Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: jusqu'au bout du monde ◊ isaiah Lun 23 Oct 2017 - 3:11
Dimanche après-midi, jour des traditions familiales. Toute la famille Palmer, enfin ceux qui habitaient toujours Bowen, se rejoignait à la maison familiale pour le brunch. C'était aussi la journée des appels vidéo conférence avec mes frères et soeurs demeurant à l'extérieur de la ville. J'adorais ce moment. Cela me permettait de voir mes parents, mais aussi mes neveux et nièces que je n'avais pas vu depuis longtemps. À vrai dire, depuis quelques semaines, mon horaire de travail avait fait en sorte de me tenir loin de mes réunions familiales. J'avais manqué la plus part des nouvelles : la nouvelle recette d'omelette de maman, la promotion de mon frère aîné, la perte de la première dent de ma nièce et même la rentrée scolaire de tous mes cocos. Je dois avouer que ma famille me manquait, bien que j'adore mon travail. Bosser à m'épuiser me tenait loin de tous ces peits plaisirs de la vie. Mais aujourd'hui, j'étais décidée à prendre du temps pour moi.
Tout au long de ce repas, j'ai eu droit à des miliers de questions sur ma vie, mais surtout son aspect sentimentale. Ce qui était le plus marrant dans tout cela, c'est que ma famille semblait plus peiné par mon absence de romance que moi. Je crois avoir développer, avec les années, un genre d'anti-corps contre la tristesse du célibat. Ou alors, je n'ai tout simplement pas le temps de penser à être en relation quelle conque. Même si je voulais me mettre à rencontrer quelqu'un, je n'ai aucun temps libre. J'ai du mal à voir ma famille au minimum une fois par semaine... quand aurais-je le temps de voir un garçon? Pour qu'une relation fonctionne, il n'y a que deux solutions possibles dans mon cas : l'homme en question doit être un employé de l'hôpital ou un patient. Entre vous et moi, la deuxième option ne me semble pas la meilleure.
Vers les coups de 15h, je quittais le nid familiale. Après avoir aidé maman à ranger la cusine et avoir discuté de nouvelles théories d'avancée médicale avec papa, je tirais une fin sur mon dimanche de congé. La maison de mes parents ne se trouve qu'à quelques patés de maison de mon condominium. Je profitais donc de cette belle journée d'octobre pour marcher en direction de la maison alors que je senti mon téléphone vibrer dans ma poche. Hey merdouille... dites-moi qu'il ne s'agit pas de l'hôpital.
« Allo ? Ce soir ? Certainement! Hâte de te voir, il me semble que ça fait des lustres. À toute suite! »
Soulagée que le chirurgien en chef de garde aujourd'hui n'a pas détruit ma petit bulle de bonheur surnaturelle, je m'activais afin d'arriver plus rapidement à la maison. Aujourd'hui, je pensais à moi. Juste à moi. Et cela incluais d'aller prendre un verre avec un vieil ami que je n'avais pas vu depuis bien trop longtemps. Enfin, à ma défense, je travail un peu trop pour avoir le temps de rencontrer des gens.
Intriguée, j'arrivais à mon rendez-vous surprise avec Isaiah. Au téléphone, ce dernier m'avait mentionné avoir envie de discuter. Mais de quoi pouvait-il bien s'agir ? Je pris place sur une banquette, près d'une grande fenêtre mettant en vedette le ciel couchant Australien.
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Sujet: Re: jusqu'au bout du monde ◊ isaiah Mar 24 Oct 2017 - 23:27
Sa main glissa le long du drap à côté de lui, ne rencontrant qu’un oreiller sur lequel aucune tête n’était posée. Là où le corps d’Ezekielle sommeillait toujours l’année dernière, il ne restait plus que la lourdeur de son absence, le constant rappel de son départ. Elle n’était pas là, elle ne serait plus là, ou que lors de courts passages où ils se retrouveraient pour mieux se séparer. De la savoir à l’autre bout du monde, peut-être, en train de couvrir les événements les plus excitants ou les plus terribles, en train de vivre son rêve même si parfois elle y voyait l’enfer, ça réjouissait Isaiah tout en lui laissant une certaine amertume. Il ne lui en voulait pas, non pas du tout, d’avoir quitté ce qu’ils avaient bâti ici à Bowen. Après tout, ils s’étaient toujours promis que ce n’était qu’éphémère, cette vie de sédentaire. Ils s’étaient juré de ne pas finir leurs jours au même endroit, dans la même routine. Ce n’était pas eux, ce n’était pas dans leur nature. Ils n’avaient jamais été fait, ni l’un ni l’autre, pour rester en place et contempler les mêmes paysages, les mêmes visages, jour après jour. Ainsi, plus les semaines passaient sans Ezekielle, plus Isaiah prenait conscience du fait que lui aussi avait besoin de partir. Certes, il revenait à peine du Bénin où il avait passé de nombreuses semaines, mais à peine revenu désirait-il s’envoler de nouveau. Peut-être était-ce sa manière de vivre sa peine d’amour, même s’il n’avait jamais vraiment songé au fait que son cœur était sans doute brisé. Isaiah voyait toujours trop rose, trop positif, il ne s’attardait pas sur ce qui l’abaissait. S’il s’était penché un peu plus sur son sentiment de solitude quand il rentrait chez lui, s’il avait pris conscience du vide qu’il ressentait, alors peut-être aurait-il compris qu’il cherchait surtout à se remplir l’âme de bonheur pour oublier qu’une grande partie de sa joie s’était envolée. Peu importait les raisons, au fond, Isaiah avait besoin de voir du monde, et c’est exactement ce qu’il décida de faire aujourd’hui en attrapant son téléphone portable laissé sur la table du salon, inutilisé depuis quelques jours. Isaiah et la technologie, ça n’avait jamais été une grande histoire d’amour. Toutefois, pour rejoindre certaines personnes qu’il ne croisait pas souvent, il est vrai que ça avait ses avantages. Il passa donc un coup de fil à Indigo, une amie qui se noyait tellement dans le travail qu’elle prenait rarement le temps de se vider l’esprit. Isaiah se donnait pour mission, de temps à autre, de l’obliger à se sortir la tête de l’eau. « Hé, Indie. Qu’est-ce que tu dirais d’aller prendre un verre au bar d’la plage ? J’aurais bien envie qu’on discute, qu’on s’donne des nouvelles. » Proposa-t-il alors à cette petite voix à l’autre bout du fil imaginaire. Elle répondit par l’affirmative, au plus grand bonheur d’Isaiah qui n’aurait pas à se cogner à un mur d’excuses. Il passa le reste de la journée au sous-sol, à bosser sur certains meubles, avant de remonter se doucher et se laver de toute cette poussière de bois. Il se dirigea à vélo jusqu’à la plage, barra son moyen de transport à un poteau, puis alla retrouver Indigo à l’intérieur. Il l’avait rapidement repérée, le soleil brillant à travers la fenêtre ne faisant d’elle qu’une ombre solitaire, assise à l’attendre. Isaiah alla la rejoindre avec un sourire chaleureux au visage quand leurs regards se croisèrent. « Bonsoir ! J’suis content que t’aies accepté. Tu me manquais. » Il se pencha vers elle pour lui faire la bise, avant de prendre place devant elle sur la banquette.
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Sujet: Re: jusqu'au bout du monde ◊ isaiah Lun 30 Oct 2017 - 2:29
Le temps passe, les choses changent. Un jour c'est blanc, le lendemain c'est noir. Tout se ressemble, mais rien n'est pareil. Au final, la vie, c'était un enchaînement de situations tantôt agréables tantôt terrifiantes. Et nous n'avions pas d'autres choix que d'avancer au travers de tout cela. Indigo regardait le rivage, un peu aspirée par ses réflexions profondes sur le temps qui passe. Parfois, souvent même, elle se demandait ce que sa vie serait si elle travaillait moins, si elle prenait plus de temps pour elle, si... tout simplement si elle vivait pleinement. Drôlement, elle avait parfois l’impression de ne vivre qu'à moitié dans un monde parallèle. Elle adorait son emploi, elle adorait son mode de vie. Cependant, elle enviait quelque peu ces âmes perdues ne sachant pas ce qui était prévu pour demain, voyageant d'un endroit à un autre, vagabondant dans de nouvelles cultures toujours à la recherche de nouveaux défis. Les frivoles, ceux qui n'avaient peur de rien. Ce qu'elle n'était pas. Et pourtant... Indigo n'avait pas toujours été cette femme. Elle avait connu des moments intrépides. Et avec le départ du petit Henri, tout s'était envolé.
Isaiah était tout le contraire d'Indigo. C'était d'ailleurs pour ça que ces deux-là s'entendaient bien. Bien qu'ils ne se voyaient pas beaucoup, probablement par sa propre faute, elle appréciait cet homme. Chaque rencontre lui faisait un baume sur le cœur. Elle partait la tête légère... jusqu'au lendemain où sa vie reprenait un ton monotone et une routine imprégnée. Elle l'enviait, son ami, un peu et toujours sans soucis. Beau, intelligent, libre. Il avait tout pour lui. Peut-être qu'au fond, bien au fond, avait-elle déjà eu un œil sur cette âme mystérieuse ? Surement. Probablement. Certainement. Mais, tout cela était en veine. Isaiah était si différent. Si... Libre. Puis, aux dernières nouvelles, il n'était libre qu'au sens figuré.
C'est sa voix masculine qui fit sortir Indigo de ses rêveries. Elle reprit ses esprits rapidement, une qualité qu'elle avait développée par son métier. En voilà donc un avantage, finalement. « Tu me manquais aussi! » Ses joues se collèrent aux siennes pour faire la bise. La friction de sa barbe fraîchement rasée contre sa joue nue déclencha une drôle de sensation. Indigo balaya ses ressentiments les mettant sur le dos de ses rêveries d'un changement de vie. « Je suis désolée de t'avoir délaissé ces derniers temps. Ma vie est un chaos. » La serveuse apporta les menus à la table. Indigo, aussi prévisible qui soit, feuilleta la carte des boissons sachant très bien qu'elle commanderait la même chose qu'à l'habitude. L'ouragan, un cocktail local mélangeant plusieurs sortes de rhums et de jus tropicaux sucrés. Le changement, bien qu'il était invitant, la déplaisait. Malheureusement. « Dis moi, comment vas-tu? » Ses grands yeux se posèrent sur lui alors qu'elle refermait la carte et la plaçait sur le coin de la table.
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Sujet: Re: jusqu'au bout du monde ◊ isaiah Ven 3 Nov 2017 - 1:40
Isaiah s’éloigna légèrement d’Indigo après lui avoir fait la bise, prenant place à côté d’elle sur un tabouret faisant face au sable, à la mer, ne le séparant de ce milieu naturel que par une fenêtre. Son amie s’excusait de l’avoir autant négligé ces derniers temps, mais Isaiah ne demandait même pas de telles excuses. À ses yeux, il ne fallait jamais forcer les rencontres, il fallait laisser la vie les réunir. Si Indigo n’avait pas eu le temps de le voir, alors il était persuadé que c’était un concours de circonstances, de bien tristes circonstances quand même puisqu’il appréciait énormément sa compagnie. Il ne lui en voudrait jamais de ne pas lui faire de place dans sa vie chargée, il n’avait pas un aussi grand besoin d’attention, un aussi grand besoin qu’on lui prouve qu’il était indispensable à une vie. Il ne l’était pas. Il préférait de loin être ce genre d’ami qu’on peut appeler même après une année sans le voir, et malgré la distance retrouver cette complicité si simple, si douce. Il n’était pas une personne compliquée, Isaiah, et ce n’était pas un genre qu’il se donnait non plus. « Un joli chaos. » Reprit l’artiste avec un doux sourire tout en replaçant une mèche de cheveux rebelle derrière l’oreille d’Indigo. Il était tactile, Isaiah, il ne se prenait pas la tête avec tel ou tel geste qui aurait pu être mal interprété. Sans doute pourrait-on lui reprocher d’être trop près de tout le monde en même temps, mais c’aurait été mal le connaître que de penser qu’il jouait un jeu. Non, Isaiah ne jouait à rien. Isaiah ne se mettait aucune barrière, voilà tout. Il ne répondait à aucun code de conduite, à aucun bon sens social. Il en avait assez de ces gens qui dictaient quoi faire ou quoi ne pas faire. Pouvait-on seulement vivre ? C’est ce qu’il s’efforçait de faire. La serveuse amena rapidement les menus, les posant devant eux. Pendant qu’Indigo feuilletait le sien, Isaiah la regardait. « J’espère quand même que tu te laisses le temps de respirer, un peu. » Il la connaissait, sa Indie, il la savait capable de se donner corps et âme à son travail quitte à perdre ces heures qu’elle aurait pu s’accorder à elle-même. Et c’était important, de prendre du temps pour soi. C’était une manière comme une autre de se maintenir en santé, et Isaiah craignait qu’à un moment, son amie ne s’essouffle à force de toujours courir après sa propre vie. Pendant qu’elle lui répondait, il l’écoutait attentivement, ne prenant même pas vraiment le temps de regarder son menu. Ce ne fut que lorsqu’Indigo demanda comment lui allait, que ses yeux se posèrent sur la liste de boissons. Comme s’il fuyait, cette fois, lui qui ne fuyait pourtant jamais. « Oh, tu sais … » Ses yeux parcouraient la feuille du regard sans vraiment en lire les titres. Sans doute prendrait-il une bière locale, de toute façon. Pour encourager les brasseurs d’ici. « Ma vie a pris un grand virage, dernièrement. » Dit-il en relevant les yeux vers la brunette. « Mais j’imagine que c’est comme lorsqu’on part en voyage, qu’on est confronté à une toute autre culture … Il y a un moment d’adaptation, quelques semaines peut-être. J’imagine que ce sera avec le temps que je m’adapterai aussi. » Répondit-il, vaguement. Disons qu’il avait encore du mal à remplacer l’adaptation par se remettre de sa peine d’amour.
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Sujet: Re: jusqu'au bout du monde ◊ isaiah Sam 4 Nov 2017 - 3:28
La luminosité s'était réduite. Les vagues se heurtaient contre la rive. Ce bruit familier qui avait autrefois bercer mes oreilles me rassurait. Autant que la présence de mon vieil ami. Isaiah était ce genre d"amis à qui il était possible de ne pas parler pour un long moment, mais qui semblait ne jamais avoir disparu lorsqu'on le retrouvait. Ses paroles, un peu mélodieuses, me firent sourire. Alors que pour lui mon chaos était magnifique, pour moi il était insoutenable. Parfois, malgré l'amour apporté à notre vie, le changement ne faisait pas de tord. Je ne lui répondis point. Peut-être parce que me justifier n'avait pas d'importance à ses yeux. Peut-être parce que son pouce frôla ma joue. Je rougis. Il avait toujours été comme ça, Isaiah. Sans me poser de questions, normalement, j'aurais ignorer ces gestes. Aujourd'hui, cela n'en était pas le cas. Pour une raison obscure d'ailleurs. Peut-être parce que la solitude se faisait une nouvelle amie. Ou tout simplement parce que l'effort de ne pas ressentir ces émotions était éteint. Il me connaissait, Isaiah. Trop bien. Malheureusement. Et il avait raison. Mais ça, nul n'avait besoin de le savoir. « Je respire là, tu vois » lui souriais-je alors que mes mains s'avancèrent vers les siennes. Je mis mes paumes contre ses mains, les serrant doucement en guise de promesse. Mes doigts glissèrent sur le dos de sa main. Je les retirais aussi rapidement que je les avait poser. Je bloquais. Je me restreignais. Ce n'était pas moi. Toujours droite. Toujours en règle. Je ne pouvais me permettre ces émotions, ces ressentiments inexpliqués. Je n'étais pas comme lui. Ce n'était pas naturel comme pour lui. Et alors que je réfléchissais à son naturel, les yeux d'Isaiah fuyais mon regard. Je connaissais trop bien ce regard lorsque l'on cherchait à éviter un sujet en particulier. Mes patients avaient toujours ce regard fuyant lorsque je leur apprenait une triste nouvelle. « Veux-tu en parler ? » De quoi ? Je ne le savais pas. J'avais manqué tellement de choses ces derniers temps. Je sentais cependant que je pouvais me rattraper aujourd'hui. « Tu peux tout me dire Isaiah » Ce nom doux chatouilla mes lèvres. Mes yeux cherchèrent les siens. Je voyais très bien que le voyage s'agissait d'une métaphore quelconque. Et pourtant, je ne comprenais pas pourquoi il l'employait. Mais, peu importe la raison qui lui poussait cet usage, cela avait changé le comportement de son ami drastiquement. « Ou alors, on peut toujours changer de sujet. Mais, regarde moi... » Je pris une pose « je sens que tu as besoin d'une oreille »
Dernière édition par Indigo E. Palmer le Dim 5 Nov 2017 - 4:10, édité 1 fois
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Sujet: Re: jusqu'au bout du monde ◊ isaiah Dim 5 Nov 2017 - 3:00
Il ne remarquait pas forcément ces détails, Isaiah, du moins il ne les interprétait pas comme les autres auraient pu le faire. Les joues qui rougissent, les regards qui fuient, les muscles qui se contractent sous le toucher. Il était pourtant observateur de nature, une nouvelle coupe de cheveux ne lui échappait jamais, une étincelle de bonheur dans le regard ne passait jamais inaperçue non plus. Pourtant, des réactions humaines quotidiennes du genre, Isaiah ne les sur-analysait pas. Pour lui, c’était juste beau et naturel, il n’y avait rien à comprendre derrière, ou alors on le lui dirait explicitement. Il n’était pas idiot, Isaiah, et ne s’aveuglait pas volontairement non plus. Il avait juste une vision bien différente du monde et de ses relations, et peut-être que les limites qu’il posait à ses amitiés n’étaient pas celles qui étaient socialement acceptables. Dans tous les cas, le jeune homme laissa finalement doucement retomber sa main sur la table surélevée, sans toutefois que son regard ne quitte celui d’Indigo. Alors qu’il lui demandait de s’accorder au moins un peu de temps pour elle, cette dernière attrapa ses mains dans les siennes pour les serrer, en guise de promesse silencieuse qu’elle ne se mènerait pas elle-même à sa perte. Elle respirait. Il sourit. « Fort heureusement. Je pense que mes techniques de RCR doivent être désuètes, depuis le temps. » Dit-il sur le ton de la plaisanterie, leurs mains se séparant d’un coup, tout aussi rapidement qu’elles s’étaient unies. Quand il fut question de lui, Isaiah sembla se refermer, lui qui se comportait habituellement comme un livre ouvert. Quand ça allait, il était transparent. Quand il avait du mal à gérer ses propres émotions, il fuyait. Il passait pourtant son temps à reprocher ce genre de comportement aux autres. Il n’avait pas l’habitude de se retrouver dans ce mécanisme de défense. Il n’avait pas l’habitude de se sentir malheureux. L’ébéniste tourna la tête vers son amie quand elle lui demanda de le regarder. Il le fit. Il lui devait au moins ça ; la regarder quand elle lui parlait, quand elle se montrait aussi attentive, compréhensive. « C’est Ezekielle. Elle m’a quitté. Enfin … elle m’a quitté depuis un moment déjà, en partant en voyage, mais j’avais toujours en tête qu’elle me reviendrait, tu vois. Mais non, elle ne reviendra pas cette fois. J’ai longtemps été seul, en quelque sorte, avant qu’elle et moi ne soyons ensemble, alors je ne pensais pas que ce serait aussi difficile de l’être à nouveau. Mais ça l’est. J’ai l’impression d’avoir à réapprendre à le faire. » S’il s’était d’abord montré réticent à en parler, Isaiah n’avait eu qu’à prononcer les premiers mots pour que les autres suivent facilement. Et ça le soulageait.
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Sujet: Re: jusqu'au bout du monde ◊ isaiah Dim 5 Nov 2017 - 4:01
J’étais bien. Complètement bien. Pour une fois, je ne pensais pas au travail. Habituellement, même lors de mes journées de congé mon esprit vagabonde d’un sujet à un autre. Je pense à mes patients, comment aurais-je dû réagir ou non à une situation particulière, à ma journée du lendemain. Et, aussi rapidement qu’elle avait commencé, la journée se terminait me laissant en haleine de cette idylle de repos. Mais pas aujourd’hui. J’étais réellement, véritablement, irréfutablement libre. Je ne sais pas ce qui me prenait d’ailleurs. Tout cela ne me ressemblait point. Ou du moins, cela ne ressemblait pas à l’Indigo que j’étais devenu. J’étais une vraie boule de nerf aux côtés d’Isaiah. Isaiah, doux, calme et sans pression. Je souris à sa blague. « Encore heureux que je sache donner le RCR. Me connaissant, je serais capable de m’auto réanimer. » Lui dis-je en lui laçant un clin d'oeil. Et c'était plutôt vrai. Je m'étais tellement conditionnée à être une femme forte, n'ayant besoin de personne pour vivre, que je me sauverais moi-même d'une mort certaine si la situation se présentait. Il était peut-être là le problème. Je comptais trop sur moi-même et pas assez sur les autres. Cela bisait tout. Cela bisait probablement également mes interprétations aux comportements d'Isaiah. La serveuse arriva finalement avec notre commande, un bol de nachos en plus. Parfaitement naturelle et respirant la beauté. Elle déposa le tout sur la table avant de nous laisser à notre discussion. Elle me rappela qu'en plus de ne pas prendre soin de moi mentalement, mon physique laissait un peu à désirer ces derniers temps. J'avais d'ailleurs franchement besoin d'une bonne coupe de cheveux. Alors que je pensais à ces futiles détails, les yeux peinés de mon ami se posèrent sur les miens. Je sentais, évidemment, que j'avais touché une corde sensible. C’est pleine d'empathie que j'écoutais chaque mot, chaque parole de son discours. Sans l'interrompre, sans déloger mon regard du sien. Je ne savais quoi dire pour le réconforter. Je voyais ma séparation. La même situation, mais à l'inverse. Mon choix de quitter l'homme qui s'était mit à genoux devant moi. Je pouvais tellement comprendre ce qu'il vivait. Mais.. Je ne voulais point parler de moi. Et mon coeur souffrait pour lui. Il saignait. Je le sentais fragile, mon bel ami pourtant solide comme du roc. « Je suis désolée » fût les premières paroles que j'ai pu prononcer. Décevante, j'en conviens. Ma pensée ne pouvait s'exprimer en mots. Je ne comprenais pas d'où tout cela venait. Et, drôlement, c'était comme si je vivais moi aussi cette séparation au travers de ces yeux. Ma main voyageait sur la table en sa direction. Elle reposait, paume vers le plafond, au cas où il ressentirait le besoin de la prendre. C'était un moyen de lui transmettre mon support. Un côté de moi espérait, un peu trop, qu'il la prenne. « Je comprend ta douleur. Je ne sais quoi te dire Isaiah. J'aimerais être en mesure de prendre toute ta douleur et de la mettre dans mon coeur à moi. Je suis certaine qu'elle pense comme toi, aujourd'hui. Mais, je suis aussi certaine que la vie te réserve de belles surprises. Je sais que tu ne veux probablement pas entendre ça en ce moment.. » je pris une pause avant de poursuivre. Je sentais que mon discours n'allait pas dans le sens que je l'espérais. « On peut toujours changer de sujet, mais je pense que d'éviter d'en parler en espérant aller mieux c'est de se faire de faux espoirs que tout cela n'est qu'un mauvais rêve. La douleur te semble probablement plus forte que jamais, mais elle est essentielle avant de pouvoir tourner la page. Dans quelques semaines, et encore une fois, je sais pertinemment que tu ne voudras pas entendre cela, un nouveau chapitre du livre de ta vie commencera. Et, lorsque tu re visitera le dernier chapitre, la douleur sera de moins en moins grande. » Je lui souris doucement espérant avoir réussit à l'apaiser quelque peu avec mes paroles maladroites. « Je ne suis pas la meilleure personne pour apaiser les maux. Mais, je sais faire le RCR si tu en as besoin »
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Sujet: Re: jusqu'au bout du monde ◊ isaiah Jeu 16 Nov 2017 - 19:43
Bien sûr qu’Indigo devait être une médecin hors-pair, bien sûr qu’elle devait exceller dans ce qu’elle faisait. Elle y mettait tellement de temps et d’efforts, au risque de sacrifier son propre bonheur. Isaiah aurait mis sa vie entre ses mains n’importe quand, mais ce qu’il trouvait dommage, c’était qu’Indigo ne prenne pas elle-même sa propre vie en main, pour elle, pour se rendre heureuse à son tour. Isaiah avait toujours été pour l’altruisme, la générosité, pour le fait de se sentir accompli à travers le sourire des autres. Prendre soin de soi en prenant soin des autres. Toutefois, Indigo semblait avoir franchi une certaine limite dans cet adage, s’oubliant elle-même. Il n’y avait plus de soi, il n’y avait que les autres, et ça c’était dangereux. Isaiah se promit alors de lui rappeler, à sa belle Indie, qu’elle existait. Qu’elle existait et qu’elle méritait qu’elle pense un peu plus à elle. « Ouah, t’es vraiment douée. » Lâcha quand même Isaiah avec une pointe d’humour dans la voix, et un sourire amusé aux lèvres. Il l’imaginait, allongée au sol, peinant à respirer et étant pourtant encore apte à se défoncer la cage thoracique sur les airs de Stayin’ Alive, ou quelque chose comme ça. Indie la surhumaine. La serveuse arriva finalement pour déposer leurs verres devant eux, ainsi qu’un plat de nachos que la jeune femme avait commandé. Isaiah esquissa un sourire, se rappelant de sa première sortie avec Aisling, durant laquelle ils avaient partagé ce même plat. Comme quoi, les relations les plus spéciales d’Isaiah s’articulaient toutes autour d’un plat de nachos. Et tant qu’à penser à des relations spéciales, tant qu’à être inévitablement ramené à avoir l’image d’Ezekielle dans sa tête, Isaiah osa se confier sur leur récente rupture. Dans le regard d’Indigo, Isaiah pouvait lire toute la compassion, la compréhension et la tristesse. Il était habituellement celui qui tendait sa main pour réconforter, pour tirer les autres du fond, mais là c’était Isaiah qui ouvrait son cœur esseulé. C’était la main d’Indigo qui était posée près de lui, paume tournée vers le ciel, vers lui aussi. Et il ne savait trop comment s’y prendre. Alors qu’elle prit la parole pour lui offrir des paroles pansements, Isaiah posa doucement sa main dans celle de son amie, refermant ses doigts entre les siens, puisant un peu dans cette chaleur pour se redonner un peu de vitalité et d’espoir. « Je suis bien content que tu ne puisses pas le faire, Indie. Prendre ma douleur pour la mettre dans ton cœur. T’as beau être une sacrée bonne cardiologue, j’préfère encore que tu soignes le mien avec ta douceur plutôt que de voir ton propre cœur être brisé. Ça te donnera le temps de prendre soin de toi de bien d’autres manières, comme ça. » Il sourit. Indigo avait déjà bien assez de la tornade dans sa vie, dans sa tête. Nul besoin de rajouter une couche de souffrance sur tout ce chaos. Il hocha la tête à ses paroles quant à la nécessité de parler de ce qu’il ressentait, aux chapitres qui ne tarderaient pas à s’achever pour mieux repartir sur de nouveaux. À sa blague sur le RCR, Isaiah rit de bon cœur. « Je vais tâcher de ne pas faire une crise cardiaque là, maintenant. Pas que j’ai pas confiance en toi, mais quand même … » Il sourit, avant de le perdre peu à peu de nouveau, son sourire. « Tu les revisites, de temps en temps, les derniers chapitres de ta vie ? Ceux qui t’ont fait mal ? » Demanda Isaiah, parce qu’à travers le discours d’Indigo, il avait ressenti toute l’expérience qui transcendait ses paroles. Elle avait eu mal, elle aussi, et peut-être que s’il voyait qu’elle s’en sortait malgré tout, il serait davantage porté à tourner la tête vers l’avant à son tour.
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