(18+) we are infinite as the universe we hold inside (aisling)

Aisling gardait ses yeux bleus plongés dans les siens. Elle essayait de le déchiffrer, de comprendre ce à quoi il était entrain de réfléchir. Et puis, il lui retourna la question, en quelque sorte. Ce qu'elle voulait ? En voilà une question. Est-ce que pour une fois dans sa vie Aisling allait savoir exprimer ce qu'elle ressentait et ce qu'elle désirait ? Ce serait bien une première. Mais pour ne pas perdre ce qu'elle avait avec Isaiah, elle était bien capable de faire un effort. Baissant un instant le regard, elle fouilla dans son esprit pour mettre des mots sur ce qu'elle ressentait.

-Ce que je veux, c'est être avec toi, je veux pas te perdre et...

Elle prit une grande respiration, remuer ses douleur enfouies ne lui faisait pas du bien.

-Toutes mes relations précédentes ont été une véritable catastrophe.

Se rapprochant doucement de lui, elle appuya son front contre le sien.

-Je pense que la seule solution pour que ça marche, c'est que pour une fois dans ma vie j'arrive à être... fidèle. Et je crèverais clairement de jalousie si tu couchais avec d'autres femmes mais si c'est ce que tu préfères et bah, je m'y opposerais pas.

C’était plus facile de lui renvoyer la balle que d’avoir à se plonger dans des réponses qu’il ne savait pas si elle voulait les entendre. Signe que cette conversation avait bel et bien lieu d’être, au fond, puisqu’Isaiah n’avait absolument aucune idée de ce qui se passait dans la tête d’Aisling, et elle dans sa tête à lui. Ils se redressèrent tous les deux, plongeant leur regard dans celui de l’autre, prêts à s’ouvrir, prêts à envisager les possibilités, même celles qui faisaient le plus peur. Même celles qui requéraient qu’ils s’abandonnent véritablement l’un à l’autre dans une chute libre qui pouvait à la fois s’avérer grandiose ou fatale. Il l’écouta, sans l’interrompre, la laissant verbaliser sa pensée parce qu’il savait à quel point cela pouvait être difficile. Il hocha la tête doucement alors que leurs fronts étaient posés l’un contre l’autre, quand elle lui avoua que le seul moyen pour que ça fonctionne, pour qu’ils fonctionnent, c’était qu’elle lui soit fidèle. « J’préférerais que tu ne crèves pas de jalousie, en toute vérité. » Dit-il avec un sourire légèrement amusé, surtout parce qu’il connaissait la suite de sa pensée. Et que ça impliquait que ce qu’ils étaient maintenant devienne un peu plus concret. « Alors on fait comme ça. On est … fidèles. On est … » Et il fit un signe de guillemets avec ses doigts, de chaque côté d’Aisling. « Exclusifs. » Il esquissa un sourire avant de l’embrasser, puis soupira tout légèrement, un soupir de bien-être, avant d’ajouter : « Toi et moi, on a toujours été dans une relation, en quelque sorte. Ça fait plus de deux ans qu’on se connaît, ça fait plus de deux ans qu’on apprend à se comprendre, à se parler. Y’a aucune raison pour que ça devienne une véritable catastrophe maintenant. »

Elle eut un léger sourire en coin alors qu'il disait préférer qu'elle ne crève pas de jalousie. Pourquoi ? Il avait la moindre idée de ce qu'elle avait l'air jalouse ? C'est vrai que ce n'était pas forcément très beau à voir... Elle était sanguine, Aisling. Et rancunière aussi, particulièrement mauvaise et.. Ouais, elle serait infecte, jalouse.

-Tu as peur que je commette un meurtre ?

Elle sourit de nouveau alors qu'il finit par mettre des mots. Exclusifs. Ça faisait un peu.. commercial. Mais cette pensée amusa plus Aisling qu'autre chose. Elle répondit tendrement à son baiser avant de venir enlacer ses doigts dans les siens.

-On dirait que tu ne me connais pas.

Elle embrassa tendrement son cou.

-J'ai un don certain pour foutre en l'air mon bonheur, et celui des autres.

Et Isaiah était sans aucun doute la personne qui lui avait apporté le plus de bonheur depuis son arrivée à Bowen. Elle ne voulait pas risquer de le perdre, pour rien au monde.

Il eut un rire, Isaiah, ce n’était pas à ça qu’il avait songé, mais en même temps il n’avait pas trop mal à imaginer Aisling dans cette situation. Il savait qu’elle ne ferait pas une telle chose, mais à voir comment elle pouvait le fusiller lui du regard, parfois, quand il disait une connerie, alors il appréhendait ce que ce serait pour quelque chose d’un peu plus grave. « J’pensais plutôt au fait que crever de jalousie implique que tu crèves, mais ton interprétation est valable aussi. » Affirma-t-il dans un sourire amusé, un léger rire s’échappant d’entre ses lèvres. S’ils avaient eu peur que cet acte d’amour change quoi que ce soit entre eux, ils avaient la preuve qu’ils restaient eux-mêmes malgré tout. Pour le moment du moins. Isaiah mit finalement les mots fidélité et exclusivité sur leur relation, même si ça n’avait jamais été son genre de mettre un tel cadre à ses sentiments. Il aurait été prêt à se mettre pas mal d’étiquettes, pour Aisling. Leurs doigts s’entrelacèrent alors que la blonde lui disait qu’il ne semblait pas la connaître. Peut-être pas en tout point, certes, peut-on réellement connaître quelqu’un au complet, un jour ? Isaiah n’avait même pas l’impression de se connaître lui-même pleinement, alors il ne s’attendait pas à apprendre par cœur Aisling. Mais il pouvait affirmer qu’elle était parmi les personnes qu’il connaissait le mieux sur toute cette planète. « J’peux dire la même chose, tu sais. » Qu’en disant cela, elle donnait l’impression de ne pas le connaître lui. « J’ai un don certain pour le partager, mon bonheur, le rendre contagieux, et ne pas le laisser s’volatiliser facilement. » Il esquissa un sourire tout en se penchant doucement vers Aisling pour lui voler un doux baiser. « Fais-nous confiance. » Murmura-t-il.  

Aisling esquissa un sourie alors qu'il lui dit qu'il lui dit que ce qui l'inquiétait c'était plutôt qu'elle meurt. Amusée, elle l'embrassa tendrement sur la joue avant de souffler.

-Certes.

Isaiah était la seule personne avec qui elle s'était vraiment autorisé des gestes d'affection dans cette ville, à commencer par les câlins. Alors il était presque naturel pour elle de se laisser aller à ces moments de tendresse. Elle hocha doucement la tête alors qu'il lui fit remarquer que si elle avait tendance à détruire son bonheur, lui savait le partager. Il n'avait pas tort. L'éternel optimisme d'Isaiah venait toujours se heurter à son pessimisme à elle.

-C'est vrai...

Elle sourit à son baiser avant de lever ses yeux bleus vers lui.

-Je vais essayer.

Même si c'était difficile pour elle, Isaiah était la personne la plus susceptible de la faire lâcher prise. La blonde se redressa, attrapant le drap qui les séparait de Siobhan avant de venir se lover contre Isaiah, les enroulant dedans. Elle ferma les yeux. Ce moment lui faisait un bien incroyable, et, au fond, elle commençait déjà à avoir peur de devenir dépendante de lui. Si c'était possible qu'elle le soit plus qu'elle ne l'était déjà.

-Bonne nuit.

Il était content, Isaiah, qu’Aisling ne montre pas davantage de résistance. Ni l’un ni l’autre ne pouvait deviner de quoi était fait demain, et toutes les journées ensuite, mais entre laisser l’espoir l’habiter ou laisser le doute le submerger alors qu’ils venaient à peine de se lancer, Isaiah préférait profiter de la vue qu’offrait la chute. Qui sait ce qui les attendait à la fin. Un éternel optimiste, c’était effectivement ce qu’était l’ébéniste, et jusqu’à maintenant il avait à peu près réussi à convaincre Aisling que tout n’était pas noir, que tout n’était pas voué à l’échec sans même donner sa chance à la vie. « Merci. » Souffla-t-il tout simplement quand elle lui affirma qu’elle allait essayer. Ça lui suffisait, ça, à Isaiah. Il n’attendait pas d’elle des promesses ou une certitude inébranlable. Il voulait juste qu’elle leur fasse un peu plus confiance. La blonde détacha le drap du plafond sans trop de mal, parce qu’il fallait avouer que l’installation d’Isaiah laissait à désirer, mais l’objectif avait été rempli. Elle les enroula à l’intérieur du fin tissu et vint se blottir à nouveau contre lui. « Bonne nuit, Aisling. » Répondit-il avec un sourire avant de passer son bras autour d’elle et de poser sa tête plus confortablement sur l’oreiller qu’ils partageaient. Il faudrait maintenant songer à aménager l’endroit pour deux personnes. Trois, même, malgré que pour le moment, Siobhan était assez bien en place. 

TERMINÉ