I can see the sun coming out, and I need it. ∞ Jax

Aïnhoa terminait les cours tôt le lundi, elle avait fini en début d'après-midi et pouvait se permettre de profiter un peu du soleil de mai, mais seulement le temps d'arriver au centre sportif. À son arrivée à Bowen, elle avait postulé au centre et avait donné ses horaires de cours pour pouvoir travailler en tant que coach sportif quand elle avait du temps libre. Certes, cela l'empêchait de faire autre chose, mais Aïnhoa était une sportive dans l'âme, et ce n'était en aucun cas une corvée pour elle de donner cours. Et puis, c'était assez flexible comme horaire, tout comme ceux de ses cours au final, vu qu'elle ne passait pas les examens, puisqu'elle débarquait seulement maintenant en cours, où le programme et les enseignements de cette année étaient différents d'un bout à l'autre du monde. Du coup, la belle espagnole marchait dehors, sur le chemin du centre, préférant laisser sa moto sur le parking de l'école et profiter de cette petite balade à pied. Il fallait qu'elle continue sur sa lancée, profiter de ce nouveau départ et se répéter que tout allait bien. Chaque occasion de sourire que la vie lui offrait était bonne à prendre et elle ne comptait pas cracher dessus. Ne pas penser au passé, ne pas avoir peur de ce qu'il pourrait se passer, juste vivre normalement. Comme elle le faisait toujours ces dernières années. Même si ce n'était qu'à moitié, l'ombre n'étant jamais bien loin. Elle respirait à moitié depuis plusieurs années. Mais elle respirait tout de même. C'était le principal.

La jeune femme atteignit le centre sportif et se dirigea vers les vestiaires pour troquer sa veste en cuir et son top léger, ainsi que son jean, contre un legging noir et une brassière bordeaux. Elle attacha ses cheveux comme elle aimait le faire quand elle faisait du sport, en une demi-tresse africaine et quelques petites tresses par-ci par-là, collées contre son crâne. Elle embarqua son essuie et sa gourde et rejoignit la salle où elle devait donner cours de fitness. Elle était une demie-heure à l'avance, mais elle avait bien envie de faire quelques échauffements seule dans la salle, où avec d'autres personnes venues en avance s'il y en avait, chacun travaillant dans son coin. Tout bien réfléchi, elle revint sur ses pas et emporta ses gants de boxe. Ça la défoulerait et lui permettrait d'avoir les idées saines et claires pour entamer le cours, rempli de têtes qu'elle connaissait à peine. Cela ne faisait encore que très peu de temps qu'elle travaillait ici. Aïnhoa pénétra dans la salle dont la porte était déjà ouverte, remarquant l'une ou l'autre personne dans les coins, s'étirant du cours d'avant ou s'échauffant pour le suivant. La jeune fille installa ses affaires au début de la salle, près du mur, où un vieux lecteur CD l'attendait, puis commença quelques échauffements. Après plusieurs exercices, elle décida qu'il était temps d'aller frapper un peu le sac de boxe, et se dirigea vers celui-ci, tout en enfilant ses bandages, puis ses gants, et commença quelques enchaînements.

Aïnhoa était concentrée sur son échauffement, ses pensées déjà loin de l'endroit où elle se trouvait et des gens qui l'entouraient. Elle était rentrée dans sa bulle, son réconfort et son exutoire. Elle n'était plus que seule face à son sac de boxe, rien qu'à deux. Moment de paix où elle pouvait évacuer tout ce qu'il y avait de négatif, où son esprit se vidait totalement. Elle avait besoin de ça dans sa vie, le sport était bien plus qu'un entretien du corps pour elle, c'était une passion dont elle ne pourrait jamais se passer. Tandis qu'elle frappait continuellement sur le sac, concentrée sur la positions de ses bras, la force qui parcourait ses muscles, et les placements de ses pieds, une voix l'interpella. Elle fut brutalement ramenée sur terre et afficha un air décontenancé durant une seconde, avant de se reprendre et d'afficher un sourire jovial à la personne qui venait de l'aborder. C'était un jeune homme à la crinière noire, et elle mit une seconde de plus à intégrer ce qu'il venait de lui demander. « Oh, bonjour. Bien sûr, pas de problème. » répondit-elle chaleureusement à son interlocuteur. Il était vrai qu'en général, Aïnhoa préférait se préparer seule, rester dans son coin et se déconnecter de la réalité quelques minutes, avant d'enfiler son masque souriant et plein d'entrain. Mais elle restait sociable et elle connaissait encore peu de gens par ici, s'échauffer ensemble n'avait rien de très dérangeant. « Aïnhoa, enchantée. Vous êtes venu pour quel cours ? »