(Woolana) 'cause you're hot and I'm cold.

Si j'avais été capable de ressentir quoique ce soit, je pense que j'aurai été en colère contre Woody. Une telle montagne de muscles qui a fracassé la tête de mon cousin si pathétique. J'aime CJ. Mais sa rupture avec miss sourire l'a rendu un peu… pitoyable. L'amour est une faiblesse. Enfin non, pas une faiblesse mais les relations amoureuses en sont une. Donc j'étais ici pour faire rentrer le fait qu'il devait arrêter de s'apitoyer sur Skype dans son crâne de piaf avant de repartir au Canada. Et ainsi reprendre mon rôle de reine des glaces : Winter dans le cycle de la vie. Mes cheveux argentés tombant de manière négligée sur mes épaules, j'avais rêvetue une tenue de sport pour entrer dans le centre. Mais soyons hônnete, je ne fais pas sport. A vrai dire, ça m'insupporte un peu. La transpiration et l'endorphine. C'est désagréable. Donc après un battement de cils, j'obtiens la salle dans laquelle travaille l'ainé des Rutkowski avant de me poster dans un coin pour l'admirer en pleine séance. " Et dire que ce sont ses muscles imposants qui ont passé mon cousin à tabac. Dommage, je me suis toujours demandé ce que ça ferait de coucher avec toi. " Je prends un air détaché. Non plutôt, j'ai un air détaché. " Bonjour Woody, remember me ? "

Après s’être poussé à bout sur le tapis roulant, courant comme si sa vie en dépendait, Woody n’avait pas baissé le rythme en passant aux machines de musculation. Les poids et haltères, les charges des machines qu’il montait d’un niveau après chaque répétition, on aurait dit qu’il essayait de compenser pour quelque chose. Et peut-être était-ce le cas, ou peut-être était-il en train de laisser s’échapper toute la rage qu’il contenait en dedans de lui. Sa rage face à ce que Freja était en train de se faire alors qu’il se sentait autant impuissant face à sa souffrance. Sa rage vis-à-vis de sa sœur qui menaçait à tout moment de retomber dans ses vieilles habitudes avec un homme qui ne la méritait pas. Sa rage face à son frère qui avait décidé de disparaître de la ville, ne faisant que suivre le mouvement devenu un peu trop habituel pour Woody qui perdait tous les gens qu’il aimait au compte-gouttes. Ça avait été une putain d’année de merde, et la nouvelle ne commençait guère mieux. Il repoussait alors ses limites, comme pour repousser ce qui pourrait lui arriver de pire. La sueur perlait sur son front, son chandail gris était humide de par ses efforts, et ça n’empêcha quand même pas une jeune femme de s’avancer jusqu’à lui. Mais en reconnaissant sa voix, Woody comprit bien vite que ce n’était pas le genre de rencontres de séduction qu’il avait l’habitude d’avoir dans les salles de sport. Il soupira discrètement, faisant retomber la barre sur ses supports, passant dessous pour se redresser sur le banc. « Svetlana. » Lança-t-il d’un ton indifférent en passant sa serviette sur son front. « Si t’es venue jusqu’ici pour me faire la morale, c’est bon, d’autres ont une longueur d’avance. Y s’fait un peu tard pour ça. » L’événement en question remontait à des mois, maintenant. Il aurait bien voulu passer à un autre numéro. Ce n’était pas le nombre de conneries de sa part qui manquait.

J'ignorai pourquoi j'étais ici. En Australie. CJ semblait s'être plus ou moins réconcilié avec Nevaeh. J'étais venue ici pour lui faire entendre raison mais la petite blonde m'avait devancée. Ainsi j'avais appris pas mal de choses sur leur couple et j'avais décidé de les laisser tranquilles. Mais il y avait une ombre au tableau. Le grand frère de la jeune femme, Woody, que j'avais déjà vu. Un bel homme, bien bâti mais qui pouvait s'avérer être un horrible connard. Du moins avec les femmes. je ne m'offusquai pas de ce genre de comportement. Je m'en foutais pas mal. J'avais attaché mes cheveux en queue de cheval pour débarquer et le voir en plein effort. Je le regarde faire un moment avant de pencher la tête sur le côté, enroulant une de mes mèches argentées autour de mon doigt. Salut Woody. Ma voix était comme toujours dénuée d'émotions. Mes yeux ne se détournaient pas de son corps musclé alors que je secouai la tête. Tu sais ce qui est bien avec les apathiques…, commençai avant de faire le tour de lui-même pour venir me mettre à sa hauteur, c'est que faire la morale ne fait pas partie de nos attributs. Je m'assois par terre avant de me coller en tailleur pour le fixer alors qu'il s'essuyait. Je viens juste te dire de les laisser tranquilles. J'ai cru comprendre que tu étais réticent à leur relation. Ils sont adultes et ce qu'ils font dans l'intimité ne sont pas nos affaires. Et pourtant, j'étais venue à Bowen pour le relever. Je me colle un instant contre le mur avant de fermer les yeux pour inspirer doucement. Et je suis venue aussi parce que je t'apprécie. T'es à peu près le seul mec honnête dans cette ville maudite.

Il pouvait sentir son regard loucher vers son corps, il sentait ses yeux détailler chaque ligne prononcée de ses muscles. Woody ne s’en contrariait pas, il la laissait faire ce qu’elle voulait. Elle pouvait l’objectifier, le réduire à un corps, il préférait même cela plutôt qu’on s’intéresse à quoi que ce soit de plus profond. Et puis, lui ne se gênait pas de le faire à la gente féminine, alors il n’avait aucune raison de se plaindre. Elle contourna le banc d’entraînement, et Woody par la même occasion, avant de se mettre à sa hauteur, assise au sol. « Bien, alors. On va s’entendre là-dessus. » Se faire faire la morale par les autres, rien de plus chiant, Woody vivait comme il l’entendait et si ça ne plaisait pas, que les autres aillent se faire foutre. Pourtant, Svetlana venait quand même lui dire de laisser Nevaeh et CJ tranquilles. Si ce n’était pas faire la morale, ça, d’une certaine manière. Il secoua la tête en s’essuyant. « Pas de nos affaires ? J’sais pas pour toi, mais moi, quand ce con fout la merde, ça a des répercussions dans ma vie. Parce que c’est ma petite sœur qui en souffre, c’est ma petite sœur qui s’retrouve en mille morceaux. Alors j’dirais que c’est quand même de mes affaires, et que j’dois protéger ma sœur de cet enfoiré. » Il s’en fichait bien que ce soit son cousin, ça ne faisait pas de lui un saint aux yeux de qui que ce soit. Et puis si elle était apathique, ça ne devait pas l’atteindre. « Réticent à leur relation, c’est minimiser la chose. Si elle se remet avec CJ, franchement … » Il s’arrêta là. Il ne voulait pas parler en mal de Nevaeh, mais ses pensées allaient dans tous les sens, pas tous bien jolis en entendre. « T’es à peu près la seule qui voit mon honnêteté comme une bonne chose. » Ça le faisait rire. Surtout parce que son honnêteté était souvent synonyme de méchanceté. Ça plaisait sans doute à Svetlana parce que ça ne s’était pas encore reviré contre elle.