i'm not afraid (aisran)

Elle arqua un sourcil à ses mots. Vraiment ? C'était l'impression qu'il avait ? Ouais, non, en fait, elle se contrefoutait bien de ses impressions. Il était juste contrarié qu'elle ce soit pas mise à ses pieds en le voyant de retour, ou encore qu'elle ne lui ai pas sauté au cou pour montrer sa joie de le revoir.

-Pourtant c'est pas moi qui suis devenue gaga devant un nouveau-né.

Elle n'était, d'ailleurs, pas gaga devant sa fille non plus. Elle l'aimait, oui, mais elle ne pliait pas à tous ses caprices, ne passaient pas son temps à la prendre en photo ou à crier sur tous les toits qu'elle était l'enfant la plus adorable du monde.

Aisling eut un sourire alors qu'il lui demandait si c'était un défi. Elle savait que si elle lui répondait positivement, il le prendrait au pied de la lettre, et ça ne la dérangeait absolument pas.

-Peut-être bien.

Quand il lui parle de Perry, il lui fait immédiatement remarqué qu'il ne l'a pas abandonné pour une autre. Pendant une seconde, elle se demanda s'il était vraiment apte à comprendre ce qu'elle lui disait.

-Mais il m'aurait quitté pour une femme ça aurait été la même chose. Je m'en fous totalement, on n'est pas mariés.

Vraiment, mais alors vraiment pas mariés. Aisling avait décidé bien avant son départ qu'elle n'aurait plus aucune relation d'ordre émotionnelle avec Perry, il n'était vraiment pas fait pour elle.

-Il a abandonné sa fille à une mère irresponsable, c'est ça, le problème.

Non, il ne pouvait pas comprendre. Pour la bonne et simple raison qu'il avait immédiatement trouvé sa place dans la vie de son fils, qu'il savait que sa pseudo copine était enceinte bien avant qu'elle accouche et qu'ils avaient donc pu s'y préparer, il ne pouvait absolument pas prétendre qu'il la comprenait.

-Je ne pense pas. Si tu comprenais tu n'euphémiserais pas avec ton "un peu".

Mais elle n'allait pas développer, elle s'en foutait. Elle se contenta d'ailleurs de hausser les épaules quand il lui dit qu'elle avait l'air de gérer. C'était ce que Cupidon et Isaiah lui disaient aussi, et pourtant, elle ne se sentait pas légitime en tant que mère. Lâchant un soupire, elle rejeta sa tête en arrière et étendit la jambe, renversant son sac de courses, laissant tomber une partie de son contenu au sol. Elle lâcha un nouveau soupire avant de ramasser la lingerie qui en était sortie. Elle était bonne pour tout laver en rentrant.

« Si aimer mon fils fait de moi quelqu'un de gaga alors oui j'assume. » Tu n'avais pas l'impression d'être devenu comme Aisling le disait, au fond. Tu avais juste eu la fibre paternel assez rapidement contrairement à elle. C'était peut-être ça le problème. Mais de toute façon, quoi que tu dises sur la blonde, il fallait toujours qu'elle retourne tes propres mots contre toi. Tu soupires à cette idée, comprenant que cette discussion ne mènera sans doute à rien. « Alors défie-moi. » Dis-tu avec un regard de défi. Tu te relèves d'un coup, te mettant face à la jeune femme pour qu'elle exécute ses dires. Si Aisling voulait te montrer sa faculté à se battre, tu étais prêt. Lorsqu'elle parle de Perry, tu ne comprends pas ce qu'elle lui reproche réellement. Il avait une raison tout à fait acceptable pour s'en aller et il n'était pas parti comme un voleur. Contrairement à toi. Donc en fait, si tu comprenais bien, qu'on s'en aille comme un voleur ou en prévenant, dans les deux cas, Aisling n'appréciait pas. Elle avait sûrement un problème avec l'abandon, en fait. « T'aurais préféré qu'il parte avec votre fille ? » Demandes-tu en arquant un sourcil. Même si Aisling avait peu confiance en elle en ce qui concerne son rôle de mère, elle n'aurait certainement pas voulu être séparée de sa fille. Enfin, tu n'en sais rien. Parce qu'aujourd'hui, tu ne comprends vraiment plus la blonde. « Et pour t'avoir vu avec ta fille, t'as pas l'air d'être une mère irresponsable. » Ajoutes-tu en fronçant les sourcils. Tu soupires en entendant les paroles de la blonde, lassé de cette conversation. Quoi que tu dises, elle trouvera toujours quelque chose à te reprocher. Peu importe que tu essaies de te montrer plus calme, plus doux. Tu lèves les mains en l'air en signe de "paix" pour montrer à Aisling que tu laisses tomber. Tu en as marre de te battre. En étendant les jambes, la jeune femme fait tomber son sac de courses qui s'étale sur le sol, dévoilant son contenu. Ton regard se porte vers le bruit et c'est là que tu remarques cette nouvelle lingerie. Tu arques un sourcil, prenant un air détaché. « J'en connais une qui veut séduire. » Réponds-tu avec un rictus aux lèvres. Le style de lingerie changeait complètement de ce que tu avais pu voir sur Aisling jusqu'ici. « C'est mignon. » Ajoutes-tu en détaillant le contenu du sac. Mignon n'est pas vraiment un compliment pour toi quand il s'agit de lingerie et Aisling l'aura sûrement compris. Toi, pour ce qui est de lingerie féminine, tu préfères quelque chose de plus osé. De plus félin. Mais il en faut pour tous les goûts de toute façon.

Au moins, il assumait, et elle n'allait pas en rajouter. Alors qu'il lui demandait de le défier, Aisling eut un léger soupire.

-Ce n'est ni le lieu, ni le moment.

Sérieux, lui mettre une raclée dans ce cagibi ? Alors qu'ils étaient peut être entouré de terroristes ? Quelle idée de génie. Elle mit de nouveau son oreille contre la porte pour écouter le bruit dans le couloir.

-Je n'entends plus rien, on peut peut-être filé.

Sortir de cette situation était une idée qui lui plaisait pas mal.
A sa question, elle se mordit l'intérieur de la joue. Est-ce qu'elle aurait préféré ça ? Elle passa une main dans ses cheveux, lâchant un léger soupire.

-Oui, à l'époque, j'aurais préféré.

Elle avait vraiment mit du temps à accepter sa fille, mais elle s'y était attachée, au fil du temps, des bains, des repas, des nuits, des pleurs.

Elle leva les yeux vers Ciàran alors qu'elle ramassait le contenu de son sac. Mignon, vraiment ? C'était une manœuvre de plus pour la mettre en colère, autant laissé couler. Ils savaient tous les deux qu'elle n'était pas du genre mignonne.

-Tu dis ça parce que tu sais que ce n'est pas pour toi.

Il déchirait toujours tout, de toute façon.

-Et séduire... Je ne sais pas. Plaire, sans doute.

Et il ne pourrait pas lui reprocher qu'elle n'avait jamais essayé de lui plaire, à lui. Il était le seul homme à avoir eu l'exclusivité de ses faveurs pendant au moins quelques temps, au début de leur relation.

-T'aurais voulu que je te demande conseil ?

Tu soupires en entendant la réponse d’Aisling et même si tu sais qu’elle n’a pas tort, tu ne peux t’empêcher de la titiller, de la chercher. « J’savais que tu te dégonflerais. » Dis-tu en arquant un sourcil. Ce serait stupide de provoquer une bagarre alors qu’il y a peut-être des terroristes à l’extérieur mais c’est plus fort que toi. Tu as besoin de retrouver un peu le contact avec la blonde qui est presque inexistant aujourd’hui entre vous. « Ma présence est un vrai supplice à ce que je vois. » Dis-tu en te dirigeant vers la porte pour écouter les bruits extérieurs à ton tour. Dans tous les cas, tu n’allais pas laisser Aisling passer en première. « J’y vais d’abord, tu attends ici. » Ordonnes-tu en regardant la jeune femme afin d’avoir une approbation voire une promesse de sa part. Lorsqu’elle parle de sa fille, tu peux voir qu’Aisling est partagée entre deux sentiments. L’actuel et le passé. Toi, tu n’as jamais eu ce problème avec ton fils, il faut croire que tu as eu beaucoup de chance. Tu fronces les sourcils, l’observant un instant puis prenant la décision de ne pas répondre. Il n’y a pas grand chose à dire de toute façon. Lorsque le sac de courses de la blonde s’étale contre le sol, tu ne peux que relever la lingerie qu’elle vient d’acheter. C’est différent de ce que tu as pu voir par le passer, c’est certain. « Tu sais bien que je ne m’intéresse pas vraiment à la lingerie. » Non, toi, tu préférais le corps nu qui se cachait dessous. Ton regard ne quitte pas celui d’Aisling alors qu’une certaine intensité plane au-dessus de vous. Tu ne nies pas qu’il existe toujours une certaine attirance de ton côté. La blonde a toujours su répondre aux plaisirs de ton corps et les choses n’ont pas changé de ce côté-là. Même alors que tu comprends qu’elle désire plaire à un autre homme. « Je vois. » Réponds-tu en fronçant les sourcils comme déconcerté par cette nouvelle. C’est sans doute la première fois que tu laisses paraître un semblant de sentiment devant Aisling. Du moins, depuis un moment. Et lorsqu’elle pose cette dernière question, tu arques un sourcil, un rictus aux lèvres. « Pourquoi pas. Tu aurais pu avoir un avis extérieur… en cabine. » Ajoutes-tu en ne détachant pas ton regard du sien.

Aisling leva les yeux au ciel à sa réflexion. Elle ne se dégonflait jamais, elle. Et il le savait bien, il faisait tout ça pour la provoquer.

-On verra ça plus tard.

Elle leva le regard vers lui alors qu'il lui faisait remarquer que sa présence était un supplice. Un peu. Il savait bien pourquoi c'était le cas, parce qu'il l'avait vexée. Mais il semblait ne pas le réaliser, ou alors l'avoir occulté.

-Je n'aime pas tellement rester enfermée avec des gens qui n'en ont rien à faire de moi.

Elle fronça les sourcils alors qu'il proposait de sortir en premier. Elle se doutait bien de ce qu'il avait derrière la tête, mais, même si elle ne le montrait pas, la situation l'inquiétait un peu.

-Attends encore un peu...

Au moment de l'épisode lingerie, Aisling secoua doucement la tête. Elle connaissait bien Ciàran, et ses goûts en ce qui concernait tout ce qui est sexuel.

-Non je sais. C'est bien pour ça que je ne m'y intéressais pas non plus.

Il avait eu une énorme influence sur elle, et il le savait. Sans trop savoir pourquoi, elle se décida à en parler. Peut-être parce que l'atmosphère était devenue un peu trop lourde pour elle.

-C'est Chase qui a voulu qu'on aille en acheter un jour. Ça avait l'air de lui plaire, même si moi je me sentais un peu ridicule, surtout au début.

Elle ne comprit pas son froncement de sourcil. Il savait de toute façon, non ? A sa façon de réagir, de s'en foutre... Il savait pertinemment que tout ça n'était pas pour lui plaire à lui, alors à quoi est-ce qu'il s'attendait ? Malgré le sous-entendu, Aisling ne put s'empêcher de sourire à son tour.

-La dernière fois que j'ai tenté une telle expérience, elle a été tristement interrompue.

Oui tu savais pertinemment qu'Aisling n'était pas du genre à se dégonfler. Bien au contraire. Elle était plus impulsive qu'elle ne laissait paraître. Quand on l'observait de loin, sans la connaitre, on pouvait clairement penser qu'elle était plutôt frêle et angélique. Mais quand on la connaissait réellement, c'était plus compliqué que ça. Et sans doute à l'opposé. Aisling était loin d'être frêle. Tu hoches la tête lorsqu'elle remet ça à plus tard, c'est une sage décision. Et dans ce genre de situation, il vaut mieux se montrer sage. Même si en général, ça ne fait pas partie de ton vocabulaire. « Je pensais que tu me connaissais un peu mieux que ça. » Réponds-tu en haussant les épaules. « Tu sais bien que, quand je suis en colère, je dis tout ce qui me passe par la tête pour blesser la personne en face de moi. » Et en l'occurrence, la personne en face était Aisling. C'était la stricte vérité, tu fonctionnais comme ça depuis toujours et tu pensais que la blonde le savait. Même si, ça n'excuse peut-être pas tout. Lorsque tu te décides à aller voir où ça en est à l'extérieur, la jeune femme te retient à sa façon en te demandant d'attendre encore un peu. Tu fronces les sourcils puis retournes vers le fond du "placard à balais" pour t'y poser. Autant être plus prudents et patienter davantage, oui. Après quelques minutes, Aisling laisse entrevoir une ouverture et c'est bien la première fois depuis quelques semaines voire quelques mois que vous discutez sans trop vous prendre la tête. C'est plus léger d'une certaine façon. Et ça te soulage même si tu ne le montres pas. Au fond, tu n'as peut-être pas tout gâché avec elle. Même si tu imagines bien que vous n'aurez plus jamais la même relation qu'auparavant. « Peut-être ne savait-il pas apprécier à sa juste valeur ce qui se cachait dessous. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu ne connaissais pas vraiment ce Chase. En réalité, tu ne le connaissais pas du tout. Tu savais juste qu'il avait partagé les draps d'Aisling à une époque parce qu'elle te l'avait confié. Un rictus se dessine au coin de tes lèvres en voyant la blonde sourire. Ce n'est pas grand chose mais pour toi si. « Ah bon? » Demandes-tu innocemment.

Ça ne ressemblait pas vraiment à des excuses, mais ça avait au moins des allures d'explications. Aisling baissa le regard, ne disant rien pendant quelques minutes avant de se décider.

-Et tu t'étonnes d'y arriver ?

Aisling se frotta doucement les bras, le nez toujours baissé. Qu'il ne le pense pas la soulageait un peu. Cependant, elle avait très bien senti qu'il y avait un fond de vérité dans tout ça, elle n'avait plus vraiment sa place dans la vie de Ciàran, plus celle qu'elle occupait avant en tout cas.

-Qu'est-ce qui se serait passé, si j'étais tombée enceinte de toi ?

Sa question était sans doute stupide mais vu comment il s'occupait de son enfant, elle ne pouvait s'empêcher de se la poser. Si Siobhan était née un peu plus tard et que c'était lui le père, que ce serait-il passé ? Si elle n'avait pas fait un déni de grossesse, est-ce qu'il lui aurait demandé d'avorter ? Et si elle en avait fait un, est-ce qu'il aurait aimé leur enfant de la même façon ? Et elle, comment aurait-elle réagit ? Est-ce qu'elle les aurait rejeté tous les deux ? Un peu trop de questions pour la blonde aujourd'hui.

Alors qu'ils abordèrent le sujet de Chase, Aisling eut un vrai sourire à la remarque de Ciàran. Il savait comment la prendre dans le sens du poil et ça en devenait dangereux.

-Je pense que si, mais si je t'en dis plus ça risque de te fâcher.

Elle passa une main dans ses cheveux et hocha doucement la tête. Elle se souvenait très nettement de cette scène, parce que ça l'avait beaucoup frustré. Quand elle y réfléchissait bien, Chase l'avait bien plus frustrée que Ciàran.

-Ouais, la vendeuse s'inquiétait de ne pas me voir ressortir de la cabine...

« Je suppose que j'imagine que tout le monde est comme moi. Sans coeur. » Réponds-tu en haussant les épaules avant de finalement ajouter : « Je suis désolé si je t'ai blessé. C'était mon but c'est vrai mais c'était très con. » Pour le coup, tu avais mal agi avec Aisling et tu en avais conscience à présent même si c'était sûrement trop tard. Mais au moins, tu t'étais montré plus ouvert en t'excusant. Et c'était sûrement la première fois de ta vie que tu le faisais avec elle. Tu fronces les sourcils en entendant la question de la blonde. Tu ne t'attendais pas à ça du tout et tu te demandes bien pourquoi elle se pose ce genre de questions. « J'aurais assumé, évidemment. Comme je le fais avec Gabriel. Tu en doutais ? » Demandes-tu avant d'ajouter : « Pourquoi est-ce que tu te poses ce genre de questions ? » Un léger rire s'échappe de tes lèvres alors que tu secoues la tête. C'est plutôt déconcertant mais au moins c'est spontané. Si Aisling avait été enceinte de toi, tu aurais sûrement réagi de la même façon qu'avec Lou. Au début tu aurais été pris de court mais si tu avais eu la possibilité de choisir, tu l'aurais sans aucun doute gardé. Mais peut-être penses-tu comme ça parce qu'aujourd'hui tu as ton fils et que tu vois ce que c'est d'être père. « Enfin je pense mais mon avis doit être partiellement biaisé parce que je suis aujourd'hui père. » Ajoutes-tu afin d'être totalement honnête et transparent avec Aisling. S'il y a bien quelque chose qu'on ne peut pas te reprocher c'est ton honnêteté. Tu ne mens pas pour arriver à tes fins, tu préfères être vrai et fidèle à toi-même. « Si ça concerne les détails de ta vie sexuelle avec lui, en effet, il vaut mieux que tu t'abstiennes. » Réponds-tu en fronçant les sourcils, conscient qu'en savoir plus ne te plairait pas beaucoup. A ce niveau-là, Aisling connait tes limites. « Qu'est-ce qu'il t'a fait ? » Demandes-tu, les sourcils toujours froncés. Tu n'es pas sûr d'avoir envie de le savoir mais tu curiosité l'emporte. D'autant plus que ça ne semble pas être un souvenir très positif pour Aisling. Enfin, c'est l'impression que tu as.

Aisling regarda Ciàran, incrédule. Est-ce qu'il était vraiment entrain de lui présenter des excuses là ? C'était vraiment une première. Décontenancée, la blonde fut bien obligée de s'adoucir.

-Parfois j'essaye de me convaincre que je n'ai pas de cœur, mais la réalité me rattrape bien vite.

Aisling était bien plus sensible qu'elle ne le voulait aux mots et aux gestes de Ciàran. Dans un sens comme dans l'autre d'ailleurs. Elle cédait bien trop facilement à ce qu'il voulait, mais elle était aussi fâchée de la moindre pique.
Elle se posait des questions pour le moins étrange. Elle hocha doucement la tête à sa réponse avant de hausser doucement les épaules.

-Je ne sais pas c'est juste que... C'est difficile à imaginer. On est tellement instable...

Il semblait avoir une relation particulière avec la mère de son enfant, une relation qui faisait que ça marchait. Mais avec elle, est-ce que ça aurait ressemblé à ça ? Elle en doutait fort. Ils se seraient jetés le bébé à travers la figure.

-Oui, peut-être.

Il était bien plus père qu'elle n'était mère à vrai dire. Aisling eut un sourire quand il lui confirma ses dires à propos de Chase. Elle le connaissait bien, son Ciàran. Elle fut surprise quand il lui demanda ce qu'il lui avait fait. S'il voulait parlé de la cabine, rien de vraiment excentrique en fait. Elle secoua doucement la tête de droite à gauche, ne voulant pas particulièrement s'étendre sur le sujet.

-C'est juste qu'il m'a allumé mais qu'on n'a pas fini parce que la vendeuse est intervenue.

Tu ne manques pas de remarquer l'air incrédule d'Aisling après avoir entendu tes excuses. Car oui, c'en était bien. Pour la première fois de ta vie, tu t'excusais en sa présence et Aisling devait savoir que c'était un geste important. Et un geste rare, surtout. La blonde n'en fit aucun commentaire mais tu remarques très vite que son ton est plus détendu, plus doux. Au moins, tes excuses ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd. « Elle est là la différence entre nous. » Réponds-tu avant d'ajouter : « Toi, tu essaies de t'en convaincre, moi c'est une certitude et une réalité depuis des années. » Tu hausses les épaules, comme si le fait d'être sans coeur n'était pas gênant pour toi. Et ça ne l'était pas, au fond. Sauf quand tu blessais les quelques personnes qui comptaient à tes yeux. Il y en avait bien peu mais même si elle en doutait, Aisling en faisait partie. « C'est le cas de le dire. C'est toujours les montagnes russes avec toi. » Rétorques-tu avec un léger sourire. Tu étais sûrement majoritairement responsable de ces montagnes russes mais tu aimais taquiner la blonde à ta façon. Lorsqu'elle évoque le sujet "Chase" tu remarques que tu ne sais pas grand chose le concernant. Tu ne sais pas vraiment ce qu'il entretenait comme relation avec la jeune femme mis à part qu'ils couchaient ensemble. Mais est-ce que ça allait au-delà ? Tu l'ignores. Quoiqu'un jour, Aisling t'avait vaguement expliqué que Chase s'attachait à elle. Mais tu n'en savais pas davantage. « Quel petit joueur. » Réponds-tu avec un rictus aux lèvres. Tu imaginais bien qu'Aisling avait dû se trouver dans un état de frustration à ce moment-là. Toi, tu n'avais jamais fait endurer de telles choses à la jeune femme même si, au lit, tu n'étais pas tendre. « Tu n'as plus jamais eu de ses nouvelles ? » Demandes-tu par curiosité.

Aisling n'était pas si sûre que c'était vrai que ça, que Ciàran n'avait pas de cœur. Elle ne pensait pas ça pour le contrarier, mais parce qu'elle en était convaincue. Malgré tout le mal qu'il était capable de faire, il n'était pas totalement insensible.

-Quand on te voit avec ton fils, on a du mal à y croire.

Ciàran semblait aimer son fils depuis le premier jour alors qu'il y avait toujours des parents qui se fichaient éperdument de leurs enfants.
Elle esquissa un léger sourire quand il constata qu'entre eux c'était toujours les montagnes russes. Il avait bien raison. Mais ça, au fond, ils connaissaient très bien la cause l'un et l'autre. Ils se faisaient du mal pour s'éloigner, parce qu'ils avaient peur de ce qui pourraient arrivé quand ils étaient proches l'un de l'autre. Ils étaient incapables de s'exprimer le fait qu'ils tenaient l'un à l'autre, alors ils se rejetaient sans cesse.

-Tu trouverais ça triste si ce n'était pas le cas.

Elle eut un nouveau sourire alors qu'il qualifiait Chase de petit joueur. Certes, elle avait pu penser la même chose à ce moment là, à cause de l'excitation. A sa question, elle hocha négativement la tête.

-Non, je n'en ai jamais demandé non plus. Tu sais à quel point je déteste l'abandon.

Il est vrai que Gabriel réveillait des instincts encore inconnus chez toi jusqu'ici. Des instincts sans doute éteints ou tapis dans l'ombre. Des instincts de père mais pas seulement. Il y avait également de l'amour. Ce même amour qui ne s'efface pas, jamais. « C'est vrai. J'ai l'impression d'être un autre homme quand je suis avec lui. » Mais une fois ton fils éloigné, tu retrouvais ta vraie nature. Elle n'était jamais bien loin. « Je pensais être incapable de m'attacher à quelqu'un mais avec Gabriel c'est différent. Et puis, c'est mon sang. » Oui, pour cette raison c'était différent. S'attacher à quelqu'un de "lambda" n'était pas vraiment une possibilité pour toi. Et pas une envie, spécialement, non plus. Lorsque tu exprimes le fait que votre relation avec Aisling n'est qu'un manège sans fin, des montagnes russes qui ne s'arrêtent jamais, la blonde semble partager ton avis. En même temps, vu vos échanges plutôt intenses de ces dernières semaines, ce serait difficile de le nier. « Et puis, ce ne serait pas nous. » Réponds-tu en haussant les épaules, conscient que c'est ces mêmes montagnes russes qui forgent votre relation. C'est elles qui vous maintiennent tantôt éloignés tantôt proches. Cela aurait sans doute fatigués bien des gens mais pas vous. A croire que vous aimez vous entretuer. « Oui. Je dois être chanceux que tu m'adresses encore la parole. » Dis-tu avec un léger sourire aux lèvres. Aisling t'avait bien fait comprendre qu'elle ne supportait pas tes multiples départs. Et encore moins quand tu ne prenais même pas la peine de prévenir. Seulement, c'était ta manière de fonctionner. Quand le travaillait t'appelait, tu fonçais tête baissée sans regarder ce que tu laissais derrière.

Aisling esquissa un léger sourire. Oui, elle avait pu le constater, il était un homme bien différent en sa présence. Même si ça pouvait la contrarier, objectivement c'était sûrement une bonne chose.

-Je ne pense pas que j'aime Siobhan parce que c'est mon sang mais... En fait, je ne sais pas.

Pourquoi est-ce qu'elle aimait sa fille ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Parce qu'elle était responsable d'elle ?
Non, ce ne serait pas eux, sans les montagnes russes, sans les cries, et surtout sans les réconciliations. Mais bientôt, ils ne serait jamais plus ce qu'ils avaient été, mais Aisling n'était pas capable de le dire. Elle savait qu'il le comprendrait, il réagirait seulement plus ou moins bien.

-Non, c'est vrai.

Elle eut un très léger sourire quand il remarqua qu'il devait être chanceux qu'elle lui adresse encore la parole.

-Toi c'est différent, t'es revenu.

Ses yeux restèrent quelques instants dans la vague, quand elle se perdit dans ses pensées. Elle imaginait Chase revenir, s'excuser. Puis elle secoua la tête pour chasser bien vite ses pensées.

-Même s'il revenait maintenant, de toute façon, c'est trop tard.

« Ça doit être différent pour un homme ou pour une femme, aussi. » Réponds-tu en fronçant les sourcils, pas certain de ce que tu dis. « Je ne sais pas non plus. On est trop novice pour ça. » Dis-tu avec un léger rire. Et c'était la vérité. Aucun de vous deux n'était prêt à devenir parent et pourtant, vous aviez dû vous y faire du jour au lendemain. Cela avait été plus simple pour toi que pour Aisling mais au fond, vos situations avaient des similitudes. Lorsque la blonde parle de son rapport à l'abandon, tu ne peux t'empêcher de comparer le départ de Chase au tien. Mais oui, comme elle le dit si bien, tu étais revenu. Peut-être pas aussi rapidement que tu l'aurais voulu mais tu étais là. Tu hoches la tête lorsqu'elle t'explique que de toute façon, c'est trop tard pour réparer ce qu'elle avait avec lui. Tu ne peux qu'approuver cette décision mais tu n'es pas très objectif, au fond. « Pourquoi ? Parce que tu ne lui pardonnerais pas son absence ou parce que tu n'imagines pas une vie avec lui ? » Demandes-tu par curiosité. Tu aurais bien demandé si c'est parce qu'elle voyait sa vie avec quelqu'un d'autre mais tu n'en dis pas un mot. En voyant la nouvelle lingerie d'Aisling, tu n'avais pas que te poser la question. Pourtant, pour une fois, tu avais évité d'être impulsif pour lui soutirer des informations. A la place et contre toute attente, tu préférais opter pour la "douceur".

A sa remarque, Aisling arqua un sourcil, assez surprise.

-Je ne pense pas.

Elle était le genre de femmes à penser qu'il n'y avait aucune différence entre les hommes et les femmes. Ou plutôt, que les différences construites sont seulement sociologiques.

Ils parlèrent ensuite de Chase, de son abandon. Aisling leva les yeux vers lui à sa question. Elle se doutait que sa question n'était pas innocente. Selon la réponse, il aurait une idée de l'état de sa vie sentimentale actuelle, et elle n'était pas sûre de vouloir qu'il soit au courant.

-S'il s'excuse de la façon dont on s'est quitté, je suppose que j'arriverais à lui pardonner.

Elle passa doucement une main dans ses cheveux.

-Mais je ne lui ferais jamais assez confiance pour reprendre une "relation".

Sa recroquevillant un peu sur elle-même, elle appuya son front contre ses genoux.

-Et à la question que tu veux poser, la réponse est oui.