Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
J'étais en vacances. Enfin. Je n'avais plus besoin de me rendre sur le tournage pour réciter des textes et jouer la comédie. Seulement, ayant été tardivement en vacances, je devais encore trouver le cadeau de noël de la seule personne présente dans ma vie : Orson. Je n'avais plus de nouvelles de Scout depuis un petit moment. Mais j'avais d'autres préoccupations comme mon meilleur ami amnésique par exemple. Je me promenai donc en ville, un chapeau sur la tête en compagnie de mon chien pour finir de préparer le réveillon. Seulement, mon cavalier king charles dut voir quelque chose car il partit en courant. Je m'élançai à sa poursuite avant de le voir traverser la route à vive allure. Je restai pétrifiée sur place avant de le voir se faire renverser par une voiture. Hurlant son prénom, je finis par l'imiter avant d'arriver à sa hauteur. Il pleurait mais il n'y avait aucune trace de sang. Posant, toute tremblante, ma main sur son pelage couleur rubis, je sentis les larmes me monter aux yeux, me sentant plus impuissante que jamais.
Provenant d’un pays où la moitié de la population ne fêtait pas Noël, et surtout dans lequel Naveen n’était pas chauffeur de taxi, le syrien n’avait jamais vraiment pris conscience de tout l’engouement que cette fête pouvait créer. Les gens l’appelaient des centres commerciaux parce qu’ils avaient trop de paquets et de sacs pour revenir en bus ou alors appelaient à la sortie des bars parce que trop ivres pour prendre le volant. Cela lui entraînait des journées de fou, avec des heures prolongées, et une fatigue accentuée. Le bon côté, c’était qu’il avait alors moins de temps pour s’attarder aux familles heureuses qui se faisaient également bien plus visibles à ce temps-ci de l’année. Il n’avait pas à se rappeler à chaque instant que sa famille à lui était disparue de la surface de la terre, par sa faute sans doute, et que plus jamais il ne vivrait une telle joie à partager avec des gens qu’il aimait inconditionnellement. Naveen se concentrait donc sur son travail et parcourait les routes de Bowen et des villes environnantes sans relâche depuis le début du mois de décembre. Peut-être était-ce dû à sa fatigue, ou peut-être alors que mêmes les réflexes les plus aiguisés du monde n’auraient pu éviter cela, mais un chien sortit de nulle part et courut dans la rue, tout juste devant son taxi. Naveen eut beau enfoncer son pied dans le frein et tourner le volant pour esquiver, il frappa tout de même l’animal. Il arrêta sa voiture en ne laissant que les lumières d’urgence et en sortit alors qu’une jeune femme accourait vers son chien. « Je suis désolé ! Je suis désolé ! » Répétait Naveen en s’approchant de la demoiselle et de son chien blessé. « Je ne l’ai pas vu, je ne le voyais pas arriver, il a couru devant et je … je n’ai pas eu le temps ! » S’expliquait-il, nerveux, paniqué, déboussolé.
Je suis doucement penchée sur Zéro, ne sachant que faire. Il ne me restait plus que lui. Mon chien était mon tout. Il m’accompagnait partout, était mon confident. Les larmes roulent sur mes joues et je me sens prise au piège comme lors de l’une de mes crises d’angoisses. La voix d’un homme –avec un lourd accent- me tire de ma torpeur. Je me tourne pour voir un géant barbu avec une drôle de tête. Effrayée, mon premier réflexe est de me mettre devant mon chien. Et s’il venait terminer le travail ? Puis, je me rappelle que je n’ai pas mes lunettes et que j’ai dû sans doute perdre mes verres de contact dans la mêlée. Je fouille dans mon sac, manquant de tout faire tomber par terre pour mettre mes horribles lunettes sur mon nez. « Ce… ce… ce… » Bonjour bégaiement, tu ne m’avais pas manqué. Les larmes de frustration se mêlent à la tristesse et je tape du poing sur le sol avant de me recroqueviller sur moi-même. Je suis faible, je suis faible. « Pas votre faute, articulai-je dans un chuchotis. » Je soulève mon cavalier qui couine avant de déglutir péniblement. Il avait une voiture. Peut-être… « Est… est… est… est-ce qu… qu… que v… v… vous p… p… pouvez m’ai… m’aider. » Sotte, débile, arriérée.
AVENGEDINCHAINS
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Sujet: Re: (ruveen) poor unfortunate souls Mar 2 Jan 2018 - 4:17
Dans les yeux de la jeune femme, Naveen ne manqua pas de remarquer la peur, même l’effroi, alors que lui s’approchait de l’accident et qu’elle s’interposait entre son chien et lui. Il s’immobilisa, comme pris par surprise par cette réaction qu’il voyait presque comme une attaque personnelle. Parce qu’il le voyait souvent, ce regard, chez d’autres. Il voyait souvent cette crainte briller dans les yeux des autres quand lui se retrouvait dans un lieu public, trop public, trop bondé. Et si Naveen avait alors l’habitude de s’éclipser ou de se faire tout petit quand c’était inévitable, il ne pouvait cette fois pas se défiler. C’était lui qui avait causé l’accident, il était dans le tort, même si ce chien aurait dû être en laisse ou un peu mieux surveillé. Il essaya donc de se mettre dans la peau de la jeune femme et passa par-dessus ce regard, et se pencha à ses côtés pour s’emmêler dans ses excuses. La demoiselle fouilla son sac pour en sortir des lunettes et alors, d’une voix timide et en bégayant, elle lui assura que ce n’était pas de sa faute. Mais le coup de poing assené au sol et les larmes roulant sur ses joues lançaient un tout autre message. Naveen déglutit, ne répondant rien, l’écoutant plutôt demander s’il pouvait l’aider. Évidemment, tout de suite il comprit de quelle aide elle aurait besoin. Son chien était dans un piètre état, il semblait souffrir, et aurait certainement besoin d’une intervention quelconque. « Bien sûr. Montez, je vous conduis chez le vétérinaire. » Tant pis pour la personne qui attendait son taxi, Naveen appela directement la centrale une fois de retour dans son véhicule afin qu’on réassigne son appel. Il tourna la tête vers la demoiselle qui s’était installée avec son chien sur elle. « Je ne connais que la clinique vétérinaire de Bowen sur Richmond Road. Est-ce que cela vous va ? » Demanda-t-il tout en démarrant.
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Sujet: Re: (ruveen) poor unfortunate souls Mar 2 Jan 2018 - 18:44
Naveen & Ruby
Poor infortunate souls
J’ai toujours été d’un naturel craintif. Depuis que mon amie –une chanteuse- s’était faite agresser, je me méfiais de tout le monde. Et encore plus quand je n’avais pas mes lentilles. Heureusement qu’Alfie avait été là un soir parce que sinon, je ne sais pas dans quel état j’aurai fini. Je fixe donc Naveen avant de sortir mes lunettes pour ne pas oser porter Zéro. Je le caresse doucement pour essayer de chercher des traces de sang. Aucune. Les blessures étaient internes. Alors, j’ôte le châle que j’avais autour du cou pour protéger mes épaules du soleil avant de le poser sur lui. Je l’enveloppe doucement avant de me retourner vers Naveen. « M… m… merci. » Quelle bécasse. Puis, je serre mon tout petit contre moi avant de pleurer à chaudes larmes. « désolée, je n’ai… je… je… je n’ai pl… plus q… q… que lui dans m… m… ma vie. » J’opine sans répondre que ça m’allait alors je me tourne vers lui pour lui faire un petit sourire timide. « Je m’appelle Ruby. »
AVENGEDINCHAINS
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Sujet: Re: (ruveen) poor unfortunate souls Jeu 4 Jan 2018 - 2:40
Le syrien ignorait si c’était l’émotion ou la timidité qui donnait ce ton à la jeune femme, mais il n’en avait que faire, surtout dans cette situation où les remords le grugeaient. Il ne portait même pas attention à ses bégaiements, car ses idées partaient à droite et à gauche, cherchant quoi faire pour se rattraper, quoi faire pour aider. Il s’en voudrait pour toujours s’il devait avoir infligé des séquelles permanentes à cet animal, pire encore la mort. Dans ce nouveau monde, dans cette nouvelle société, Naveen s’efforçait du mieux qu’il le pouvait d’être le modèle idéal de réfugié, pour enfin taire les préjugés qu’on scandait à leur égard, tous ces demandeurs d’asile. S’il devait devenir le chauffeur de taxi qui happait les chiens, Naveen sombrerait définitivement dans la honte de lui-même, n’osant plus sortir de chez lui. Et ce n’était pas une vie, ça. Lui qui s’était pourtant tellement battu pour la vie. Quand la jeune femme lui affirma qu’elle n’avait plus que lui dans sa vie, ce chien, le cœur de Naveen se serra. Il comprenait ce que c’était que de s’accrocher à ce qu’on a, quand autour, il n’y a plus rien. Il la regarda d’un air triste, à travers le rétroviseur. « Vous ne le perdrez pas. » Lui avait tout perdu, il ne supporterait pas d’être la cause d’un tel deuil à faire pour une autre personne. Quand elle hocha la tête quant à la destination, il démarra la voiture et, sans trop excéder les limites de vitesse, mit le cap sur la clinique vétérinaire. « Je m’appelle Naveen. Ruby, je suis encore tellement désolé. » Il aurait pu le dire cent fois, ça ne suffirait pas. Ils arrivèrent finalement à la clinique, et Naveen se gara près de la porte. Il alla ouvrir la porte à la jeune femme afin qu’elle puisse s’extirper du taxi avec son chien dans ses bras.
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Sujet: Re: (ruveen) poor unfortunate souls Sam 6 Jan 2018 - 17:56
Naveen & Ruby
Poor infortunate souls
Cet homme a l’air gentil. Oui gentil c’est le mot. il regarde Zéro avec bienveillance et je me doute que ce n’était qu’un accident. Mais je ne peux m’empêcher d’être inquiète car c’est de mon bébé qu’il s’agit. De mon vrai bébé. Pas de l’alien qui grandissait dans mon ventre. Assise sur le siège passager, je prends temps de mettre la ceinture car il ne manquerait plus qu’on ait un accident tous les deux. Je fis un sourire timide à l’homme qui se proposait de nous accompagner. On fit les présentations et je fronçai les sourcils. « Co… co… comme le p… p… prince dans le d… d… disney. » Je lui fis un petit sourire un peu plus engageant cette fois-ci. Je le remerciai lorsqu’il m’ouvrit la porte. « Vous… enfin… vous voulez bien rester avec moi, demandai-je cette fois-ci sans bégayer. » il devait sans doute avoir du travail et je me sentais comme une idiote de lui demander ça mais j’avais vraiment besoin d’un peu de compagnie.
Il esquissa un sourire au commentaire de Ruby, un sourire à la fois triste et nostalgique, montrant à quel point il pouvait parfois être déchiré, Naveen, entre les souvenirs et la souffrance. C’était ce que ses enfants lui répétaient, si souvent, pour se moquer de son nom. Papa la grenouille, qu’ils disaient, après avoir regardé leur cassette Disney sur la petite télévision du salon. Tous les trois, assis les jambes croisées sur le sol, devant le petit écran, à rire quand leur père se mettait alors à imiter une grenouille. « Oui, comme le prince dans le Disney. » Répéta-t-il en hochant doucement la tête, de haut en bas, tentant de ne pas se laisser submerger par l’émotion. Ça n’était pas le moment de perdre sa concentration, son focus, et de risquer un second accident. Ils arrivèrent heureusement sains et saufs à la clinique vétérinaire, et Naveen alla ouvrir la porte à la rouquine, pour qu’elle puisse sortir du taxi avec son chien dans les bras. Il referma la porte derrière eux. « Bien sûr, je ne comptais pas m’en aller. Pas sans savoir qu’il se porte bien, et vous aussi. » Dit-il en regard d’abord le chien, puis Ruby. Ils rentrèrent dans la clinique et il laissa la jeune femme s’entretenir avec la réceptionniste, puis le vétérinaire, restant en retrait.
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Sujet: Re: (ruveen) poor unfortunate souls Sam 13 Jan 2018 - 3:43
Naveen & Ruby
Poor infortunate souls
Je vois de suite que j’ai fait une boulette. Que j’aurai dû me taire. Je me pince alors la lèvre inférieure avant de sentir une rougeur me monter aux joues. La honte. Cet homme avait une douleur dans le regard qui pouvait s’approcher à la mienne. je ne prononce pas d’excuses, elle serait inutile. Mais son ton était à la fois nostalgique et plein de tristesse. Une beauté sur un écran mais un calvaire dans la vie réelle. Nous arrivons sains et saufs à la clinique et je descends donc avec Zéro dans les bras pour lui demander de rester avec nous. « je vais bien, ne vous en faites pas, murmurai-je peu convaincue par moi-même ». Ma voix tout comme mon regard était éteint. Sans doute pour toujours et je serrai cette petite boule de poils comme s’il s’agissait de ma vie. « je sais que c’est stupide mais je tiens à ce petit chien plus qu’à ma propre vie. C’est ma sœur jumelle qui me l’a offert lorsque j’ai décroché mon premier contrat et depuis il ne me quitte plus. » C’était en quelque sorte une manière bien propre à moi d’avoir Sally à mes côtés pour toujours. En quelque sorte.
AVENGEDINCHAINS
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Sujet: Re: (ruveen) poor unfortunate souls Sam 13 Jan 2018 - 4:58
Une fois dans la clinique, Naveen demeura en retrait pendant que les explications se donnaient. Il aurait pu s’en aller, maintenant qu’elle était arrivée, maintenant que son chien était pris en main, mais elle lui avait demandé de rester et il avait vu dans son regard, lorsqu’elle avait affirmé qu’elle se portait bien, que c’était en réalité tout le contraire. Il le savait parce qu’il avait appris à mentir de la même manière, dorénavant, lorsque ses clients du taxi ou alors les vendeurs dans les épiceries lui demandaient s’il allait bien, selon cette formule de politesse que tout le monde utilisait. Se taire ou mentir, parce qu’au fond, les gens veulent rarement entre que non, on ne va pas bien. Sans la contredire, Naveen avait toutefois choisi de rester jusqu’au bout. Les mains dans les poches, il attendait, et quand Ruby revint vers lui pour justifier sa réaction face à son chien, le syrien l’écouta attentivement. « Ce n’est pas stupide. C’est ça, d’aimer un être, et humain ou non, je ne pense pas que ce soit l’important. » Il haussa les épaules. Certes, à ses yeux, la perte humaine lui avait davantage brisé le cœur et la vie que la perte d’un animal, mais qui était-il pour juger ? L’attachement entre deux êtres pouvait parfois être inexplicable, ou alors Ruby se l’expliquait sans toutefois le partager à Naveen. Il n’était qu’un inconnu, après tout. « J’aimerais payer pour les traitements, s’il-vous-plait, c’est la moindre des choses. J’ai causé l’accident et j’assume la responsabilité. » Lui dit-il, ne réalisant toutefois pas à quel point les frais s’avéreraient élevés.
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Sujet: Re: (ruveen) poor unfortunate souls Mer 24 Jan 2018 - 16:45
On pouvait faire des rencontres même dans les pires moments. Alors que je regarde la fille s'éloigner avec mon petit chien, je soupire. J'avais l'impression que la terre allait s'ouvrir sous moi. je déglutis alors que Naveen tente de me rassurer. Je m'assois dans un fauteuil avant de soupirer à nouveau. " J'ai perdu toute ma famille récemment. Dans un incendie. Donc il est tout ce qu'il me reste. " Je passe une main dans mes cheveux pour les détailler avant de me tourner vers lui. " ça sera bien trop cher. Mais… " je me mordille la lèvre inférieure. " d'accord mais je vous invite à manger en échange. Après tout, ce n'est pas de votre faute si mon chien est stupide. "
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Sujet: Re: (ruveen) poor unfortunate souls Sam 27 Jan 2018 - 23:32
Ils étaient allés s’asseoir dans l’aire d’attente, après tout l’intervention prendrait peut-être pas mal de temps. Il valait mieux se reposer plutôt que de rester debout à attendre des nouvelles, qu’il espérait positives. Naveen tourna la tête vers Ruby quand cette dernière lui apprit qu’elle avait perdu toute sa famille dans un incendie, et que ce chien était tout ce qu’il lui restait. Le cœur de Naveen se serra en entendant cette confidence. Comme lui, elle partageait le deuil d’une famille entière. Il releva un regard à la fois surpris et attristé sur elle. S’il avait cru, en arrivant à Bowen, que sa tragédie ne serait comprise par personne, il réalisait maintenant que Ruby devait souffrir tout autant que lui. Certes, une guerre et un incendie ne sont pas du tout le même contexte, mais la perte qui en résultait était la même. Le chagrin était le même. C’était une injustice, d’une manière comme de l’autre. « J’ai perdu toute ma famille aussi, il y a deux ans de cela. Et je n’ai plus rien à quoi m’accrocher. Je ne veux pas que ce soit votre cas. » Et si, de par son inattention, il lui avait retiré tout ce qu’il lui restait, alors Naveen ne se le pardonnerait jamais. Il proposa de payer pour les traitements, c’était le mieux qu’il puisse proposer en attendant. Ruby mentionnait que ce serait trop cher, mais elle accepta en échange d’un repas. Naveen hocha la tête. « Je cause l’incident et vous m’invitez à manger. » Il esquissa un faible sourire. « Ce serait avec plaisir. » Conclut-il.
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Sujet: Re: (ruveen) poor unfortunate souls Dim 28 Jan 2018 - 1:57
Zéro était tout ce qu'il me restait de mon ancienne vie. Avec ce bébé qui grandissait en moi. du moins, je le supposai puisque je n'avais eu la confirmation de la part d'un test fait dans les toilettes d'une station service. Je m'apprêtai à commencer une nouvelle vie. Je regarde donc les vétos l'emmener et me retenir de m'écrouler. Je n'avais pas envie de finir en larmes devant un parfait inconnu. Ça serait inconvenant. Je me tourne donc vers Naveen pour prendre place à ses côtés et me confier sur ma famille. Sur la perte que j'avais vécu. Je n'en attendais pas de confession mais je relevai la tête en l'entendant parler de sa tragédie. J'attrape doucement sa main d'un geste purement altruiste pour lui sourire, timidement. " Navrée pour votre perte. Si vous… enfin… " Je passe une main dans mes cheveux avant d'inspirer pour me rétracter au niveau de mon geste et reposer mes doigts sur ma cuisse. Il tenait à payer les soins. Mais ce n'était pas de sa faute si mon chien s'était pratiquement jeté sous ses roues. " Zéro est un peu fou. Il court après tous les pigeons qu'il voit. C'était à moi de le tenir en laisse et de… " je penche la tête sur le côté pour lui sourire. " ça sera trois fois rien. je ferai la cuisine et vous verrez que chez moi c'est un véritaaaaable zoo. " Je me sens rougir. " Je… enfin… j… j… je vous r… r… rassure ce n'est p… p… pas un rendez-v… vous galant. " Espèce de potiche rousse bonne pour la potence.
Quand lui aussi ouvrit son cœur quant à ceux qu’il aimait, ceux qu’il avait perdu tout comme elle avait dû dire adieu à ses proches, Ruby posa sa main sur celle de Naveen. Il leva le regard vers elle, la dévisageant un moment avant de sentir la chaleur incendier ses joues, et il baissa les yeux tout aussi rapidement qu’il les avait levés. Elle lui partagea sa sympathie, d’une phrase qu’elle n’acheva pas. Sans doute la voix bloquée par la gêne, Naveen ne chercha pas à connaître la fin de sa pensée, il ne chercha pas à savoir quels mots auraient dû compléter le suspens. Il secoua doucement la tête, tout simplement, alors qu’elle ramenait sa main sur sa propre cuisse. « On n’y peut plus grand-chose, maintenant. » Même s’ils auraient pu, tous les deux sans doute, braver vents et marées si c’était pour revoir leurs êtres aimés, ils savaient fort bien que rien ne se trouvait au bout de tant de souffrance. Ils ne pourraient jamais les ramener à la vie. Ils ne pourraient jamais retrouver ce qui avait un jour été leur source de bonheur inconditionnel. Il fallait se concentrer sur ce qui était encore possible d’être sauvé, et pour le moment, Naveen pointait toutes ses prières vers Zéro, ce chien qui s’était jeté devant son taxi sans crier gare. « Ne cherchons pas de coupable … c’était un malheureux incident. » Incident pour lequel il insista quand même pour rembourser les frais de soins pour l’animal. Naveen se voyait mal retrouver sa routine et laisser Ruby se débrouiller seule avec le chien blessé. Il voulait au moins pouvoir faire un minimum … même si ce minimum impliquait sans doute de débourser le maximum de son pourboire amassé dans les dernières semaines. Sans assurances, sans identité officielle au pays, c’était bien difficile d’assumer de tels coûts. Pour compenser, la rouquine l’invita à dîner chez elle, offre qu’il ne déclina pas, même s’il aurait en général trouvé le moyen de fuir. Il ne voulait plus fuir, Naveen. Il l’avait bien assez fait. « Je ne le pensais pas. Et si ça avait été le cas, de toute façon, vous vous seriez bien rapidement rendue compte que je n’étais pas la bonne personne pour ça. » Dit-il avec un léger rire. Il n’était pas la bonne personne pour les rendez-vous, pour les soirées légères et romantiques, pour les échanges de regards et de sourires. Ou du moins, il n’était plus cette personne.