aims and pulls -r.

La dernière soirée que tu avais passé une soirée avec ton cousin, tout roulait bien dans ta vie. Le mariage était sur une bonne voie, tu avais fini l'aménagement de la maison, elle était fin prête pour que Nevaeh puisse venir se joindre à vous si jamais elle acceptait de passer ce cap. Puis tu avais tout foutu en l'air. Pour les beaux yeux de Théia parce qu'elle avait su te retourner la tête. Ces nombreux jours sans Nevaeh, tout en étant au contact de Théia, ça avait pas mal changé la donne. Au point que tu avais fini par quitter ta maison, retournant alors vivre chez Aino. Tu n'avais déjà pas été très présent pour ton cousin depuis son arrivée en ville mais maintenant, tu n'étais plus du tout présent pour lui. Tu vivais ta vie en broyant du noir, encore du noir et toujours plus de noir. Tu crachais sur l'amour, ce sentiment qui t'avait fait planer pendant des mois pour te faire sombrer une fois que c'était fini. De son côté, Karel ne semblait pas avoir oublié ta demande lors de votre dernière conversation et il t'avait appelé pour te donner rendez-vous quelque part un tout petit peu en dehors de la ville. Tu avais donc commandé un taxi pour t'y rendre, le chemin étant assez loin en vélo. Arrivé sur place, il t'attendait à l'entrée. « Hey, salut Karel ! » Tu t'approchais de lui pour venir le saluer en lui tendant la main, un très mince sourire sur le visage. Tu avais des cernes bien visibles alors tu sautais la question pour savoir comment il allait parce que tu ne serais pas capable de répondre s'il venait à te retourner la question. « J'avais presque fini par oublier qu'on devait faire ça. » Tu te grattais la tête, tu ne savais pas si c'était le bon moment pour faire ça mais tu ignorais quand ce serait le bon. Tu avais l'impression de voir la vie en gris depuis déjà de nombreux jours, tu ne les comptais plus à force alors c'était aussi sympa de pouvoir penser à autre chose, de pouvoir faire autre chose de tes journées. « Je sais pas si je me sens prêt ! » ajoutais-tu en rigolant nerveusement parce que tu avais la pétoche. L'idée de tenir une arme à feu ne te rendait pas du tout à l'aise face à Karel.  

Karel avait bien compris que son cousin n'était pas dans une très bonne passe en ce moment. Il ne savait pas vraiment démêler ce qui était vrai et ce qui n'était que des rumeurs, mais il avait cru comprendre qu'il avait trompé sa fiancée qui s'en était alors aller. Enfin, difficile de reprocher ça à la demoiselle. Il n'allait pas non plus blâmer son cousin, tout ça, ça ne le regardait pas. Il voulait seulement remonter le moral de CJ, lui qui, d'habitude, était si joyeux et de si bonne compagnie, les rares fois où ils s'étaient entrevue, il lui avait sembler qu'il ne faisait que broyer du noir. Karel ne connaissait rien aux peines de cœur, mais il pouvait essayer de lui faire remonter la pente.

Il l'avait donc invité au stand de tir, puisqu'ils avaient parlé de ça. Si ça ne lui remontait pas le moral, au moins ça lui changerait les idées.

-Salut !

Karel serra la main de son cousin, lui rendant, lui, un grand sourire.

-Eh bien heureusement que je suis là pour te le rappeler.

Lui qui semblait partant et motivé quand ils en avaient parlé, voilà que maintenant il était plutôt en passe de reculer.

-Tu sais, y a pas besoin d'être prêt pour tirer sur des cibles. C'est juste... un jeu de précision.

Enfin le tire était considéré comme un sport à vrai dire, mais à leur niveau on ne pouvait pas vraiment le qualifier ainsi. Enfin, au niveau de CJ. Peut-être aussi que Karel avait du mal à se mettre à la portée de son cousin. Lui qui avait l'habitude d'ôter la vie lorsqu'il tirait, tirer sur une cible ne représentait aucun enjeu, tenir une arme à feu non plus. Mais CJ ne le voyait sans doute pas de la même façon.
Ils finirent par entrer dans le stand où on leur fournit lunettes, armes, bouchon d'oreilles et consignes de sécurité. Karel avait prit le soin de choisir l'arme de CJ, quelque chose de petit, simple et sans beaucoup de recul.

-Tu vas voir, c'est pas si difficile mais ça demande beaucoup de concentration.

Il était un peu comme ton agenda, à t'appeler pour te proposer une date et te donner un rendez-vous à Bowen. Tu avais accepté avec grand plaisir parce que tu avais souvent tendance à mettre les gens de côté en ce moment, vivant seul dans ton monde, dans ta bulle de noirceur. « C’est vrai ! » Tu esquissais un fin sourire, bien content qu'il l'ai fait. Bien content de le voir aussi, comme quoi vos conversations ne tombaient pas dans l'oreille d'un sourd. Au moins pour l'un de vous deux puisqu'avec tout ce que tu venais de traverser, tu n'avais plus la tête à ça. C'était quelque chose du genre : boulot, déprime, dodo. Pas une vie bien passionnante et encore moins rigolote. Faire ça aujourd'hui, ça allait te changer de ton quotidien et quand tu rentrerais chez Aino ce soir, tu aurais peut-être quelque chose d'intéressant à raconter. « Comment tu vas ? » demandais-tu doucement, priant pour que cette question ne soit que dans un sens, sinon tu l'éviterais de façon peu subtile. Tu n'avais pas envie de t'empêcher maintenant sur tes problèmes, tu voulais juste essayer de passer un bon moment avant de devoir revenir sur tout ça. Sans quoi, tu aurais des idées noires pendant toute votre après-midi et tu aurais sûrement l'idée d'un geste mal venu. Un geste qui t'effrayait toi-même. « J’ai un peu la trouille quand même tu sais.. » Tu ne faisais plus le malin là, au contraire, tu avais les pétoches. Tu sentais tes mains trembler doucement tandis que Karel essayait de te rassurer. Il s'y prenait bien, tu avais l'impression de perdre un poids en passant la porte du stand. Et puis là, on t'équipait, lunettes de protections, casque insonorisant et enfin une arme à feu choisie par ton cousin. Tu y jetais un coup d'oeil longuement avant de la prendre dans tes mains. Tu étais surpris par le poids, tu t'attendais à quelque chose de vraiment lourd mais c'était plutôt le contraire. Tu le regardais attentivement t'expliquer la position à prendre et tu t'installais attendant son feu vert. « Pour la concentration, ça devrait aller mais pour la précision, je pense pas toucher la cible une seule fois. » Ce serait bientôt le moment de vérité.

Karel acquiesça d'un signe de tête.

-Oui ça va, rien de très intéressant à te raconter malheureusement.

Il lui aurait bien retourner la question mais il sentait bien que ça n'allait pas. Peut-être que la question le pousserait à s'ouvrir à lui ? Il n'en était pas très convaincu. Il essaierait plutôt ça en fin de soirée. Il n'était pas très doué pour remonter le moral des gens malheureusement.

-La trouille ?

Il ne comprenait pas de quoi son cousin pouvait bien avoir peur. Tout était sécurisé, il ne risquait rien. Et dans tous les cas il resterait à côté de lui pour être sûr que tout irait bien.

-Tu n'as pas à t'inquiéter, le pire qui risque d'arriver c'est que tu ne mettes aucune balle dans la cible.

Il esquissa un léger sourire, pour le rassurer.
Ils s'équipèrent et Karel commença les explications. Il sentait bien que son cousin n'était pas très à l'aise mais il allait tout faire pour que ça s'arrange. Il n'y avait pas de raisons que ça se passe mal. Il éclata de rire à ses mots.

-Oh tu sais, on arrive rarement à mettre dans le mille la première fois. Il faut le temps d'apprivoiser l'arme : le poids, le recul.

Après avoir prodiguer ses derniers conseils et il s'éloigna et laissa CJ prendre place, casque anti-bruit sur les oreilles. Il lui fit un signe de tête pour lui signifier qu'il pouvait y aller et qu'il regardait.

Karel allait bien mais il n'avait rien de particulier à te raconter. Toi non plus d'ailleurs, tu n'allais pas vraiment bien et tu ne voulais pas t’épancher sur tout ça. « Pas de cours de danse improvisé depuis l'autre jour ? » demandais-tu avec un léger sourire. S'il avait dansé une fois, ça pouvait s'être reproduit et si c'était le cas, tu serais sûrement plus curieux que l'autre soir. Tu ne lui avais pas demandé de détail sur la femme en question et tu te doutais bien qu'il n'avait pas dansé avec un homme. Mais tu n'avais pas osé en demander plus, pensant qu'il t'en parlerait de lui-même. Il ne l'avait pas fait, peut-être estimait-il que ça ne te regardait pas ou bien il n'avait simplement pas l'habitude de parler de ces choses-là. « Donc j'ai aucune chance de me blesser ? » demandais-tu pas vraiment sûr de ça mais c'était lui l'expert et s'il t'affirmait que la pire chose qui pouvait t'arriver c'était de ne pas toucher la cible, alors tu voulais bien le croire et ça, ça te faisait moins peur. « Le recul c'est quand l'arme part en arrière après le coup ? » Tu voulais en avoir le cœur net, tu en avais déjà entendu parler dans une série mais entre la réalité et la fiction, il y avait souvent un monde. Tu allais l'écouter attentivement pour ne pas être surpris lorsque tu donnerais le premier coup. « C'est parti ! » Tu soufflais un bon coup avant de relever l'arme, de fermer un œil pour pouvoir essayer de viser parce que tu savais bien que même si tu le faisais, tu n'allais pas réussir de suite à toucher là où tu le voulais vraiment. Et lorsque tu te sentais enfin prêt, tu appuyais sur la détente. Le coup parti . « C'est assez impressionnant, j'pourrais pas te dire avec exactitude ce que ça fait mais c'est surprenant ! » Tu l'avais regardé avec un grand sourire, comme content de ce qui se passait en ce moment.

Karel eut un sourire à sa question, les cours de danse qu'il prenait l'avait visiblement marqué.

-Si j'y vais toujours, mais je ne pourrais pas te faire une démonstration à moi tout seul.

Puisque le principe de la danse de salon c'était bien d'être deux. Cependant, Karel n'avait pas de partenaire attitré, il allait au cours et dansait avec ceux qui s'y trouvaient, généralement des personnes âgées donc, mais il s'en fichait bien de leur âge ou de leur condition, ça lui faisait plaisir.
Le tueur à gage répondit pas un signe négatif de la tête à sa question. S'il y avait un quelconque risque, il ne l'aurait pas emmené. Il ne voulait pas avoir de blessures sur la conscience.

-Non aucune, sauf si tu tiens ton arme à l'envers mais je veillerai à ce que ça n'arrive pas.

Karel acquiesça d'un signe de tête à sa question. C'est vrai que parfois il pensait que certains termes étaient évident alors que ce n'était pas le cas, en tout cas pas pour le commun des mortels.
CJ se prépara et son cousin le regarda tirer avec attention. Il esquissa un léger sourire, se revoyant à ses débuts. Ça avait l'air de lui plaire et ça ne pouvais qu'enthousiasmer Karel.

-Ça le sera encore plus quand tu arriveras à viser, tu verras.

Il n'avait pas raté le grand sourire de son cousin, et ça le touchait. Il voulait vraiment l'aider à remonter la pente, même s'il n'était pas très doué pour ça. Il partit alors pour lui montrer l'exemple et après quelques secondes de concentration tira, touchant le centre de la cible. Ça n'avait rien d'impressionnant quand on connaissait son métier, mais c'était toujours satisfaisant.

Il t'avoue continuer d'y aller encore et tu esquisses un léger sourire à cette annonce. Tu te fais des idées dans ta tête, le genre d'idées qui te fait penser qu'il y avait à coup sûr une femme derrière tout ça. Tu aimais beaucoup cette idée, surtout que tu avais l'impression que ton cousin était un peu trop du genre solitaire en ce moment. Ou c'était juste un ressenti pour toi. « Il faudrait que je t'accompagnes un jour pour voir comment tu te débrouilles ! » Tu serais prêt à danser avec toutes les mamies du monde juste pour pouvoir voir Karel faire de même. Peut-être que tu pourrais l'inviter à un des cours de salsa auquel tu te rends parfois, là on y trouve une moyenne d'âge plus abordable pour vous deux. Même si tu ne cherchais pas l'amour en ce moment, tout ce que tu voulais, c'était être en paix et te noyer dans l'alcool. Ton activité principale lorsque tu rentrais du boulot en ce moment. Ta vie n'était pas très gai. « Je pense pouvoir m'en sortir seul pour ça aussi ! » Bien que tu n'y connaissais rien en arme, tu savais quand même qu'il y avait un sens et quand tu voyais le canon, alors c'est que tu ne le tenais pas dans le bon sens. Tout débutant est capable de savoir cette information. Quant au cran de sûreté ou encore au recul que l'arme pouvait avoir, ça, tu n'étais pas le plus informé, mais tu étais en assez bonne compagnie. Tu avais donné ton premier coup de feu et tu t'étais retourné vers ton cousin, un grand sourire sur le visage. « Même sans y réussir, c'est génial, j'ai l'impression d'être un tireur d'élite. » ajoutais-tu en rigolant. Tu aurais presque envie de te reconvertir en policier juste pour avoir le plaisir de tirer sur les méchants avec une arme à feu. En tout cas, avec toi, là maintenant, ils ne risqueraient pas grand chose puisque tu mettais tout à côté. « Quand tu vends des armes, vous fêtez le contrat en tirant comme là ? Ou vous partagez une bouteille de champagne ? » demandais-tu soudain curieux d'en apprendre un peu plus sur son boulot. En général, les gros contrats étaient fêtés avec une bonne bouteille, mais peut-être que ce n'était pas comme ça dans le monde des armes.

CJ lui proposa de l'accompagner à ses cours de danse et Karel sourit avec enthousiasme avant d'acquiescer d'un signe de tête.

-Bien sûr ! Ça me ferait plaisir.

Après tout, il savait que son cousin ne viendrait pas se moquer, alors, il serait le bienvenue. Et puis, il serait heureux de pouvoir partager sa passion avec lui. Ce n'était pas le genre de chose qu'il disait à grand monde.

Karel eut un léger sourire quand CJ lui dit qu'il devrait réussir à ne pas se tromper de sens pour l'arme. Oui, il s'en doutait un peu, il savait que son cousin n'était un attardé. Il devait bien regarder une ou deux série policière de temps en temps.
Ça lui faisait vraiment plaisir que l'exercice plaise à son cousin, il avait l'air tout fou, comme un enfant. Elle eut un sourire assez inexplicable quand il se compara à un tireur d'élite.

-Carrément ! Je suis content que ça te plaise t'sais. On va juste faire en sorte que t'arrive à viser la cible maintenant.

Tant qu'il s'amusait ainsi tant mieux, mais parfois avec un objectif c'était encore mieux. Mais bien sûr, il ne le lui imposerait pas.
A sa question, Karel ne put s'empêcher d'éclater de rire.

-Tu sais, on négocie les contrats avec les commerciaux en général, et même s'ils emmènent un expert, tirer sur des cibles n'est, en général, pas trop leur truc. Le champagne par contre...

Et puis, ils n'allaient pas tirer dans les locaux, ce serait vraiment étrange. Et illégal. Mais sa question le faisait vraiment sourire. Son cousin avait ce petit côté naïf qu'il regrettait parfois d'avoir perdu.

Il était d'accord. Ce qui te fit sourire. Tu avais très envie de faire ça. De trouver une partenaire, d'aller danser et de te détendre. Depuis que tu avais rompu, tu avais tout mis de côté, la danse, le piano, le théâtre. Tu n'avais plus rien, dépouillé de tes passions parce que tu avais le coeur trop triste, le cœur trop lourd. S'il y avait bien un chose qui pouvait peut-être t'aider à aller mieux, c'était bien de danser. Et de pouvoir le faire en partageant ce moment là avec ton cousin. Si ça se faisait comme ce cours de tir, alors tu avais quelques semaines devant toi. Sauf si tu prenais les choses en mains, parce que contrairement à maintenant, tu t'y connaissais en cours de danse. Même s'il avait sûrement son habitude et son groupe régulier. « Apprendre à viser c'est pas le truc le plus compliqué ? » demandais-tu doucement, pas vraiment certain de toi. Tu avais tiré, jusque là, ça allait. Tu ne t'étais même pas blessé donc c'était vraiment un exploit. Tu n'étais pas de nature maladroite mais tu savais que parfois il était possible de se faire griffer au niveau de la peau entre le pouce et l'index. Pour viser, il allait falloir que tu écoutes ses conseils avec beaucoup d'attention. Karel répondait alors à ta question, t'expliquant plutôt comment fonctionner le contrat d'une vente. Pas de vilains gangsters et de paiement en cash, plutôt un commercial avec un costume-cravate et un contrat bien officiel. Ainsi que du champagne. « Et si tu étais un mafieux, il y aurait des filles et de la cocaïne en plus du champagne ! » C'était plus pour rire qu'autre chose, tu n'avais pas idée à quel point tu visais juste. Pour le côté mafieux, parce que pour le reste c'était plus une conjecture par rapport aux films que tu as vu et que tu connaissais. Un véritable cliché. 

CJ lui demanda alors si viser n'était pas le plus dur. Ça dépendait ce qu'il pensait qu'il y avait comme étapes. Karel haussa doucement les épaules, réfléchissant pour être un peu pédagogue.

-Disons que c'est un tout. Pour réussir à viser correctement il ne faut pas trembler, réussir à tenir son bras bien droit, avoir une idée de la trajectoire de la balle, bien ouvrir ses yeux... Il faut réussir à faire beaucoup de choses en même temps disons, mais comme en danse, pas vrai ?

C'était juste un peu plus dangereux que la danse, clairement. Enfin pas dans la situation dans laquelle ils étaient mais dans le quotidien beaucoup plus.
Karel éclata de rire alors que CJ souligna que s'il était un mafieux ce serait fille et champagne à profusion. Evidemment. Même s'il aurait pu être contrarié que son cousin s'approche un peu de la vérité, il rit réellement à ce qu'il venait de dire. Parce que tout cela était loin d'être son quotidien.

-Si tu savais tout ce que je planque à la maison !

Tu l'avais écouté sans rien dire. Tu essayais de faire le rapprochement sur ce qu'il venait de dire et une fois que tu avais tout assimilé, tu avais simplement hoché la tête pour lui répondre avant de prendre la parole. « Je n'y avais jamais pensé avant mais ton analyse est plutôt cohérente, quand tu danses, il faut savoir le prochain mouvement, ne pas trembler et regarder là où tu veux atterrir, visualiser ce que tu veux faire avant de le faire. » C'était une véritable comparaison qui tenait la route. Mais tu n'oubliais quand même pas que pour atteindre un tel niveau d'excellence en danse, comme c'était le cas aujourd'hui. Tout comme lui, ça avait dû lui prendre plusieurs séances avant de pouvoir réussir à toucher la cible et encore plus pour pouvoir viser là où il le voulait. Même si tu ne parvenais pas à toucher la cible, tu serais content. C'était un moment de passé avec ton cousin et ça pourrait devenir une activité à refaire dans le futur. Tu n'étais pas tellement pour la légalisation des armes à feu mais tu n'avais rien contre le fait de tirer contre une cible. « Mais ça m'a pris des années d'entraînement avant d'y arriver alors je ne sais pas si j'y arriverais après une seule séance. » Tu tenais à le prévenir quand même. Tu ne savais pas si avec le temps, il était devenu du genre patient ou non. Toi tu l'étais, mais tu ne voulais pas qu'il te mette la pression, tu allais avancer à ton rythme. Tu avais les clés pour réussir mais ça ne voulait pas dire que tu allais y arriver. « Du genre arme à feu ou plutôt qui se fume ? » demandais-tu avec un grand sourire. Tu te doutais bien que ce n'était ni l'un, ni l'autre et qu'il disait ça plus pour te taquiner qu'autre chose. Pour rebondir sur ce que tu venais de dire. 

Karel ne put s'empêche de sourire en voyant que CJ comprenait, faisant l'analogie avec la danse par lui-même. Il hocha doucement la tête, très content de son élève.

-Exactement.

Il eut un léger rire quand il lui fit remarquer qu'il s'était entraîne des années. C'est vrai que tut cela était un peu présomptueux, Karel ne se souvenait plus du nombre de séances qu'il avait faites avant de réussir à viser correctement la cible. Il était jeune, la plupart des gens diraient certainement trop jeunes pour toucher à une arme. Ils n'auraient pas forcément tort.

-Peut-être pas c'est vrai, mais on peut toujours essayer.

Il esquissa un léger sourire alors qu'il voyait son cousin entrer dans son jeu. En vérité, il y avait bien une de ces choses qu'il planquait chez eux, mais il n'avait pas l'intention de lui dire, ça risquerait de lui faire flipper. Et puis, il ne voulait pas que CJ change de façon de le voir.

-En fait y a des bouteilles d'alcool dans toute la maison ! Bien cachées pour que tu ne me les piques pas.

« En tout cas, je ne suis pas contre ! » Et pour le lui prouver, tu levais une nouvelle fois l'arme pour tirer. Tu fermais un oeil, essayant de contrôler le mouvement dans ton bras. Tu sentais bien que tu n'étais pas hyper à l'aise et que tu manquais encore d'assurance. Tu savais qu'avec le temps et la pratique, ça s’allégerait comme problème mais tu ne savais pas si tu avais envie de pratiquer si souvent que ça. C'était plaisant à faire une fois de temps en temps mais tu étais toujours contre les armes à feu. Tu appuyais sur la gâchette et tu ne savais pas où il était parti. Tu le découvrirais à la toute fin. Karel acquiesçait tes propos et tu ne pus t'empêcher de rire. « J'imagine que ça doit être quelque chose de qualité parce que si c'est pour planqué de l'alcool de supermarché, je t'avoue que je t'envierais pas grand chose. » Tu lui faisais un petit clin d'oeil avant de rire une nouvelle fois à cette idée. Aussi folle qu'elle pouvait être, tu imaginais très mal ton cousin cachant quoique ce soit chez toi. Et encore moins en gros trafiquant d'armes, vu la façon dont il te le vendait, ça paraissait très sécurisé, très contrôlé. Sauf que s'il y a bien une chose que tu ignorais chez ton cousin, c'est un excellent menteur. « Mais si c'est vrai, chapeau, j'ai rien capté ! » Il aurait bien mérité une révérence mais tu n'en fis rien. Tu te contentais d'un sourire avant de te remettre en position afin de tirer une nouvelle fois sur la cible. Il n'y avait qu'en pratiquant qu'on s'améliorait, et tu étais venu pour pratiquer. Pour partager un moment avec Karel aussi, parce que tu ne lui parlais pas assez souvent à ton goût.

Karel esquissa un sourire et le regarda tirer de nouveau. Il n'était pas sûr que la balle ait atteint la cible, mais ils verraient bien à la fin de leur petit exercice. CJ était un débutant après tout, il n'espérait pas qu'il fasse des progrès fulgurants ou ce genre de choses, il voulait juste le fait extérioriser ses problèmes et lui changer les idées. Et ça semblait marcher. Il éclata de rire quand il lui dit que ça devait être quelque chose de qualité pour le cacher. Il devait bien le savoir, mais en réalité, ce n'était pas son genre de boire beaucoup. Pas mal de tueurs à gages noyaient une partie de leur culpabilité dans l'alcool, Karel, lui, avait la conscience tranquille. Aussi étonnant que cela puisse paraître.

-Non, je te fais marcher, je ne suis pas du genre alcoolo...

Il le regarda tirer de nouveau puis tira à son tour avant d'amener sa cible parce qu'il avait terminer son chargeur. Il n'avait pas fait exprès de tirer à côté, et par conséquent, toutes ses balles avaient parfaitement atteint le coeur de sa cible. Karel n'était pas très doué au combat à mains nues, mais aux armes à feux il était presque inégalable. Il tourna la tête vers CJ, attendant qu'il termine aussi.

-Prêt à voir ton résultat ?

À l'entendre et en y repensant vraiment bien, tu avais dû boire deux ou trois fois des bières avec lui depuis qu'il vivait avec toi. Même si en ce moment, c'était plus seul chez toi qu'autre chose. Notamment parce que tu t'étais replié chez Aino. C'était un peu comme un cocon pour toi, tu t'y sentais à l'aise. Et puis il y avait Aisling et sa petite puce, qui avait le don d'illuminer tes journées. Toi qui voulait avoir des enfants, vivre avec ces deux là te donnait un avant-goût de la vie que tu aimerais. Même si elle semblait bien loin et illusoire. « C'est vrai que je te vois rarement avec un verre ou une bière ! » Au contraire de toi qui avait passé tes derniers jours à boire un peu trop et à te rendre malade, à te rendre misérable pour noter ta peine. L'amour faisait mal, c'était une sensation vraiment douloureuse, au point de vouloir s'arracher le coeur. Aujourd'hui tu essayais de ne rien laisser paraître. L'activité proposée t'aidant beaucoup puisque tu t'étais mis à fond dedans. Tu tirais un dernier coup avant de te tourner vers Karel. « Oh oui ! » Tu affichais un grand sourire, prêt à découvrir si tu avais plus ou moins réussi à mettre en pratique ses quelques conseils. La feuille arrivait à ta hauteur et tu la découvrais avec une réelle surprise. « Au moins une balle sur dix, c'est pas mal ! » Et encore elle était à pas grand chose du bord, tu avais tout mis à côté. Ce n'était pas très grave, tu étais content d'avoir pu partager ce moment avec ton cousin et d'avoir pu te prêter à cet exercice.