Ecoute moi bien tu vas rire ...

Le Shake Shack, ou l’endroit où Woody passait ses journées Treat yo’self. Ses journées de triche, en d’autres termes. Il ne pouvait s’en offrir souvent, dans ce genre-là, Woody. En raison de sa maladie, le jeune homme devait maintenir le mode de vie le plus sain possible, autant au niveau de son alimentation que de son exercice physique. C’était une manière plus naturelle d’assurer de repousser le plus longtemps possibles les poussées longues et parfois irréversibles. Plus naturel que ces nombreuses pilules qu’il devait maintenant avaler à tous les jours dans le cadre du traitement qu’il avait accepté de suivre quelques mois auparavant. Il ne pourrait plus faire semblant que tout allait bien si ses membres l’abandonnaient un à un, alors autant mettre toutes les chances de son côté. Malgré cela, Woody ne tombait pas non plus dans la folie, et s’accordait quelques pauses de temps en temps de ce mode de vie extrêmement difficile à suivre. Alors, quand Jake l’avait invité à le rejoindre à l’heure du lunch, aux alentours de midi, il avait accepté dès qu’il eut confirmation qu’il n’avait aucun patient dans cette heure-là. Son dernier rendez-vous s’était néanmoins étiré un peu plus qu’à l’habitude et il avait un peu de retard. C’est d’un pas rapide qu’il marcha les trois kilomètres qui séparaient sa clinique du Shake Shack, et vingt minutes plus tard, avec quelques minutes de retard, il retrouva Jake à l’entrée du fast-food. « Ça va, et toi ? » Demanda Woody, lui renvoyant cette politesse avec un sourire et une poignée de main. Ils entrèrent sans plus tarder dans le restaurant ; aucun intérêt à rester plantés devant la porte, d’autant plus qu’ils étaient tous les deux en journée de travail et qu’ils n’avaient qu’une heure pour prendre des nouvelles et manger. « Des hamburgers en pâtisserie, c’est pas un peu comme … des macarons ? Version un peu plus petite. En tout cas, ça ressemble … Sans vouloir briser tes rêves. » Rétorqua Woody, toujours un peu casseur de party. En même temps, il ne refuserait jamais une pâtisserie en forme de gros hamburger, surtout avec de la crème pâtissière ou un truc du genre au centre. Il n’avait pas forcément la dent sucrée, mais une fois de temps en temps … ! Les deux hommes trouvèrent enfin une table libre et ouvrirent leurs menus, avec d’innombrables choix de burgers. Tout ce qu’on pouvait imaginer s’y trouvait. « À chaque fois que je viens ici, j’crois qu’ils ont ajouté des trucs, ça n’finit jamais. » Il secoua la tête mais, après quelques coups d’œil et hésitations, il ferma finalement le menu et le déposa devant lui. « Qu’est-ce que tu racontes de bon, alors, toi ? » S’il lui avait téléphoné, ce n’était probablement pas parce qu’il n’avait absolument rien à lui dire. Si c’était le cas, l’heure allait être longue … bon, non, jamais, avec Jake.

Woody n’aimait pas trop la proximité avec les autres, les autres au masculin, surtout. Son corps se raidissait quand on s’approchait de lui pour lui faire la bise. Malgré tout, il rendit le geste à Jake, il commençait à avoir l’habitude, avec lui. Il secoua la tête puis fronça les sourcils quand son ami lui redemanda pour une deuxième fois s’il allait bien. Quel lunatique. « I just told you, idiot. » Il eut un léger rire, avant de lui emboiter le pas à l’intérieur du Shake Shack. À peine rentrés, déjà dans les conversations un peu ridicules. D’ailleurs, Woody n’y connaissait rien en pâtisserie, alors il aurait sans doute dû se la fermer et laisser le grand maître s’imaginer ses futures créations. « Non, non, j’vois pas. Mais j’verrai quand ce sera sur ton menu. Ça t’donnera une motivation de plus de le faire. » Pas qu’il avait à tout prix besoin de faire comprendre des trucs à Woody, mais au moins, il lui prouverait qu’il était capable de concrétiser ses idées. Ils s’installèrent à une table, l’un en face de l’autre, et le physiothérapeute ouvrit le menu pour tenter de faire son choix. Pas facile quand il y avait près de trois pages complètes de burger parmi lesquels choisir. Jake le contredit alors sur son affirmation quant au changement du menu, et il haussa un sourcil en le regardant. « C’est toi qui es aveugle. T’as décidé que c’était la journée internationale du on réfute tout ce que Woody dit ? » Demanda le jeune homme, pas réellement agacé. C’était juste une constatation. D’abord les macarons, et maintenant les choix de burgers. Non mais. L’aîné des Rutkowski reposa son menu sur la table et pris des nouvelles un peu plus précises de Jake, question d’avoir quelques potins ou histories. « Aaaaah. Faudra sans doute que j’passe t’en prendre un, un Spécial maman. On s’réunira sans doute chez Nev’ ce week-end. » Il faudrait qu’il communique avec elle, d’ailleurs, à ce propos. Si ça se trouve, c’était chez lui que ça se passait, et il aurait un gros dimanche de cuisine en vue. La serveuse arriva pour prendre leur commande, un burger au canard pour Woody. Elle reprit leurs menus et Woody se concentra à nouveau sur son ami. « Tu m’intrigues, j’t’écoute. » Dit-il avec un sourire déjà un peu amusé au coin des lèvres. « … Qu’elle te dit quoi ?! Accouche ! » Parce que non, Woody ne voyait pas du tout la direction que prenait cette anecdote. Jake le faisait juste languir, et ça fonctionnait.

Woody esquissa un sourire. Il n’était peut-être pas aussi bon public qu’il ne l’aurait voulu, lui. Pas autant que Jake, du moins. « Je crois que je me serais lassé avant toi. » Dit-il seulement, riant tout légèrement. D’ailleurs, il s’était bel et bien lassé avant lui, puisqu’il n’avait même pas relancé la balle ne serait-ce qu’une seule fois. Au moins, il était capable quand même capable d’avoir un peu d’autodérision ou de sens de la répartie, ce qui faisait en sorte que Jake et lui pouvaient avoir des conversations parfois un peu loufoques. Comme cette comparaison entre les macarons et les burgers en pâtisserie, comparaison qui ne sembla pas convaincre le chef, d’ailleurs. Il leva à la hauteur de son torse un simple poing triomphant que son ami lui dit qu’il n’avait plus le choix, désormais, de se lancer dans la création de cette nouvelle pâtisserie. Question que Woody sache exactement de quoi il parlait, cette fois. Parce qu’apparemment, ce qui lui avait en tête était loin de correspondre à la réalité, tout comme ce qui concernait les ajouts à ce menu de burgers d’ailleurs. Décidément, Jake faisait tout pour le contredire, et Woody n’était pas du genre à passer ça sous silence. Il ne se laissait pas marcher sur les pieds, l’aîné des Rutkowski ! C’était plutôt lui qui marchait sur les autres, quand il le pouvait – voulait -. « Je vais inscrire la date d’aujourd’hui dans mon calendrier, avec un gros x rouge bien gras. Comme ça, l’année prochaine, je me souviendrai que j’dois refuser toute invitation de ta part aux alentours de cette journée. » Dit-il pour rentrer dans la blague. Des journées pour contredire Woody, il devrait y en avoir par centaine, tellement il pouvait se montrer con parfois. Au moins il avait de bons côtés, comme son amour et son dévouement inconditionnels envers sa famille. D’ailleurs, oui, la Fête des mères approchait. « C’est gentil, merci. Je confirmerai qui sera là, on sait jamais, Felix s’est peut-être trouvé une date pour dimanche, le connaissant. Pour ce qui est de Nev’, je te jure si elle me dit qu’elle est accompagnée … » Il secoua la tête. Aucunement besoin de terminer sa phrase, le ton de voix de Woody presque menaçant laissait bien voir que l’aîné n’avait pas envie de voir un candidat en question. Il savait qu’elle et CJ étaient plus ou moins ensemble à nouveau, ou un truc du genre, et bien franchement ça le dérangeait. Même s’il n’aurait pas dû avoir son mot à dire – il ne l’avait pas, d’ailleurs, mais il se le permettait quand même. Jake se lança enfin dans son récit anecdotique et, quand il dévoila enfin l’élément surprise, Woody tapa dans ses mains en riant un peu trop fort. Les regards se tournèrent vers eux, et il continua de rire dans une sorte de silence, la bouche grande ouverte comme ses yeux d’ailleurs. Il se pencha un peu vers Jake, encore hilare. « Bon alors vous y allez quand Callie et toi ? HAHA. Non parce que de ce que j’ai vu à ton anniversaire, vous êtes pas trop fermés d’esprit tous les deux ! » Lança-t-il en riant.

Woody secoua la tête en riant, exaspéré mais amusé de la folie de son ami. Ça lui en prenait, dans sa vie, des potes comme ça. Qui le sortaient un peu de son attitude souvent trop arrogante, odieuse, fermée. Des amis qui lui rappelaient que la vie n’avait pas à être aussi compliquée à vivre. Jake jouait ce rôle-là à la perfection sans même savoir quel bien cela pouvait procurer à Woody. Lui devait sans doute se dire qu’il l’énervait, de temps à autre, mais au contraire. Il n’avait peut-être pas les bonnes habiletés sociales pour le démontrer, mais Woody appréciait vraiment Jake, et son humour aussi. « Si t’es le fondateur et qu’tu décides de tout, tu pourrais très bien décider d’avoir plusieurs journées officielles par année. Y’a aucune règle des fêtes et des événements qui l’interdise. Alors j’me sentirai plus jamais tranquille, c’est fini maintenant, à présent j’serai toujours sur mes gardes avec toi. » Répondit-il avec un sourire en coin, relevant un regard rieur vers son ami. Ce regard-là se dissipa assez vite quand ils parlèrent de la fête des mères qui approchait, et que Woody s’énerva par lui-même en relevant le fait que Nevaeh viendrait peut-être accompagnée de CJ. Bien sûr que Jake connaissait déjà l’histoire, et à en voir sa réaction, il ne désirait pas s’aventurer davantage sur le sujet. C’était sans doute plus sage ainsi, oui. « Non, p’tit nigaud, je parlais de date dans le sens de rendez-vous, quoi. J’sais pas s’il ramènera une fille à la maison, tu vois ! My god, il va vraiment falloir que je te fasse ton éducation, toi. » Pauvre Callie. Et pourtant, Jake semblait plutôt bien se débrouiller dans le domaine … Woody en avait eu la preuve à son anniversaire, et d’ailleurs Jake lui donna une occasion en or de revenir là-dessus. Et l’anecdote actuelle allait sans doute elle aussi rester gravée longtemps dans l’esprit de Woody ! Il éclata de rire, parce qu’il était vrai que la situation était des plus farfelues. « J’avoue, j’avoue … Faut vraiment pas être gêné … ou être carrément dérangé ! » Il continua de rire. « Du coup comment tu t’en es sorti ? Tu l’as poliment remerciée pour son offre mais t’as passé ton tour ? » Demanda-t-il en riant, s’imaginant Jake bégayer et rougir jusqu’à se confondre avec les Red velvet.

Les connaissant, tous les deux, ils auraient pu continuer à s’obstiner là-dessus – un sujet, disons-le, assez futile qui partait d’une blague – jusqu’à ce que l’un des deux ait dit son dernier mot. Après tout, c’est vrai qu’il n’y avait qu’une fête par année pour chaque fête, mais entre différents pays, les dates n’étaient pas les mêmes. Woody aurait très bien pu imaginer Jake lui dit que c’était le Jakontradiction Day en Australie aujourd’hui, mais que dans un mois cette fête-là avait lieu aux États-Unis. Qui sait. Il était capable de tout ! Malgré cela, Woody lâcha prise, de toute façon son ami avait un peu fermé la porte à toute intervention en disant qu’il n’était plus en train de le contredire. Ah, ça, le trentenaire le percevait autrement, mais ils n’allaient quand même pas passer cette courte heure de lunch à argumenter là-dessus. « Je capitule. Et pas parce que t’es sympa ! Mais bien parce que si on veut un jour commander, faudra faire notre choix et fermer notre menu pour que le serveur nous approche. Là, en plein débat comme ça, moi non plus à sa place j’viendrais pas nous interrompre. » Il eut un léger sourire amusé. C’était sa manière de fermer cette petite bataille verbale sans pour autant s’avouer vaincu. C’est qu’il avait un gros égo, Woody, et son orgueil était toujours au premier plan même pour des trucs inutiles comme celui-là. Au moins, il se sentait tout d’un coup remonté dans son estime quand Jake eut l’air complètement ridicule avec son incompréhension face au terme date. Il aimait bien se moquer des erreurs des autres, Woody. C’était un peu méchant, mais il l’était, après tout, non ? « J’avoue, j’avoue, c’est un de mes petits plaisirs de la vie. Heureusement que la plupart du temps c’est juste entre nous. » Quoique … avec Woody et sa grande gueule, la plupart du temps, quand ils se retrouvaient en soirée, il avait la fâcheuse habitude de raconter à tout le monde les bourdes de Jake. Son anniversaire, par exemple. Ça, c’était une histoire que Woody ne se lasserait jamais de raconter. Pourtant, autant Jake, Callie que Lily-Anaëlle auraient préféré l’oublier. Il semblait être le seul à s’en délecter encore, un an plus tard. L’histoire que lui racontait présentement Jake allait elle aussi passer du côté des épiques. D’autant plus que … quoi, c’était pas fini ? C’est à ce moment-là que le serveur revint leur servir leurs burgers – oui parce qu’entre tous ces changements de sujet, il avait finalement pris le temps de venir prendre leurs commandes. « Tu fais mieux de pas me faire attendre, hein ! Et puis moi je m’en fous, je vais manger tranquillement en t’écoutant, ce sera à toi de garder le rythme après. » Il haussa les épaules. « Alors, elle est revenue à l’assaut avec son mari, la p’tite dame ? » S’essaya Woody avec un sourire en coin avant de prendre une bouchée de son burger.  

Les images que Jake lui mettait en tête faisaient toujours rire Woody. Il s'imaginait le serveur, attendant le bon moment, s'automotivant à trouver la parfaite ouverture pour venir s'occuper de ses clients. Malheureusement pour lui, les deux bons amis enchaînaient les sujets de conversation, passant parfois du coq à l'âne, s'étendant sur des détails pourtant sans importance juste parce que c'était ce qu'ils étaient. Jamais trop sérieux. C'est ce qui plaisait à Woody, d'ailleurs, de ne jamais avoir à se prendre la tête en compagnie de Jake. Comme si, l'espace de quelques minutes ou de quelques heures, son ami lui permettait d'oublier tout ce qui pouvait les tracasser. C'était presque romantique, dis donc. « C'est exactement ça ! » S'exclama Woody, approuvant la scène du serveur que Jake venait de lui décrire. Il laissa son rire s'évanouir dans un court silence. Ça ne durait jamais bien longtemps. Jake était un moulin à paroles et, étrangement, il n'avait aucun mal à entraîner Woody dans son rythme. Le physiothérapeute était toutefois toujours un peu plus moqueur dans sa manière d'être mais en même temps, Jake lui rendait la tâche tellement facile parfois ! Comme avec cette histoire de dates, là. « C'est pas tout le monde qui prendrait aussi bien que toi mes vanneries. Et pas tout le monde non plus qui m'offre des occasions en or ! » Se moqua encore une fois Woody, sans méchanceté aucune. Il pouvait l'être, cruel et méchant, Woody, mais jamais volontairement envers les personnes qu'il portait dans son coeur. « Si ton histoire est palpitante et détaillée au point qu'elle requiert une analyse critique de ma part, dude, t'aurais dû prévoir un dîner plutôt que l'heure du lunch. » Ils n'auraient pas le temps de s'épandre pendant des heures sur le sujet, la trotteuse avait déjà fait plusieurs tours déjà sur l'horloge accrochée au mur. Le regard de Woody ne s'y attardait toutefois pas trop souvent, non, parce qu'il était effectivement pendu aux lèvres de son ami dont l'avancement de l'histoire devenait de plus en plus drôle, croustillant et hallucinant. Il ouvrit de gros yeux en entendant parler de l'homme, le mari sans aucun doute, qui avait insisté un peu plus dès le lendemain. « Woooh, c'est creepy son truc. On dirait presque le début d'un film d'horreur, genre vous avez des stalkers, Callie et toi. J'imagine que t'as refusé encore une fois ? Si ça se trouve, là, ils vont entrer chez vous pendant que vous y êtes pas et vous allez les retrouver nus dans votre lit, à vous attendre ! » S'imagina Woody, laissant son imagination déborder un peu trop. En même temps, l'histoire en elle-même était incroyable. « Sans blague, c'est limite du harcèlement leur truc. Non, c'est non, quoi ... » S'ils revenaient, la prochaine étape était de faire une plainte et d'avoir une ordonnance restrictive.

Heureusement que Woody ne savait pas ça, que Jake parlait un peu moins en présence de Callie ! Était-elle plus intéressante que Woody et Jake lui laissait donc davantage de place dans la conversation ? Ou alors peut-être était-ce une toute autre raison, peut-être même que Jake était plus à l'aise avec son pote et se sentait donc plus confortable de parler. Cela n'était pas très positif pour Callie ! Ou alors, l'explication la plus plausible, c'était que Woody n'était la plupart du temps pas trop bavard, ne trouvant jamais vraiment quoi que ce soit de palpitant à raconter. Il fallait bien que Jake trouve le moyen de meubler un peu la conversation, autrement, une heure de lunch comme celle-là pourrait devenir très longue. Heureusement, ce n'était pas le cas, et le moulin à paroles qu'était Jake trouvait toujours la bonne question à poser, ou la bonne réaction à avoir, et ce même quand Woody se moquait un peu trop de lui. Mais, surtout, Jake savait raconter les histoires les plus drôles. À croire que tout lui arrivait, à lui. « Pas si bizarre que ça ? Faut quand même l'être pas mal pour proposer de telles expériences, dans une pâtisserie en plus ! Un lieu super public, n'importe qui aurait pu entendre ! » Dans un bar, déjà, ça aurait peut-être un peu mieux passé. Disons que le contexte portait davantage aux rencontres, même les plus inusitées. Dans une pâtisserie toutefois, ça n'ouvrait pas forcément la porte à de telles fantaisies. Visiblement, pour certains, oui. « Si c'est pas eux les pires, j'aimerais bien que tu me racontes les pires que t'as rencontré. J'ai jamais vu de proposition plus étrange que ça, sauf dans les films ou les histoires exagérées. » Certaines personnes avaient effectivement tendance à en ajouter quelques couches supplémentaires, histoire de faire sensation. Woody savait bien que ce n'était pas le genre de Jake. Tout comme ça n'aurait pas été son genre d'accepter la proposition au deuxième tour, et pourtant, le trentenaire ne s'empêcha pas de le demander histoire d'en être certain. Il avait effectivement décliné l'offre, et l'homme avait promis de ne plus l'importuner avec cette requête. Woody esquissa un sourire. « Vous avez plein de couples d'amis, t'aurais au moins pu le référer à d'autres. » C'aurait été franchement magnifique, comme coup ! Mais il n'y avait que Woody pour jouer un pareil tour à des amis. Bref, Jake délaissa sa petite histoire pour se concentrer sur Woody. Son visage se ferma un tout petit peu. Il préférait largement écouter Jake plutôt que de devoir réfléchir à quelque chose de léger à raconter. Quelque chose qui n'avait rien à voir avec sa vie trop personnelle, lui qui portait tellement de secrets. « Je n'ai reçu aucune demande sexuelle farfelue, c'est déjà ça. » Commença-t-il avec humour, avant d'hausser les épaules. « Sinon, rien de nouveau, pas vraiment. J'dirais même le contraire. J'ai l'impression de faire du sur-place, et j'ai l'impression que ce qui s'est passé avec Freja y est pour quelque chose. » Même si Woody demeurait assez évasif quand il était question de ses sentiments pour Freja, Jake savait au moins qu'ils partageaient quelque chose de fort. Et il savait aussi que ça s'était en quelque sorte terminé, le lendemain de la fusillade. « Tu sais, on s'est reparlés le soir du bal de Disney. Et elle m'a clairement fait savoir qu'elle préférait ne plus me voir. Ce que je comprends. C'est probablement c'qui est le mieux. Mais depuis ... J'sais pas. Elle me manque. » Pour un homme qui n'aimait pas parler de sa vie intime, voilà qu'il venait de se lancer en terrain miné.