what i'm doing now, jaeden.

Les pompiers étaient vite venus te chercher, ils avaient déplacé ton corps à l'aide d'une planche avant de t'amener à l'hôpital où tu avais une nouvelle fois perdue connaissance. Tu avais été examinée à plusieurs reprises avant de te réveiller. Tu étais habillée d'une blouse, allongée dans un lit d'hôpital. Tu avais peur de ce qui allait se passer pour la suite. Tu tournais légèrement la tête pour voir ce qu'il y avait aux alentours, tu remarquais alors la silouhette de Jaeden. Il avait dû être appelé par Woody ou alors par les secours. Après tout, il était toujours ta personne à prévenir en cas d'urgence. En était-ce vraiment une aujourd'hui ? Tu en avais bien peur. Tu essayais de t'appuyer sur les poignets pour te redresser un peu mais tu en étais incapable. Tu décidais de laisser tomber, de simplement prendre la parole. Il n'avait pas encore remarqué que tu étais revenue à toi. « Hé, t'es là ! » soufflais-tu. Tu affichais un faible sourire, incapable de dire quoique ce soit d'autre. Tu te contentais de le regarder. Tu voulais essayer de deviner s'il allait se mettre à pleurer ou alors te faire la morale. Cependant, tu en étais incapable là aussi. Tu voyais un visage partagé par tant d'émotions. Tandis que sur le tien, les larmes commençaient à couler doucement le long de tes joues. Tu ne savais pas pourquoi tu pleurais, mais c'était ainsi. Tu essayais une nouvelle fois de lever légèrement ta main pour qu'il puisse venir l'attraper, tu avais besoin d'avoir un contact avec lui. Et comme visiblement, tu ne pouvais pas bouger, c'était à lui de briser la distance.

Jaeden avait quitté son lieu de travail sous le choc, dans l'angoisse. Dès lors qu'il s'agissait de sa famille, rien ne le raisonnait, il n'en avait que faire qu'il se fasse réprimander, que son patron le vire. Il voulait la voir, être à ses côtés. Tiffany était à l'hôpital, il n'avait retenu aucune autre information, il en avait déjà eu assez. Si ce n'était que pour une entorse, il n'allait pas le regretter de s'être déplacé, si c'était plus grave, alors il serait plus fier à être à ses côtés que rester supporter des charges pour son travail. Mais il doutait recevoirun appel de quelqu'un d'autre pour une blessure superficielle, il n'avait même pas entendu qui l'appelait, il n'avait pas reconnu une voix familière. Sa soeur était une battante, une petite blessure ne l'aurait pas envoyé à l'hôpital et elle n'aurait peut-être pas pris le temps de le prévenir, ça aurait été lui qui aurait vu le problème un jour et qui l'aurait réprimandé pour en avoir gardé le secret. Il voulait trop prendre soin de ses proches. À son chevet, il retenait son souffle, attendant que ses yeux s'ouvrent, il aurait pu attendre des longues minutes, des heures, il voulait s'assurer qu'elle ne serait pas dans un sommeil éternel. Il partait toujours trop loin, mais c'était comme ça qu'il était. Sa voix venait embaumer la pièce d'un souffle. « Bien sûr, tu croyais quoi ? » Il riait pour laisser exprimer son bonheur, parce que son stress redescendait. « Hé ... pleure pas. » Même si lui retenait difficilement ses larmes depuis son arrivée. Il se rapprochait d'elle, glissant la main de Tiffany dans la sienne, souriant pour deux puisqu'elle semblait faible et que même ce qui semblait sans effort l'était pour elle. « Tout va bien, tu ne risques plus rien maintenant. » Dans le sens où elle était vivante et c'était tout ce qu'il demandait. Il n'osait pas lui demander ce qu'il s'était passé, elle n'en avait peut-être même plus le souvenir.

Tu ne savais pas ce que tu croyais, tu avais juste longtemps pensé que tu serais toute seule. Tu n'avais pas pensé à grand chose à vrai dire. Sinon tu ne te retrouverais pas dans une telle position. Et pourtant, tu étais bel et bien allongée dans un lit d'hôpital. Tu n'avais pas pu retenir plus longtemps tes larmes. En le voyant, en pensant à ce que tu venais de vivre, tout ce que tu avais envie de faire c'était de pleurer. Te lamenter sur ton sort, ça allait devenir comme une nouvelle passion pour toi, il n'allait plus te rester grand chose d'autre en plus. Il s'était rapproché de toi, glissant sa main dans la tienne. Tu la serrais avec toute la force que tu avais mais tu avais l'impression d'à peine l'effleurer tant ton corps était encore en souffrance. Tu l'entendais te dire que tu ne risquais plus rien maintenant. Tu aurais aimé lui dire à quel point il avait tort. Mais tu n'en fis rien, laissant simplement tes larmes couler le long de tes joues. « Tu.. » La fin de tes mots restèrent bloqués dans ta gorge. C'était la réponse à la question que tu attendais tant depuis que tu étais arrivée à l'hôpital. Pourtant, tu ne savais pas si tu voulu vraiment savoir. Tu te disais que rester dans l'ignorance t'aiderait peut-être. Au moins pour aujourd'hui. Sauf que tu finirais vite par le savoir et il fallait commencer à se préparer. Commencer l'acceptation de toute cette situation, un chemin qui allait être long et tortueux. « C'est quoi le verdict Jae ? » avais-tu fini par articuler. Le médecin avait déjà dû l'approcher, ou sinon il n'allait sûrement pas tarder à venir te voir. Tu ne lâchais pas sa main, retenant ton souffle, le cœur prêt à rompre. La pire adrénaline jamais vécue.

En tant que grand-frère il s’était indirectement engagé à lui redonner le sourire quand elle n’allait pas bien, la protéger si quelque chose de mal s’avançait et à l’instant, il n’était pas capable de lui donner les deux. Il attendait juste que ses yeux s’ouvrent, qu’elle lui dise rien qu’un mot, qu’un murmure. Il voulait se rassurer, calmer son cœur qui tambourinait si fort jusque son crâne. Lorsqu’elle s’éveillait, le brun ne retenait pas son sourire, essayait de jouer son rôle en tentant de la rassurer, mais ça ne calmait pas ses larmes. Jaeden n’avait rien écouté à ce que les médecins avaient dit, il s’était simplement précipité dans la chambre de sa demi-sœur pour la voir, pour la savoir bien présente. Peut-être qu’il aurait dû se préparer aux éventualités avant de pousser la porte de la chambre et la refermer sur lui-même, lorsqu’elle lui demandait le verdict, il ne se sentait que mal à l’aise. « Euh … » Décontenancé, son regard fuyait, se perdant par la fenêtre à regarder le bleu du ciel plutôt que dans le regard azur de Tiffany. « J’en sais rien, Tiff. Je ne sais même pas ce qu’il s’est passé. » Autre moyen de lui demander qu’est-ce qu’il s’était passé exactement, pourquoi elle se retrouvait ici. Il préférait sa version des faits plutôt qu’à une autre personne, parce qu’elle était la seule à l’avoir vécue et à pouvoir décrire parfaitement la situation. « C’est Woody qui m’a appelé pour me prévenir. » S’il ne le connaissait pas en personne, son prénom était la seule chose qu’il avait daigné écouter dans cette conversation. « Il était avec toi ? »

Il ne savait pas. Il ne savait rien. Tu te sentais un peu plus perdue, un peu plus triste. Toujours aussi floue sur ce que tu allais devenir. Tu n'avais pas l'impression de sentir tes jambes mais tu avais eu une commotion et une hémorragie interne, ça avait pris en charge. Tu devais encore être sous l'effet des calmants, des anesthésiants ou tout autre chose. Tu étais dentiste, tu savais ce que c'était de shooter les patients pour s'assurer de leur stabilité, de leur docilité. « Je pensais que le médecin t'aurait averti. » Il n'avait pas dû avoir tous les résultats des examens que tu avais pu faire. Ou alors il voulait attendre que tu sois vraiment réveillée pour te l'annoncer à toi en premier. Tu n'en avais pas la moindre idée et tu ne serais pas fixée tant que tu ne voyais pas le doc arriver. Pour le moment il n'y avait que Jeaden dans la chambre, qui te tenait la main. Tu voyais bien qu'il était triste mais heureux que tu sois vivante. Vivante oui, mais à quel prix ? Tu n'arrivais pas à t'enlever cette idée de la tête. Il te parlait alors de Woody, du fait qu'il l'avait prévenu. Tu te souvenais que c'était les derniers mots que tu avais prononcé avant de perdre connaissance et qu'on te prenne en charge à l'hôpital. « On faisait de l'escalade ensemble et tu me connais, une vraie compétitrice dans l'âme. » Tu essayais d'esquisser un sourire, qui ressemblait plus à une grimace. Tu n'avais pas vraiment envie de revivre le moment de ta chute mais tu voyais bien qu'il essayait de comprendre ce qui avait pu se passer. Woody n'avait pas dû être explicite sur les raisons de ton arrivée à l'hôpital, il estimait que c'était à toi de lui raconter. Il n'avait pas pensé au fait que tu aurais pu te retrouver dans le coma. Ce n'était pas le cas de toute évidence. Tu ne savais pas si tu aurais préféré pour autant. « L'envie de gagner aura fini par me coûter mes jambes » Même si pour le moment tu ne pouvais pas vraiment être fixée. C'était pourtant une idée qui restait là, pas loin

Il n'avait pas la réponse à sa question, il n'était pas certain de son avenir. Le jeune homme était déstabilisé à cause de sa question et il ne pouvait pas arrêter de se reprocher de ne pas avoir écouté entièrement ce que lui déblatérait Woody au téléphone. Peut-être qu'il en savait plus. Peut-être qu'un type qui lui était inconnu savait plus sur le destin de sa propre soeur à lui. Quel frère en carton il faisait. « Je n'ai vu aucun médecin. Je pensais, moi, qu'ils seraient venus te voir plus tôt. » Le brun était persuadé que ce n'était pas la première fois depuis son accident qu'elle ouvrait les yeux, ils auraient dû venir la voir et assumer de dire eux-même ce qu'il allait advenir de sa soeur. Il ne voulait pas être le porteur de mauvaises nouvelles, pas cette fois. Ses doigts attrapaient ceux, frêles, de Tiffany alors qu'il posait un regard tendre sur elle. Maladroit, sûrement, il parlait de Woody parce qu'il avait été celui qui lui avait passé l'appel, qu'il devait savoir ce qu'il s'était passé, mais que Jaeden préférait entendre de la bouche de sa demi-soeur. Même si elle ne devait pas se souvenir de tout, il voulait entendre ses mots. « Tu faisais de l'escalade ... sur une vraie falaise ? » La question était débile, mais s'en était pas une vraie. « Et il n'y a pas de sécurité ... ? » Lui était plus casse-cou à s'en foutre de ce genre de choses, mais quand il voyait où ça avait emmener la blonde, il remettait son caractère en question. Ils étaient comme ça chez les Sawyer et ils se faisaient du mal pour rien. « Je vois. » Un souffle s'enfuyait alors qu'un sourire bienveillant essayait de faire place, bien qu'un peu déformé par l'angoisse qui parcourait toujours l'homme. « Ne dis pas ça, je suis certain qu'ils pourront faire quelque chose pour tes jambes si quelque chose va mal. » Il essayait de positiver, ce n’était que quelques os cassés, quelques longues semaines dans des plâtres et elle pourrait de nouveau découvrir les coins secrets de Bowen au pas de course. La poignée s’enclenchait, laissant apparaître une femme en blouse blanche. « C’est sûrement pour tes résultats … Tu veux que je te laisse seule ? » Ce n’était clairement pas à la médecin de décider pour lui, même si elle voulait le voir partir, il préférait écouter l’avis de sa sœur.

Tu ne savais pas pourquoi il en saurait plus que toi. Sûrement parce que tu avais un peu trop regardé les séries médicales et que la famille était toujours tenue au courant. Il fallait croire que la réalité était bien différente de la fiction. Et tu en avais conscience en général, mais là on ne pouvait pas dire que tu étais dans ton état normal. « Je pense qu'ils devaient attendre les résultats des examens qu'ils m'ont fait. » Examens dont tu n'avais pas vraiment le souvenir parce que tu avais perdu connaissance à plusieurs reprises, ton esprit était encore embrumé, suffisamment pour oublier l'adresse où tu vivais par exemple, ou encore le nom de ton chien. Tu ne savais pas si c'était des petits trous de mémoires sans importance ou le début d'une amnésie. « On fait rarement de l'escalade en salle, sauf si on veut s'entraîner. » avais-tu ajouté doucement. Tu le faisais avec Andreas lorsqu'il n'avait pas envie de se déplacer à la falaise, au moins ça vous permettez d'écourter si jamais ça n'allait pas. Comme la dernière fois que tu l'avais vu. Mais bien souvent, tu te rendais sur place, les sensations étaient plus grandes, tu t'y sentais vraiment vivante. « Si.. » Tu décidais de ne pas en dire plus, de toute façon il n'y avait pas vraiment grand chose à ajouter. Si tu avais été sécurisée, tu ne serais pas là. Il devait déjà s'en douter. Tu avais simplement envie d'ajouter que tu avais été stupide, tu voulais te flageller à voix haute mais tu n'en n'eu pas le temps, un médecin venait de faire irruption dans la chambre. « Non, j'aimerais que tu restes ! » Tu ne savais pas quelle mauvaise nouvelle allait tomber, ni même si elle serait vraiment mauvaise, dans le doute tu ne voulais pas être seule à encaisser la vérité. « Mlle Sawyer, votre colonne vertébrale est touchée au niveau de la L2, ce qui signifie que vos jambes sont touchés et que vous ne pourrez pas marcher avant un bon moment, si vous avez de la chance. Une opération pourra être envisagée mais il faut laisser votre corps se reposer avant de tenter quoique ce soit. Vous pourrez parler avec un kiné si vous le désirez pour apprendre à vivre avec un fauteuil. Je suis navré, c'est le mieux que nous puissions faire pour l'heure. » Tu n'avais pas écouté le moindre mot qui avait suivi sur le fait que tu ne pourrais plus marcher. Tu n'avais pas parlé trop vite tout à l'heure en disant que ça t'avait coûté les jambes.