➳ attentat et tueur en série (sujet commun)

Lorsque ton bipeur s'est mis à sonner à plusieurs reprises, tu as tout de suite compris qu'un truc grave était arrivé. Tous les médecins avaient été rappelés même ceux qui sortaient d'une garde. Et évidemment, tous les internes aussi. Il fallait des personnes à l'hôpital et d'autres sur le terrain pour venir en aide aux ambulanciers et toi tu faisais partie de ceux-là. Heureusement, les forces de l'ordre étaient déjà sur place et semblaient avoir sécurisé la zone. Tu étais donc en train de fouiller les lieux, non loin de tes collègues à la recherche de blessés parmi tous ces corps. Des dizaines et des dizaines de corps. Souvent morts, d'ailleurs. L'image qui se dessine devant tes yeux est horrible et tu es persuadée que tu la garderas en mémoire pendant longtemps encore. Ce n'est pas le genre de choses qu'on peut oublier. Arrivée près d'un stand, tu repères un homme blessé à la jambe mais qui semble conscient. (@Allen Tedeschi) Tu t'empresses de le rejoindre, évaluant rapidement ses blessures. « Je vais vous sortir de là monsieur. Est-ce que vous avez mal ailleurs qu'à votre jambe ? Est-ce que vous sentez encore quelque chose dans cette zone ? » Demandes-tu en faisant pression sur le bas de sa jambe pour voir si sa blessure n'a pas touché un nerf ou autre.

Shelby était donc maman. Pourtant, sur les lieux de l'attentat, elle t'avait demandé de la laisser mourir parce qu'elle ne semblait plus du tout prête à supporter cette vie qu'elle mène remplie de mauvais choix. Tu es du genre à penser qu'on ne choisit pas une vie dans les ténèbres, c'est seulement la vie qui est plus forte que nous et qui s'acharne. Encore et toujours. Tu avais eu les mêmes pensées sombres que Shelby à une époque et même si aujourd'hui, ça t'arrivait encore, tu avais su passer au-dessus des ténèbres. Du moins en partie. « C'est bien d'avoir quelqu'un à qui se rattacher. Et je suis sûre que votre fils veut voir sa maman en pleine forme. » Dis-tu avec un léger sourire bien à toi. « D'ailleurs, est-ce que vous voulez que je contacte quelqu'un pour que votre fils vienne vous voir? » Demandes-tu en fronçant légèrement les sourcils. Peut-être que Shelby voulait serrer son fils dans ses bras ou au contraire, ne désirait pas qu'il la voie comme ça ? Tu n'en sais rien au fond parce que tu ne sais pas ce que ça fait d'être parent. Tu as rêvé d'être père à une époque, lorsque ta femme était encore en vie. Aujourd'hui, cette envie a disparu comme si elle s'était envolée en même temps que ta femme. « D'accord je reste. Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas vraiment de famille ici... » Sauf Allen, ton cousin que tu considérais aujourd'hui plus comme un frère que comme un cousin. Mais tu lui avais déjà fait un sms en espérant avoir de ses nouvelles rapidement. Et en espérant, surtout, qu'il n'ait pas été là sur les lieux de l'attentat. « Et puis, ça ne me dérange pas de rester avec vous. » Ajoutes-tu avec un sourire sincère. Il y avait un certain côté vulnérable et attachant en même temps qui te plaisait beaucoup chez Shelby, sans que tu expliques pourquoi. Ce n'était pas de la pitié, pas du tout. C'était juste... de la compassion, peut-être ?

Elle fini par entendre ce que tu lui avais dit. Ce n'était pas le bon moment pour traîner. Tu avais proposé d'aller vous cacher dans un endroit un peu plus à l'abri que là où vous vous trouviez. Tu avais repéré un lieu clos en passant plus tôt. Elle te demande si tu te sens prêt à bouger et tu hoches doucement la tête avec une légère grimace. « Ça picote un peu mais ça devrait aller ! » Tu commençais à sentir des fourmis dans tes doigts et la sensation du sang qui coule n'était pas des plus agréables mais tu pouvais le supportais. Tu la laissais ouvrir la marche, la suivant de très près. Il n'y avait pas eu de coup de feu depuis au moins cinq bonnes minutes et tu espérais que ça reste ainsi jusqu'à ce que vous vous trouviez en sécurité. « Là, vite, entre ! » Tu lui pointais du doigt l'entrée avant de lui tenir la porte pour la laisser passer. Vous n'étiez visiblement pas les seuls à avoir eu cette idée. Un homme s'y trouvait avec une femme blessée. Mais il s'occupait déjà d'elle. Tu t'asseyais au sol, tournant ton regard vers Willow. « Je vais avoir besoin de toi pour mettre ma ceinture en guise de garrot autour de mon bras » Tu relevais doucement ton t-shirt pour lui montrer la fameuse ceinture. Tu pouvais l'enlever toi-même mais pour le moment, tu préférais faire un point de compression le temps qu'elle le mette en place. « Les secours ne devraient plus tarder maintenant. » Tu entendais le son des sirènes de police au loin, ils allaient sûrement tenter une percée pour arrêter le fou furieux. Ou peut-être qu'ils l'avaient déjà fait parce qu'il n'y avait plus eu de coup de feu depuis tout à l'heure. Sinon c'était le calme avant la tempête. Tu ne pouvais pas savoir et tu n'étais pas certain de le vouloir. « August n'était pas avec toi ? Ni Nevaeh ? » demandais-tu soudainement inquiet. Tu voulais être sûr que des personnes importantes pour vous ne se trouvez pas là, coincés quelque part avec le fou furieux. Tu t'en voudrais s'il arrivait malheur à des gens à qui tu tenait..

Shelby savait bien qu'elle devrait être forte, pour son fils, pour qu'il voit sa maman se battre contre la vie et que malgré les épreuves il soit fier d'elle, mais parfois, la vie prend le dessus et la mort était la seule issue à laquelle elle pensait depuis de nombreux mois. Ses pensées sombres s'évaporaient quand elle était avec Noah, mais dès lors qu'elle retournait travailler, elles reprenaient de plus belle. La blonde n'avait jamais eu la force de mettre fin à ses jours, parce qu'elle est beaucoup trop lâche pour le faire, mais là qu'elle avait flirtée avec la mort, elle aurait préféré que la balance la fasse basculer de l'autre côté, mais une fois de plus, la vie avait décidé qu'elle devait encore et toujours se battre.

À la question de l'inconnu, elle secoua la tête. Elle refusait que Noah la voit dans cet état. Elle devait être dans un état pas plaisant à voir, et puis, elle ne voulait pas inquiéter son petit prince, elle préférait qu'il joue avec ses amis ou chez ses voisins plutôt que de le faire ici, pas pour un enfant de son âge, même si au fond, oui, elle aurait aimé le voir, l'embrasser, mais elle se serait mise à pleurer devant lui, et elle refuse de lui montrer ses faiblesses.

Il semblait y avoir beaucoup de points communs entre l'homme qui lui avait sauvé la vie et elle. Ils n'avaient pas de famille ici, ils étaient donc seuls avec éventuellement quelques amis. C'est donc pour cette raison qu'il avait accepté de rester avec elle, et même si en temps normal, elle aurait tout fait pour qu'un homme se tienne loin d'elle, cette fois, elle avait envie qu'il soit auprès d'elle. Peut-être le choc. Elle chercha à tâtons sa main, puis glissa la sienne dedans sans vraiment savoir pourquoi, mais elle avait besoin de savoir que quelque chose, quelqu'un la tenait encore en vie.

" - Vous êtes ici depuis longtemps ?"

Quitte à ce qu'il soit là, autant faire connaissance non ? Même si ce n'était pas dans ses habitudes une fois de plus.

Tu n'es pas vraiment étonné que Shelby refuse de faire venir son fils à l'hôpital, ce n'est pas le genre d'endroit où aiment traîner les enfants. Et puis, voir sa mère blessée et alitée, ça risque d'être une image assez marquante pour lui. Les enfants ont besoin de garder leur innocence et leur naïveté un maximum alors il est vrai qu'il vaut mieux éviter qu'il vienne ici. Même si tu ne doutes pas que sa mère en serait heureuse. Elle rêve sans aucun doute d'une présence bien meilleure que la tienne. Après tout, elle ne te connaît pas, elle sait juste que tu l'as aidée lors de l'attentat et ça s'arrête là. Et comme si Shelby lisait dans tes pensées, elle se penche justement sur la question de faire connaissance. Ton arrivée à Bowen est récente, très récente. Tu es venu ici pour te lancer dans une toute nouvelle vie loin de tes cauchemars et de tes souvenirs douloureux. Malheureusement, ce n'est pas des choses qu'on peut laisser à notre ancienne vie, elles finissent toujours par nous suivre peu importe l'endroit où on va. Et tu n'as pas été l'exception qui confirme la règle, bien au contraire. Tes cauchemars ont continué, ici, à Bowen mais c'est moins difficile qu'en Italie où tout te rappelait ta femme. « Cela fait moins d'un an, depuis septembre en fait. Je n'ai pas encore totalement pris mes marques, je dois l'avouer. » Dis-tu avec un léger sourire. Tu as encore beaucoup à apprendre sur Bowen et ses habitants et tu ne demandes que ça. Tu ne demandes que ça de te changer les idées, de sortir et de voir des gens. Malheureusement ce n'est pas aussi simple. Tu aurais aimé rencontrer Shelby dans d'autres circonstances, les choses auraient sans doute été bien différentes. Mais là, tu as peur qu'elle relie continuellement ton visage à l'attentat. « Et vous ? » Est-ce qu'elle était originaire d'ici ou avait-elle, comme toi, choisi cette ville ? Sans savoir pourquoi, tu ressens le besoin d'en savoir plus sur la blonde, de poser mille et une questions que tu n'as pas envie de taire.

Peut-être que si Noah avait été un peu plus grand, elle aurait acceptée qu'il vienne lui rendre visite, mais pour le moment, elle refuse qu'il l'a voit ainsi et qu'il s'inquiète pour elle. À son âge, il a bien d'autres choses à faire que de s'inquiéter pour l'état de sa maman, elle ne veut pas que comme elle, il doive grandir bien trop rapidement et louper son enfance parce qu'on lui met des problèmes sur les épaules qu'un enfant ne devrait pas avoir à gérer. Elle refuse de faire les mêmes erreurs que son père a fait avec elle, et même si elle l'élève seule, elle veut le meilleur pour son fils, et pour le moment, ça ne réside pas dans le fait de le faire venir ici, les images auxquelles il pourrait être confronté seront trop dures pour son jeune âge.

Alors Shelby reporte son attention sur l'homme à ses côtés. Il y a quelque chose dans sa façon de se tenir, de la regarder, de lui sourire qui la fait se sentir normale, qui la fait se sentir femme tout simplement. Un sentiment qu'elle n'avait plus ressenti depuis un peu plus de quatre ans maintenant, et elle avait à quel point ça faisait du bien d'être regardé de la sorte. À cette pensée un sourire se dessina sur ses propres lèvres avant qu'elle ne se décide d'entamer la discussion en faisant connaissance avec le jeune homme auprès d'elle.

Un nouveau sourire se dessina sur son visage, qui semblait déjà plus illuminé qu'il n'a jamais été depuis qu'elle est ici à Bowen. Bien évidemment qu'il doit prendre ses marques, elle-même n'est même pas certaine de connaître Bowen convenablement, il faut dire qu'elle reste toujours au même endroit. En revanche, pour ce qui de conseiller des hôtels ou autre, elle est sans doute la meilleure de ce côté là, pour le nombre qu'elle a fréquenté elle est capable de donner une note pour chaque endroit, mais pour le moment, elle préfère ne pas y penser.

" - Je suis ici depuis quatre ans. Je suis arrivée à Bowen quand j'avais dix neuf ans.." avoua-t-elle difficilement.

Elle se souvenait encore du visage de son père quand elle lui avait annoncé qu'elle arrêtait ses études, qu'elle ne souhaitait pas reprendre son entreprise. Et depuis, tout s'était enchaîné tellement rapidement qu'elle se demandait si elle aurait eu le temps d'agir autrement si elle n'avait pas été aussi naïve.

" - Mais je ne connais pas vraiment plus Bowen que vous.. Disons que j'ai mes petits endroits où j'aime traîner quand j'ai un peu de temps, mais je n'en ai pas autant que ça.. D'ailleurs, vous faites quoi dans la vie ?"

Lorsqu'il s'agissait de changer de sujet, la blonde s'avérait être une championne !

Le calme était revenu au fur et à mesure sur la plage. Tu entendais les sirènes de la polices, ainsi que celles des pompiers arriver sur les lieux. Toi, tu étais toujours entrain de comprimer ta plaie, et tu avais un mal de chien. Il a fallu que tu sortes seul ce jour là, que tu veuilles faire quelque chose de ta triste journée et que tu te retrouves avec une balle dans la cuisse. Adieu le surf, adieu le sport. Enfin pour un petit moment. Les gens autour de moi semblaient plus soulager. L'arrivée des secours se ressentait. Une jeune femme (@Zoé Wirrpanda) s'approcha de toi pour te demander d'évaluer ta douleur. « Sans vous mentir, j'ai un mal de chien et j'ai envie de hurler à la mort » répondis-tu à la jeune femme en faisant la grimace. Cette jambe te faisait énormément mal, tu la sentais encore bien, tu savais que tu ne pouvais pas la bouger ou du moins que tu ne devais pas mais ça te démangeait énormément. « Je ne dois pas être le seul à vous demander, mais est-ce que vous savez ce qu'il s'est passé ? » finis-tu par demander à la demoiselle toujours avec ta sale grimace. Tu avais mal, c'était certain mais tu étais surtout curieux de savoir ce qu'il s'était passé sur cette plage aujourd'hui et surtout, tu te demandais comment quelqu'un pouvait en arriver là. A tirer sur tout le monde, dans une folie que tu ne comprenais pas et qui était insensée.

Tu ne doutais pas que la douleur devait être atroce, insupportable même, mais son état semblait stable et surtout, après avoir inspecté la plaie, tu as pu remarquer que la balle était sortie par l'autre côté, ce qui était plutôt bon signe. Ce jeune homme allait s'en sortir sans trop de séquelles, c'était le plus important. « J'vais vous injecter un peu de morphine d'accord ? Je suis médecin, ne vous en faites pas. » Même s'il devait s'en douter en voyant ton uniforme et la petite boîte médicale que tu transportais avec toi. En deux en trois mouvements, tu injectes à l'aide d'une seringue de la morphine pour soulager le patient afin de pouvoir le déplacer sans trop de souffrances. « Je viens seulement d'arriver mais on dit qu'un homme a tiré sur tous les gens qui passaient par-là. Certains parlent de tueur en série mais ça ne sert à rien de lancer de fausses rumeurs, donc, pour l'instant, on sait que c'est un fou qui a complètement débloqué. » Dis-tu en continuant à faire pression sur la plaie du jeune homme avec un linge propre. « Pardon je ne me suis même pas présentée. Je m'appelle Zoé. Est-ce que la douleur s'estompe un peu ? » Demandes-tu, les sourcils froncés devant la grimace du patient. Tu n'as qu'une hâte, qu'un de tes collègues arrive pour porter le patient sur une civière et l'emmener au plus vite à l'hôpital. Même si tu es médecin, assister à la douleur de tes patients est toujours très compliqué pour toi.

Tu fronces légèrement les sourcils lorsque Shelby t'explique être arrivée à Bowen à l'âge de dix-neuf ans. C'est tôt, quand on y pense. Et d'ailleurs, ça semble difficile à expliquer pour elle aussi et c'est sans doute ça qui te retient de poser davantage de questions. Parce que sinon, tu aurais demandé des explications sur son arrivée ici, sur les raisons, etc. Mais là, en voyant un éclair de douleur dans son regard, tu préfères ne pas continuer sur cette voie, par délicatesse. Et après ce qu'elle vient de vivre, après ce traumatisme hors norme, tu ne veux pas brusquer la blonde. Tu désires simplement qu'elle se sente bien et pas harcelée de questions par un inconnu. « Je vois. » Réponds-tu simplement, les sourcils froncés. Tu ne veux pas en demander plus mais tu ne veux pas qu'elle pense que tu es insensible face à cette épreuve. Bien au contraire. « Peut-être qu'une fois sur pieds, vous pourrez me montrer ces petits endroits de bonheur. » Dis-tu avec un sourire aux lèvres. Tu ne sais pas pourquoi mais tu ressens déjà le besoin de revoir Shelby. Une fois que tu quitteras cet hôpital et elle aussi, tu n'as pas envie que tout s'arrête. Vous avez vécu quelque chose tous les deux et ça ne peut pas s'oublier comme ça. Même si, pour le coup, Shelby a sans doute envie d'oublier cette épreuve et toi avec. Tu ressens un léger pincement en prenant conscience de cela sans savoir pourquoi. Mais tu ne t'attardes pas davantage sur cette sensation, préférant revenir à la principale intéressée. « J'ai été militaire pendant quelques années puis... » Puis ta femme est morte. « Puis j'ai travaillé pour médecins sans frontières et maintenant, j'ai décidé de commencer une toute nouvelle vie. Actuellement je suis pompier. » Des métiers dangereux à chaque fois mais c'est ce qui te fait vibrer. Et surtout, c'est ce qui te donne l'envie de continuer à vivre.

En temps normal, Shelby était habituée à sortir des mensonges dès qu'on lui posaient des questions un peu plus concrètes que d'autres, comme par exemple, quand il s'agissait du père de Noah, ou bien de ce qu'elle faisait dans la vie. Sa vie entière était un mensonge. Au début, elle avait réfléchit avant de dire les choses, maintenant ça lui vient naturellement, parce qu'il est beaucoup plus simple de mentir que d'affronter la vérité en face, enfin en tout cas, c'est comme ça qu'elle voit les choses, alors qu'elle déteste mentir, mais c'est nécessaire dans sa situation.

Alors comme à son habitude, elle s'apprêtait à mentir, mais au final, la question qu'il lui avait posé ne nécessitait pas de mentir, alors elle pouvait lui dire la vérité, même si elle était bien consciente que ce qu'elle venait de lui dire donnait matière à poser d'autres questions. Et si en temps normal, elle les fuyait, pour une fois, elle était presque prête à les affronter. Cet homme avait un certain effet sur elle qu'elle était tout simplement incapable d'expliquer.

Un sourire se dessina en réponse à celui de son interlocuteur lorsqu'il lui dit qu'une fois sur pied, il aimerait qu'elle lui montre ses endroits favoris dans cette ville. Est-ce que ça veut dire qu'il ne veut pas simplement la voir se rétablir et qu'il est là parce qu'il se sent responsable de son état ? Non s'était impossible, elle avait dû mal interpréter ses propos, un homme ne pouvait pas avoir de la revoir, ou même de la voir. Tout ça, c'est uniquement parce qu'il ne la connaissait pas, qu'il ignorait comment elle survivrait et nourrissait son fils. Une fois qu'il le saura, il changera radicalement. C'était plus simple pour la blonde de se dire ça plutôt que de penser qu'une personne puisse s'intéresser à elle, ça suffisait à la faire paniquer, mais ça fait des années qu'elle espère qu'un jour une personne la regardera avec ce regard qui la fera sentir femme, simplement. Et son regard la faisait sentir ainsi. Il y avait quelque chose, mais elle ne pouvait le décrire, ou n'osait pas le faire.

" - Avec plaisir."

Et voilà qu'elle s'apprêtait à montrer à un inconnu les endroits où elle se sentait bien, peut-être que ça permettrait de mieux la comprendre et de voir ce que les autres n'ont jamais eu la chance de voir.

Son interlocuteur lui énonce ensuite les métiers qu'il a fait. Un véritable héros des temps modernes. Elle a toujours admiré ces personnes qui mettent leur vie en danger pour sauver celles des autres. Et un pincement au coeur se fait ressentir quand elle se dit que s'il la sauvé c'est uniquement à cause de son métier, rien d'autre. Son sourire se dissipe.

" - Vous ne faites pas les choses à moitié. Vous avez ça dans la peau de sauver la vie de parfaits inconnus, vous n'avez fait que votre travail en venant me sauver la vie.." fit-elle d'un air déçu tout en souriant pour que le timbre de sa voix ne paraisse pas trop sec non plus.

Il fallait qu'elle arrête de se faire de fausses joies, si cet homme était là, c'était pour s'assurer qu'elle était tirée d'affaire, ensuite, il irait peut-être voir les autres victimes et leur chemin respectif ne sera pas amené à se recroiser, bien qu'il avait manifesté le contraire juste avant. Elle avait le cerveau en bouillie et elle ne savait plus quoi penser.

Ton sourire s'élargit lorsque Shelby accepte ton offre et par la même occasion, accepte de te faire visiter ces petits coins qu'elle apprécie à Bowen. Des coins sans doute inédits que tu ne connais pas encore. Mais il faut dire que tu ne connais pas encore grand chose ici, c'est encore tout nouveau pour toi. Cela fait déjà huit mois que tu vis en Australie et pourtant, tu as l'impression que ton arrivée date d'hier. Tu commences seulement à te souvenir des différents chemins pour aller jusqu'au centre, à la plage ou que sais-je encore. Enfin, tu sembles t'acclimater complètement au pays et ça fait un bien fou d'enfin se sentir chez soi. Même si ta famille te manque chaque jour, tu avais besoin de ce renouveau. De ce changement de paysage et de vie. « J'espère que ce ne sont pas les analgésiques qui parlent et qu'on pourra vraiment se faire cette sortie. » Dis-tu en riant doucement. Vous pouvez enfin libérer la pression de l'attentat et de la blessure de Shelby et ça fait du bien. Parce que, sans expliquer pourquoi, tu éprouvais une peur intense qu'elle ne s'en sorte pas. Au-delà du fait que tu aies l'habitude de ce genre de situation, ici, c'était complètement différent. Et la blonde se trompe quand elle dit que tu n'as fait que ton travail. Bien sûr, tu as eu les bons gestes, les bonnes réactions par habitude mais ça ne s'est pas arrêté là. Tu as ressenti le besoin de l'accompagner à l'hôpital et d'être là à son réveil. Ce n'est pas quelque chose d'habituel chez toi même si aider les autres fait vraiment partie de ta conception de la vie. « Certes, j'ai adopté les bons gestes par habitude mais par contre, vous accompagner jusqu'ici et attendre votre réveil, ça ne fait pas vraiment partie de mes attributions. » Réponds-tu en riant à nouveau, ne lâchant toujours pas la main de Shelby. « Les visites sont presque terminées, je reviendrai sûrement vous voir demain si vous voulez toujours de moi. » Ajoutes-tu avec un léger sourire aux lèvres et en jetant un rapide coup d'oeil à ton téléphone. Tu n'as toujours pas eu de nouvelles d'Allen et ça, c'est plutôt inquiétant. Néanmoins, tu te promets d'essayer de l'appeler à ta sortie de l'hôpital.

Ma soeur était avec moi. J'ai trop peur, heureusement qu'elle est là ma rouquine. Low', comme il m'arrive de l'appeler, fait une grosse pression sur ma blessure à l'aide de nos gilets. Elle fait comme elle peut, elle est terrorisée, elle peut même pas appeler Simon, notre aîné, savoir s'il va bien. Finalement, le calme arriva rapidement et nous décidâmes de rejoindre la foule. J'arrive toujours pas à marcher. Une douleur vive me percute le bas du dos et m'immobilise. Je suis tétanisée, je tremble, d'horribles souvenirs refont surface : la mort de mes parents. J'étais avec eux, à ce moment-là dans la voiture. J'écoute plus ce que me dit Low', j'entends plus rien. Finalement, elle claque ses doigts devant mes yeux et je relève ma tête vers elle. Je dois être concentrée, même si c'est dur. Elle m'aide à me relever, je serre la mâchoire et on part toutes vers le gymnase. On sort, mais je tombe. j'arrive plus, mes jambes m'obéissent plus, j'ai dû mal à bouger ou à faire quoi que ce soit. Low appelle alors de l'aide et l'on me porte enfin vers le gymnase. J'ai la tête en vrac, je ne sais pas qui est avec moi, qui aide Low' à me porter, mais j'lui en remercie. Une fois couchée, on m'effectue des soins d'urgence avant l'arrivée des secours

La douleur ne se calmait pas, la demoiselle qui s'occupait de toi était quand même très rassurante. Tu avais cette impression que dans ta jambe se tramait toute une grosse soirée à laquelle tu n'avais pas été conviés et qu'on y foutait le bordel. Oui, tu avais envie de hurler, tu avais envie de sortir toute la haine qu'il y avait en toi pour cet homme, ce mec qui a décidé de péter un plomb dans la foule et vous faire subir cela. Mais non, tu te contenais, comme tu le faisais toujours si bien. Alors la jeune médecin t'injecta de la morphine, tu ne sentais pas tout de suite les effets, ce qui est normal mais tu étais pressé qu'ils arrivent pour pas que tu te crispes. Pendant la fusillade, tu avais mordu ta lèvre inférieure pour pas ouvrir ta grande gueule et ne pas crier ta douleur, du coup, tu te l'étais ouvert. Mais tu persistais car tu ne voulais pas qu'on remarque ta douleur. « Ha, un énième fou à Bowen, c'est rassurant » répondis-tu en marmonnant dans ta barbe lorsque la jeune femme t'expliqua ce qu'il s'était passé. Quelqu'un, un taré, un voisin, une personne normal. Qui pouvait bien être ce fou qui avait tiré sur le tout le monde un si beau jour ? « Enchanté, je m'appelle Allen. J'aurais bien aimé vous rencontrer dans d'autres circonstances » dis-tu à la jeune femme avec un sourire. Bah quoi ? Chasser le naturel d'un dragueur, il revient au galop !

« Oui... heureusement, la police semble avoir les choses en main maintenant. » Dis-tu pour te montrer rassurante. « On va pouvoir vous sortir de là. » Ajoutes-tu en pressant légèrement la main du jeune homme de ta main libre, l'autre faisant toujours pression sur sa blessure. Celle-ci semble, heureusement, superficielle, laissant de grandes chances à Allen de s'en sortir. Car c'est comme cela qu'il s'appelle, un nom qui semble venir d'ailleurs. Mais d'où ? Tu ne peux que sourire à sa remarque, est-ce qu'il est réellement en train de te draguer dans ces circonstances ou est-ce simplement toi qui te fais des films ? Néanmoins, ça prouve qu'il s'en sort bien et qu'il ira bien. Ce qui est plutôt rassurant. « De même. J'aurais préféré vous voir en forme. » Réponds-tu en haussant légèrement les épaules. « Allen c'est de quelle origine ce prénom ? » Demandes-tu finalement par curiosité. Tu jettes un rapide coup d'oeil autour de vous, remarquant que les secours ne devraient plus tarder. Du moins tu l'espères parce que malgré tout, tu n'es pas très à l'aise sur ce champ de bataille. Car au vu des corps qui vous entourent, c'est littéralement un champ de bataille.