Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Lun 29 Juil 2019 - 22:40
C'est la première fois que tu remets les pieds dans une manifestation sans Noah. C'est dur et tu n'es pas certaine de tenir durant toute la durée de la manifestation mais au moins tu es là. C'est déjà un grand pas en avant pour toi. C'est à la dernière minute que tu as décidé de participer, imaginant déjà Noah t'engueuler si tu n'y mettais pas au moins les pieds. Alors tu as pris ton courage à deux mains et tu as concocté une pancarte pour cette manifestation contre la mine de charbon Carmichael. On peut lire sur celle-ci there is no planet B écrit en majuscules avec une terre dessinée au plein milieu. Tu t'es attardée plus que nécessaire sur celle-ci, adorant exprimer tes émotions à travers ton art. Bref, après avoir enfilé un pull, mettant volontairement la capuche, tu marches jusqu'à l'arrête de bus pour te rendre sur les lieux de la manifestation. Ce n'est pas à Bowen mais à quelques kilomètres de là, à Abbot Point. Après environ trente minutes de bus, tu arrives au port à l'endroit exact où doit être exporté le charbon. Il y a déjà une centaine de personnes à vu d'oeil et ça te fait vraiment du bien de voir autant de gens mobilisés. « Sacrée affiche. » Dis-tu avec un sourire au coin des lèvres au brun qui se trouve à côté de toi. Vous marchez côte à côte sur quelques mètres, prenant part à la manifestation. « Je n'en reviens pas que des connards puissent mettre l'environnement en danger sans une once de culpabilité. Le monde ne tourne vraiment pas rond. » Dis-tu plus pour toi, comme si c'était une réflexion sur la société d'aujourd'hui dite à voix haute. « Désolée, j'ai tendance à m'emballer surtout face au capitalisme. » Ajoutes-tu en riant, consciente que ton langage peut parfois choquer.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Mer 31 Juil 2019 - 4:20
Dès qu’une manifestation avait lieu dans le Queensland ou dans un rayon de kilomètres assez raisonnable, Isaiah était prêt à s’y rendre. Il remplissait sa caravane de tout plein de beau monde prêt à aller manifester avec lui, et il prenait la direction du rassemblement. Évidemment, s’il s’y rendait seul, il privilégiait de prendre les autobus qui se rendaient à ces endroits. Mais il était assez rare que l’homme ne trouve pas des activistes ou du moins des gens assez sensibilisés à certaines causes pour le suivre. Après tout, Isaiah ne manquait pas de connaissances à Bowen. Et il n’était pas rare qu’on lui propose de se rendre à ces manifestations avant même que lui-même n’en prenne connaissance – être aussi éloigné de tout ce qui était technologie faisait quand même en sorte qu’il était rarement le premier au courant des trucs qui se passaient autour. Isaiah arriva donc à Abbot Point dans sa van qu’il gara un peu plus loin avant de laisser tout le monde en sortir. Il attrapa sa pancarte laissée derrière le siège du conducteur, sur laquelle on pouvait lire « We don’t dig it », jeu de mot en lien avec cette gigantesque mine qui devait être construite. Il avait ajouté le hashtag #StopAdani même s’il ne savait même pas ce qu’était un hashtag. Il avait juste écouté les conseils de ses amis, et avait voulu mettre de l’avant son désir de voir le groupe Adani cesser ses activités. Alors qu’il rejoignait la foule se rendant sur le lieu de manifestation, Isaiah fut interpelé par une jeune femme qui complimenta son affiche. Il sourit. « Merci ! » Il regarda la sienne avec intérêt. « Ça m’aurait pris un dessin aussi insane que le tien pour appuyer le jeu de mot. Mais c’est pas autant mon fort. » Il eut un léger rire, tout en continuant de marcher aux côtés de la manifestante. « C’est parce que le monde tourne autour de l’argent, pour plusieurs. » C’est pour ça qu’il ne tournait pas rond, ce monde, à cause de ces gens-là. La jeune femme s’excusa, justifiant son emportement par sa haine du capitalisme. « Emballe-toi. Emballe-toi autant que tu veux. C’est quand nos voix seront assez fortes que p’t’être qu’on nous écoutera. Et parfois c’est pas en étant poli qu’on attire l’attention. » Si Isaiah était très pacifiste, très respectueux, il lui arrivait de déborder un peu lors des manifestations, parce que face à ceux faits de glace et de billets de banque, il n’avait plus autant foi en l’humanité.
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Mer 31 Juil 2019 - 18:08
« Ouais, je me suis un peu trop attardée sur le dessin en lui-même mais c’est à chaque fois comme ça quand j’ai un crayon dans la main. » Dis-tu avec un léger sourire au coin des lèvres. Tu ne sais pas pourquoi tu te confies à un parfait inconnu, toi qui es si réservée d’habitude. L’art n’est pas quelque chose dont tu as l’habitude de parler parce que tu considères ça trop intime. Trop personnel. Sans doute parce que tes dessins parlent, pour la plupart, de ta vie, de tes émotions, de tes sentiments. Ici, c’est un dessin plus léger puisqu’il est consacré entièrement à la manifestation mais tu t’es appliquée malgré tout parce que tu adores ça. « Clairement et ça me dégoûte. » Parce que, pour toi, l’argent n’a que très peu de valeur. Bien sûr, ne pas en avoir s’avère très compliqué et tu sais de quoi tu parles comme tu vis la plupart du temps à la rue. Mais que le monde soit dirigé par l’argent, ça te répugne et tu sais que c’est ce qui risque de causer sa perte. La réponse du brun te fait sourire et tu ne pourrais pas être plus d’accord avec lui. « Tu crois que cette manifestation aura un impact ? » Demandes-tu, le regard brillant. Autour de vous, la foule devient de plus en plus grande et les voix se font de plus en plus fortes. Mais tu sais que ce n’est pas ça qui va intimider les hommes politiques. Cette mine de charbon va coûter beaucoup d’argent mais en ramènera énormément également et c’est tout ce qui compte à leurs yeux. Ils s’en foutent totalement de l’impact écologique que ça aura. « J’aimerais tellement pouvoir faire quelque chose de plus… » A travers tes graffitis, il t’arrive souvent d’essayer de faire passer un message. Un peu comme Banksy avec son fameux dessin contre la pollution. Un graffiti qui parle à tout le monde, qui est poignant et tellement réaliste. Malheureusement, tu n’as même pas le quart de son talent mais tu espères, à chaque fois, que tes graffitis parleront au moins à une personne. Une seule sur qui tu pourrais avoir un peu d’impact, c’est tout ce que tu demandes.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Mer 31 Juil 2019 - 23:59
« Une artiste, ça ne fait pas de doute. » Releva Isaiah en s’attardant à nouveau sur le dessin de la planète terre apposé sur la pancarte de la jeune femme. Elle mentionnait qu’elle s’appliquait autant, à chaque fois qu’elle avait un crayon dans la main. Il se reconnaissant à travers ses paroles mais pour lui c’était à chaque fois qu’il travaillait le bois, ou à chaque fois qu’il laissait son imagination aller pendant qu’il sculptait. Il s’attardait sur les détails, ceux qui pouvaient sembler presque invisibles pour les autres mais qui voulaient tout dire pour Isaiah. Pour cette raison, il n’était pas l’ébéniste le plus productif en ville, mais il rendait toujours des meubles travaillés avec soin, amour et passion. Cette même passion qu’il entrevoyait dans les lignes de crayon de cette pancarte. Leur discussion devint rapidement bien plus engagée alors que la brunette parla de la manifestation et du capitalisme, sujets qui animèrent rapidement le côté révolté d’Isaiah. « J’aime croire que chacun de nos gestes a un impact, aussi petit soit-il … Je ne pense pas que la compagnie cessera ses activités juste parce qu’on se tient debout quelques heures face à elle. Mais je pense que ça ouvrira peut-être les yeux de certaines personnes qui ne s’attardaient pas au problème, et même peut-être ceux de certains employés de l’entreprise. Du changement à l’interne, ça ne peut que nous aider. » Il tourna le regard vers l’activiste avec un sourire alors qu’elle disait vouloir faire tellement plus. « Pense à l’effet papillon. Peut-être que cette manifestation est le battement d’ailes qu’il fallait pour que dans quelques mois ou quelques années, on voit un vrai changement dans le domaine minier australien. » Isaiah haussa les épaules, plein d’espoir malgré son geste d’incertitude. Il n’avait pas les réponses aux questions de la jeune femme, il n’avait que les encouragements pour qu’ils ne s’arrêtent pas. « Tu rejoins des gens ? » Demanda-t-il, parce que si ce n’était pas le cas, elle semblait être une bonne partenaire auprès de qui scander des slogans toute la journée.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Jeu 1 Aoû 2019 - 1:17
Quand l'inconnu affirme que tu es une artiste, tu ne peux t'empêcher d'arborer une petite moue mi-fière, mi-troublée. Tu ne te considères pas encore comme une artiste parce que tu doutes sans cesse de ton talent mais c'est tout de même plaisant de l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre. « Disons plutôt, en passe de devenir une artiste. » Réponds-tu en haussant légèrement les épaules. Alors que vous marchez toujours côte à côte, votre conversation dévie bien vite sur la raison de votre venue. Cette manifestation semble vous animer, embraser ce feu ardent qui gronde au plus profond de vos tripes. Comme toi, l'inconnu semble vraiment engagé dans cette cause mais s'il ne l'était pas, il ne serait sûrement pas là. Cela te fait du bien de pouvoir discuter de ton activisme avec quelqu'un qui te comprend, ça t'arrive trop peu souvent à ton goût. « T'es un vrai optimiste, en fait ? » Demandes-tu sans une once de reproche dans la voix. En fait, ça te fait sourire parce qu'il semble être l'inverse de toi, à ce niveau-là. Toi qui n'as plus vraiment foi en quoi que ce soit depuis un an maintenant. « Mais je pense quand même que tu as raison, je l'espère en tout cas. De toute façon, si on se persuade que les petits gestes n'ont pas d'impact, alors, on ne fait plus rien. » Et c'est malheureusement ce que pensent la plupart des gens. Ils se disent qu'à eux seuls, ils ne pourront pas changer le monde alors ils préfèrent baisser les bras. Tu ne vas pas le nier, ça t'arrive de temps en temps de penser comme ça aussi mais très vite tu te reprends et prends part à des manifestations dans le genre de celle d'aujourd'hui. « Peut-être, oui. T'es plutôt doué avec les mots tu sais. » Réponds-tu en souriant d'un vrai sourire comme il est si rare d'en voir sur ton visage habituellement. Tu secoues la tête lorsque l'inconnu te demande si tu rejoins des gens, te mettant face à ta solitude. « Nan, en fait je n'ai pas vraiment beaucoup d'amis engagés. Alors je suis seule la plupart du temps. » Un éclair de tristesse passe dans ton regard en repensant à ton meilleur ami qui, lui, assistait toujours aux manifestations avec toi, quelles qu'elles soient. « Et toi ? » Demandes-tu en regardant autour de vous. Tu ne vois personne qui l'accompagne, là, comme ça, mais par contre, tu vois un mec se prendre la tête avec un autre à quelques mètres de vous. Tu sens la tension monter entre eux mais tu n'y accordes pas beaucoup d'importance, reportant ton attention sur l'inconnu qui marche à tes côtés. « Je m'appelle Noa, en passant. »
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Jeu 1 Aoû 2019 - 17:22
À la réponse de la jeune femme, Isaiah esquissa un sourire. « Où est la ligne entre l’artiste et le non-artiste ? » Lui demanda-t-il avec réelle curiosité. Il se demandait à quel moment elle considérerait qu’elle en était une, si ce n’était pas présentement, malgré son manifeste talent. Lui n’y avait jamais vraiment songé, il s’était toujours considéré comme un artiste juste parce qu’il vivait d’une sorte d’art, sans jamais comparer la beauté de ce qu’il faisait à celle d’un autre. C’était bien trop difficile à qualifier, selon lui. Rares étaient les domaines dans lesquels les perceptions jouaient autant. Les deux inconnus continuèrent à avancer ensemble jusqu’au point de rencontre, abordant enfin ce pourquoi ils étaient ici. La demoiselle releva qu’il était un vrai optimiste, ce qui le fit sourire. Elle n’était pas la première à le lui dire, à Isaiah. « Je m’y efforce. J’aurais bien trop de mal à me lever le matin si je ne l’étais pas. Tu ne l’es pas autant, toi ? » Demanda-t-il, sachant presque d’avance la réponse, parce que les gens de leur génération étaient de plus en plus désillusionnés face à ce monde. Ils continuaient à se battre mais avec ce sentiment de foncer droit dans un mur, parce qu’il était déjà trop tard. La brunette lui donna au moins raison sur l’impact de leurs gestes, même les plus petits d’entre eux. « Et si y’a pire que d’essayer sans obtenir les résultats escomptés, c’est bien de ne plus rien faire. » Au moins, en essayant, on avait une chance que le changement se produise un jour. En baissant les bras, on abandonnait, on se condamnait. Après avoir parlé de la théorie du chaos, la jeune femme lui concéda qu’il était plutôt doué avec les mots. Il rit. « J’ai dû fréquenter bien des gens dans ma vie sans doute, pour qu’ils me transmettent ce talent, parce que je te jure que ça ne m’a pas été donné naturellement. » Il continua de rire légèrement avant de lui demander si elle rejoignait des gens, dans cette masse de monde qu’ils s’apprêtaient à rejoindre. Il hocha la tête à sa réponse, attristé d’apprendre qu’une jeune femme aussi engagée n’avait pas réussi à s’entourer de gens comme elle. « Euh, je suis arrivé avec des gens, ouais, parce que j’ai fait le transport à plusieurs activistes depuis la ville de Bowen, mais on s’est tous séparés en arrivant. » Lui dit-il. Isaiah tourna à son tour la tête vers l’altercation qui semblait débuter un plus loin, fronçant les sourcils, avant d’être ramené à la conversation par Noa, qui venait tout juste de se présenter. « Moi c’est Isaiah. Tu restes avec moi, Noa ? »
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Ven 2 Aoû 2019 - 11:31
« Je pense que cette ligne est propre à chacun et qu'on se sent artiste à des moments différents. Parfois c'est grâce à un déclic, une oeuvre particulière ou même quelqu'un. En ce qui me concerne, je ne le ressens pas encore au plus profond de mes tripes alors je suppose que je n'ai pas encore passé cette étape. » Tu n'es pas certaine de ce que tu avances mais toi, c'est comme ça que tu vis les choses. Tu es persuadée que la mort de ton meilleur ami a retardé ce moment pour toi. Ce moment où tu auras enfin l'impression d'avoir accompli quelque chose. Quand le manifestant t'interroge sur ton optimisme, tu ne peux empêcher un petit rire de quitter tes lèvres. Le pessimisme fait partie de ton quotidien et si c'est quelque chose sur lequel tu travailles beaucoup, ce n'est pas simple de le surmonter. « J'aimerais, mais non. Comment rester optimiste quand tu as l'impression que la vie s'acharne sur toi ? » Demandes-tu en espérant trouver une vraie réponse chez l'inconnu. Tu n'as pas été gâtée dans ta vie et ça a commencé dès tes premiers mois de vie. Alors, aujourd'hui, tu ne peux que penser que le monde entier t'en veut pour quelque chose que tu as fait. Sans savoir de quoi il s'agit pour autant. Mais être pessimiste ne t'empêche pas d'agir, malgré tout. Cette manifestation en est la preuve car même si tu ne sais pas où elle va vous mener, tu es là. « Exactement. » Réponds-tu en hochant la tête. C'est paradoxal, quand tu y penses, de vouloir sauver un monde dans lequel tu ne te sens pas bien. Dans lequel tu n'as pas ta place. Mais tu le fais pour tous les gens qui comptent pour toi, pour leur offrir un avenir meilleur. « Ah non ? Pourtant je t'imaginais plutôt bien écrivain. Ecrivant sur la terrasse de ta petite cabane au bord de l'eau. » Tu ris, l'image se dressant parfaitement dans ta tête. « Ou alors botaniste. » Cela n'a rien à voir mais pourtant, c'est les deux métiers qui collent à la peau du manifestant, à tes yeux. Mais tu n'as jamais été très douée pour cerner les autres. Tu l'écoutes attentivement quand il t'explique être venu avec plusieurs personnes jusqu'à ce qu'ils se séparent tous en arrivant. C'est une chance, pour toi, de ne pas passer cette manifestation seule. « Avec plaisir. » Dis-tu en souriant à Isaiah. Puis, tu dresses ta pancarte fièrement et cries des phrases qui font écho aux autres. « Ce n'est pas ta première manifestation j'imagine ? » S'il est venu avec tout un groupe, ça veut certainement dire qu'ils sont habitués. Tu sens une certaine tension s'installer au sein des manifestants sans pouvoir dire d'où elle vient ni pourquoi elle est là. Tu regardes les personnes autour de toi mais puisqu'elles ne semblent pas y prêter attention, toi non plus.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Sam 3 Aoû 2019 - 2:01
Ses mots résonnaient avec beauté dans la tête d’Isaiah, qui l’écoutait et buvait ses paroles avec un sourire aux lèvres. L’homme n’avait jamais eu de définition précise d’un artiste et c’est pour cette raison qu’il pensait que n’importe pouvait en être un dès le moment où cette personne créait quelque chose, peu importe ce que c’était. Mais l’idée de cette jeune femme qu’on devienne un artiste au moment où l’on s’y sent soi-même prêt et méritant, c’était une belle preuve que la seule personne capable de se définir véritablement était sa propre personne. Isaiah avait toujours prôné ce libre-arbitre, cette capacité de l’être humain de se déterminer par lui-même, sans avoir à penser ou à cadrer selon des normes lui étaient imposées. Il adhérait donc avec plaisir avec cette manière de pensée de la brunette. « Je ne pourrais pas être plus d’accord avec toi. En tout cas, je peux te dire une chose : tu as tout ce qu’il faut pour en devenir une. À mon humble avis. » Ajouta-t-il avec un sourire. C’était un monde qu’il connaissait assez bien, Isaiah, ayant découvert l’art à travers les yeux du monde entier lors de son périple autour du monde. Et il en était un lui-même, son déclic s’était fait il y avait bien des années de cela quand il avait compris que ses mains pouvaient fabriquer des merveilles uniques, authentiques. Et à propos de l’optimisme, il était tout autant tourné vers l’avant, emportant son bagage avec lui pour répandre l’espoir dans chacun de ses gestes, chacune de ses paroles. « En te concentrant sur les petits détails, les petits moments, qui te rappellent que malgré tout ce que tu traverses et ce que t’endures, ça vaut la peine d’être vécu. » L’ébéniste esquissa un faible sourire, même si les paroles de la jeune femme lui restèrent en tête. Il ne souhaitait à personne d’avoir l’impression que la vie soit aussi cruelle. Le jeune homme eut un léger rire quand sa compagne de manifestation l’imagina écrivain perdu au beau milieu de nulle part, ou mieux encore, botaniste. « Pour le coup du botaniste t’es quand même pas si loin de la réalité … » Dit-il dans un rire louche en repensant à l’époque pas très lointaine durant laquelle il faisait pousser sa propre marijuana. « Mais non, mon métier officiel, c’est ébéniste. » Officiel, parce que t’avais plein d’autres occupations qui te ramenaient de temps en temps de l’argent. Après avoir expliqué à Noa qu’il avait joué aux chauffeurs pour quelques habitants de Bowen, il lui demanda si elle désirait se joindre à lui pour la manifestation. Elle accepta avec plaisir, ce qui le fit sourire. À son tour, il dressa la pancarte haut dans les airs, scandant les slogans entre deux phrases. « Non, non, j’ai même arrêté de les compter … Et toi ? » Des cris retentirent à leur droite, et déjà les policiers arrivaient avec plus d’effectifs et plus de résistance, aussi.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Ven 9 Aoû 2019 - 1:01
Les paroles du brun se veulent rassurantes, encore une fois, et tu ne peux t'empêcher de sourire en l'entendant te complimenter sans même avoir vu une toute petite partie de ton travail. « C'est gentil, merci. Je pourrais te montrer ce que je fais, à l'occasion, si ça t'intéresse. » Ton anonymat compte beaucoup à tes yeux mais dans le regard de cet inconnu, tu ne vois que de la bienveillance. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu es persuadée qu'il ne trahira pas ton secret. « Il faut juste que tu saches que ce que je fais n'est pas très légal. » Ajoutes-tu en haussant les épaules, un léger sourire au coin des lèvres. L'adrénaline procurée par l'interdit te maintient en vie, sans aucun doute. Tu te sens vivante comme jamais quand tes mains saisissent des bombes de peinture et décorent les murs de la ville. A travers ton art, tu peux exprimer tout ce que tu ne parviens pas à dire avec des mots et c'est vraiment libérateur. Et cet art, justement, ça fait partie des petits moments de bonheur dont parle le manifestant. C'est à ces moments-là, où tu ne fais qu'un avec ton art, que tu dois te raccrocher. « Oui, c'est pas toujours facile de s'en rappeler mais tu as raison. J'suis désolée, je ne veux pas plomber ta manifestation avec mes plaintes. » Réponds-tu en riant légèrement, détournant le regard pour observer la foule autour de vous. C'est beau de voir à quel point l'écologie peut rassembler autant de monde venant d'horizons totalement différents. « Ton métier officiel ? » Demandes-tu en souriant, intriguée. « Donc tu es un artiste, toi aussi. Tu vends tes créations en ville ? » Cela te donne envie de voir ce qu'il fait parce que tu es persuadée qu'il est très doué de ses dix doigts, Isaiah. « Mais quel est le rapport avec botaniste ? » Entre ébéniste et botaniste, il y a un monde. Sauf si ces deux professions sont rassemblées d'une façon totalement inédite que tu ne connais pas, qui sait ? Tu n'es pas vraiment étonnée quand il t'explique qu'il a déjà fait un tas de manifestations, tellement qu'il ne les compte même plus. De ton côté, ce n'est pas la première mais le nombre est sûrement plus restreint que le sien. « Non plus même si ça fait un moment que je n'avais plus mis les pieds dans une manifestation. » Confies-tu en regardant les policiers survenir de toutes parts. « Tu vois les "fusils" qu'ils tiennent en mains, là ? La dernière fois que j'étais à une manifestation, ils ont utilisé ces flash-ball contre nous sans raisons. Je crois qu'aujourd'hui, on est pas à l'abri d'une récidive. » Parce que même face à des manifestants pacifistes, certains policiers se sentent pousser des ailes et ont besoin de se sentir puissants. Au moment où tu t'apprêtes à leur crier dessus, un manifestant s'avance et reçoit une flash-ball dans le visage et tombe au sol. La panique se fait très vite ressentir autour de vous et tu regardes Isaiah sans savoir quoi faire. « Faut se tirer d'ici ! » Cries-tu en espérant qu'il t'entende malgré le vacarme. Les tirs des policiers se font plus pressants face aux manifestants qui courent dans tous les sens, par peur d'être blessés.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Ven 9 Aoû 2019 - 14:54
Ce seul dessin suffisait à convaincre Isaiah des coups de crayon d’artiste de la jeune femme. Il n’hésita donc pas à le lui faire savoir, parce que parfois même si on ne se perçoit pas soi-même d’une certaine manière, de savoir qu’on renvoie tout de même cette image aux autres pouvait avoir quelque chose de rassurant, d’encourageant. L’ébéniste sourit à la proposition de la brune. « Avec plaisir. Tu fais surtout du dessin, alors ? » Il n’avait encore aucune idée qu’elle lui offrirait plutôt un monde infini d’art qui s’étalait même sur des kilomètres de murs dans cette ville. Il n’avait aucune idée que bien souvent, il s’était attardé face à des peintures murales illégales avec un sentiment de fierté, pour des créations qui sortaient tout droit de l’imagination de la femme face à lui. Quand elle lui parla du fait que ce qu’elle faisait n’était toutefois pas très légal, ça lui effleura brièvement l’esprit. « Si on suivait toutes les règles, on ne vivrait plus. » Plus vraiment. Plus avec cette liberté si chère aux yeux d’Isaiah, qui tenait parfois des propos frôlant l’anarchisme. Mais ce qui caractérisait le plus les discours de l’homme, c’était certainement son positivisme, son optimisme, qui donnaient l’impression qu’il était heureux en permanence. Mais il souffrait, lui aussi. Il était humain comme les autres. « Cette manifestation était plombée dès le moment où elle a eu une raison d’être. » C’est-à-dire ce projet minier désastreux pour l’environnement. Isaiah esquissa un faible sourire en regardant son interlocutrice. Il ne venait pas à des manifestations pour s’éclater, il ne faisait pas ça pour le côté social de la chose même si, une fois sur place, il en profitait pour réseauter avec des gens partageant ses convictions. Il venait ici pour joindre sa voix à celle des autres. « Oui, j’me suis fait une petite clientèle et avec le bouche-à-oreille, je reçois pas mal de commandes pour des meubles sur mesure alors j’passe la plupart de mon temps là-dessus. Quand j’n’ai pas de commande, je fais de la sculpture, et j’expose de temps en temps. » Expliqua-t-il, avant de rire quand la manifestante lui demanda le rapport avec la botanique. « Disons que moi non plus, à côté, je n’ai pas que des activités légales … » Souffla-t-il avec un sourire amusé. Noa et Isaiah se ressemblaient beaucoup sur certains points, même s’ils n’avaient pas du tout le même background de vie. Ça lui faisait du bien de rencontrer quelqu’un qui le comprenne à ce point. Ça lui rappelait Ezekielle. « Et ils n’hésiteront pas à les lancer même pour un rien … Et après ce sont les manifestants, les barbares. » Et comme si votre conversation avait eu une portée si grande qu’elle déclencha l’alarme, comme de fait, une flash-ball fut lancée directement au visage d’un activiste. Au cri de Noa, Isaiah attrapa la main de cette dernière et commença à courir à travers la foule en panique. En deux secondes et un coup de flash-ball, le chaos était maintenant levé, et c’était ça qu’on rapporterait dans les médias. Pas le rassemblement pacifiste deux minutes plus tôt. « Par ici ! » Lança Isaiah derrière son épaule, sans jamais lâcher Noa, jusqu’à ce qu’ils semblent arriver à une issue mais au dernier moment, un policier avec son bouclier antiémeute les bloqua et sortit sa bonbonne de poivre de cayenne avant de les asperger tous les deux, fugitifs à ses yeux.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Mar 13 Aoû 2019 - 1:00
« Je dessine, oui, mais c’est surtout le street art qui me passionne. Tu as peut-être déjà vu l’une de mes œuvres sans le savoir, à Bowen. » Dis-tu en souriant, animée par le caractère interdit de ton art. Tu aimes franchir les limites et l’adrénaline que ça te procure. C’est ce qui te permet de rester en vie, sans aucun doute. « J’suis bien d’accord. Surtout que je ne fais de mal à personne. » Tu es dans ton monde quand tu laisses parler ta créativité et quelque part, tu rends service à la ville en décorant ses murs. Même si, malheureusement, tes dessins ne plaisent pas à tout le monde. Toi, tu adores t’arrêter en rue pour contempler l’art des autres et tenter de comprendre ce que l’œuvre représente et tu ne peux qu’espérer que d’autres personnes fassent la même chose avec tes propres dessins. Alors que tu t’excuses de plomber un peu l’ambiance à cause de ton pessimisme, Isaiah trouve à nouveau les mots justes. Tu lui adresses un simple sourire, qui veut déjà dire beaucoup pour toi finalement. Puis, tu l’écoutes parler avec passion de son travail et ça te redonne peu à peu le sourire. Cela te plait de parler avec quelqu’un qui comprend ce que c’est de créer quelque chose de ses mains et qui vient des tripes. « Je n’hésiterai pas à faire ta publicité si j’en ai l’occasion. Et j’aimerais beaucoup voir ce que tu fais, moi aussi. Tu voudras bien me prévenir, la prochaine fois que tu exposes ? Je pourrais te laisser mon numéro. » Demandes-tu, sincèrement curieuse. Quand Isaiah rétorque qu’il touche un peu à l’illégal, lui aussi, il te faut quelques secondes pour faire le rapprochement entre la botanique et l’illégalité. Finalement, tu comprends qu’il touche à la drogue. Enfin, tu supposes que c’est de ça dont il s’agit. « Oh je vois. J’étais pas si loin de la vérité alors. » Plaisantes-tu. En observant les policiers, tu remarques bien vite qu’ils ont des flash-ball en mains et tu sens qu’ils peuvent s’en servir à tout moment. C’est peut-être le regard que te lance ce policier, un regard plein de haine alors qu’il ne te connaît même pas. Qu’il ne vous connaît même pas. Tout ce qu’il voit, lui, c’est sûrement des gens qui posent problèmes alors que vous n’êtes là que pour dénoncer un acte odieux envers l’environnement. Pacifiquement. Malheureusement, tu perçois à peine la phrase d’Isaiah parce que le chaos s’empare rapidement de la manifestation. Ce n’est pas à cause des manifestants mais bien des policiers, comme la plupart du temps… Main dans la main, vous tentez de vous échapper, évitant les tirs de flash-ball comme vous pouvez. Au moment où vous croyez être sortis d’affaires, un policier vous asperge de poivre de Cayenne, vous rendant tout de suite complètement aveugles. « Putain de connard de flic ! » Cries-tu en plaquant tes deux mains sur tes yeux, la douleur intense t’empêchant de les garder ouverts. « Isaiah, ça va ? » Demandes-tu alors que tu n’entends plus le manifestant, sans doute parce qu’il doit souffrir autant que toi.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Dim 1 Sep 2019 - 1:30
À l’annonce de la jeune femme quant à son street art marqué un peu partout en ville, Isaiah arqua un sourcil en la regardant, intrigué et fasciné. « Vraiment ? C’est sûr, oui, je dois les avoir vues. Je m’arrête souvent pour en regarder, assez pour reconnaître les nouveaux qui s’ajoutent. » À moins que la demoiselle n’en soit au stade des graffitis de signatures ou de phrases vulgaires. Isaiah s’y attardait moins, parce que ceux-ci pullulaient sur les murs et n’envoyaient pas forcément un message fort. Lui faisait référence aux graffitis artistiques ou aux phrases poignantes qui alliaient la poésie à l’illégalité. Ça, ça valait la peine d’être vu, montré, aimé. Et comme le disait la manifestante, ça ne faisait de mal à personne. « Exactement. » Isaiah lui sourit. Ils semblaient être sur la même longueur d’ondes, partager les mêmes valeurs et un peu les mêmes idéologies, aussi. C’était une rencontre inattendue mais c’était bien celles-là les meilleures. L’ébéniste partagea un peu de son métier à son interlocutrice en parlant de ses meubles avec une lueur dans le regard, de celle à prouver hors de tout doute que cet homme arrivait à vivre de sa passion. « C’est gentil ! C’est le meilleur moyen de se faire connaître, surtout dans une ville comme Bowen, d’être référé par d’autres. Je t’en serais très reconnaissant. Et j’te montrerai avec plaisir, j’te préviendrai dès que je connais les prochaines dates. » Lâcha Isaiah avec un sourire, à son tour touché qu’elle s’intéresse à son art. Ses sculptures avaient toujours été relayées au second plan, puisqu’elles étaient surtout un passe-temps, mais il n’en était pas moins fier. Il y mettait autant cœur et âme que ses meubles. Le jeune homme se contenta de rire lorsque la brunette en vint enfin à la conclusion qu’Isaiah avait déjà un peu touché au monde de la drogue. Il omit de mentionner qu’il délaissait de plus en plus cette partie-là de ses affaires, surtout en raison de sa famille. Et même s’il avait voulu rajouter ce détail, Isaiah, il n’en aurait pas eu l’occasion, pas eu le temps, parce que dès qu’ils reposèrent leurs regards sur les altercations et les flashballs que tenaient les policiers, bien vite les deux activistes furent entraînés bien malgré eux dans ce chaos de panique. Attrapant la main de Noa, le jeune homme tenta de leur frayer un chemin à travers ce bordel déclenché par ceux supposés les protéger. Malheureusement, ces derniers jouèrent un rôle complètement contraire aujourd’hui, pour une raison qu’Isaiah ne saisissait pas. Au moment où Noa et lui pensaient pouvoir souffler un peu, ils reçurent en plein visage un jet de poivre de Cayenne, les aveuglant et les étouffant tous les deux. « Fuck you ! Fuck ! » Lança Isaiah au policier, avant de commencer à tousser, les yeux complètement fermés parce qu’il était incapable de rouvrir les paupières. Il sentait les larmes couler le long de ses joues mais il n’avait aucun contrôle, encore moins sur sa toux qui menaçait de le faire recracher ses poumons au sol. Il entendit la voix de Noa tout près. « J’peux pas … respirer … » Arriva-t-il à souffler, plié en deux, cherchant d’une main tendue à retrouver la main de la jeune femme. « Toi … ? T’es ok ? » Ajouta-t-il en prenant de grandes inspirations.
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Lun 7 Oct 2019 - 16:42
Toi aussi, tu t'arrêtes un peu partout en ville pour observer les nouvelles oeuvres qui apparaissent par-ci par-là mais le plus beau, à tes yeux, c'est quand des gens te mentionnent sur leurs photos, sur Instagram, alors qu'ils posent devant tes graffitis. C'est la plus belle sensation du monde à tes yeux et ça n'a pas de prix. C'est unique. « Je fais exactement la même chose. » Dis-tu en riant doucement. « J'ai un compte Instagram où j'expose mon travail mais il est anonyme. Alors, soit tu te lances le défi d'essayer de retrouver mes oeuvres par toi-même, soit tu attends que je te donne l'info, mais pas tout de suite, j'veux d'abord voir si tu le mérites. » Plaisantes-tu. En réalité, tu aimes que ton compte soit anonyme parce que ça te permet d'être plus libre, de mettre tes peurs de côté. Et puis, ça t'évite des problèmes avec la justice, aussi parce que l'art de rue n'est malheureusement pas encore très reconnu. Il y a quelques villes qui commencent à mettre des murs à disposition d'artistes pour embellir les quartiers mais à Bowen, ce n'est pas encore le cas. Malgré tout, tu ne désespères pas qu'un jour l'occasion se présente et que tu puisses enfin collaborer avec d'autres artistes pour rendre votre ville plus belle. « Oui ça et les réseaux sociaux. Je dois avouer que plus mon nombre d'abonnés augmente, plus j'ai de propositions pour des collaborations et des partenariats. Mais je filtre beaucoup, c'est pas facile de trouver des gens sincères qui ne s'intéressent pas qu'à l'argent de nos jours et encore moins sur internet. » Dis-tu en haussant les épaules. Peut-être qu'un jour, si les oeuvres d'Isaiah valent vraiment la peine d'être vues, tu pourras lui faire un peu de publicité sur ton compte Instagram. Après tout, il faut se serrer les coudes entre artistes. L'esprit léger, vous continuez à marcher, entourés d'autres manifestants, quand d'un coup, les policiers décident d'employer les grands moyens pour mettre fin à la manifestation. Alors que vous essayez de fuir le coeur de la manifestation, où tout part en vrille, vous êtes rattrapés par un policier qui vous asperge les yeux avec sa bombe au poivre. Immédiatement, ta vue se brouille et tu es incapable de bouger, tes pieds sont scotchés au sol par peur d'avancer dans le noir alors que vous devriez déjà être loin, tous les deux. Tu perçois finalement la voix d'Isaiah qui semble plus touché à la gorge que toi. Tu as l'impression que tes yeux, par contre, ne retrouveront jamais la vue. « Mes yeux brûlent, c'est atroce... Comment on va se barrer d'ici ? » Cries-tu par dessus le vacarme. « Essaie de te calmer pour ralentir ta respiration sinon ça risque d'être pire. » Ajoutes-tu en saisissant finalement la main du brun. Tu sens la panique grandir autour de vous et tu sais que vous devez partir mais sans rien voir, c'est presque mission impossible. C'est un miracle que vous ne soyez pas à terre, piétinés par ceux qui vous entourent.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Ven 11 Oct 2019 - 23:22
Ce ne serait certainement pas par Instagram qu’Isaiah découvrirait les œuvres de Noa. Il n’était sur aucun réseau social, et même s’il savait évidemment ce qu’était Facebook, Instagram ou encore Snapchat, parce qu’il ne vivait pas dans une caverne non plus, il n’aurait jamais su comment naviguer sur ces applications. Il n’y voyait d’ailleurs pas l’intérêt et n’en avait jamais ressenti le besoin pour le moment. Même pour ce qui était des œuvres, Isaiah préférait les découvrir en vrai, de ses yeux, plutôt que de les faire défiler sur un fil d’actualité. « Laisse-moi le temps d’apprendre un peu à te connaître, de voir tes couleurs, de ressentir ton énergie, et après j’accepte le défi. » Dit-il avec un sourire. S’il allait là, tout de suite, à la recherche de son street art, sans doute ne saurait-il pas voir celles qui sortaient du lot et s’identifiaient à la jeune femme. Il ne la connaissait pas encore assez pour avoir une idée du genre de message qu’elle envoyait via ses œuvres. L’ébéniste parla alors de son métier et à propos de la publicité, il était visiblement beaucoup plus old school qu’elle. Comme sur pas mal de trucs sans doute. Noa mentionna directement l’aide des réseaux sociaux dans le lancement d’un business. Isaiah fit une légère moue ; il était transparent quant à ce qu’il aimait ou non. « Ouais, c’est en partie pour ça que je ne suis sur aucun réseau social. Enfin, la liste de raisons est longue. Puis c’est tellement difficile de contrôler, aussi, la propriété intellectuelle, les droits d’auteur, tout ça … Qui sait qui s’approprie l’art des autres. C’est devenu trop facile. » Isaiah avait aussi l’impression que tout était amplifié, sur les réseaux sociaux. Et que tout y était éphémère. Cette conversation aurait pu emmener bien d’autres échanges d’opinions, mais Noa et Isaiah furent rapidement interrompus par les policiers et leur powertrip soudain. Ayant pris la fuite trop tard, les deux manifestants se retrouvèrent piégés et aspergés de poivre de Cayenne, alors qu’ils n’avaient pourtant rien à se reprocher. S’étouffant, manquant d’air, Isaiah tomba à genoux. Ses yeux comme sa gorge donnaient l’impression d’être en feu. Il entendit Noa, elle aussi avait été touchée. Ils n’avaient pas manqué leur coup, ces enfoirés. La main de la jeune femme se referma finalement sur la sienne, et il trouva la force de se relever pour réduire la distance entre eux. Suivant les conseils, de Noah, Isaiah tenta de ralentir sa respiration. Entrecoupé de quelques toussotements, il dit : « Si on essaie de fuir ils vont encore penser qu’on essaie d’aller faire plus de grabuges … Attendons qu’ils s’éloignent un peu d’ici … » Autrement, ils risquaient tous les deux d’être arrêtés pour avoir troublé la paix, alors que les réels fautifs ici étaient ceux qui auraient dû les protéger. « J’ai pas d’eau avec moi pour tes yeux … Cligne rapidement les paupières, pour que tes larmes nettoient un peu … » Dit-il en suivant lui aussi ses propres conseils. « Après on pourra au moins voir un peu où on s’en va … » Parce que pour le moment, difficile de dire où se trouvaient les policiers.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah) Lun 21 Oct 2019 - 12:16
« Très bien. Je suis persuadée que tu relèveras le défi haut la main. » Parce qu'entre artistes, ça ne peut que se passer comme ça. Vous ressentez des choses que les autres ne perçoivent pas et c'est tant mieux. C'est un petit privilège, un petit plus, que vous gardez précieusement pour vous. « Wow, je crois que t'es la première personne que je rencontre qui n'est sur aucun réseau social. » Dis-tu avec un petit sourire au coin des lèvres. Ce n'est en aucun cas un jugement parce que tu comprends exactement pourquoi Isaiah se détache de ce milieu. Tu ne comptes plus le nombre de fois où tu as vu des comptes Instagram relayer tes oeuvres sans même te citer ou en prétendant en être l'auteur. Sur le moment, ça te rend complètement dingue mais à côté de ça, tu peux partager ton art avec des gens qui aiment vraiment ça et qui n'hésitent pas à te donner leur retour. Et ça, à tes yeux, ça n'a pas de prix. « Mais je comprends ce que tu veux dire, ouais. Si j'y suis c'est pour la visibilité que ça apporte mais surtout parce que tu as le retour des gens de façon instantanée. Ça m'a permis de créer une petite communauté qui se rassemble pour l'amour de l'art et c'est très précieux à mes yeux. » A défaut d'avoir une vraie famille qui croit en toi, tu as au moins ta communauté qui te soutient quoi qu'il arrive et qui n'hésite pas à te dire quand tu passes à côté de ton oeuvre. Mais c'est quelque chose qu'on ne peut comprendre qu'en étant dans le milieu, sans doute. Malheureusement, vous êtes interrompus en pleine conversation par des policiers en quête de baston qui usent d'une bombe au poivre de Cayenne pour vous neutraliser. Enlaçant tes doigts à ceux d'Isaiah, tu l'attires vers toi pour que vous restiez proches et soudés le temps de trouver une solution. Tu hoches la tête quand le manifestant propose de rester ici avant de te rendre compte qu'il ne peut pas te voir. « Oui, je crois que c'est le mieux à faire ! » Cries-tu en fermant toujours tes yeux de toutes tes forces pour éviter que le produit pénètre davantage. Malheureusement, la douleur est toujours très vive et tu décides de suivre les conseils d'Isaiah pour reprendre le contrôle au plus vite et quitter cet endroit. Si au début la douleur est encore plus intense, petit à petit, tu sens qu'elle s'apaise un peu ce qui te permet de retrouver progressivement la vue. Tout semble flou autour de toi pendant au moins une minute, jusqu'à ce tu décèles enfin des ombres autour de vous. « C'est pas parfait mais je crois que j'arriverai à nous sortir d'ici. Et toi, ta douleur commence à s'estomper ? » Demandes-tu en tournant la tête vers le brun. « Tu me suis ? » Là, si la vue d'Isaiah ne s'est pas améliorée, il n'aura plus qu'à te faire confiance malgré que tu restes encore une parfaite inconnue à ses yeux.
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Sujet: Re: puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah)
puisque des hommes crèvent sous les ponts mais ce monde s'en fout (isaiah)