(concholett) i missed you...

Ce mot résonnait dans ta tête, sans savoir ce que tu allais faire de votre relation. Impossible. Tu étais là, posté dans le salon de ton ami toujours à contempler le sol ou bien sa silhouette. Il avait toujours été là pour toi, il avait toujours tout fait pour toi. Même étant enfant, Conchobàhr avait toujours tout fait pour ta personne. Une histoire d'amourette qui avait mal tournée, des disputes avec ton frère, un clash avec tes parents, des garçons qui t'embêtaient au lycée. Enfin bref, il était là pour toi et il l'avait toujours été. C'était donc pour cela que tu avais toujours eu peur de lui donner l'amour que tu lui portais. Pendant tout ce temps là, tu t'étais voilé la face, tu avais caché tes sentiments. Voilà pourquoi tu n'avais rien dis. « Parce que j'avais peur simplement. Peur de te perdre, finis-tu par dire en soufflant. J'étais là en tant qu'amie, et je le serais toujours pour toi, et tu le sais » avouas-tu simplement en baissant les yeux. C'est vrai, tu étais toujours là pour lui et tu l'avais toujours été sauf pendant ton année loin de l'Australie, perdue dans la contrée française. C'était encore confus d'avouer tout ça ce soir, de vous retrouvez pour finalement vous avouez vos sentiments. Enfin surtout les tiens, qui étaient tapis au fond de toi depuis tant d'années. « Je suis nulle » dis-tu en mettant ta main sur son front, peinée de tes sentiments. « Qu'est ce que tu veux que je dise alors ? Je suis si perdue dans ma tête, je devrais rentrer chez moi, je ne te fais que du mal en te déballant ce que j'ai sur le coeur » dis-tu en relevant tes yeux vers lui, plongeant ainsi ton regard dans le sien. Il était si beau, tu analysais chaque courbe de son visage, chaque détail de son faciès, et tu aimais toujours autant ce que tu admirais depuis maintenant toutes ces années. Que dire ? Que faire ? Actuellement, tu étais désemparée. Ne changeant que faire de tes mots et de tes sentiments. Cette soirée marqué la fin de votre amitié comme elle l'était. Certes, tu ne cesserais jamais d'être l'amie de Conchobàhr, mais jamais vous ne retrouviez cette complicité que vous aviez. Enfin, tu avais peur de la perdre. Et surtout, tu ne voulais pas la perdre.

Ça avait toujours été ça, entre nous. Scarlett envers moi, et moi envers elle. Scarlett et Conchobàhr contre le monde, en quelque sorte. Il faut dire, à l'époque où nous étions enfants et même adolescents, je n'avais pas le physique que j'avais aujourd'hui, et encore moins la confiance en moi qui était peu à peu venue avec, au fil des années. J'avais eu besoin d'une alliée comme Scarlett, et rapidement elle avait pris énormément d'importance dans ma vie, et à partir de ce moment-là, je m'étais promis de ne jamais la lâcher. De ne pas la perdre. Cette femme en or qui avait vu en moi bien plus que ce que les autres voyaient. Cette femme courageuse qui aurait été prête à braver vents et marées pour moi, avec moi. J'avais également fait en sorte d'être son roc à elle aussi, son rocher au milieu des rapides, celui qui ne se laissait jamais courber par les difficultés de sa vie. Sauf que dans ma promesse à moi-même de ne jamais la lâcher, je n'avais pas songé au fait que les sentiments grandissants en nous, l'un pour l'autre, auraient pu finir par éclater. Et nous propulser d'un côté et de l'autre par le même fait, nous laissant naufragés de notre propre amour trop fort, trop grand. « Je sais. Et je le serai aussi toujours, moi aussi. Mais ... » J'hésitai. J'avais toujours été mauvais avec les mots, et de peur de dire les mauvais trucs, de peur de blesser les autres, j'avais appris à tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de me prononcer sur de tels sujets. La dernière chose que je voulais c'était laisser Scarlett repartir avec un cœur brisé. Pourtant, ça me paraissait inévitable, peu importe ce que je ressentais aussi. « J'peux pas m'empêcher de me dire que si ... si on en reste là, si on en reste à ça, ce sera plus pareil. J't'aurai toujours, à quelque part, dans un coin de ma tête. Et de mon cœur. » Avouais-je. Alors c'était ça, c'était ça la conclusion. Que je me refuse à m'abandonner à Scarlett ou que je saute le pas, je l'aimerais, peu importe. Tout comme j'aimerais Zelda en même temps. Peu importe ce que je faisais, j'étais complètement fucked. « Je pense que pour ce soir, ce serait la chose à faire ... la chose la plus raisonnable. Que tu partes. Laisse-moi juste ... j'ai besoin de temps. C'est le bordel là-dedans et j'dois prendre le temps de réfléchir ... » Dis-je en portant mon index à ma tempe droite, avant de laisser retomber mon bras. Je soupirai. « Je suis désolé que ça se passe comme ça. » C'était un mauvais timing. C'était toujours le mauvais. Et nous avions raté notre seule ouverture, une année plus tôt.

Toute votre vie vous aviez été de bons amis, les meilleurs du monde. Depuis l'enfance, même. Chacun avait été là pour l'autre quand il en avait besoin. Lors de l'adolescence et de son corps disgracieux, lors de l'enfance et de ses premières peines de coeur, lorsque du passage à âge adulte et toutes ses emmerdes. Conchobàhr avait été cette personne qui t'avait toujours aidé à faire tes choix, à t'aider dans tes projets. Et jamais tu n'oublierais ces moments passés avec lui. Même si tes sentiments troublaient dorénavant votre relation, tu ne voulais pas perdre cela avec lui. « Mais ? » dis-tu la gorge serrée lorsqu'il répondait qu'il savait que tu serais toujours cette amie pour lui. Malgré cette soirée, malgré ce qu'il s'était passé. Mais tout avait changé maintenant. Tu le savais, tu avais tout gâchée et tu t'en voulais. Jamais tu n'aurais du fuir tes sentiments, jamais tu n'aurais du t'en aller à l'autre bout du monde avec cet homme que tu connaissais à peine et qui au final t'a détruite. Ton coeur se cassait, en milles morceaux mais tu ne pouvais t'en vouloir qu'à toi-même. C'était de ta faute, et tu le savais très bien. Il n'avait rien à voir là dedans, tu ne voulais pas qu'il se sente responsable de ce que tu ressentais maintenant. Il n'avait pas à le faire, simplement. Quelque part dans son coeur. Tu savais ce que cela voulait dire, mais jamais tu ne permettrait de faire sortir cette brèche pour ne pas détruire sa vie amoureuse. Concho semblait si amoureux de sa dulcinée que tu ne voulais en rien détruire ce couple. Même si tu rêvais de mener cette vie là avec lui. Alors tu acquiesçais, d'un signe de tête, sans rien dire, de peur de le regretter encore. « Je vais te laisser alors, mais promets moi quelque chose avant » demandas-tu à ton ami, en ancrant ton regard dans le sien, comme une promesse, comme celle que vous faisiez quand vous étiez petit. « Promets moi juste de ne pas oublier notre amitié, quoi qu'il arrive » demandas-tu à ton ami, les yeux dans les siens, rougis par les larmes. C'était bien la chose dont tu avais le plus peur, qu'il oublie tout ce que vous aviez vécu ensemble.

Ce mais, je le redoutais, même s’il sortait d’entre mes propres lèvres. Ce mais, j’aurais préféré qu’il n’existe pas, j’aurais préféré que ce soit bien plus simple, tellement plus simple, entre Scarlett et moi. Que l’amour ne soit jamais né, ou mieux encore que nous ayons pu l’attraper avant qu’il ne s’envole vers un nuage qu’il nous était impossible de rejoindre. Scarlett et moi, ensemble, c’était un peu une utopie. Un doux rêve que j’avais tellement longtemps caressé du bout de mes doigts avant de me raviser à le laisser s’envoler haut, si haut, beau et fier au-dessus de nous, fantasme qui bercerait mes songes quand j’aurais besoin d’un repère. Mais ce repère n’en était plus un, notre amour était maintenant la source même du brouillard qui valsait autour de moi, voulant m’entraîner dans une danse téméraire qui aurait raison de moi. Je n’étais pas l’homme qui change de partenaire selon le rythme de la musique, je n’étais pas l’homme qui dansait sur un pied puis l’autre, changeant de cap sans prévenir. Pourtant, face à Scarlett, j’avais l’impression de ne plus me reconnaître, parce que je découvrais un homme nouveau face aux sentiments qu’elle avouait avoir pour moi. Et que je ne voulais pas avouer avoir pour elle. Je lui demandai alors de partir, même si cette requête allait contre le vent qui me poussait vers l’avant, mais aussi vers le bord du gouffre. Je lui demandai de me laisser du temps même si j’avais l’impression que je n’en aurais jamais assez pour faire de l’ordre dans mes idées et dans mon cœur. Chaque grain de sable qui s’écoulerait du sablier me rappellerait que je cherchais la solution à un problème impossible. « Bien sûr. » J’aurais été prêt à lui promettre n’importe quoi, à Scarlett, si je baissais ma garde. Je ne pouvais qu’avoir confiance en elle, qu’elle ne me demande pas de lui promettre quelque chose que je ne pouvais pas lui offrir, pas maintenant. Je soupirai de soulagement en entendant sa demande. La question ne se posait même pas. « Jamais. Jamais je n’oublierai, Scar’. J’en serais tout simplement incapable et, surtout, je n’en ai aucune envie. » J’esquissai un faible sourire, marqué par la tristesse, avant de la laisser partir, me laissant plus seul que jamais.

FIN