in the mood for chaos (jaeden)

Mon téléphone ne cessait pas de vibrer. Elle était lourde, Circé. J’avais déjà dit que j’arrivais, qu’il y avait du monde dehors et que le temps que le videur contrôle tout le monde, j’en aurais au moins pour dix minutes. Une fois le contrôle passé, avec un clin d’oeil enjôleur lancé au mec de la sécurité -je ne pouvais pas m’en empêcher- j’entrais dans la boite de nuit. Circé était au bar, à siroter un cosmopolitan. « Tu es trop sage ! » Lançais en commandant tout de suite un shot de vodka. Oui, mes démons avaient fini par gagner. Je buvais à nouveau, même si c’était tout de même moins qu’avant. Simplement en soirée, plus jamais en journée. J’incitais un mec à dégager du comptoir pour pouvoir prendre place aux côtés de mon amie. « Je bosse demain matin, c’est une très mauvaise idée tu sais. » Et pourtant cette très mauvaise idée me faisait sourire comme une idiote jusqu’aux oreilles. Ca ne dura pas bien longtemps. Jaeden était là. Et pas seulement dans mes pensées, mais là en chair et en os. Avec… Une femme. Brune, séduisante, le sourire niais aux lèvres, frôlant délicatement et dangereusement son bras avec le sien. Mon shot arriva. Cul sec, et j’en recommandais un directement, priant le serveur de se dépêcher. En attendant, je ne loupais pas une miette de l’horrible spectacle qui se déroulait un peu plus loin, ignorant totalement Circé. Le deuxième verre avalé, je me tournais enfin vers elle. « J’ai un truc à régler. Trouve un beau mec pour te tenir compagnie, parce que ça va être long. » Elle me regarda sans comprendre. Quant à moi, je me dirigeais vers le couple de je ne sais quoi. La voix niaise de la brune m’énervait déjà à peine fus-je posée à leurs côtés. « Heyyyy ! Alors comment ça va ? » Lançais-je d’une voix aussi ironique qu’hypocrite, les bras croisés, regardant aussi bien la fille que Jaeden -mais m’attardant surtout sur ce dernier- « Je ne vous dérange pas j’espère. Super soirée n’est ce pas ? » Mon agacement était maintenant à son maximum, je ne pouvais pas m’en empêcher. Je me tournais vers la fille. « T’as pas l’impression d’être de trop ? » En d’autres termes : dégage, connasse.

Il ne lui fallait plus de raisons particulières pour sortir, lui le faisait tout le temps, quand ça le chantait. Il savait où déposer ses enfants pour ne prendre du temps que pour lui ou plutôt cacher le mal qu'il s'infligeait avec ses pensées en buvant et s'amusant. Poser ses yeux sur le visage de ses enfants qui portaient les traits de son ex-femme le blessait autant qu'il appréciait les regarder, sauf qu'il ne voulait pas montrer un regard triste sur eux, ils n'avaient rien demandés, ils ne savaient même pas ce qu'il se passait dans le crâne de leur père. Et c'était un véritable bordel. Il essayait de faire face à une vague énorme de problèmes, une succession de problème qui lui revenait en pleine face, des interrogations auxquelles il n'était pas capable d'avoir une seule réponse. Une tornade était passée par-là et il ne savait plus comment rendre la vie à son âme, comment trier ses émotions. Souvent nerveux de recevoir en pleine face des actes qu'il avait commis par accident, souvent triste d'être perdu, mais il n'était pas malheureux Jaeden, s'il avait dû traverser des histoires, il s'était toujours remis debout, il lui fallait juste du temps. Et il avait besoin de ces moments, où lâchait prise, où il oubliait l'instant d'une soirée, une nuit, ses stupides problèmes avec ses décisions désastreuses. Le brun ne partait jamais avec un but précis, il n'avait pas pour but d'agrandir un tableau de chasse, il s'était déjà perdu dans les bras d'autres femmes pour oublier sa peine, mais il n'avait pas le besoin d'avoir une femme à ses côtés à chaque semaine. Alors lorsqu'une femme venait lui parler ou qu'il allait en parler à une, il n'avait pas le même regard que les autres, il laissait le destin décider de sa soirée, ce qui ne semblait pas plaire à tout le monde. La prunelle de ses yeux déviant dans le vert de Siam, son sourire se déformait. « Hey, ça va plutôt pas mal et toi ? » Répondit-il sur le même ton qu'elle. Il avait beau ne pas l'avoir vu depuis un certain temps, il la connaissait assez bien pour la savoir irrité. Ne prenant pas le temps de répondre à ses autres piques, il levait son regard au ciel quelques secondes avant de le tourner vers sa partenaire de soirée qui allait rapidement prendre la suite. « Laisse tomber, retourne chercher quelqu'un d'autre. » Il soufflait sa réponse rapidement en la voyant s'éloigner, visiblement blasée. À son tour, il croisait les bras, se concentrant sur Siam. « Je peux savoir c'est quoi ça ? Sérieux ? » Il ne pouvait pas dire comment il aurait réagi s'il l'avait vu en compagnie d'un autre homme parce qu'il n'espérait jamais le faire. « Tu fais tes tests d'admission d'police sur moi ? J'suis surveillé maintenant, c'est ça ? Wow. Génial. »

Elle s’était barrée sans broncher, la pouffe. Il y avait bien assez d’autres hommes ici, même si du coup, elle ne finirait pas avec le plus beau d’entre eux. La voir en compagnie de Jaeden m’avait rendue dingue. Le pire dans tout ça, ça n’était même pas elle et sa présence indésirable, c’était le ton qu’employait Jaeden. Le même que moi : Ironique, sarcastique, désagréable. D’ou il se le permettait ? Ne devrait-il pas plutôt s’excuser ? De ne pas m’avoir recontactée, de m’avoir laissée tout ce temps sans nouvelle et pire encore, de flirter allègrement avec une autre femme sous mes yeux ? Bon, il ne savait pas que j’étais là. Mais tout de même ! Qu’est ce que c’était que cette attitude ? Heureusement qu’elle n’avait pas trainé d’ailleurs, un excès de violence aurait été vite fait. « Tu le demandes sérieusement ? » Lançais-je, sourcils haussés par la surprise. Il le faisait exprès, de me torturer comme ça ? Les mecs, je vous jure. « A quoi tu joues franchement ! » J’avais vraiment envie de le pousser violemment pour qu’il comprenne à quel point j’étais énervée mais… Je n’oserais jamais faire ça. Et puis surtout, pas question de se faire virer d’ici. Après cette conversation, j’allais avoir besoin de me consoler et ce lieu était parfait pour ça. « T’es vraiment qu’un con. T’avais raison en fait, tu merdes toujours. » Je lui lançais un dernier regard haineux avant de me diriger un peu plus loin, sur la piste de danse. Evidemment, je veillais à être toujours dans son champ de vision, avant d’attirer un homme très près de moi pour que l’on danse. D’un regard aguicheur, j’incitais l’inconnu à poser ses mains sur moi, tout en bougeant en rythme avec la musique. Collé-serré. Puis je lançais un regard à Jaeden, un regard fier, espiègle, presque mesquin. Il allait voir ce que ça faisait. Peut-être que c’était ridicule, peut-être que ça le laisserait de marbre… Mais autant tenter le tout pour le tout. Les mains de l’inconnu sur moi ne me provoquaient aucune délectation contrairement à tous ces autres soirs ou j’avais pu adorer ça. La seule raison pour laquelle je le laissais faire, c’était parce que je sentais le regard de Jaeden sur nous. Alors je faisais semblant, semblant de m’amuser comme une folle, semblant de trouver cet homme à mon goût. Et si la seule chose que Jaeden trouvait à faire était d’aller rechercher la femme de tout à l’heure, alors j’aurai lamentablement échoué.

Même s'il essayait de faire bien, se rattraper sur son erreur envers Siam, il faisait n'importe quoi devant ses yeux, s'humilier et se prendre des représailles. Il n'avait pas les yeux partout, il ne pouvait pas se concentrer sur deux femmes en même temps et il se serait sûrement tourné sur celle qui savait jouer avec son cœur plutôt qu'une inconnue s'il savait qu'elle se trouvait dans la foule. Sauf qu'il n'était pas divin et que même si ça le frustrait qu'elle fasse n'importe quoi, qu'elle le fasse passer pour n'importe qui envers l'autre femme, il n'arrivait pas à être entièrement en colère. Pas pour ça. Peut-être pour le comportement qu'elle prenait, même si ça prouvait qu'elle tenait à lui et encore, il n'avait pas besoin de ça pour le savoir au vu de ce qu'elle lui avait dit lors de leur retrouvailles. Si ça tenait toujours. Lui se trouvait toujours aussi perdu, voir plus qu'avant. « À quoi je joue ? Tu déconnes ou quoi ! » Il fronçait les sourcils, soufflant, sans rien dire de plus, parce qu'il ne voulait pas faire foiré tout entièrement, ce qui était bien trop tard et elle le faisait comprendre. « Quoi ? » Disait-il dans l'incompréhension, il se sentait comme un abruti, abandonné là. Ça ne prouvait qu'encore plus qu'il n'était pas douer avec les femmes, qu'il ne comprenait rien aux intentions qu'elles demandaient. Ses yeux ne quittaient pas d'une seconde Siam qui se fondait parmi les gens, avant de se serrer à un homme. Peut-être pour qu'il ressente ce pique qui traversait son cœur, qui lui faisait serrer les dents. Il n'était pas d'un naturel jaloux, il n'aimait pas qu'on se foute de sa gueule, il n'aimait pas qu'on joue avec lui, pas de cette manière. Elle devrait aller à l’encontre de ce qu’elle voulait, mais il restait la regarder, avant de sourire doucement et se diriger vers le bar. Comme un con. Un verre de plus, l’alcool ne l’aiderait sûrement pas à contrôler ses émotions, mais elle ne s’enfuirait pas de cette piste de toute manière et ça le rendait fou. Il ne restait pas longtemps sur le bord du comptoir, il rejoignait la piste par la suite, en s’approchant d’elle et l’attrapant par le poignet, sans doute en serrant un peu trop fort. Il n’esquissait pas un sourire, il était simplement blasé, sur les nerfs. Et il la traînait, qu’importe si elle pouvait dire quelque chose, il profitait de la force qu’il avait comme un connard pour qu’ils se mettent dans un coin. « Tu piques une crise de jalousie et tu te casses danser comme une traînée, tu m’expliques ? » Il ne pesait pas le poids de ses mots, qu’il ne pensait sûrement pas. S’il ne pouvait pas savoir ce qu’il pouvait penser à voir Siam proche d’un autre, maintenant il savait et ça lui faisait mal. « J’peux pas supporter te voir avec un autre gars juste pour te foutre de ma gueule ! Merde, j’suis désolé de ne pas être un génie et de ne pas être encore capable de savoir quand t’es au même endroit que moi. »

Danser avec un inconnu n’était de base vraiment pas au programme. Seulement Jaeden avait joué à l’idiot une fois de plus. Tout ce qu’on avait pu reconstruire l’autre fois venait à nouveau de se casser la gueule, tel un chateau de cartes avec des bases pas solides. Tout ça ne rimait plus à rien de toute façon. Jaeden n’était sans doute pas un mec bien, il disait vrai l’autre fois. A chaque fois qu’il était absent, mes souvenirs adoucissaient ses faits, idéalisaient l’homme qu’il était. Je l’avais abandonné, faisant comme si c’était sans regret. J’avais fait semblant de m’intéresser à un autre homme, pas mal séduisant mais malheureusement bien loin de ce que je voulais vraiment. Et il fallait croire que j’étais bonne actrice, parce que je vis Jaeden s’enfuir vers le bar pour boire un verre. Il était aussi faible que moi. L’alcool comme maigre consolation. Bon. A défaut de sentir son regard sur moi, je n’avais plus qu’à danser comme une folle avec cet idiot dégoté en trois secondes. J’avais de la chance, il s’en sortait plutôt bien en danse. J’aurais perdu tout crédibilité si il avait été ridicule ou un peu trop tactile. Mais alors que nous commencions à nous rapprocher un peu plus, je sentis un main serrer mon poignet et m’entrainer hors de la piste, sous les yeux étonnés et tristes de mon partenaire. « Hééé ! » Lançais-je à Jaeden qui serrait un peu trop fort. Pour qui il se prenait ? Il avait déjà une emprise suffisante sur moi, pas la peine d’en rajouter une physiquement. Danser comme une trainée. Je rêve, dites moi que je rêve. « Pour qui tu te prends à me juger comme ça? » Je tirais pour qu’il me lâche le bras, et il n’insista pas. « Et celle à qui tu parlais, bien sur c’est pas une trainée elle. » Ce qu’il disait me faisait bouillonner de rage. Merde alors, j’étais vraiment pas venue ici dans l’optique de passer une soirée à m’embrouiller avec lui comme ça. J’voulais oublier son existence un soir de plus, boire avec ma pote et danser sans penser à mal. Mais voilà que j’avais bu deux shots en cinq minutes, que j’avais allumé un inconnu et mis Jaeden en colère. « En fait ça me convient pas. » Explique toi Siam, t’es vraiment pas assez claire là. « Ca me convient pas de savoir que quand je suis pas là, tu te comportes comme ça. » J’étais clairement lâche de balancer ça parce que j’avais de nombreuses fois laisser des quasi inconnus profiter de mon corps. Mais j’étais une fille compliquée, incapable de s’exprimer correctement et de savoir ce qu’elle voulait vraiment. « Et maintenant que tu le sais tu pourras plus agir comme ça sans remord alors je vais sortir de ta vie, c’est la meilleure chose à faire pour que tu sois tranquille. » J’haussais les épaules. « Toute façon, tu perds rien, une trainée de plus ou de moins… » Je ne savais même plus si c’était la colère ou l’effet de l’alcool qui parlait à ma place.

Jaeden pouvait la regarder sans rien faire, se faire enragé, voir jusqu'où il pouvait se contrôler. Sauf que quelques secondes suffisait à cette provocation pour qu'elle soit réussie, il s'en allait, le cœur battant de rage vers le comptoir pour prendre ce qui ne l'aiderait pas à se calmer. Alors qu'il recroisait du regard celle qui avait captivé le début de sa soirée, il repartait sans lui lancer un mot. Il pourrait très bien reprendre là où ils avaient été interrompu, mais ça n'aurait fait que mettre de l'essence dans le feu et il n'était pas certain de faire ça avec les bonnes motivations. Juste de la provocation, parce qu'il avait été agacé. Il ne saurait même pas dire s'il voulait que Siam la rejoigne au comptoir ou qu'elle reste danser, pourtant il aimait sa présence, il aimait la savoir à côté de lui. Mais pas ce soir, il avait une honte de savoir qu'elle l'avait vu, une colère de voir sa réaction et il avait juste envie de fuir, sauf qu'il était trop jaloux pour la laisser avec cet homme. Il se tournait, finissant son shot avant de rejoindre la foule, retrouver la brune trop proche d'un autre et avoir une réaction digne d'un abruti. Il la voulait pour elle, il ne voulait pas la voir avec un autre. S'il pouvait se poser la question, maintenant il était certain. Si rien ne pouvait changer avec ses sentiments, qu'il était toujours perdu entre sa femme et Siam, il se sentait possessif. Lui qui l'avait contesté quelques jours plus tôt. Menteur en plus de ça. Il tenait fermement le poignet de la belle avant de la guider vers un endroit plus calme ou simplement un endroit où elle ne pourrait plus danser avec d'autres hommes devant ses yeux. Et il lui balançait des mots qu'il ne pensait pas réellement, sous le coup de la frustration, de la colère. « Les traînées font ça pour l'attention et c'est exactement ce que tu faisais. » Pour attirer son attention, c'était totalement réussi. « J'en sais rien si c'était une traînée, j'ai pas eu le temps d'la connaître. Alors que toi j'te connais et je sais que tu es tout sauf la slut dont tu te faisais passer pour ce gars. » Il mériterait clairement des claques, il allait beaucoup trop loin, sans s'en rendre compte. Il n'était pas de cette nature habituellement, il savait garder son calme, il parlait gentiment. Sauf qu'il envoyait valser toutes ses racines depuis qu'il s'était senti trahi par sa femme. Il ne voulait pas se faire trahir toute sa vie et pourtant, il devrait se dire ça pour elle, elle aurait pu se sentir trahie en le voyant avec cette femme, c'était certainement ça, sauf qu'il était aveugle ce soir et il ne s'entendait pas parler. « Ça t'aurait fait plus plaisir que je t'appelle pour m'étaler sur mes problèmes ? » Ça n'expliquait rien, loin de là. Il agissait comme ça parce qu'il avait des soucis intérieurs qu'il voulait oublier, mais même sans, il agissait de la sorte. « Quoi ? Non. » Il changeait de ton, plus touché. Il prenait conscience qu'il avait joué la carte du con, celle qu'il ne devait pas sortir en face d'elle. « Tu peux pas sortir de ma vie, je tiens plus à toi qu'à n'importe quelle de ces filles et si je dois arrêter ça pour te garder, alors j'arrête. » Il soufflait pour lui-même, passant une main sur son crâne. « J'suis désolé Siam. Désolé. T'es tout sauf une traînée. »

La situation était aussi pitoyable que notre histoire. Mais qu’est ce que l’on pouvait attendre finalement, de deux âmes paumées comme les nôtres ? Deux personnes tenant l’une à l’autre et incapables de le montrer car trop compliquées, et trop brisées par l’amour et l’attachement. J’en avais marre de tout ça, d’avoir tout et rien à la fois. Avec Jaeden c’était toujours un pas en avant et dix en arrière. Il avait toujours tout ramené à sa femme, et je l’avais cru, je l’avais compris. Seulement je découvrais ce soir que ça ne l’empêchait pas de discuter avec d’autres femmes. Peut-être même plus. Surement plus d’ailleurs. Si je n’avais pas été là… Je ne voulais même pas imaginer. Mais apparemment, lui non plus n’avait pas supporté de me voir avec un autre. Il m’avait arraché brusquement à la piste de danse, m’entrainant vers un je ne sais ou, un champ de bataille, là ou se déroulerait cette confrontation sinistre. Ouais j’voulais de l’attention, mais seulement de la sienne. Et ça, ça faisait longtemps. Les autres ne comptaient jamais vraiment plus que le temps d’une danse ou d’une soirée. « Je voulais que tu vois ce que ça faisait. » J’avais croisé les bras, sure de moi. Slut. Ca faisait mal de l’entendre dire ça à propos de moi. J’avais eu une attitude de pouf, je le savais pertinemment mais peut-être que si il ne m’avait pas énervée, ça ne serait pas arrivé. « N’attend pas d’excuses de ma part, je trouve que c’était mérité. » J’étais totalement perdue face à Jaeden. Je ne savais plus quoi dire ou quoi faire pour qu’il réagisse. Il avait l’air de tenir à moi par son attitude de ce soir mais dès que je n’étais pas là, c’était comme si je n’existais pas. « Mais je ne demande que ça, les écouter tes problèmes ! Pourquoi tu comprends pas… Je suis là pour toi. » J’avais posé ma main sur sa joue avant de la retirer rapidement, remarquant que je m’égarais totalement et que je ne devais absolument pas me laisser aller à un quelconque rapprochement physique. Il fallait que je sorte de sa vie. Que j’arrête d’être un poids qui l’empêchait de faire ce qu’il voulait. Et peut-être qu’à ce moment là il réaliserait ce qu’il ressentait vraiment et qu’il serait trop tard. Mais Jaeden ne semblait justement pas de cet avis, m’annonçant qu’il tenait plus à moi qu’à toutes les autres. Qu’il arrêterait d’agir comme ça sur le champ pour que je reste. J’avais vraiment envie de le croire, mais c’était trop dur. « Ce ne sont que des mots… » J’allais me faire avoir encore une fois, par des belles paroles. Je ne pouvais pas céder aussi facilement. « Laisse tomber, ça n’a plus la moindre importance. » Je lui fis presque un sourire. « J’ai vraiment lutté mais je n’y parviens plus. Tu l’as dit toi même, tu ne peux pas me donner ce que j’attends. » Je m’éloignais de quelques pas, me tournant à nouveau vers lui. « J’aurais vraiment aimé que ça marche. » A quoi rimait une histoire si l’on ne faisait que se chercher sans jamais se trouver ?

Il ne pouvait contrôler cette colère ou cette jalousie qui s’emparait de son être, le faisant devenir une personne qu’il détestait, possessif et insultant. La voir avec un autre homme que lui le rendait fou, lui rappelait qu’il ne pouvait pas avoir des personnes qu’uniquement que pour lui, que les yeux de Siam pouvaient aussi dériver sur les autres. Tout comme les siens. Il pouvait se trouver toutes les excuses, il prétextait parfois ne pas avoir le temps de la voir et allait boire jusqu’à l’ivresse dans les bars. Peut-être parce qu’il ne voulait pas foirer une seconde fois et sa manière de limiter la casse était de ne plus la voir aussi régulièrement qu’avant et ça menait à ne plus lui donner de nouvelle. Ce n’était pas parce qu’il ne pensait pas à elle, elle ne sortait jamais de son esprit, toujours dans un coin. Elle ne s’excuserait pas, elle venait de faire ce qu’il faisait et elle ne dirait rien. Il restait droit, toujours le cœur battant de sa précédente rage qui restait le ronger un peu lorsque les images d’elle et d’un autre ressurgissait. Mais il comprenait qu’il avait jouer au con, qu’il avait dit n’importe quoi à son sujet. Comment pouvait-il traiter de salope une personne à qu’il tenait, celle qui était la plus importante, hors de sa famille ? « J’aimerais, mais je peux pas te les dire. » Jaeden ne voulait pas être celui qui emmerdait le monde de ses problèmes les plus insipides. Il ne voulait pas lui dire qu’il ne savait pas quoi faire entre sa femme et elle, qui choisir. S’il faisait le bon choix en gardant espoir que sa femme changera, que c’était bien son absence qui l’avait fait fuir. Sauf qu’elle ne serait pas objective, sa réponse. Choisir entre elle et son ex, c’était un dilemme auquel il ne pouvait trouver une réponse. Il ne pouvait pas lui avouer que de sa faute une femme avait perdu la vue et qu'il y avait eu un rapprochement étrange entre-eux malgré que lui ne le voulait pas. Ça ne restait pas moins le remuer tout en le mettant mal à l'aise. Il s'excusait, disait pouvoir changer si c'était pour la garder près d'elle, maintenant qu'elle ne voulait plus de lui dans les alentours. Sauf qu'imaginer un avenir sans Siam autour de lui était compliqué, voir impossible, elle s'était immiscer dans sa vie et son nom était gravé dans sa mémoire. Il avait besoin de quelqu'un et ce quelqu'un était elle, personne d'autre. Aucune de ces femmes pouvaient la remplacer. Jaeden l'écoutait de nouveau, un énorme pincement au cœur similaire à lorsqu'il s'est décidé de demander le divorce et rompre de son amour. Elle souriait en annonçant ça et lui toute trace d'émotion disparaissait. Il n'avait pas l'habitude de se prendre une claque sentimentale pareille au visage et il détestait l'idée de devoir se mettre à genoux. Il avait une fierté, il ne pouvait pas se mettre plus petit que ce qu'il l'avait déjà fait en disant vouloir changer. Et si elle ne pouvait pas le comprendre, il n'allait pas se mettre à pleurer. Il ne le faisait qu'intérieurement. « C'est ça que tu veux ? » Si elle le disait, oui. Sans doute. Mais il ne pouvait pas s'y résoudre. « Pour ça ? » Il levait les yeux en l'air, passant une main dans ses cheveux avant de recroiser ses bras. « Toi tu ne passes pas du bon temps avec les autres quand j'suis pas dans le coin ? » Il ne voulait pas prendre un ton accusateur, mais ce n'était pas réellement une question. Il soufflait quand elle disait vouloir que ça marche, elle n'était pas la seule dans l'histoire à le vouloir, sauf qu'avec son comportement, il ne pouvait pas réellement l'avouer, il se contentait de soutenir un regard. « Ça marchera un jour. » Peut-être.

L’air stupide, inconditionnellement. Vous avez déjà vu ça vous ? Deux êtres, voulant apparemment la même chose et incapables d’y parvenir. Et Jaeden soufflant éternellement le chaud et le froid, jouant avec mes nerfs et mon coeur. Il ne pouvait pas me confier ses problèmes. C’était la goute de trop. Je roulais des yeux. « Mais enfin, pourquoi ? » Que me cachait-il d’autre ? Qu’est ce qu’il y avait de si grave pour qu’il ne puisse pas en parler ? Je croyais que les mensonges et les cachotteries étaient terminés entre nous. Si j’étais une fille sensée, je devrais partir et le laisser avec ses problèmes. J’en avais déjà bien assez moi même, pourquoi vouloir me coltiner ceux de quelqu’un d’autre ? J’étais pourtant incapable de le laisser comme ça. Tout me ramenait à lui, surtout le hasard. Mais je n’étais pas une fille sensée, absolument pas. Seulement, je me confrontais là à un choix : courir après l’impossible ou renoncer et cesser de souffrir. Et à bout, ce soir, j’avais opté pour l’option numéro deux. Parce que je n’en pouvais plus. Après nos retrouvailles, j’avais été à nouveau bercée d’illusions, et ces illusions s’étaient envolées ce soir. Alors j’avais eu des mots durs envers Jaeden, qui avait proposé de changer. Mais chassez le naturel, ne dit-on pas qu’il revient au galop ? Il ne pouvait pas changer et je ne lui demandais pas de le faire. Alors j’avais eu des mots durs, prétendant que tout ça n’avait plus la moindre importance. Mensonge. Je ne pouvais pas le rayer de ma vie comme ça, et j’étais sure qu’il en avait conscience car il tentait de me retenir tant bien que mal. Si c’était ça que je voulais ? Mon esprit hurlait que oui et mon coeur non. « Je… Je sais pas. » Je baissais la tête, passant une main sur mon visage, yeux fermés. Pleure pas Siam, pleure pas. Te fous pas plus bas que terre à cause de lui. Le laisse pas gagner. J’ouvrais à nouveau les yeux. Il mentionnait ‘les autres.’ Oui, il y en avait d’autres. Mais quelle importance avaient-ils dans ma vie ? Strictement aucune. « Je passe du bon temps avec d’autres parce que je ne peux pas t’avoir et que ça me tue. » C’était dit. Un élan de sincérité qui malheureusement n’aurait surement pas l’effet escompté. J’étais prête à lui tourner le dos, à dire adieu à notre semblant d’histoire quand il lança que cela marcherait un jour. Il y eut un silence, pendant lequel je me fis un milliard de films dans ma tête. Non, il ne pouvait pas dire ça. « Dis pas ça… Ne me fait pas croire des choses pareilles… » Ne me brise pas le coeur encore une fois. Cesse de jouer avec les mots et prouve moi que tu tiens ne serait-ce qu’un peu à moi.

Il savait bien qu'un jour il devrait lui avouer, qu'il ne pouvait pas garder ses secrets pour toujours, comme il l'avait si souvent fait. Sauf qu'il ne se voyait pas tout lui balancer maintenant, lui dire la vérité ne ferait que l'éloigner de lui, il préférait s'accrocher à ce qui lui restait d'elle tant qu'elle ne s'était pas entièrement échappé. « Tu me détesterais encore plus. » Il soufflait, l'air un peu triste. Il ne pouvait pas se résoudre à se dire qu'un jour il pourrait très bien basculer dans les gens infréquentables, ceux qui étaient radiés de la vie de la belle australienne. Jaeden savait bien qu'il faisait n'importe quoi, qu'il s'était éloigné d'elle encore plus alors qu'ils devaient se rapprocher après leurs retrouvailles, mais il avait peur de faire n'importe quoi et finalement, ce n'était que ce qu'il faisait. Se perdre dans les bras d'autres femmes pour oublier les deux qui tourmentaient son esprit, ne pas prendre le temps de réfléchir à ce qui serait le mieux pour son avenir, puisque s'il repoussait tout, elles resteraient à ses côtés. Connerie. Si son ex restait espérer qu'il pouvait revenir dans ses bras en oubliant la douleur toujours apparente, celle dont il ne voulait rien s'avouer s'en allait et ça lui faisait autant de mal. Frustré ou blessé qu'elle lui dise qu'ils ne pouvaient plus rien faire, qu'elle préférait couper les liens, il se rétractait aussi, paraissait plus froid. Et enfin, il posait la question qui lui faisait le plus de mal. Est-ce qu'elle voulait vraiment se passer de ce qu'ils avaient écrit jusqu'ici parce qu'elle l'avait aperçue dans les bras d'une autre, parce qu'il le faisait relativement souvent ? Vu comme ça, il avait tous les torts et elle avait raison de vouloir s'éloigner de lui. Et il refusait ça aussi, de se sentir coupable une fois de plus, comme toujours. C'était parce qu'il se sentait coupable sur tout qu'il se la fermait et ne se confiait pas, il voulait se libérer de ce poids, quitte à faire culpabiliser une personne qu'il appréciait, ce qui n'était pas réellement dans ses habitudes, puisqu'il pouvait porter le poids du monde sur ses épaules si c'était pour voir les autres sourires. « Je te jure, j'aimerais que ça soit plus simple dans mon crâne, qu'on puisse être tous les deux, rien qu'à deux. » Avoua le jeune homme en se rendant compte que c'était peut-être lui donner un espoir inutile, une nouvelle fois, qu'il la blesserait sans doute. Et elle lui faisait comprendre, lorsqu'il continuait en disant qu'un jour peut-être ils se retrouveraient qu'exclusif, sans nuisance autour. Jaeden posait une main sur sa joue d'une manière douce, approchant son souffle d'elle pour finalement arriver proche de son oreille. « Si c'est ce que tu veux entendre ; n'attend plus rien de moi, Siam. Je ne te briserai plus le coeur, je ne te ferai plus rien croire puisque je ne serai plus là. » Il soufflait le chaud et le froid, il y avait de quoi se perdre, il ne voulait pas la quitter, mais il ne savait pas faire de choix, elle-même le savait. Il se redressait, soupirant avant de poser ses yeux sur elle une dernière fois. « Salut. » Disait-il après avoir tourné les talons pour regagner la foule. Il ne comptait pas rester parmi eux, pas une seconde, il en avait assez eu pour la soirée.