i should be so lucky + mathilda

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i should be so lucky

or I lose my mind in money and vice

Le temps passait, mais Bowen semblait rester la même. Une ville de caractère dans un cadre bucolique, la ville où avait grandi Sawyer, celle qu’il avait tant de fois parcourue à vélo et qu’il voyait d’un œil bienveillant. Si ces dernières années de résidence à la fin de son adolescence avaient été moroses, il avait su faire la part des choses avec le temps et garder uniquement le meilleur. D’autant que son cerbère de frère ayant scellé son destin derrière les barreaux d’une prison fédérale, plus rien ne l’empêchait de rentrer au bercail. Et c’est ce qu’il avait fait, dans un élan spontané à la manière d’une évidence. Cela faisait un mois qu’il était revenu désormais. Il était discret en ville, d’humeur assez taciturne pour ne pas signifier son retour en grande pompe. La priorité était surtout de retrouver sa famille et veiller sur eux. L’atmosphère au sein de la fratrie était lourde de silence et de pudeur, autrement dit une façon peu confortable de vivre ensemble. Sawyer comprenait la méfiance à son égard, et savait ce que sa sœur ainée et son frère cadet avaient enduré pendant sa longue absence. Il passait pour l’oiseau d’aventure de la famille, quittant le nid quand la situation devenait critique, passant de temps à autre pour quelques jours, et finir par revenir du jour au lendemain sans en avoir informé quiconque. Le brun ténébreux savait qu’il ne pouvait rattraper le temps perdu, mais il était décidé à faire changer les choses et les actes sont encore les meilleurs gages de confiance.

A sa manière, Sawyer s’était donc employé ; et il avait commencé à retaper fermement la maison de son enfance qui semblait bien fade et décrépi à présent. Le bois était d’une couleur fanée et tout semblait avoir été laissé en désuétude. Ce n’était pas ce qu’aurait voulu sa mère, et Sawyer s’appliquait à la tâche en ayant une pensée à son égard. Elle avait toujours été amoureuse de cette demeure et prompte à l’animer de sa joie et de sa vivacité. La maison du bonheur ne pouvait pas être morte avec elle, Sawyer était décidé à lui redonner vie. Cette mission artisanale avait au moins le mérite d’accaparer assez ses pensées pour ne pas se laisser s’immiscer les idées noires, celles qui n’ont jamais de bonnes débouchées. Façonner, couper, mesurer, travailler le bois et les briques le canalisait inexplicablement, alors qu’il s’employait à faire renaitre les murs. Mais les démons ne sont jamais loin, surtout la nuit au milieu de ses insomnies. Alors Sawyer se lève, et tourne comme une bête en cage en proie à lui-même et ses pensées destructrices.

Deux heures du matin. Les yeux grands ouverts, le plafond d’un blanc fixe. Sawyer se redresse en s’étirant dans un soupir. Cette nuit ne sera pas la bonne visiblement. Son regard se pose sur la boite de somnifères sur sa table de chevet avant de se lever et d’attraper des fringues. Il ne veut pas toucher à ces trucs-là, arguant qu’il a bien trop d’addictions pour s’en permettre une de plus. Il préfère les balades nocturnes, elles sont souvent plus concluantes et parfois même agréables. Si son intention première n’est pas de finir au casino de la ville, ses pas incertains l’y mènent et Sawyer finit par s’accouder au bar du lieu afin de commander un whisky. Non pas qu’il ait l’intention de dilapider ses dernières économies, Sawyer prend néanmoins le temps de parcourir la salle en observant les différentes tables de jeux, les visages heureux ou soucieux ; la concentration des uns, la tension des autres. Avisant une table de roulette où se trouve un seul joueur, Sawyer s’avance, l’ombre d’un sourire sur le visage. « Comment sait-on que c’est un soir de chance ? » Demande-t-il sans détour en avalant une gorgée de son verre.

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Encore une soirée au casino. Tu étais venue pour jouer au poker, ton rendez-vous hebdomadaire depuis que tu étais en âge de venir. Malheureusement c'était une soirée sans, il y avait très peu de joueurs partants et les deux parties que tu avais joué, tu t'étais faite plumer. Tu avais vite filé aux machines à sous où tu avais dépensé l'équivalent de 50$. Après deux verres, tu t'étais posé devant la roulette. Tu étais la seule joueuse à la table, les chances de gagner étaient minces mais tu étais une très bonne joueuse et tu avais encore un petit peu d'argent à dépenser avant de rentrer chez toi. Une voix qui venait de derrière te tirait de tes songes. « Parce que l'on gagne plus que sa mise ? » proposais-tu avec un léger sourire, ne quittant pas vraiment la roulette des yeux tant qu'elle ne s'était pas arrêtée. Tu avais un légère superstition lorsque tu jouais à ce genre de jeu et détourner la tête, c'était donner le champ libre pour une éventuelle triche. Tu n'aimais pas ça et tu doutais que ça puisse arriver ici, puisque tu avais quand même une infime chance de gagner mais tout de même. Lorsqu'elle s'arrêtait sur le 18 rouge, tu soupirais doucement, tu avais misé sur le 7 rouge. Tu levais alors ton regard sur l'homme qui s'était approché de toi, reprenant alors plus sérieusement sa question. « Je crois qu'on ne peut pas le savoir avant que la soirée ne soit finie malheureusement. » Après on pouvait s'éviter une descente aux enfers lorsqu'on commençait à perdre, il fallait se fixer une limite et ne pas prendre le risque une fois cette limite atteinte. En tout cas, c'est comme ça que toi tu fonctionnais, tu faisais toujours bien attention parce que tu ne voulais pas te retrouver avec des dettes et des découverts que tu ne pourrais pas payer, bien trop jeune pour prendre ce risque.

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or I lose my mind in money and vice

La roulette était le jeu aléatoire par excellence, celui où on pouvait difficilement prévoir à grand renfort de statistiques. Une fois que la boule blanche se mettait à tournoyer à l’épicentre de la table, le destin n’appartenait plus qu’à elle, avec ses fins heureuses, ou ses caprices souvent. Sawyer avait vu tant de joueurs malchanceux ou simplement inconscients ; à commencer par son frère. Et ils avaient tous le même regard, l’iris désespérée de l’homme qui réalise avoir tout perdu au moment où le ciel semble leur tomber sur la tête. Le brun ténébreux était plutôt mesuré à cet égard ; mis à part cette soirée il y a quatre ans de cela où il avait bien failli y laisser sa voiture, mais cette anecdote était surtout le résultat d’une saoulerie intégrale ayant altéré son jugement, et sans aucun doute son bluff au poker, mettant en péril son bijou dont le crédit avait été remboursé pour la dernière fois le mois précédent. Il était d’ordinaire plutôt modéré dans ses entreprises, préférant les jeux de stratégie à ceux de hasard. Ce qu’il affectionnait surtout, c’était l’ambiance de l’endroit ; un lieu de perdition, précisément ce dont il avait besoin. Les casinos étaient faits pour que des bougres tourmentés et insomniaques comme lui puissent s’ébattre sans savoir quel foutu jour on est et quel nouveau lot de galères il lui réserve.

Si Sawyer pense qu’il peut encore se repentir, c’est qu’il a la décence de n’être pas un habitué des lieux. Une preuve de bonne volonté ; disons qu’il essaie d’éviter les excès en tout genre. Un verre de whisky au palais des vices en pleine crise d’insomnie était somme toute un mal nécessaire plutôt que de se laisser envahir par la mélancholie au fond de son lit bordé de cauchemars. Cet état d’éveillement forcé du corps en manque de force vive le rendait neurasthénique, Sawyer évoluait dans un brouillard opaque nageant au milieu d’une lucidité parfois contrastée.

Le breuvage avait au moins eu le don de piquer quelque peu ses sens, tandis que ses yeux demeuraient rivés sur la table de jeu aux mêmes égards que la joueuse inconnue qui se tenait devant lui. Elle avait répondu à sa question par une question, rendant celle de Sawyer désuète ; ce qui eut le don au moins de faire apparaitre une ombre de sourire sur son visage tandis qu’il demeurait silencieux, observant le jeu qui se déroulait sous ses yeux et qui visiblement n’était pas à la faveur de l’audacieuse. Celle-ci finit par faire volte-face, accordant finalement son attention complète à celui qui était venu interrompre son jeu solitaire. « Désolé d’avoir perturbé votre partie. Ceci dit, le sort n’a pas l’air très favorable en ce qui vous concerne… » Finit-il par glisser avec sa manière à lui de mettre les pieds dans le plat sans façon. Elle avait les traits fins et juvéniles, avec de grands yeux clairs encadrés par une cascade de cheveux ondulés. Sawyer entreprit de boire à nouveau une gorgée de son verre tandis qu’ils se tenaient à quelques pas l’un de l’autre. D’un geste de la main, le brun ténébreux désigna la table face à eux. « En espérant que la prochaine mise sera plus heureuse. Acceptez-vous un type comme moi à votre table sur ce coup-là ? » Demanda-t-il sans détour, piqué par l’envie de provoquer sa propre chance, si tant est qu’elle fut avec lui ce soir-là.

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Ton regard s'était levé sur un grand homme, aux traits un peu plus tirés que les tiens. Tu pouvais dire sans la moindre hésitation qu'il n'avait pas 20 ans. Mais tu ne pourrais pas en dire plus. Il a un beau visage, dans ta fatigue, tu as l'impression d'entende un léger accent dans sa voix mais pour ça aussi, tu ne pourrais pas le décrire plus parce que tu n'as pas les idées tout à fait clair. La fatigue et l'alcool, c'est rarement un bon mélange. Heureusement, tu avais un grand sourire sur le visage, alors ça ne se voyait pas au premier abord. « Ce n'est pas le cas. » En aucun cas tu avais trouvé cette approche comme une agression, ni même comme une perturbation. Mais plutôt comme une bonne compagnie. Tu t'étais vite retrouvée seule à cette table de roulette. Tu aurais pu prendre tes jetons, récupérer ton argent et rentrer chez toi pour aller te coucher. Mais au lieu de ça, tu étais restée pour jouer seule et voilà maintenant que tu ne l'étais plus. Enfin, tu l'espérais. « Et la roulette n'est pas mon jeu de prédilection, je préfère le poker mais il n'y a personne qui veut se faire plumer ce soir. Et comme je suis venue jouer, autant essayer de jouer un peu ! » Tu aurais pu tout aussi bien mettre ton argent dans les machines à sous, mais tu trouvais ça vraiment sans intérêt. C'était bien une fois, pour essayer, mais à part baisser un levier, il n'y avait rien à faire, c'était tout un algorithme qui décidait quand faire arrêter les rouleaux. La roulette, même si ça restait pour beaucoup, de la chance, tu pouvais au moins choisir sur quoi tu voulais miser. Tu pouvais la jouer facile en choisissant la couleur, si le chiffre sera impair ou non ou tenter le tout pour le tout en choisissant directement le numéro sur lequel t'as envie de tout miser. « Oh oui, allez-y. Peut-être que la chance sera plus clémente pour vous. » Tu lui montrais de la main, la chaise vide à côté de toi, avec un léger sourire sur le visage. Jouer seule, cela n'avait vraiment rien d'amusant, même lorsque l'on gagne. Alors tu avais hâte qu'il se mette aussi à parier, histoire de voir si tu aurais plus de chance face à un adversaire. La croupier semblait attendre votre mise, et tu misais exactement la même chose que la partie précédente. Après quoi, tu le regardais, attendant de voir ce qu'il allait faire.

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