let's talk about tomorrow (tahlia)

Avec son passif, jamais Alfie n'aurait cru qu'il puisse se lier d'amitié avec une flic. Ça a toujours été un sujet qu'il évitait d'aborder lorsque Tahlia se trouvait dans les alentours, même si il ne s'en cachait pas vraiment. Tout le monde connaissant un minimum l'espagnol savait qu'il n'était pas du genre à passer ses soirées au calme, chez lui, à bouquiner avec une tasse de thé en guise de relaxant. Fréquemment, trop souvent même, il sortait pour consommer plus de substances illicites que son corps était capable de supporter. Une mauvaise graine, l'opposé du reste de sa famille, un type à la ramasse qui a pourtant réussi à trouver sa place auprès de personnes bien plus respectables que lui. Et puis, le temps a passé. Les verres se sont fait moins nombreux, la drogue a fini par se faire absente -presque entièrement-. Il ne sait pas si c'est réellement ça qui l'a poussé à se rapprocher un peu plus de Tahlia, ou si c'est simplement ces moments partagés en sa compagnie qui ont fini par se faire plus nombreux, et qui l'ont poussé à l'apprécier un peu plus. Non pas qu'il n'en avait rien à faire d'elle, mais la capacité d'attachement d'Alfie a tant évoluée depuis son arrivée à Bowen qu'il n'a a présent plus cette phobie de dire à quelqu'un qu'il l'apprécie. Et c'est le cas avec elle. Il lui a d'ailleurs donné rendez-vous dans le centre afin de la revoir pour la première fois après ses quatre mois d'absence, un moyen qu'il a trouvé pour renouer avec ces êtres qui ont pendant plus de trois ans fait partie de sa vie. Il la repère assise sur un banc et s'approche tandis que, face à lui, le soleil commence petit à petit son ascension vers la ligne formée par l'horizon. « Agent Wates, » dit-il avant de prendre appui sur le banc, juste à cote d'elle. « Rassure-moi, c'est bien comme ça qu'on dit ? Y a pas une nouvelle règle de féministe qui pousse à dire "agente" ? » L'air sceptique sur son visage laisse rapidement place à un grand sourire. Il est ravi de la revoir, et il a l'impression qu'elle n'a pas changé à travers les années. Pour une fois qu'il n'a pas le sentiment que Bowen s'est totalement transformé en seulement quatre mois, ce sentiment de familiarité lui est des plus agréables.

Le message que Tahlia avait reçu la veille avait immédiatement amené un sourire sur ses lèvres. Alfie était de retour à Bowen. Enfin ! Contre toute attente, elle avait rapidement accroché avec l'espagnol, alors que beaucoup de points de vue divergeaient de leur côté. Le passé du jeune homme aurait suffi à faire fuir la jeune policière, mais elle l'avait connu avant d'être flic. Sans oublier les relations de Tahlia qui montraient clairement qu'elle était sûrement la policière la plus cool de Bowen. Face à de tels travers, Tahlia avait voulu se montrer présente afin de le soutenir, et non pas jouer la moralisatrice, telle qu'elle l'avait fait avec Jackson. Et cela avait mieux fonctionné... Alfie avait fini par s'en sortir petit à petit, pour la plus grande joie de la brunette. Une fois le rendez-vous fixé, la jeune femme avait attendu avec impatience la fin de son service, afin de retrouver celui dont elle s'était attachée naturellement. Après être passée dire bonjour à ses parents - qui avaient enfin pu rouvrir leur boulangerie - Tahlia s'était dirigée sur un banc, au beau milieu de la place, alors que ses yeux verts observèrent les passants, en attendant l'arrivée d'Alfie. Elle n'eut pas à attendre longtemps pour voir le jeune homme arriver jusqu'à elle. Un rire s'échappa de ses lèvres alors qu'il l'appela par son grade : "J'ai le droit au garde-à-vous ou c'est trop demandé ?" Elle le laissa s'installer près d'elle et fit mine de réfléchir face à ses nouvelles paroles, alors qu'elle se mit à sourire de plus en plus. "Je crois que je ne suis pas assez féministe pour avoir la réponse à une telle question. Appelle-moi Tahlia... aucun risque d'erreur avec ça." Sur ces mots, elle s'approcha quand même du jeune homme et le serra dans ses bras. "ça me fait tellement plaisir de te voir !" Elle n'était pourtant pas du genre démonstrative, Tahlia, mais elle avait vu tellement de gens partir ces derniers mois, qu'elle n'avait plus envie de jouer la sauvage de service. Elle prit le temps de l'observer et ajouta : "Tu es tout beau. Le soleil espagnol te réussit, dis donc !" Ils n'avaient pas à se plaindre avec le soleil australien, mais l'Espagne, c'était le soleil, la plage, la sangria et les beaux espagnols. "Alors, comment vas-tu ? Qu'est-ce qui t'a ramené à Bowen ?" C'était bien l'une des questions qui lui brûlaient les lèvres, même si évidemment, elle était plus qu'heureuse de le voir revenir dans le coin.

De fil en aiguille, sans même qu'il ne s'en rende compte, elle l'aura aidé à décrocher de ce milieu dans lequel il se pensait prisonnier à jamais. Tahlia aura fait partie de ces quelques personnes capables du meilleur même avec le plus désespéré, de tirer Alfie vers le haut en lui faisant oublier momentanément cette vie qui le poussait autrefois à tellement consommer. Elle n'est pas la seule bien sûr, ils sont quelques uns à avoir contribué à cet avancement dans son état, mais il est clair qu'elle a été une des plus convaincantes. À sa question, Alfie se retient de rire et, à la place, secoue négativement la tête. « N'en demande pas trop quand même. » Il prend place à ses cotés tout en l'écoutant, laissant ensuite un sourire venir esquisser le coin de ses lèvres quand elle lui dit de l'appeler simplement par son prénom. « Ça me va, puis ça me donne moins l'impression de devoir rester sage à chaque fois que t'es dans les parages. » Elle s'approche de lui et, tout naturellement, Alfie lui ouvre les bras. Lui qui autrefois était contre tout signe d'affection, il a aujourd'hui du mal à refuser une étreinte de la part de ces personnes qui ont marqué sa vie. « Moi aussi ça me fait plaisir, » lui répond-il en la serrant doucement contre lui avant de la libérer, observant la peau de ses bras suite à sa remarque. « Ah ouais ? Pourtant je peux t'assurer qu'il fait caillant là-bas en ce moment ! Douze degrés à peine, t'as le soleil mais il est aussi utile qu'une photo qu'on aurait collée dans le ciel. » Un nouveau sourire amusé vient étirer un peu plus ses lèvres avant qu'elle ne lui demande comment il va et, surtout, pourquoi il est de retour. Tout en laissant son regard se perdre dans le vide, Alfie pousse un soupir. « À la base, on est venu me chercher pour que je revienne. Mais littéralement, un type d'ici a vraiment fait le trajet jusqu'à Madrid pour me traîner jusqu'ici. » Il rit faiblement avant de retrouver un semblant de sérieux, prenant appui sur le dos du banc. « Mais je crois qu'au final, il ne m'aurait pas fallu longtemps avant de rentrer. Faut croire qu'on ne peut jamais vraiment tourner le dos à Bowen. » Il laisse un silence planer entre eux durant quelques secondes, le temps pour lui de se perdre dans ses réflexions, avant de tourner la tête en direction Tahlia. « Et toi alors, quoi de neuf depuis la dernière fois ? Je serai déçu d'apprendre que tu n'avais aucun homme qui attendait désespérément de te voir ce soir et à qui j'ai volé la place. » Nouveau sourire pendant que son regard s'anime de plus en plus.

Tahlia haussa les épaules quand il secoua la tête, son sourire s'élargissant davantage sur ses lèvres, alors qu'elle répondit, sur un ton amusé : "Qui ne tente rien n'a rien, dit-on." Non vraiment, elle ne pouvait supporter ces personnes lourdes qui s'amusaient à faire le garde-à-vous, en apprenant qu'elle était flic. C'était du vu et du revu. Néanmoins, la remarque suivante du jeune espagnol la poussa à le regarder, en plissant des yeux, comme si elle le défiait. "Pas besoin d'avoir un Agent Wates pour que tu te tiennes à carreau. Je crois même que Tahlia est pire que l'Agent Wates." Voilà qu'elle se prenait pour Alain Delon en parlant d'elle à la troisième personne. Un rire vint ponctuer sa phrase, même si, pour être honnête, ses paroles étaient criantes de vérité. En tant que policière, Tahlia était intraitable quand il le fallait. Mais en tant que personne, cela était encore pire, parce qu'il y avait l'affectif qui rentrait en jeu. Et avec Alfie, cela était le cas. Cependant, le sourire qu'elle lui adressa à cet instant prouva bien qu'il n'avait pas à se soucier d'elle, qu'elle ne comptait pas guetter chacun de ses gestes. Loin de là. Ne pouvant résister davantage, elle le serra dans ses bras, en lui affirmant combien cela lui faisait plaisir de le voir. Elle sortit même les compliments en lui disant qu'il avait bonne mine. Chose à laquelle il répliqua en faisant le point sur le climat espagnol. "Ah non, je t'assure, tu es blanc comme un cul. L'Australie va te redonner un teint halé, très cher. Mais je trouve que tu as bonne mine." Il était souriant, comme s'il était vraiment heureux d'être de retour ici. D'ailleurs, son retour était le sujet de conversation qu'il ne fallait pas rater. Tahlia haussa les sourcils quand il lui affirma qu'un homme était venu le chercher à Madrid. "Ah ouais ? Qui ça ? Il devait vraiment avoir besoin de toi pour ne pas se contenter d'un Skype ?" Mais c'était un acte touchant, il fallait l'avouer. Sa dernière phrase la fit rebondir, évidemment. "On te manquait trop, c'est ça ?" demanda-t-elle avec malice, se demandant pourquoi il préférait tant la paisibilité de Bowen à la folie madrilène. Alors qu'il lui retourna la question, Tahlia haussa les épaules, prête à répondre que sa vie n'était que routine, mais sa remarque arracha un sourire mystérieux à la brune. "Oh pas grand chose de neuf. Et non, je te rassure, tu n'as pas volé la place d'un homme, ce soir." Elle marqua un temps d'arrêt, comme si elle mesurait chacun de ses mots : "Disons qu'il avait beaucoup de travail, ce soir..." C'était fou le changement qu'il y avait. Tahlia semblait plus ou moins prête à parler d'Arthur.

Plutôt que de l'effrayer avec ses menaces, Tahlia a le don de le faire rire. Sa façon de parler d'elle à la troisième personne, agissant comme si elle souffrait d'un dédoublement de la personnalité à la Mr Hyde et Dr Jekyll lui tire un sourire amusé avant qu'il ne se mette à hocher docilement la tête. « Je dois avoue qu'une Tahlia est encore bien plus convaincante, » réplique-t-il pour l'avoir déjà vue hausser le ton. Les occasions ont été rares cependant, Alfie et Tahlia ont toujours eu un lien assez léger qui leur permettait de ne pas se prendre la tête à chaque fois qu'Alfie déviait du droit chemin. Elle s'est toujours montrée compréhensive envers lui, plus dans l'humour que dans la réprimande. Après une étreinte de bienvenue suivie d'une remarque sur son teint bien plus pâle qu'à l'ordinaire, il se pince les lèvres avant de hausser les épaules. Son voyage à Madrid lui a fait du bien, mais son retour à Bowen n'aura fait qu'accentuer cette extrême bonne humeur. « Je t'en remercie, » lui dit-il en réponse à sa dernière remarque, son sourire venant petit à petit se réinstaller sur ses lèvres. Il en vient à parler de CJ sans encore mentionner son prénom, réalisant trop tard que la phrase aurait pu porter à confusion. « Il n'est pas venu pour moi hein, plutôt parce que soit-disant ma présence remonterait le moral de sa copine. Bref, c'est une love story encore bien trop compliquée pour moi. » Il ne révèle toujours pas le prénom du preux chevalier, plus parce qu'il n'y pense pas que par intérêt pour lui et son histoire bancale avec Nevaeh. Lorsque Tahlia lui demande si la population de Bowen lui manquait, Alfie ne peut cacher plus longtemps ce rictus qui grandit jusqu'à lui en faire mal aux joues. « Prends pas la grosse tête, » réplique-t-il, trop fier que pour avouer qu'elle faisait belle et bien partie de ces êtres ayant laissé un vide dans son quotidien. Il ne met pas longtemps avant de s'intéresser à elle de manière détournée et, malgré son hypothèse comme quoi Tahlia ne pouvait plus être seule contrairement à lorsqu'il était parti, la réponse qu'elle lui fournit lui fait hausser un sourcil de surprise. « Et bien, Tahl' ! Est-ce que par hasard je connais l'heureux élu ? » Il la regarde en haussant les sourcils à plusieurs reprises, mais finit cependant par se redresser rapidement. « Enfin, je t'oblige pas à en parler. Juste, je peux t'offrir un verre sans risquer de me prendre un poing en plein visage demain ? » lui demande-t-il avec son habituel sourire de gamin.

La jeune femme se mit à rire quand il confirma ses paroles. "Un vrai tyran, cette Tahlia." approuva-t-elle en haussant les épaules, sourire en coin sur le bout des lèvres. Mais au fond, Alfie savait très bien comment elle agissait. Si elle ouvrait sa bouche, c'était souvent dans le but de protéger la personne en face d'elle. Devait-on vraiment la blâmer pour cela ?! Après ce petit moment de plaisanterie, Tahlia ne se gêna pas pour complimenter l'apparence d'Alfie. Bien sûr, c'était déjà un bel homme en temps normal, mais le fait de le voir afficher un si grand sourire le rendait encore plus lumineux. Il lui expliqua alors les raisons de son retour à Bowen, tenant même à ajouter quelques détails sur cet homme qui était venu le chercher. Tahlia lâcha un long soupir avant de répondre, de manière exagérée : "Ah les histoires d'amour, ça fait faire de véritables folies !" Avant d'ajouter sur un ton plus enjoué : "Mais je suis heureuse qu'il ait eu l'idée de te ramener ici..." Autant être un peu sérieuse, tout de même. Même si elle se perdait dans une routine monotone, bercée de départs, il fallait avouer que le départ d'Alfie avait quand même touché Tahlia. Alors, elle préféra s'en amuser en lui répliquant ô combien les gens de Bowen lui avaient trop manqué. La grosse tête ? Pour Tahlia ? Cette dernière secoua la tête, avant de répondre, nonchalamment : "Je ne prends jamais la grosse tête, voyons. En revanche, je ne te cache pas que j'ai les chevilles qui enflent." Décidément, ces deux-là avaient bien trop de fierté pour s'avouer qu'ils s'étaient manqués l'un et l'autre. Mais c'était ce qu'elle aimait dans cette relation. Ils pouvaient se faire passer de nombreux messages, juste avec un peu d'humour et légèreté. Si bien qu'avec lui, elle se permit de répondre à sa question concernant une éventuelle relation entre Tahlia et un homme. Elle n'en parlait que très peu, sûrement parce que cette relation l'effrayait énormément, mais avec Alfie, ce fut presque naturel. Elle se mit à rire en voyant le sourcil de l'espagnol se hausser. A force de voir les gens surpris de la voir avec quelqu'un, Tahlia commençait à se poser de sérieuses questions sur son aptitude à attirer quelqu'un. Elle haussa les épaules à la question d'Alfie. S'il connaissait Arthur ? "Hum, non, je ne crois pas..." Alors qu'il se redressa, la jeune femme le regarda avec amusement, faisant mine d'hésiter face à sa dernière question : "Je ne préfère pas te l'assurer à cent pour cent." Elle se redressa à son tour et se posta face à lui. "Mais tu te doutes bien que je ne le laisserai pas te toucher d'un poil." Même s'il affichait un énorme sourire sur les lèvres, il y avait bien une part de vérité dans ses paroles. Tahlia avait toujours fait passer ses amis avant ses copains. C'était peut-être cela qu'elle était plus souvent célibataire qu'en couple. Si Arthur voulait que cela fonctionne entre eux, il allait devoir accepter le fait que Tahlia traînait avec beaucoup de garçons, même si le jeune français ne semblait pas d'un naturel jaloux. D'un signe de la tête, elle proposa à Alfie de se diriger vers le petit bar du coin, reprenant avec une pointe de curiosité : "Et toi alors ? Tu as recommencé à faire des ravages dans le coin ?" Alfie le tombeur avait-il fait de nouvelles victimes ?!

Même si leur mode de vie respectif a été pendant un long moment drastiquement différent, ça ne leur a jamais empêché d'avoir leurs points en commun qui auront suffi à les rapprocher. Cette habitude de se taquiner mutuellement, un point de vue sur l'amour trop romantique pas particulièrement positif. À sa remarque, Alfie lève les yeux au ciel en repensant à ô combien CJ est capable de se faire passer pour un prince charmant juste pour plaire à Nevaeh. Il évite cependant de dire à Tahlia qu'il y a eu tromperie dans l'histoire, n'ayant jamais apprécié de parler des histoires des autres tout comme il n'aimerait pas qu'on parle des siennes dans son dos. « Je te le fais pas dire, c'est pas un truc qui risque de m'arriver. » Éternel anti-romantique, celui qui n'est jamais tombé amoureux. Ce qu'elle ajoute cependant surprend Alfie, positivement. Il tourne la tête vers elle et laisse un sourire venir étirer ses lèvres. « Je suis touché, » dit-il avec toujours ce même sourire, pour une fois sincère et non en train de plaisanter comme il a tant l'habitude de le faire. Mais bien vite, Tahlia arrive une nouvelle fois à le faire rire. Jamais Alfie n'a été très doué pour exprimer à haute voix ses sentiments envers une personne, qu'ils soient amicaux ou plus complexes. Il ne dira probablement jamais à Tahlia qu'il l'apprécie sincèrement, qu'il la considère depuis toujours comme une de ses plus proches amies à moins qu'ils ne se retrouvent un jour extrêmement ivres au point de faire tomber toutes ses barrières. Cependant, il est capable de le faire comprendre par ses actes, ses gestes, ses sous-entendus parfois flagrants. Son rire laisse rapidement place à son habituel sourire en coin. « Le contraire m'aurait étonné, » conclut-il finalement. Quand elle vient à mentionner cet homme qu'elle fréquente et qu'il ne connait pas selon elle, Alfie pose son menton dans le plat dans sa main et fait mine de l'écouter avec grand intérêt. Il ne garde cependant pas longtemps cette position infantile, l'espagnol s'empresse de se relever afin de proposer à Tahlia de quoi se déshydrater. « Je ferai en sorte de ne pas le rendre jaloux, promis. » Elle fait partie des inatteignables Tahlia, celles avec qui il n'y aura jamais rien de plus qu'une sincère amitié. Et puis, la savoir enfin heureuse après l'avoir vue errer dans son célibat ne peut que lui faire plaisir, à Alfie. Ils se dirigent vers le bar le plus proche et évidemment, la question inévitable sur sa vie sentimentale à lui finit par tomber durant le trajet. Ce mot qu'elle utilise, ravage, lui tire un sourire amusé. Quelle réputation il s'est créée n'empêche. « Je sais pas comment prendre ça, » dit-il en plissant légèrement les paupières, tournant son regard vers Tahlia. « Tu sais que je suis resté sans personne vachement longtemps ! Deux, trois mois, quelque chose du genre. » Il hoche la tête pour appuyer ses propos avant de reporter son attention vers le bar qui se rapproche. « Je fréquente une fille, mais je crois que c'est encore trop tôt pour que je sache ce qu'il en est. Qui sait, peut-être que pour une fois ça sera du sérieux. » Il hausse un sourcil, s'attendant à l'entendre rire à coté de lui.

Il n'y avait pas à dire, Alfie et Tahlia n'étaient pas réputés pour leur romantisme. D'ailleurs, quand l'espagnol affirma qu'il ne deviendrait jamais comme cela, la brune se permit de lui dire : "Ne t'en fais pas, je te remettrai sur le droit chemin si tu venais à dérailler." Un rire vint ponctuer sa phrase alors qu'elle lui lança un regard malicieux. Mais ses paroles suivantes, en revanche, étaient criantes de sincérité. Il y avait au moins quelque chose de positif dans cette histoire - même si Tahlia était loin de se douter qu'il s'agissait de CJ et Nevaeh, qu'elle connaissait plutôt bien, l'un étant une ancienne aventure, l'autre une copine avec qui elle partageait quelques escapades - c'était qu'Alfie était de retour à Bowen. De toute manière, même à l'autre bout du monde, Tahlia aurait fait en sorte de ne pas couper contact avec lui. Les technologies d'aujourd'hui le permettaient bien, et heureusement. Mais ne pouvant être sérieux bien longtemps, les deux amis reprirent leurs taquineries, jusqu'à ce que le sujet sensible des amourettes soit abordé. Pour le coup, Tahlia ne pouvait pas cacher l'existence d'Arthur. C'était nouveau pour elle et elle n'avait pas encore le réflexe de dire qu'elle avait un copain. Encore plus à ses amis de la gente masculine, qui n'étaient pas les mieux placés pour écouter les mièvreries d'une histoire d'amour. Avec eux, en temps normal, elle n'abordait pas le sujet, sachant pertinemment qu'il y en avait certains qui en plaisanteraient alors que d'autres développeraient un instinct de protection un peu poussé. Cependant, elle se mit à rire quand Alfie affirma qu'il ne le rendrait pas jaloux. "Je le sais bien." répondit-elle avec un sourire. Tahlia avait toujours les idées claires en ce qui concernait l'amour et l'amitié. Elle ne gâchait pas ses amitiés avec une attirance qui pouvait être passagère. Mais assez parlé d'elle. Il était temps que ce cher Afie passe à l'interrogatoire, lui aussi. Elle voulait savoir s'il avait encore fait des ravages. "Il faut que tu le prennes bien. Ce n'est pas péjoratif de faire des ravages, mon cher. Il faut en profiter tant que tu es jeune, beau et que tu as encore des cheveux." Elle avait une vision de la vieillesse peu réjouissante, n'est-ce pas. Elle leva les yeux au ciel quand il lui avoua qu'il était resté seul pendant deux-trois mois. "Deux-trois mois ?! A t'entendre, on dirait que c'est une éternité. La dernière fois, mon célibat a duré presque un an... je ne sais pas comment je dois le prendre !" Elle éclata d'un rire franc et joyeux. Et après, il osait dire qu'il ne faisait pas des ravages. Pourtant, sa dernière révélation, elle ne la vit pas venir. Il fréquentait une fille ? "Fréquenter ? Fréquenter dans le genre rencards et moments niais à deux ?" Ah Tahlia, toujours autant de tact. Mais elle reprit, plus sérieuse : "Je suis contente pour toi. Encore plus si ça devient sérieux. Tu le mériterais, Alfie... Tu l'as connu où ?" Ils arrivèrent enfin au bar, où ils s'installèrent afin de pouvoir discuter comme il le fallait.