(Woopéa) une première séance intéressante.

La séduire ? Ils n’en étaient plus là, non. Si au départ Woody aurait bien voulu jouer avec sa tête de cette manière-là, dorénavant, ses intentions n’étaient plus du tout aussi gentilles. Elle l’avait poussé à un point tel qu’il désirait maintenant lui faire mal de par ses paroles, de par ses jugements. Il voulait l’atteindre, la briser. Probablement parce que c’était ce qu’elle tentait de faire avec lui. Le briser pour mieux le reconstruire. Le briser pour qu’il s’ouvre enfin à elle et qu’ils puissent faire quelque chose de lui. Mais Woody n’avait aucunement envie qu’on tente de briser cette carapace, parce qu’en-dessous l’être qui y résidait était bien plus faible, et les seuls coups sur ladite carapace auraient sans doute assez de force pour l’atteindre au grand complet. Woody ne se montrerait jamais aussi vulnérable, encore moins devant une femme comme elle. Une femme qui croyait tout savoir, tout connaître, une femme qui se croyait au-dessus lui en raison d’un putain de diplôme accroché sur un mur. « Je n’aime pas trop lire. Et j’irais pas jusqu’à dire que le cinéma est un hobby. » Déclara-t-il avec indifférence. Plus cette séance avançait, plus Woody se désintéressait du small talk qui avait d’abord pris place. Il n’avait pas envie de parler de la pluie et du beau temps, et encore moins de lui-même. Il préférait largement qu’ils se crient dessus, qu’ils se cherchent, qu’ils se trouvent. Qu’ils tournent le couteau dans la plaie. Parce que ni l’un ni l’autre n’allait bien. « Que vous preniez un peu moins de place, en tout cas. Et j’parle pas physiquement, de toute façon, ça vous le savez très bien que vous avez un corps à faire rêver, vous n’hésitez pas à le dire. » Il esquissa un sourire. Comment elle l’avait dit, déjà ? Ah, oui. Séduisante. Woody ne répondit rien sur son âge ou sur son manque d’envie de retenter quoi que ce soit avec un homme. Il n’allait quand même pas inverser les rôles et jouer au thérapeute. Ce n’était pas l’esprit, son expertise, c’était le corps. De toute façon, Woody avait décidé de partir d’ici, ne voyant pas l’intérêt de ce jeu malsain. Ça l’avait fait rire un moment, c’était passé. Pourtant, la psychiatre contourna son bureau pour lui barrer le chemin alors qu’il s’apprêtait à sortir. Il haussa les sourcils en la regardant, tentant de ne pas perdre la face, face à son discours peu orthodoxe pour une psychiatre. Elle voulait le briser, c’était confirmé. « Devenir ami avec vous ? » Il eut un rire, encore plus quand elle lui leva son majeur. « J’préfère me casser et crever, comme vous le dites. Mais avant, j’vais me faire un grand plaisir de déposer une plainte à votre égard. Parce que contrairement à moi, d’autres patients pourraient ressortir encore plus bas d’ici. Vous êtes carrément timbrée. » Il tourna la poignée de la porte et se retourna une dernière fois pour lâcher : « Go fuck yourself. » Et il referma la porte derrière lui, quittant la clinique, se promettant de ne plus jamais perdre le temps de sa courte vie à se faire chier avec des psychiatres à la con.