maybe you still have a place for an old friend (august)

Ils s’ouvraient l’un à l’autre, August sur son triste présent, Alfie sur son difficile passé, comme s’ils avaient toujours eu ce genre de relation. Comme s’ils avaient toujours eu cette belle ouverture. Pourtant, tous les deux étaient davantage axés sur les plaisanteries, sur les sous-entendus espiègles ou déplacés. C’était là-dessus que s’était basée leur amitié, et c’était là-dessus qu’elle continuait d’évoluer. Visiblement, August et Alfie en étaient à un tout nouveau tournant et, pour être bien honnête, l’ancien professeur d’histoire était plutôt agréablement surpris du résultat. S’il avait parfois pu avoir l’impression de ne connaître Alfie qu’en surface alors qu’il le considérait pourtant comme son meilleur ami, il pouvait maintenant affirmer que ce qu’ils avaient allait bien plus loin que le superficiel. « C’est moins drôle si je comprends ce que tu me dis ! Tu devrais m’insulter en espagnol, et moi j’insulterai en allemand. » Il esquissa un sourire amusé. Bien sûr qu’il parlait l’allemand de manière fluide, August, il avait après tout passé toute son adolescence en Autriche. Il ne le perdrait pas aussi rapidement, même si clairement il le pratiquait beaucoup moins qu’avant. Quelques insultes bien placées, ça ne s’oublie jamais. Alfie continua à parler de sa relation avec ses parents, parlant de ses retrouvailles avec sa mère comme si l’habitude d’y faire face pouvait faire en sorte que ça ne fasse plus mal, à présent. August se permit d’en douter, d’émettre ses doutes même à cet égard. Le trentenaire hocha la tête à la réponse de son ami. Il n’avait pas besoin d’en dire plus que ça, Alfie. « Si ça fonctionne pour toi … » Et il ne disait cela avec aucune pointe de méchanceté, de remise en question ou de sarcasme. Si le déni - ou peu importe comment on pouvait appeler ce mécanisme psychologique – fonctionnait pour Alfie, que ça l’aidait à aller mieux, à aller de l’avant, alors tant mieux. Mais il était le seul à savoir vraiment si ça fonctionnait ou pas. August, lui, ne pourrait sans doute pas se convaincre d’aller bien quand tout s’effondrait, on verrait trop facilement en lui, et lui-même ne se voilerait pas assez bien la face. Alors il trouvait refuge ailleurs. Ici, par exemple. Et dans les histoires des autres, comme celle d’Alfie et de Ruby. « C’est pas ridicule du tout. » Il secoua la tête avec un sourire. « C’est comme ça qu’on le sait. Ce quelque chose. C’est comme ça qu’on sait que ça peut être bien plus grand qu’on se l’imagine. » Il parlait d’amour, August, sans mettre de mot sur le sentiment, pour ne pas qu’Alfie prenne la poudre d’escampette. Mais au fond, quand on regardait dans les yeux d’Alfie quand il parlait de Ruby, il y avait cette lueur. Ce quelque chose.