orsan. - osef du titre #2

Maintenant qu’il avait goûté à Aedhan, Orson n’était pas certain de pouvoir s’en passer. Malheureusement, il y avait les fêtes et ils allaient devoir se séparer pour quelques temps, ce qui ne le ravissait pas vraiment. Il aurait préféré les passer avec lui à faire des choses et d’autres, des trucs qu’un couple fait en temps normal. Mais il fallait se faire une raison : Orson ne reverrait peut-être pas Aedhan avant début janvier et cela l’attristait quelque peu. Pour le moment, ils étaient bien tous les deux, l’un contre l’autre et Orson préféra en profiter plutôt que de penser au manque qui allait bientôt le ronger. « Parle pour toi, mh. » Orson sourit, Aedhan avait avoué plus tôt être accro à lui. Enfin, l’amour les rendait si niais, ç’en était effrayant. Orson avait changé à ce niveau-là, énormément. Peut-être qu’il aurait dû écouter son cousin quand il lui disait qu’il serait pareil quand ça lui arrivera, parce que finalement, ça lui arrivait. Il était tombé amoureux sans pouvoir faire quoi que ce soit contre ça et Aedhan était tombé dans le même piège, lui aussi. Ils espéraient certainement tous les deux que tout se passe bien tout en sachant qu’ils devraient s’accrocher, car il y aura des vagues.

Et c’est justement à l’idée de tout foutre en l’air qu’Orson se renfrogna. Il roula sur le côté et fixa le plafond d’un air songeur. Il n’avait aucune envie de lui faire du mal mais il ne pouvait pas prédire l’avenir. Peut-être qu’il le blesserait même sans le vouloir, même s’il tentait de toutes ses forces de l’éviter. Aedhan fut perplexe de le voir s’éloigner d’un coup. En sentant son bras l’attirer contre lui de nouveau, Orson se blottit contre lui et soupira doucement en écoutant ses mots. C’était rassurant de se dire qu’il pouvait compter sur lui. Aedhan semblait être parfait dans ces moments-là, mais Orson savait qu’il était tout aussi inquiet que lui. « Mh … Tu me rends déjà dingue maintenant alors si tu comptes faire mieux je me demande ce que ça sera plus tard. » Nul doute qu’il ne puisse plus dormir sans lui, à ce rythme-là. Aedhan lui fit quelques propositions alléchantes et Orson fut content qu’il se soucie assez de lui pour l’accompagner même à la recherche de sa mémoire. Aedhan l’entraînait à le faire, si bien qu’Orson ne pouvait pas refuser. « T’es convaincant quand tu t’y mets. On fouille, on prend une douche et on se câline ? » Proposa-t-il dans l’idée de faire toutes ces choses. Ils avaient le temps, de toute façon. Il releva son regard sur lui et lui vola un doux baiser. « Merci chaton ... »

Orson rit aux mots d’Aedhan. Il avait beau avoir une autre vision de l’amour mais le mariage, ça n’était pas pour lui, il en était persuadé. Peut-être un jour, sous l’envie d’Aedhan, mais il était bien trop tôt pour en parler. Orson savait bien que c’était une plaisanterie. « Tout ça ? Eh ben ! T’as du courage. Mais je crois que ça va être plus facile que tu ne le penses. » Orson était déjà accro à Aedhan alors le faire craquer davantage serait forcément un jeu d’enfant. Il ne serait pas difficile, tant que c’est Aedhan. Il ne demandait déjà que lui et il savait que passer une nuit ensemble allait les rapprocher. Peut-être que ses cauchemars cesseraient même. Pour le moment il ne s’était pas passé une seule nuit sans cauchemar, mais la présence d’Aedhan soulageait Orson. Il était donc fort possible qu’il l’apaise suffisamment pour qu’il dorme enfin correctement, ne serait-ce que le temps d’une nuit.

La proposition de son petit copain était tentante. Surtout la partie douche et câlins sous la couette. Mais il fallait bien qu’il cherche un peu dans son appartement même si ce n’était pas la raison pour laquelle il était ici avec lui. Il lui était grandement reconnaissant de prendre soin de lui ainsi, car Aedhan lui faisait un bien pas possible. Il sourit à ses mots, et encore une fois, il rit avant de répondre à son baiser. « Me tente pas ! J’aime bien quand tu te laisses déconcentrer. » Il le remercia pour ses vêtements et les enfila plus ou moins rapidement. « Oui, bien sûr. J’ai rien à cacher … Enfin je crois. Et puis ça fait double chance de trouver quelque chose. » De toute façon, Orson n’avait jamais rien eu à cacher, même dans son ancienne vie. Il n’aimait pas les mensonges et appréciait toujours être transparent aux yeux de ses proches. Orson se mit à fouiller en premier sa table de chevet avec plus de soin que quelques minutes plus tôt. Il passa en revue sa penderie, sa commode et regarda ensuite Aedhan. « Je vais aller voir dans le bureau … J’ai l’impression qu’il n’y aura rien, ici. » En effet, il ne trouvera rien puisque toutes les choses intéressantes étaient plutôt rangées dans son bureau. Il attendit donc Aedhan avant d’y aller. Il avait déjà visité la pièce en arrivant mais ça lui faisait quand même quelque chose d’y aller pour fouiller. En premier lieu, il regarda tout ce qui se trouvait sur son bureau, dans les tiroirs. Il fut tenté d’allumer son ordinateur mais il ne se souvenait pas du mot de passe. Les écrits qui étaient éparpillés ça et là sur le bureau étaient principalement des notes pour son roman mais il y avait également quelques nouvelles. En s’asseyant sur son fauteuil, Orson trouva un carnet qu’il ouvrit. Il s’agissait d’une sorte de journal qu’il semblait tenir auparavant. Il le feuilleta rapidement jusqu’à tomber sur une photo de lui. Il était assis à un bar tenant une bière dans sa main, une cigarette dans l’autre. L’environnement semblait être différent de celui de Bowen. Il prit le temps de la regarder quelques secondes et un nom lui vint en tête. « Eh … Mais … C’était à Brisbane, ça … »

Le hasard avait fait qu'Orson se souvienne de la ville où la photo avait été prise. Pour autant, rien d'autre ne lui venait. Seulement le nom de cette ville. C'était peut-être pas grand chose mais c'était quand même quelque chose. Orson fut convaincu à ce moment précis que sa mémoire reviendrait tôt ou tard. Et il se rendit compte également que c'était lorsqu'il ne forçait pas les choses que ça lui revenait. Plus il se mettait la pression, moins il y arrivait. En compagnie d'Aedhan, il n'avait rien à craindre. Celui-ci lui avait donné le choix de chercher ou pas, il savait combien ça pouvait être compliqué pour Orson et ne le forçait pas. C'est dans des moments comme ça qu'il se sentait le mieux. Alors quand il vint près de lui, Orson releva son regard sur lui et lui sourit. « Juste le nom de la ville. Mais c'est déjà bien, non ? » Il posa la photo sur le bureau et ses mains sur celles de son amoureux. Son baiser fut des plus encourageant et Orson posa son regard sur la photo en écoutant ses paroles. Un fin sourire espiègle étira ses lèvres. « Ah, tu me draguais déjà en ce temps-là ? J'ai hâte de m'en souvenir pour te charrier avec ça. »

Le fait qu'il lui dise qu'ils étaient sur la bonne voie aussi était encourageant. Aedhan faisait un soutien parfait pour Orson. Sans le forcer, il trouvait des points positifs à chaque fois qu'Orson tentait de se souvenir de quoi que ce soit. Et puis, il lui faisait beaucoup de bien. Outre sa perte de mémoire, Orson savait qu'il pourrait compter sur lui à tout moment, qu'il serait toujours là pour le soutenir. Qu'il serait là dans les bons comme dans les mauvais moments. C'était peut-être ça qu'il attendait sans faire de recherches auparavant. Quand il lui suggera de mettre un peu de musique, Orson eut un sourire amusé. « Ca dépend, tu comptes me faire danser ? »

« Oh, si si moi j'ai envie de m'en souvenir. Et visiblement, c'étaient pas que des compliments vu que tu te souviens du T-shirt que je portais. Avoue, tu m'as dans ton viseur depuis un bon bout de temps ! » Il le charriait mais ça lui plaisait bien, qu'il l'ait dragué avant. Peut-être parce que ça prouvait que ce n'était pas trop rapide, comme relation. C'est vrai, s'ils se tournaient autour déjà avant sans oser se toucher c'était peut-être parce qu'ils se plaisaient trop pour n'être qu'un coup d'un soir. Et c'était rassurant. Les sentiments étaient déjà enfouis avant, c'est maintenant qu'ils sont révélés. « Ouais, c'est probable. Il a l'air de tout connaître sur moi alors ... » Ce n'était pas un reproche, mais ça n'était pas un compliment non plus. Daemon prenait beaucoup de place depuis l'accident et il poussait son cousin parfois un peu trop. Orson soupira à penser à lui, ça ne l'amusait pas du tout, tout ça. Mais il l'aimait aussi, son cousin. Alors il le supportait, même si parfois c'était difficile.

L'écrivain observa le CD de loin et il lui sembla reconnaître le disque de Daemon. C'était en tout cas la maquette qui lui mettait la puce à l'oreille, puisqu'elle avait été créée pour Orson et seulement pour lui, à partir d'une photo d'eux deux. « Tu risques rien, c'est le disque de mon cousin. Mais j'aimerais bien te voir danser sur de l'électro pour voir ! On pourrait aller faire la fête un de ces jours, tous les deux. » Oh que oui, ça lui plairait de sortir avec Aedhan. Il pourrait enfin profiter pleinement de ses soirées, sauf qu'il ne savait pas encore qu'Aedhan avait eu des problèmes avec l'alcool et qu'il évitait ces soirées comme la peste. Il n'était pas près de le savoir, d'ailleurs. Mais ça n'était plus qu'un détail futile, maintenant. Lorsqu'Aedhan tendit sa main à Orson, ce dernier l'attrapa et se releva avec un grand sourire. Il était tout le contraire de son copain : il savait danser sur de l'électro et autres trucs, mais les slows, ce n'était pas tout à fait sa tasse de thé. Mais ça ne devait pas être bien compliqué, il suffirait qu'il se balance d'un pied à l'autre et Aedhan mènerait aisément la danse. « Avec plaisir, chaton. »

« Je savais pas que t’avais des problèmes d’argent … » En même temps, il aurait dû s’en douter. Un vendeur de BD ne gagne certainement pas suffisamment d’argent pour ne pas avoir de problèmes. Pourtant, ça n’était pas venu à l’esprit d’Orson parce qu’Aedhan était bourré de talent. Il avait un don fabuleux en ce qui concerne le dessin, il l’avait constaté dès qu’il avait vu ses couvertures. « C’était quoi comme commentaire ? Je veux tout savoir ! » Aedhan ne faisait que confirmer l’hypothèse d’Orson, qu’il lui avait aussi plu depuis leur rencontre mais qu’ils n’avaient jamais osé se l’avouer réellement. Et tout ça, à cause de la vision de l’amour d’Orson. C’était stupide dans un sens mais dans l’autre, ça ne pouvait pas se passer mieux que ça. « Ben … Aussi surprenant que ça puisse paraître, moi aussi. Mais je crois qu’on a déjà la réponse. En vrai, c’était juste qu’une question de temps … Pas vrai ? » Certainement qu’il aurait dû se battre tout pareil pour le convaincre d’être avec lui, peut-être même un peu plus … Ca aurait pris beaucoup de temps. Mais au fond, Orson savait que ça les aurait menés exactement au même point qu’aujourd’hui. « Pour le moment tu t’en sors plutôt bien Aedhan. » Il lui adressa un sourire tendre.

Visiblement, Aedhan n’était pas très fan de musique électro. Sa réponse fit rire Orson, ça l’amusait de le voir lui refuser quelque chose qu’il n’exigeait même pas. Il tâtait un peu ses limites histoire de voir jusqu’où il pourrait aller. « Oh moi aussi j’aime beaucoup les soirées rien qu’avec toi. Mais tu faisais quoi avant ? » Orson était curieux de savoir quels endroits il avait tendance à fréquenter. Mais à l’entendre, il avait l’impression qu’il ne sortait pas des masses … C’était même étrange du point de vue d’Orson. Il avait toujours vécu en faisant la fête ou en sortant avec des potes dans les bars pour s’enfuir de la réalité, alors il avait du mal à imaginer qu’on puisse ne pas sortir du tout. M’enfin, pour le moment, il était trop occupé à accepter la danse d’Aedhan pour se poser des questions là-dessus. Il passa ses bras autour de son cou et plongea son regard dans le sien en se laissant aller à une danse, souriant au compliment d’Aedhan. « Ah oui ? C’est parce que c’est toi qui mènes la danse. » Il se colla contre lui et posa sa tête contre son épaule en soupirant de contentement. « Mh … Mon chaton. Me lâche pas hein ? »

Il y avait de bons côtés à la situation d'Aedhan parce que, premièrement, il faisait toujours ce qu'il aimait et secondement, il méritait son argent. Orson en avait beaucoup, certes, mais c'était surtout grâce à ses parents. Il espérait pouvoir un jour s'assumer tout seul sans avoir besoin de ses parents pour le gérer. C'est pour ça qu'il admirait Aedhan. Enfin, il ne l'admirait pas seulement pour ça évidemment mais ce côté lui plaisait beaucoup. En réalité, il aurait aimé être comme lui, dans un sens. Même s'il aimait ce qu'il était aussi. « Tu me fais une démo ? » Un large sourire étira ses lèvres. Bon, c'était plus une plaisanterie qu'autre chose, voir Aedhan bégayer n'était pas la principale chose qu'il voulait voir. En fait, il cherchait plus à ce qu'il le drague mais il ne le forcerait pas non plus. « Oh ... » Il était un peu vexé par cette réponse, il en attendait une toute autre ... Mais il savait aussi que sa réputation le suivait. Et qu'elle était vraie, surtout. Son point de vue n'était plus du tout objectif puisque désormais, il l'aimait et l'assumait haut et fort, ce qui n'aurait certainement pas été le cas avant.

Orson fronça les sourcils à sa prochaine réponse. Pas parce qu'il ne sortait pas, mais surtout à cause de l'ex d'Aedhan. « Qu'est-ce qui est arrivé avec ton ex ? Il a l'air possessif, c'est pas cool, ça. » Sans le connaître, Orson en voulait déjà à son ex parce qu'il sait qu'il a fait beaucoup de mal à Aedhan. Et de ce qu'il en dit, il en reste encore aujourd'hui des balafres. Sa question avait été guidée par sa curiosité mais il sentait bien qu'il n'allait pas du tout apprécier la réponse. Pour autant, il voulait vraiment savoir. Et puis, avec le discours d'Aedhan, il eut une autre question en tête. « Tu m'as déjà dessiné ? » Une interrogation beaucoup plus légère à laquelle il espérait qu'Aedhan lui réponde avec franchise. S'il l'avait déjà dessiné, nul doute qu'Orson voudrait voir ça. Même s'il savait que son domaine à lui, c'était plutôt les BDs et pas les portraits. Mais qui sait, il l'a peut-être imaginé en super-héros !

« Bah, je compte rester longtemps avec toi alors j'ai pas l'intention de t'abimer ! » dit-il avec un petit rire. Et il ne mentait pas, il comptait bien prendre soin de lui tout autant qu'Aedhan le faisait, peut-être même plus. Cependant, même si Aedhan semblait montrer tout le contraire, il avait cette peur qu'il ne pouvait contrôler qu'il l'abandonne un jour. C'était cette peur exactement qui faisait partie du sentiment amoureux. Une belle preuve en soi, donc. « Mh ... J'veux pas te faire peur et je suis très loin de parler mariage mais il n'est pas méchant et je suis sûr que dès que tu l'auras rencontré, tu feras partie de la famille. » Il n'avait aucun doute là-dessus. S'il ne connaissait plus son cousin, de ce qu'il avait pu en voir depuis son réveil, il n'était qu'un gros nounours qui se transformait peut-être en cerbère pour protéger Orson mais qui ne faisait que grogner. Aedhan n'avait pas à avoir peur de lui mais il pouvait comprendre sa crainte. Ce serait pareil s'il devait rencontrer un membre de la famille d'Aedhan. « Non ... Je suis un peu fatigué. On peut prendre une douche et aller se câliner sous la couette ? »