(loufie) Karaoké avec bébé ?

Alek venait de me dire qu'Alfie était de retour. Alfie. Mon copain de karaoké. J'étais trop contente alors j'attrapai mon bébé que j'emmitouflai dans un châle avant de prendre ma casquette et la mettre sur ma tête. je n'avais pas revu mon copain le brun depuis des lustres et il me manquait. Alors, je demandai au taxi de me déposer jusqu'au Hendrix avant de descendre. Première sortie officielle de mon gamin : dans un bar. Je suis une bonne mère, ça ne fait pas de doute. Je me fraye un passage avant de m'asseoir sur le comptoir comme d'habitude. Je souris en attendant qu'il me remarque tout en berçant le nouveau-né. " Hé l'espingouin, t'es revenu d'entre les morts sans même venir dire bonjour à la meuf de ton barman ? C'est malpoli ! "

Après avoir récupéré le Hendrix, Alfie a aussi eu le plaisir de retrouver ses nombreuses soirées papotages en compagnie d'Alek. Après avoir appris qu'il était -enfin- en couple, l'espagnol a été surpris d'apprendre qu'il s'était mis avec Lou-Belle. Pendant une longue période, Alfie ne connaissait même pas son véritable prénom. Elle s'était présentée à lui sous un pseudonyme, Camille si sa mémoire vaut encore quelque chose. Il se souvient toujours de leur soirée mémorable, de leur chanson qui est longtemps restée gravée dans sa mémoire dans le moment était drôle. Et lorsqu'il la reconnaît, franchissant la porte du Hendrix, il ne peut s'empêcher de sourire jusqu'à en avoir mal aux joues. Lou prend place sur le bar au lieu de s'installer sur une chaise, un geste qui ne l'étonne même pas venant d'elle. « Et c'est celle qui ne daignait même pas me dire son vrai prénom qui ose parler de politesse ? Laisse-moi rire, Lou-Belle. » Il prononce son prénom entier, forçant sur chaque syllabe avec un sourire amusé. Bien sûr, Alek a fini par lui parler du bébé, le môme d'un type dont il n'avait jusque là encore jamais entendu parler. « Désolé, on sert pas les mineurs par contre, » lui dit-il avec un faux air sérieux.

C'est vrai qu'avant je mentais sur mon prénom devant une possible conquête. Et l'espagnol avait été dans ma ligne de mire. Mais je n'avais pas senti la petite étincelle qui m'aurait poussé à coucher avec lui. je prends place sur le tabouret en veillant à ce que Gabriel ne soit pas dérangé. " Ouais c'est vrai que j'ai menti là-dessus mais à l'époque, j'étais kleptomane. Je comptais coucher avec toi pour te dérober ton tee-shirt, dis-je en toute simplicité. " Je n'allais pas plus loin dans mes explications. Lorsqu'il mentionne Gabriel, j'éclate de rire. J'ôte un peu le châle pour lui montrer la petite tête rose. " je te présente Gabriel, il a un mois et demi. " Je porte le bébé comme s'il s'agissait de Simba dans le Roi Lion qui fixe Alfie sans broncher. Puis, je le ramène vers moi, mère protectrice. " Ah t'as loupé plein de choses ! Faudrait que j'te raconte. Mais dèjà, tu veux le prendre un peu ? T'as le droit de porter un bébé ou ça te dégoute ? "

Cette excuse qu'elle utilise arrive à lui tirer un sourire amusé. Elle a voulu coucher avec lui et ça se sentait, ça se voyait. Lui-même avait fini par se laisser prendre dans ses filets sauf qu'au dernier moment, elle s'est désistée sans qu'il ne comprenne pourquoi mais sans non plus qu'il n'insiste auprès d'elle. Il n'a jamais été comme ça, Alfie. « Je t'en veux pas, » lui dit-il comme pour la rassurer alors qu'il se doute très bien qu'elle doit s'en foutre royalement de son pardon. Quand elle lui présente le petit Gabriel, il se contente dans un premier temps d'hocher la tête avant d'écarquiller de grands yeux. « C'est celui d'Alek ? » Il l'a presque oublié, mais il s'est rappelé dans un éclair de génie qu'Alek lui a annoncé s'être mis avec elle. Mais quand ? Alfie a préféré ne pas entrer dans les détails, préférant laisser le petit parler à sa guise. « Le prendre ? Tu sais que la chose que j'ai porté et qui ressemblait le plus à un bébé c'est un baril de bières ? Je voudrais pas le faire tomber alors je l'admire de loin. » Il prend appui sur le bois du bar, prenant soin de tout de même garder un oeil sur ses clients. « Allez raconte-moi, je sens que t'en meurs d'envie. »

Forcément qu'il ne m'en voulait pas. ça remontait à quoi ? neuf mois ? Je le regarde en clignant des yeux pour me souvenir que je portais un bébé. Le bébé de Ciàran. Je ne suis pas gênée d'être en couple avec un mec et d'avoir eu le bébé d'un autre. Nous sommes en 2018 et c'est connu : les femmes sont devenues des trainées. " Non. " Je berce distraitement Gabriel qui dort contre moi. ce gosse ne fait que dormir aux moments où je suis éveillé et brailler lorsque je dors. Des fois, j'ai envie de le jeter contre le mur. Mais c'est mon fils et je l'aime. Kind of. " C'est celui de Ciàran, un très bon ami à moi. Un bébé issu d'une soirée très alcoolisée. But that's cool. Alek l'a accepté. " Je m'accoude avant de le fixer dans les yeux. " Et toi, t'as quelqu'un ? " ça m'intéressait car je pouvais dire qu'Alfie était mon ami. J'ai tendance à considérer les gens que je rencontrais comme mes amis. Quasiment tous. Mais une fois qu'on perd ma confiance, on ne la regagne pas facilement. " Bah je suis tombée enceinte. " Obviously puisque le bébé est dans mes bras. " Mais à cause de mon déni de grossesse, je m'en suis rendue compte qu'à cinq mois. Ensuite, on m'a renversé en voiture, j'ai perdu la vue. J'ai flirté avec le mec qui m'a fait perdre la vue. Je suis tombée amoureuse de CJ mais il m'a abandonné pour aller te chercher en Espagne alors que j'avais besoin de lui. lorsqu'on s'est retrouvés, il était alcoolisé, m'a repoussé et a déclenché mon accouchement. " Je ne reprends même pas ma respiration en débitant tout ça. " j'ai fait quinze jours de coma. je me suis rendue compte que j'aimais Alek car c'est sa voix qui m'a réveillé. Et mon oncle qui m'a violée durant mon enfance est mort. " je prends la bouteille de bière avant de boire au goulot sans me soucier de ce que je venais de débiter d'une traite. " Ah et j'ai recouvré la vue car le père de mon enfant a fait un chèque. But that's cool. I'm weird u know ? "

En soit, Alfie ne les aurait pas jugés si Alek et Lou avaient décidé de faire un bébé, comme ça, sans prévenir personne. C'est juste qu'à ses yeux, Alek est un peu comme un petit frère. Celui qu'il veut protéger, celui encore trop jeune et trop innocent que pour déjà goûter aux péripéties de la vie d'adulte. Et pourtant, c'est bien avec lui qu'Alfie a partagé ses plus grandes soirées de beuverie dans ce même bar. Quand Lou prononce le prénom de Ciàran, il fronce légèrement les sourcils. Ce prénom lui est familier, il est certain de l'avoir déjà entendu ou lu quelque part, mais impossible de retomber sur la source. Elle lui demande ensuite si il a quelqu'un, ce à quoi Alfie se contente dans un premier temps de hausser les épaules. « Peut-être. » Éternel gamin. « Ouais, je vois une fille en ce moment. » Étonnant venant de lui, mais ça peut-être que Lou ne le sait pas. Enfin, elle s'en était sûrement rendu compte à la façon dont il avait si vite accepté de jouer dans son petit jeu de drague. Il écoute ensuite son récit, ouvrant parfois de grands yeux et hochant ensuite la tête à d'autres moments. Quand elle parle de CJ, il ne peut cependant s'empêcher de rire légèrement. « T'as bien fait d'abandonner pour CJ, je pense pas qu'un jour il arrêtera d'être amoureux de son ex. Il m'a ramené comme cadeau pour se faire pardonner auprès d'elle. » C'est donc à cause de lui qu'elle a accouché, CJ et sa manie de tout foutre en l'air partout où il passe. Décidément, Alfie et lui ne seront jamais de grands copains. Quand elle parle de son oncle, il sort une bière du frigo -pour lui puisqu'elle semble s'être déjà servie- et la soulève en direction de Lou après avoir retiré la capsule. « Au moins une bonne nouvelle, » dit-il avant de boire une gorgée. « J'ai su que t'étais un peu bizarre dès la première fois où t'es venue me parler, » lâche-t-il en riant avant de recouvrer un minimum de sérieux. « Mais je suis content d'apprendre que ça va mieux pour toi. T'as un beau bébé en tout cas, il te ressemble. Vaguement. Je crois. » Alfie penche la tête sur le coté afin de regarder Gabriel sous tous les angles et finit par abandonner, buvant une deuxième gorgée de sa bière.

Je me dandine sur mon siège comme une petite dinde alors qu'il commence à me parler de sa copine. Oh tu la vois juste pour coucher ou c'est plus que ça ? Allez confie-toi un peu à une femme. Je saurai te donner de bons conseils. Du moins, j'espérai avoir de bons conseils. Car je n'en avais pas donné depuis des années. ayant grandi avec des garçons, j'avais appris à les aider durant leurs nombreuses ruptures et même à reconquérir certaines personnes. On en vient à parler de CJ et ma mâchoire se contracte. Penser à lui était encore douloureux. Mais ça finirait par passer avec le temps. Je… j'ai pas envie de parler de lui. Je détourne le regard pour la première fois car je n'étais pas ce genre de femmes à reconnaitre ses souffrances. Au contraire. Je déglutis avant de passer une main dans mes cheveux. J'aimais Alek, ça ne faisait aucun doute mais Cupidon avait joué avec moi. et je ne lui pardonnerai jamais. c'est pour ça qu'on m'apprécie. Et si je n'étais pas spéciale, je n'aurai pas mis le grappin sur le plus beau des barmans. Je ris à ma blague. Alfie était très séduisant mais Alek le supplantait de loin. Je soulève le bébé pour lui retirer le châle qui le recouvrait afin qu'il le voit mieux. on dit qu'il a mes yeux. car ceux du papa sont bruns et les miens, bleu. Mais sinon le reste, il tient de son père. C'est moi qui manque de mourir en le mettant au monde et c'est à son père qu'il ressemble : sale petit ingrat !

Face à la demande de Lou, Alfie lève les yeux au ciel tout en laissant cependant un sourire venir étirer le coin de ses lèvres. « Tu devrais savoir maintenant que je suis pas du genre à me confier, » dit-il simplement avant d'ajouter « Mais je suis capable de fréquenter une fille sans que ce soit que pour du sexe, tu sais. » Quoi que cette affirmation a pendant longtemps été fausse. Non pas qu'il se servait d'elles pour répondre à un besoin physique, plutôt qu'il était incapable d'aller au stade au-dessus sans risquer de mettre à mal son équilibre mental. Quand ils en viennent à mentionner CJ, Alfie remarque bien comme parler du canadien met Lou mal à l'aise. Il fronce légèrement les sourcils. « On dirait qu'il a vraiment merdé sur tous les cotés pendant que j'étais pas là. Mais je te forcerai pas à en parler, moi. » Il cherche son regard, veut lui montrer que peut importe ce qui est arrivé entre elle et CJ, Alfie sera de son coté. Même si elle est fautive d'ailleurs, il n'a de toute façon jamais été un grand fan du jeune homme et ne prend même pas la peine de le cacher. Elle qualifie ensuite Alek comme étant le plus beau des barmans, une remarque qui le fait hausser les sourcils. Immédiatement, Alfie fait semblant de le prendre personnellement, un jeu de sa part qui prouve encore une fois à quel point il peut parfois manquer de maturité. « Le plus beau rayon enfants, peut-être, » réplique-t-il avant que ce sourire joueur qui lui colle si bien reprenne place sur ses lèvres. Il regarde ensuite en direction du bébé. « Attends de voir quand il sera grand, y a des chances qu'il commence à voyager en roller de karaoké en karoké. » Il se redresse ensuite, pris par une pensée furtive qui vient de traverser son esprit. « D'ailleurs, comme t'as pu le remarquer, y a une scène au fond du bar. Ce serait cool que tu viennes animer un peu cet endroit de temps en temps, » ajoute Alfie en plantant son regard sombre dans celui de Lou-Belle.