées trop hautes et pourtant, si il se trouve encore une fois à ces tables, c'est parce qu'il n'a pas de cran. Si il est à Bowen, c'est pour une raison particulière. Pour une personne, une gamine au prénom composé de cinq lettres seulement qui possède dans ses veines le sang de Rory. Il ne l'a pas vue encore, il n'a fait que l'imaginer vaguement parce qu'au fond, il flippe carrément. Il ne le dira jamais, mais ça se voit. Enfin, ça se verrait si il daignait enfin aborder le sujet avec qui que ce soit. Du coup, au lieu d'aller faire la connaissance de sa gamine, il perd son temps dans les cafés de Bowen pour comparer lequel est le meilleur. En cette fin de matinée, c'est à l'intérieur d'un d'eux qu'il décide de faire son entrée. Il a pris un bouquin sur l'astronomie pour se donner un genre, même si il sait qu'il ne le lira probablement pas. Non pas qu'il ne le comprendrait pas, Rory est calé dans ce domaine et il ne lui reste d'ailleurs plus qu'un an avant de terminer ses études dans ce domaine. Mais plutôt parce qu'avec le bruit, il est incapable de se concentrer. Il passe à coté d'une fille qui griffonne quelques mots sur un cahier et ne peut s'empêcher de regarder par-dessus son épaule, probablement trop curieux. Elle semble écrire un article, mais il ne s'attarde pas assez longtemps pour voir de quoi il parle. Rory va s'installer plus loin et commande un café avant de s'appuyer sur une souche. Il reconnait la chanson Under Pressure qui passe à la radio et ne peut s'empêcher de chantonner. En réalité, il crie même le premier mot. « PRESSURE. pushing down on me ! Pressing down on you, no man ask for. » Il se dandine un peu, mais est obligé de s'arrêter en sentant le regard du serveur qui le juge de l'autre coté de la pièce. « Gros titre, les cafés de Bowen empêchent la naissance de nouveaux artistes,» lâche-t-il sans gêne en faisant basculer sa tête en arrière.

Se faire remarquer, ça n'a jamais vraiment été un problème pour lui. Il est un homme sans filtre, à la limite de ces pauvres gars atteints d'un trouble qui leur font lâcher toute sorte d'insultes sans arriver à les retenir. Au fond, Rory s'en fou pas mal de ce que peuvent penser les gens de sa personne. Du bien, du mal, ce n'est de toute façon pas comme si il comptait les revoir à l'avenir, ces inconnus qui le jugent du regard pour oser chantonner une chanson. David Bowie étant son idole, comment pourrait-il ne pas élever la voix lorsqu'il l'entend passer de manière totalement aléatoire dans un café ? Après avoir posé un billet sur sa table et échangé un regard insistant avec le serveur, celui-ci finit par lui apporter son café avec le sourire le plus faux de l'histoire des sourires. Rory se contente de lever les yeux au ciel et s'apprête à retourner à son activité, soit tenter de déchiffrer l'article qui lit déjà depuis trois jours, mais est interrompu par des affaires qu'on pose sur la table face à lui. Intrigué, il hausse un sourcil et lève les yeux vers le visage de cette inconnue qui vient de prendre place à ses cotés. À sa réflexion, il ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire amusé. « Amen, au moins quelqu'un de cultivé dans cet endroit. » Il baisse une nouvelle fois le regard vers le cahier sur lequel elle écrivait, réalisant que c'est elle la fille à coté de qui il est passé. « Et au contraire, je vous aidais à trouver des thématiques pour faire un article d'enfer. J'hésite entre.. journaliste, ou bloggueuse amatrice. Quoi que la bloggueuse serait certainement plus sur un pc avec des écouteurs dans les oreilles, elle ne perdrait pas son temps à écrire sur le papier. » Il se penche en avant et appuie ses coudes sur ses jambes, entre-mêlant ensuite ses doigts pour venir y poser son menton. Ses paupières se plissent, fixant l'inconnue en attendant qu'elle lui donne la réponse à ses interrogations. Rory a toujours été très observateur. Il lui suffit d'un coup d'oeil pour en apprendre énormément sur une personne, et ça seulement grâce à quelques détails que souvent personne ne remarque. Ce peut être vu comme un talent autant que comme un défaut, parfois utile et parfois agaçant pour celui qui se fait analyser.