#454 - i can't forget the past (aisran)

Aisling se mordit l'intérieur de la joue. Il avait raison, il avait raison sur tout. Ce ne serait pas sain d'accepter un enfant alors qu'elle ne le voulait pas. Elle aurait sans doute passé son temps à rejeter l'enfant, à laisser Isaiah s'en occuper et... Non, tout ça était sans doute une très mauvaise idée. Elle eut un léger soupire, passant sa main dans ses cheveux avant de reposer sa tête contre Ciàran.

-Tu as... raison.

Elle releva son regard vers lui.

-Ça arrive assez rarement pour que ça soit souligné.

Elle eut un petit sourire taquin, essayant de détendre l'atmosphère qui était beaucoup trop pesante entre eux. Elle haussa doucement les épaules quand il lui fit remarquer que c'était bien qu'elle soit entourée de plusieurs gens.

-Sûrement, ça la sociabilisera.

C'était vrai, Siobhan n'était pas la fille d'Isaiah mais... Isaiah ne serait-il pas capable d'adopter toute une tribu d'enfant pour leur donner une vie meilleure ? Elle était presque sûre qu'il s'en fichait que ce soit génétiquement les siens.

-C'est vrai mais... est-ce que ça compte vraiment ?

A sa question, la blonde baissa les yeux. Elle ne savait pas. Tout cela était plutôt confus pour elle.

-Un jour, c'est vague.

Elle secoua la tête, avant de plonger son regard dans le sien.

-Pour le moment je ne suis pas prête. Je n'ai pas le temps et...Ce serait vraiment pas une bonne idée.

Ces trois petits mots sont rares dans la bouche d'Aisling et davantage encore quand ils te sont destinés mais ça fait toujours plaisir à entendre, c'est certain. Tu ne peux t'empêcher d'esquisser un sourire en entendant son ton taquin bien plus léger que votre conversation actuelle. « Tu es juste trop têtue pour le reconnaître plus souvent. » La taquines-tu à ton tour avant d'ajouter : « Mais j'apprécie le geste. » Et c'était le cas. Tu hoches la tête lorsque la blonde confirme qu'un entourage rendra sa fille sociable. C'est important, après tout. Toi, tu désires que Gabriel soit entouré de personnes de confiance. Tu veux qu'il ait d'autres personnes sur qui compter au cas où tu ne serais plus là un jour ou l'autre. Pour tu ne sais quelle raison. A la question de la jeune femme, tu ne peux que froncer les sourcils. Est-ce que ça compte ? Pour toi sans doute. Pour son petit-ami, tu n'en sais rien. Tu ne le connais pas. « J'peux pas parler à sa place mais je pense que oui. » Dis-tu en posant ton regard sur le sien. « Et le fait que tu me dises qu'il aurait voulu le garder confirme ce que je pense. Il aimerait sûrement avoir un enfant à lui, même si je ne doute pas qu'il aime ta fille. Si elle est comme toi, on ne peut que l'aimer. » Répliques-tu avec un léger sourire. Puis, alors que ta main caresse son dos avec une extrême douceur, tu essaies de démêler le vrai du faux. De faire ressortir le vrai ressenti d'Aisling. « Si ta réponse est temporaire, alors, il vaudrait peut-être mieux que tu t'abstiennes de faire quelque chose que tu pourrais regretter. » Et dans ce cas-ci, se faire stériliser. Aisling semblait encore peu certaine de l'avenir et si un jour elle désirait finalement avoir un second enfant, tu ne voulais pas qu'elle s'en morde les doigts à cause d'un acte réalisé à la hâte.

Aisling eut un léger rire quand il la qualifia de trop têtue. C'était entièrement vrai. Elle l'embrassa tendrement sur la joue, gardant un soire en coin.

-Possible. Comme quoi je suis gentille.

Elle aimait plutôt se dire méchante, sans cœur, froide, raisonnée. Et pourtant, pour cette fois, elle se considérait gentille.
Elle se mit à réfléchir quand il lui dit qu'à son avis, ça comptait, et que donc, il aurait voulu avoir un enfant biologique. Elle penserait à lui en parler, un jour, de façon anodine.

-Ne dis pas ce genre de bêtises, ma fille est beaucoup plus géniale que moi.

Elle dit ça avec un léger sourire en coin. C'était tellement facile. Elle espérait vraiment que sa fille ait une vie plus... normale et sans doute plus épanouie que la sienne. Elle baissa les yeux quand il lui dit qu'elle ne devrait pas faire quelque chose qu'elle regretterait un jour.

-C'est presque étrange de t'entendre quelque chose d'aussi réfléchi.

Tu n'as jamais douté de la gentillesse d'Aisling contrairement à la plupart des gens. Tu as toujours su voir au-delà. Même lorsque vous ne faisiez que vous disputer, enchaînant les bas plutôt que les hauts dans votre relation. Tu as toujours su voir une once de gentillesse dans ses paroles, dans ses gestes ou même son comportement. « Je le savais déjà. » Réponds-tu avec un léger sourire, passant une main dans les cheveux de la blonde pour remettre quelques mèches en place. « Je ne connais pas ta fille mais je te connais toi. Tu as bien plus de valeurs que tu ne sembles le penser. » Dis-tu en fronçant légèrement les sourcils. Tu savais que le côté "sûre d'elle" de la blonde n'était qu'une façade mais aujourd'hui, alors qu'elle est tourmentée par les doutes, son manque de confiance en elle est plus que présent. Tu ris en entendant la remarque d'Aisling sur ton côté réfléchit. C'est clair qu'habituellement, tu fonces avant même de réfléchir. Peut-être t'assagis-tu avec le temps ? « Je sais c'est bizarre hein ? » Demandes-tu en riant et en secouant la tête. « J'veux juste pas te voir malheureuse. Que ce soit maintenant ou d'ici quelques années. » Murmures-tu sans détacher ton regard du sien. Parce que même si vous pouviez plus avoir de relation, tous les deux, tu étais bien décidé à garder un oeil sur la blonde même de loin.

Aisling eut un sourire amusé alors qu'il lui disait le savoir déjà. Il était pourtant, sans doute, une des personnes avec lesquelles elle avait été la plus crue. Mais il savait aussi voir au-delà des barrières qu'elle avait posé entre elle et le reste du monde.

-Bien sûr.

Elle baissa le regard quand il lui dit qu'elle avait plus de valeur qu'elle ne le pensait. Sans doute. Aisling n'était pas le genre de femme qui se dévalorisait en permanence, normalement, et encore moins devant Ciàran, mais il fallait croire que dans la confusion elle tombait dans des défauts qui étaient un peu trop communs.

-A tes yeux ?

Le regard des autres lui importait peu en réalité, mais celui de ceux qu'elle aimait, c'était différent. Elle eut un sourire en coin alors qu'il riait à sa remarque. Indéniablement, c'était étrange pour tous les deux.

-Est-ce que je le mérite ?

Il y avait bien peu de choses que tu ignorais sur Aisling finalement mais il résidait une question qui n'avait jamais trouvé de réponses au fil des années. Une seule. Tu t'es toujours demandé pourquoi elle semblait tant s'accrocher à votre relation à une époque. Pourquoi elle semblait réellement fâchée quand tu t'en allais sans prévenir ? Pourquoi s'accrochait-elle à toi, finalement ? Toi le "sans-coeur" et "sans-âme". La raison restera sûrement toujours inconnue, tu es trop fier pour poser ce genre de questions. Néanmoins, quand il s'agit de faire comprendre à la blonde qu'elle a plus de valeurs qu'elle semble le penser, tu n'hésites pas une seconde. « Bien sûr. A mes yeux et à ceux de bien d'autres personnes, sans doute. » Tu avais vu au gala à quel point elle était bien entourée. « Tu en doutes ? » Demandes-tu finalement par curiosité et pour comprendre le ressenti de la jeune femme. Parfois, tu as l'impression de lire en elle comme dans un livre ouvert mais parfois aussi, elle te déroute complètement. Comme lorsqu'elle te demande si elle mérite de ne pas finir malheureuse. Tu fronces les sourcils, tirant légèrement sur son menton pour qu'elle pose son regard dans le tien. « Pourquoi en doutes-tu ? Que penses-tu avoir fait qui mériterait que tu sois malheureuse ? » Tes sourcils sont toujours froncés, ton air et le ton de ta voix plus inquiet. Tu t'es toujours inquiété pour elle mais tu ne lui as jamais vraiment laissé le loisir de le voir jusqu'ici. Aujourd'hui, tu t'ouvres à Aisling plus que tu ne l'as jamais fait dans le passé.

Aisling eut un léger sourire alors qu'il lui assurait qu'elle avait de la valeur à ses yeux, et sans doute à ceux des autres aussi.

-Parfois oui. J'ai pas vraiment l'habitude d'avoir... des gens qui m'aiment.

Elle avait sa famille, évidemment, mais en dehors de ça, elle évitait de s'attacher. Et pourtant, depuis qu'elle était à Bowen, elle avait tissé des liens avec beaucoup trop de gens. Elle n'était pas sûre d'être capable de gérer toutes les conséquences. Ciàran fait en sorte qu'elle le regarde dans les yeux et elle ne put s'empêcher de se mordre l'intérieur de la joue, un peu mal à l'aise. C'était le genre de sujet avec lesquels elle n'était pas très douée.

-Je ne pense pas avoir fait quoi que ce soit qui mériterait que je sois heureuse.

C'était sans doute juste une façon de retourner la question, mais c'était comme ça qu'Aisling raisonnait. Elle ne méritait pas tout ça.

Tu réagirais sûrement de la même façon si tu étais autant entouré qu'Aisling mais ça n'arriverait sans doute jamais vu que tu ne t'ouvres pas assez aux autres pour ça. Contrairement à la jeune femme. « Je crois qu'il va falloir t'y habituer, Ais'. » Réponds-tu avec un léger sourire. Lorsque la blonde plonge son regard dans le tien et mordille sa lèvre, tu ne peux t'empêcher de dévier ton regard sur celle-ci. Tu le détournes rapidement, sachant que vous n'entretenez plus ce genre de relations à présent. Tu concentres ton attention sur ses yeux d'un vert hypnotisant, avant de reprendre la parole. « Il ne faut pas avoir gagné le prix Nobel de la paix pour mériter le bonheur. » Dis-tu en soupirant légèrement. « Tu es quelqu'un de bien même si tu sembles penser le contraire. » Et tu ne comprenais pas pourquoi, d'ailleurs. Aisling n'était pas comme toi. Elle n'était pas de nature méchante ou dangereuse. Lorsqu'on creusait un peu plus, on trouvait facilement de grandes qualités chez la blonde. Alors que chez toi, il ne résidait rien de plus qu'une coquille vide. Sans émotions, sans sentiments.

Elle esquissa un petit sourire, alors qu'il lui disait qu'elle devait s'habituer à être aimé. Elle ne voyait pas tellement pourquoi il lui disait ça. Après tout, elle n'avait pas changé, elle était toujours aussi détestable qu'auparavant.

-Pourquoi ?

Elle secoua doucement la tête en l'entendant. Elle savait bien que même les gens qui n'étaient pas exceptionnellement bon avaient le droit d'être heureux, mais, elle ? Elle était purement égoïste, elle avait un mauvais fond et un certain don pour tout foutre en l'air. Alors ? Comment Isaiah faisait-il pour l'aimer ?

-Parce que c'est le cas Ciàran. Et par rapport à lui... t'imagines pas le faussé entre nous.

Isaiah était, de loin, le meilleur être humain qu'elle connaissait. Elle n'entendait pas par là qu'il n'avait pas de défauts, mais l'égoïsme était loin d'en faire parti. Il était bon, et c'était là tout ce qui les séparait, mais aussi, sans aucun doute, la raison pour laquelle il arrivait à l'aimer.

Pourquoi devrait-elle s'y habituer ? Pour des tas de raisons évidentes mais qu'Aisling ne semble pas voir. Ou qu'elle ne veut pas voir, peut-être ? « Parce que tu es en couple maintenant et surtout mère. Les gens ne vont pas arrêter de t'aimer comme ça, du jour au lendemain. » Dis-tu en haussant les épaules. La preuve, même avec la distance et le temps, tu ne pouvais t'empêcher d'être attaché à Aisling d'une certaine manière. Une manière bien à toi mais quand même. Tu soupires en entendant que la blonde persiste lorsqu'elle nie le fait d'être quelqu'un de bien. Toi, tu n'es pas quelqu'un de bien mais elle... c'est différent. Bien sûr, elle a des défauts mais il faut voir au-delà. Derrière tout ça, il existe des qualités bien plus grandes. Mais comment lui mettre ça dans la tête ? « Je ne suis pas d'accord. » Tu secoues légèrement la tête avant d'ajouter : « Faut croire que le fossé n'est pas si grand puisque vous êtes ensemble. » C'est que ça doit fonctionner entre eux, d'une certaine façon.

Aisling haussa doucement les épaules, peut-être qu'il avait raison, peut-être pas. Elle ne put tout de même s'empêcher de lui faire un léger sourire, un espèce de remerciement pour son soutien.

-Ça dépendra de mes choix, et de mes bêtises.

La blonde n'était pas très douée pour exprimer ce qu'elle ressentait, et parfois ce qu'elle pensait aussi. Elle fit une légère moue alors qu'il disait que, puisqu'ils étaient ensembles, elle et Isaiah ne devaient pas être si différents l'un que l'autre. Cette fois c'était elle qui n'était pas d'accord. Mais elle ne saurait pas exactement expliquer pourquoi.

-Il complète ce que je n'ai pas.

Elle secoua doucement la tête avant d'embrasser Ciàran sur la joue.

-Enfin, je sais bien que de toute façon, tu n'essaieras pas de le connaître assez pour comprendre.

Elle le regarda avec un sourire en coin des lèvres. Ce n'était pas un reproche, après tout, elle était tellement mauvaise avec les femmes avec qui Ciàran couchait qu'elle était mal placée pour faire un commentaire.

« Il faut que tu arrêtes les bêtises et que tu prennes soin de toi, maintenant. » Dis-tu sur un ton légèrement autoritaire. Tu n'y peux rien, tu as toujours été possessif et impulsif avec Aisling. Les vieilles habitudes ne se perdent pas comme ça, il semblerait. Tu hoches la tête lorsque la blonde t'explique que son petit-ami complète ce qu'elle n'a pas. C'est sans doute le but d'être en couple même si, toi, tu ne connais pas vraiment ce sentiment. Tu n'as pour ainsi dire jamais été en couple volontairement. Mais c'est sans doute mieux comme ça. Tu caresses ses cheveux lorsqu'elle dépose un baiser sur ta joue, un léger sourire aux lèvres. Tu es heureux de voir que votre complicité n'a pas disparu complètement. Malgré la distance et malgré les changements dans vos vies. « Non, en effet. Tu me connais trop bien. » Réponds-tu avec un rictus aux lèvres. « Et puis, je ne vois pas l'intérêt. On a clairement aucun point commun lui et moi. A part toi, bien sûr. » Pour le peu que tu avais vu son petit-ami, tu avais tout de suite compris que vous ne vous entendriez jamais. L'affront qu'il t'avait fait l'avait complètement grillé.

Aisling leva les yeux au ciel, elle avait l'impression de prendre vingt ans d'un coup. Elle voulait continuer à pouvoir faire des conneries, elle avait le temps de prendre soin d'elle, même si visiblement, le monde entier n'était pas d'accord avec ça.

-Hum, oui papa ?

A sa remarque sur le fait qu'elle le connaissait bien, elle hocha doucement la tête. Depuis le temps, oui plutôt, et ça lui paraissait assez normal. Elle se mit à réfléchir à son affirmation mais finit par hausser doucement les épaules.

-Non c'est vrai, vous n'êtes clairement pas fait pour vous entendre. Mais, de toute façon, tu te serais entendu avec aucun autre homme.

Tu ne peux t'empêcher de sourire à la remarque d'Aisling. Tu es bien trop protecteur avec elle et tu le sais mais elle doit avoir l'habitude après tout ce temps. « Ne me dis pas qu'on va avoir une relation père-fille maintenant. » Rétorques-tu en arquant un sourcil, amusé. Ce serait carrément glauque en fait, au vu de votre passé. Mais à quelques années près, ça aurait pu être le cas. Il faut dire qu'onze ans vous sépare, Aisling et toi. Tu secoues la tête lorsqu'elle dit que vous ne pourriez pas vous entendre son petit-ami et toi. Tu es bien d'accord. C'est impossible. Et d'ailleurs, elle n'a pas tort lorsqu'elle dit que tu ne t'entendrais avec aucun autre homme. En tout cas, pas un homme qui a goûté à son corps, c'est certain. « C'est vrai je dois l'avouer. Tu te serais entendue, toi, avec mes maîtresses ? » Demandes-tu, légèrement amusé. Ce n'était pas des maîtresses, plutôt des coups d'un soir mais ça te faisait rire de les appeler comme ça. A une époque, c'était le cas, en plus, vu que tu étais marié. Mais Aisling, elle, n'en avait jamais été une. Elle a toujours été bien plus que ça.

Aisling rit doucement à ses bêtises et secoua doucement la tête en le regardant.

-Non, ce serait trop bizarre.

Elle n'était pas du genre incestueuse, Aisling. Et on ne pouvait pas dire que leur relation avait été beaucoup d'autres choses que du sexe. Enfin si, en vérité, en-dessous de tout ça il y avait eu beaucoup d'autres choses, mais ils avaient quand même du mal à se l'avouer. A sa question, elle ne put s'empêcher d'avoir un léger rictus au coin des lèvres. Il connaissait déjà la réponse.

-Tu sais bien que non. Je suis un peu trop... Enfin tu sais.

Jalouse, possessive, un peu de tout ça.