lennox ∇ will you marry... wait, no, merry christmas my love

Lennox avait vu juste en se disant que d’une manière ou d’une autre, ce serait Roxy. Le norvégien avait des étoiles dans les yeux quand il parlait d’elle, à tel point qu’au final c’était peut-être le trentenaire qui aurait dû être un peu jaloux de son propre cadeau de Noël. Andreas le remercia et le couvrit d’amour pour ses paroles, ce qui lui soutira quelques rires en le voyant en plus vanter Roxy. Quand Andreas parla d’une cage et du fait qu’il ne voulait pas que la chienne vive dans une cage, ici, Lennox ne put s’empêcher de penser à tout ce que cela pouvait impliquer au niveau du mobilier. Après tout, c’était chose connu que les chiots pouvaient gruger les meubles, pisser sur les planchers, démantibuler des coussins ou des jetées. Et si en plus ils lui laissaient le terrain de jeux complètement ouvert la nuit, pendant qu’eux dormaient … « On peut essayer une première nuit, voir si elle reste sage … » Puis, il parla justement de tout ce qu’ils allaient devoir prévoir pour éviter le plus possible que leur logement devienne un chantier de guerre. Lennox n’avait pas envie de rentrer à tous les soirs et de découvrir un objet de plus abîmé par Roxy, parce que même s’il lui pardonnerait rapidement en raison de ses beaux yeux et de sa tête touffue, il ne voulait quand même pas devoir faire une croix sur son mobilier soigneusement choisi. Andreas semblait le comprendre, ça, même s’il n’aurait peut-être pas été aussi strict que Lennox là-dessus. « Ouais, on demandera. Je suis prêt à payer un peu plus pour des jouets si c’est pour épargner le reste de l’appart. » Il esquissa un sourire. Après tout, ce n’était plus secret que Lennox avait pu avoir des goûts relativement luxueux quand il était venu le temps de garnir un peu son condo. L’endroit lui-même était assez huppé dans son genre. Dépenser quelques sous de plus pour des jouets n’était certainement rien à côté du prix de ses meubles, donc. N’allez pas croire que le notaire était incapable de laisser-aller, toutefois. Son cadeau de Noël pour Andreas laissait d’ailleurs savoir qu’il était prêt à peu à peu s’ouvrir à l’inconnu. Des cours de cuisine en groupe, de quoi fait fuir l’ancien Lennox, oui. Andreas semblait heureux et touché, ce qui ne pouvait que consoler le notaire qui avait eu bien des doutes sur ce cadeau. Andreas lui offrit un autre cadeau, une belle gourmette qu’il proposa de mettre à Lennox maintenant. « Oui, s’il-te-plaît. » Il lui tendit son poignet et ajusta la gourmette afin que la petite inscription soit vers le haut, à la vue de tous. Il sourit en la regardant. « Elle est parfaite. Tu es parfait. » Avait-il ajouté en levant les yeux vers son amoureux qui, pour couronner le tout, lui offrit de compléter le cadeau selon trois choix. Choix que Lennox n’arriverait certainement pas à faire ! « Terminons vite de ranger la table, alors … » Les assiettes et les plats sales, l’enveloppe déchirée, les chandelles allumées. Puis, Lennox fronça légèrement les sourcils. « Oh et puis, on s’en fout, on fera ça demain matin ! » C’était Noël après tout, ils n’allaient quand même pas passer une heure à frotter des casseroles dans l’évier. Bien mieux que ça les attendait, ou plutôt … attendait Lennox.

Il était vrai que d’adopter un chiot et avoir la liberté de l’éduquer comme bon leur semblait avait un avantage. Se retrouver avec un chien élevé par d’autres, selon d’autres règles et d’autres visions, ça n’irait certainement pas à Lennox. Ce n’était plus une surprise maintenant pour Andreas : son petit ami était un homme qui avait un mode de vie assez strict, structuré, encadré, et si on venait changer le moindre détail à sa routine, une sorte d’angoisse existentielle en découlait. Ce n’était pas pour rien que l’arrivée d’Andreas dans la vie du notaire avait tout chamboulé, tout basculé. Il ne représentait en rien ce qu’il s’était imaginé pour sa vie et pourtant, maintenant, rien n’avait autant de sens que leur amour. Au final, ça avait peut-être toujours été ça, le problème de Lennox. Son incapacité à s’abandonner, sa nécessité de vivre une vie déjà toute écrite sans jamais s’écarter de la trame. Il s’en était rendu malheureux, à force, et quand Andreas l’avait tiré dans une toute autre direction, il lui avait du même coup redonné vie. « Je voudrais bien t’y accompagner, ouais. Comme ça, Roxy nous écoutera tous les deux. » Il esquissa un sourire. Si Andreas se rendait seul aux cours et aux stages, forcément le chien ne le verrait que lui comme une figure d’autorité, alors que Lennox savait fort bien qu’il voudrait lui aussi se faire écouter quand viendrait le temps de gronder ou d’éduquer. Le norvégien devait bien sentir l’importance que son amoureux portait à tout cela, pour les mauvaises raisons sans doute, des raisons matérielles et insignifiantes. Il le lui fit d’ailleurs remarquer, ce qui vexa tout légèrement Lennox. Il n’en laissa rien paraître dans son regard toutefois, ne voulant pas faire toute une histoire pour si peu, le soir de Noël. « J’sais bien. Mais j’ai aménagé moi-même ce logement, ça a été le premier endroit où j’ai vraiment eu l’impression d’être chez moi, alors … » Il haussa les épaules. « Je sais pas. » Son attachement était sans doute motivé par des raisons plus profondes qu’il ne l’avait laissé savoir jusqu’à maintenant. Pour ce soir toutefois, il avait assez insisté là-dessus alors il osa même affirmer qu’ils pourraient faire le ménage demain. Ce n’était pas dans ses habitudes de laisser traîner la vaisselle toute une nuit sur le comptoir, débordant de l’évier. Il ne montait habituellement jamais dormir avant que le rez-de-chaussée ne soit complètement rangé. Mais la proposition d’Andreas ne lui permettait pas d’avoir la concentration et le courage nécessaires à un tel travail, encore moins le soir de Noël. Ils se levèrent alors pour passer à ce programme un peu plus relaxant de la soirée. « J’vais dire le massage en premier, parce que si je vote pour le strip-tease, clairement, le massage va être rapidement oublié. » Parce qu’il aurait trop envie de son homme, parce qu’il ne pourrait même pas envisager de se montrer patient une seconde de plus après avoir vu l’ambulancier s’offrir à lui de cette manière.

Il se rendait bien compte à quel point ses réticences étaient idiotes, Lennox. Même si ça avait de l’importance pour lui, même si ça lui tiendrait à cœur encore un moment et qu’il ferait tout pour que l’arrivée de ce chien ne déconstruise pas trop ce dans quoi il avait mi tellement de cœur. Il savait fort bien que malgré tout ça, ces raisons n’étaient pas justifiées, pas vraiment. Alors quand Andreas ajouta qu’il pouvait toujours refuser, qu’ils pouvaient opter pour un chat à la place, Lennox secoua la tête. Il posa sa main sur celle du norvégien. « Non, non … je veux de ce chien, avec toi. J’vois bien à quel point t’en as envie et j’en ai envie aussi, très sincèrement. J’devrai m’adapter, c’est tout. » Il haussa les épaules. Était-ce vraiment tout ? Était-ce un simple détail que Lennox arriverait à balayer du revers de la main avec le temps ? Il était encore trop tôt pour le dire, mais il ferait bien des efforts pour ne pas se montrer trop strict. Et puis de toute façon, quand ils auraient Roxy chez eux, ils ne pourraient plus faire marche-arrière et Lennox aurait à changer. Ce n’était pas si mal. Il y avait longtemps déjà qu’il voulait changer, et si ça devait commencer par son attachement à ce qui était matériel et insignifiant, alors soit. Après avoir convenu de l’arrivée de Roxy, Andreas passa au prochain cadeau qui se présentait sous trois volets, et c’est Lennox qui en détermina l’ordre. Ils montèrent à la chambre pour s’installer sur le lit, tamisant les lumières, s’offrant une ambiance douce et relaxante … un peu sensuelle, aussi, encore plus lorsqu’Andy réchauffa l’huile dans ses mains avant de déposer ses paumes glissantes sur son dos. Lennox ferma les yeux, ça n’était certes pas la première fois que son homme se montrait autant aux petits soins mais il en appréciait à chaque fois toutes les secondes. Il sourit, la tête dans l’oreiller, quand l’ambulancier mentionna que ses deux autres gâteries n’avaient pas de date de péremption, si jamais il s’endormait. Il était vrai que Lennox avait passé la journée à se faire aller la tête dans mille et un scénarios, et que maintenant que le stress retombait, la fatigue prenait toute la place. Mais il était aussi bien impatient pour le reste. « J’vais quand même essayer de me garder l’énergie … » Et pourtant, dix minutes plus tard, on l’entendait déjà discrètement ronfler sur son oreiller …