i say it's up to fate it's woven in my soul (donovan)

Parfois, tu ressens le besoin de prendre un bon bol d'air frais, de quitter l'air trop étouffant de la ville pour te ressourcer, pour te retrouver. Et également pour voir à nouveau la vie dans son état le plus simple. Alors, quand tu as ce besoin intense, tu rejoins les sentiers de randonnées et tu n'hésites pas à grimper un peu plus haut pour avoir une vue impénétrable sur Bowen. Une vue que peu connaisse, finalement. Sauf les audacieux dans ton genre. Après quelques minutes d'escalade, tu te retrouves enfin au point culminant, ce fameux point où il est possible d'observer toutes les lumières et la vie de la ville. Une vue que tu apprécies depuis ton arrivée en Australie et dont tu n'es pas prêt de te lasser. C'est également un moment où tu n'es pas dérangé, où tu es seul avec toi-même pour ne penser à rien d'autre qu'à la beauté du lieu. Du moins, c'était le cas jusqu'à ce soir. Ce soir, malheureusement pour toi, tu n'es pas seul. Et tu as bien peur que l'événement d'aujourd'hui entache la beauté de ce lieu à tout jamais. Tu soupires en voyant l'homme qui s'avance vers toi, sachant déjà qu'il risque de gâcher ta soirée. « Putain qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour mériter ça ? » Murmures-tu en secouant la tête, dépité. L'homme en question c'est Donovan, un flic que tu connais plutôt bien. Un flic qui n'a jamais hésité à te mettre en cellule quand l'envie lui prenait ou plutôt quand tu enchainais connerie sur connerie. Aujourd'hui, tu es un peu plus calme mais tu aimes toujours autant défier les lois, défier les limites. Et ça, ça ne changera probablement jamais. Alors, tu risques de croiser la route de Donovan encore l'une ou l'autre fois. « Je ne peux jamais être tranquille avec toi. » Dis-tu en posant ton regard sur le policier.

Quand Donovan n'était pas dans sa caravane ou en train de résoudre une enquête, il aimait fréquenter des endroits où il pouvait laisser aller sa noirceur sans être juger d'une quelconque manière. Il appréciait la solitude bien plus que n'importe quel autre sentiment. Le jeune homme avait toujours eu une part de noirceur en lui, et cela a commencé à l'époque où sa mère est partie et qu'il a dû vivre avec son père. Ce même homme qui n'hésitait pas à lui faire comprendre qu'un homme ça doit être fort, que ça ne doit pas pleurer. Et pour imprégner tout cela, c'était à coup de ceinture. Certaines marques étaient encore visibles sur son corps. Hormis sa femme décédée, personne n'avait eu le loisir de pouvoir l'observer et il ne le montrait pas.

Venant de terminer sa journée, il était de retour dans sa caravane où il avait descendu un verre ou deux avant d'emprunter ce sentier qu'il connaissait tant. Celui qui partait de la plage et qui menait vers les hauteurs de la ville. Ce même endroit où il pouvait se laisser aller et où il n'avait jamais croisé personne. Personne jusqu'à ce soir en tout cas.

Installé sur un rocher, lorsqu'il vit une personne s'approcher, il mit quelques secondes avant de reconnaître ce visage. Avec l'alcool qu'il avait déjà ingurgité, il valait mieux pour le lieutenant redescendre et regagner son domicile, mais son besoin de provoquer et de jouer avec le jeune homme était bien plus fort que le reste.

" - Je te signale que c'est à cause de TES conneries qu'on s'est rencontré, si tu étais un sage petit garçon, nos routes ne se seraient jamais croisé."

Il passa une main dans ses cheveux, ce geste automatique qu'il avait quand il était stressé ou dans une situation où il n'était pas des plus à l'aise. Pourtant ce soir, ce n'était aucune des deux, simplement un réflexe.

" - La ville appartient à tout le monde. Ce rocher n'est pas le tien Rothschild. Ne crois pas que ça m'amuse de te voir ici, j'aurai préféré avoir une soirée tranquille mais faut croire que tu n'es jamais très loin pour gâcher mes plans."

Tu n’as jamais été sage dans ta vie et ce n’est sans doute pas aujourd’hui que tu vas le devenir même si tu t’es beaucoup calmé par rapport à une certaine époque de ton adolescence. Tu ressentais une telle injustice, à l’époque, que tu essayais d’extérioriser par tous les moyens. De mauvais moyens, évidemment, mais n’ayant aucune limite établie à la maison, tu n’en voyais pas l’intérêt d’en avoir en dehors de la maison non plus. La rue a toujours été ton moyen d’échapper à ce quotidien sombre dans lequel tu vivais. Ca ou les jumeaux avec qui tu as toujours été très proche, tenant un peu le rôle du père de famille à leurs yeux. Bref, ce que te demande Donovan, d’être plus sage, c’est juste impossible te concernant. « Ton travail serait bien ennuyeux sans moi non ? » Demandes-tu finalement pour provoquer le policier. Tout ce que tu cherches, c’est l’emmerder, le brusquer, le pousser à bout pour que ce soir, ce soit lui qui fasse un pas de travers. Et pas toi. « T’as pas remarqué qu’il était écrit mon nom sur ce rocher ? » Demandes-tu sur un ton sarcastique. Evidemment, qu’il appartient à tout le monde mais ce soir, tu n’es pas décidé à la partager et encore moins avec un poulet dans son genre. « Je n’ai transgressé aucune loi, si ? Alors pourquoi t’entêtes-tu à me faire chier ? » Demandes-tu finalement en soupirant et en sortant une cigarette de ta poche pour l’allumer juste après. C’est un des seuls moyens que tu connais pour faire redescendre la pression, pour te calmer et surtout pour éviter de faire une connerie qui pourrait te causer des problèmes. Forcément, outrage à agent ce n’est pas très glorieux, alors autant éviter.

Parfois, dans certaines affaires, c'était Donovan qui était envoyé sur place, parce que ses supérieurs savaient qu'il était tout bonnement ingérable et qu'il pourrait provoquer le suspect et l'amener à commettre un faux pas. C'est dans ces cas-là qu'ils appréciaient sans réellement l'avouer, parce que c'était mal vu, surtout avec un type dans son genre.

Ce soir, s'il était venu ici, c'était pour se détendre et non pour se prendre la tête avec un gamin capricieux qui avait décidé de le provoquer. Il n'y répondrait pas. Du moins, tant que ses nerfs le lui permettraient, c'est-à-dire pas longtemps, puisqu'il était trop facilement irritable. Parfois bien trop. Mais pour le moment, il décida d'arborer un large sourire plus qu'hypocrite à l'égard de ce gamin.

" - Oh non t'en fait pas pour moi, des petits cons dans ton genre ça court les rues."

Et c'était pas totalement faux, s'il arrêtait tous les petits délinquants, alors il passerait ses journées dans la rue. Mais il avait des affaires bien plus importantes à gérer que de simples vols de bonbons ou des tags sur des voitures. Et puis de toute manière, il n'y avait pas assez de flics pour couvrir tout le territoire et éradiquer tous les voyous de Bowen.

" - Non désolé tu sais je me fais vieux, alors forcément je vois moins bien."

Maddox voulait jouer ? Donovan était plus que joueur alors il était tomber sur la mauvaise personne et ils allaient pouvoir poursuivre ce petit manège toute la soirée s'il le faut.

" - Parce que tu crois vraiment que je suis venu pour toi ? Tu crois vraiment que je perdrais mon temps à venir ici pour te retrouver ? J'avais d'autres projets figure toi, et tu n'en faisais pas parti."

Il est clair que passer la soirée ici avec ce petit con n'était pas dans son programme. Il avait prévu une soirée à la belle étoile pour s'évader et oublier quelques instants la souffrance qu'il garde en lui. Et il n'avait aucune envie de retrouver Maddox ici. Autant les autres fois, il aimait jouer autant là, il aurait donné n'importe quoi pour être ailleurs. Cependant, il ne lui donnerait pas ce plaisir de partir.

Des petits cons dans ton genre ? Tu arques un sourcil, amusé par la condescendance avec laquelle il te traite. S'il cherche à te provoquer dans le but de te faire craquer, c'est raté. Tu as un super self-contrôle contrairement au policier. « J'crois que t'as un problème avec les petits cons comme moi. Y'en a un qui t'a malmené un jour ? » Demandes-tu pour le pousser dans ses retranchements. Tu veux qu'il craque, qu'il explose même, mais qu'il fasse quelque chose de stupide. Quelque chose que tu pourrais utiliser contre lui par la suite. Malheureusement pour toi, Donovan n'est pas encore prêt à craquer. « Ouais tu dois approcher de la soixantaine comme t'es là, non ? » Demandes-tu en sachant pertinemment qu'il est plus jeune que ça. C'est difficile de lui donner un âge mais tu imagines bien qu'il ne doit pas avoir plus de cinquante ans. Tu cherches juste, une nouvelle fois, à le provoquer comme un gamin de douze ans. Parce qu'en présence de Donovan, tu as l'impression de faire un bond en arrière, d'être de retour en plein dans ton adolescence quand ton seul moyen de communiquer était en provocant, en buvant et en fumant de la drogue. Une mauvaise période pour toi mais qui t'a permis de prendre en maturité au fil du temps. Du moins, c'était le cas, jusqu'à ce que ce policier décide de venir t'emmerder. « D'autres projets ? Je parie que tu es seul et coincé dans ta pauvre et misérable vie. » Tu n'en sais rien, dans le fond. Peut-être que quelqu'un l'attend à la maison mais tu en doutes fortement. Si c'était le cas, il ne serait pas là à te provoquer comme un con. « Tu veux pas me foutre la paix et me laisser avec mon rocher ? » Demandes-tu finalement en soupirant plus longuement. Tu te doutes bien que Donovan ne va pas partir alors que tu lui demandes. Il a trop de fierté pour ça, malheureusement. Un peu comme toi, au fond.

Donovan c'est le genre de flic qui dit tout haut ce que d'autres pensent tout bas. Il n'en a que faire du regard des gens et ne s'en préoccupe pas le moins du monde. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, il s'en fiche éperdument, il essaye juste de retrouver un semblant de vie depuis le départ de sa femme.

" - Malmené ? Non." répondit-il avec un large sourire et un rire qui pourrait faire froid dans le dos.

Aucun petit con dans le style de Maddox ne l'avait malmené, généralement c'était plutôt lui qui le faisait d'ailleurs. Mais ce n'était ni l'endroit ni le moment de faire état de ses enquêtes pour coffrer des jeunes délinquants. Parfois, il avait envie de les aider, mais s'il le faisait pour tous, alors non seulement c'était une perte de temps et puis, il devait tout de même faire son quota d'arrestations par jour. Il était conscient qu'il ne pouvait pas aider tout le monde. Et avec les gamins du style de Maddox, même si celui-ci semblait lui vouer une certaine haine, il ne pouvait que se féliciter de l'avoir arrêté. Maintenant il avait un semblant de vie normale, lors de la drogue qu'il touchait à l'époque où Donovan l'avait dans le viseur.

" - Ouais j'ai soixante ans et mes supérieurs sont tellement sympas avec moi qu'ils me gardent sur le terrain malgré mon âge avancé !"

Donovan n'avait jamais eu aucun complexe sur son âge, que ce soit parce qu'il approchait de la cinquantaine ou parce qu'il se retrouvait devant un gamin qui lui rappelait que sa vie était déjà bien avancé. Mais pour le moment, il n'avait aucune raison de laisser ses nerfs explosés, il devait se contenir parce qu'il voyait clair dans le jeu du gamin. Le pousser à bout pour commettre une faute et l'utiliser contre lui. S'il était viré de la police, il n'aura plus tous les moyens qu'il utilise pour enquêter sur la mort de sa femme, et il en a besoin. Et même si ça le faisait chier de ronger son frein, il devait prendre sur lui, bien que c'était compliqué vu qu'il était plutôt du genre impulsif.

" - Tout le monde n'a pas la même vie que toi tu sais."

Il voulait lui faire mal, Danno pouvait aussi bien être franc et blessant dans ses propos et s'il poursuivait sur cette pente, il n'hésiterait pas à le faire.

" - Personne ne veut de toi à tel point que tu es obligé de passer ta soirée avec un rocher ? C'est triste quand même."

La soirée ne faisait que commencer et pourtant, quelque chose lui disait qu'elle allait être longue, beaucoup trop longue pour qu'il ne reste calme durant toutes ces heures.

Tu lèves les yeux au ciel face au « non » de Donovan, préférant éviter d’aller plus loin sur cette pente. A la place, tu préfères faire le con et jouer avec l’âge du policier. Un âge bien plus avancé que le tien mais pas aussi âge que tu le prétends. Un rictus se dessine au coin de tes lèvres en entendant sa réponse. Ca t’amuse de jouer avec lui même si, visiblement, ses nerfs ne semblent pas encore prêts à lâcher. Malheureusement pour toi. « Putain j’aimerais pas être ton coéquipier, tu dois être un vrai boulet sur le terrain. J’imagine pas pour les poursuites. » Dis-tu en arquant un sourcil avec un sourire moqueur aux lèvres. S’il te poursuivait, tu ne doutes pas que Donovan serait un adversaire redoutable mais c’est plus simple pour toi de le réduire à néant. De lui laisser croire que tu penses qu’il ne vaut rien. Que tu n’as pas peur de lui malgré les nombreuses arrestations qu’il a déjà fait à ton encontre. « C’est-à-dire ? » Demandes-tu lorsque le policier fait référence à ta vie. Au fond, il ne sait pas grand chose de ton passé. Pas grand chose de ce que tu as vécu. Il ignore sûrement tout de Londres parce qu’heureusement pour toi, ton casier judiciaire ne t’a pas suivi jusque Bowen. « Qu’est-ce que tu sais de ma vie, d’abord ? » Demandes-tu plus agacé que précédemment. Tu ris quand il fait allusion à ta solitude parce que Donovan se trouve exactement dans le même cas de figure que toi. « Ma vie sociale va très bien, rassure-toi. Et ma vie sexuelle aussi, qui doit être bien plus intéressante que la tienne d’ailleurs. » Rétorques-tu pour le provoquer une nouvelle fois. T’es un vrai gamin devant le policier, t’en as bien conscience parce qu’en temps normal tu ne te vanterais jamais de ta vie sexuelle. Mais c’est plus fort que toi, tu as besoin de lui montrer que tu es plus résistant que lui.

Donovan a un état d'esprit bien à lui lorsqu'il est sur le terrain, parfois même son coéquipier a dû mal à le comprendre, mais qu'importe. Et devant ce gamin qui se croit tout permis pour le pousser à bout, le lieutenant est joueur, même s'il sait pertinemment que c'est jouer avec le feu. S'il perdait pied, la vie de Maddox serait très certainement en danger, surtout vu l'endroit où ils se trouvaient mais alors quoi ? Il devait abandonner et lui donner cette satisfaction qu'il avait gagné ? Non, c'était bien trop compliqué pour le jeune homme qui ne pouvait pas laisser passer cette occasion pour défier Maddox une fois de plus.

En soi, en arrivant sur ce rocher là où il se trouvait maintenant, il n'avait pas dans l'idée de devoir défier et provoquer quelqu'un, il aurait pu cohabiter avec Maddox, chacun d'un côté sans s'adresser la parole. Mais ça n'aurait pas été drôle et le gamin n'avait pas pu s'empêcher de jouer au caïd en venant le provoquer alors même qu'il n'avait rien demandé. C'était à ses risques et périls, même s'il l'ignorait encore certainement à cet instant.

Jusqu'alors, Donovan était plutôt serein, étonnamment calme d'ailleurs, il écoutait les propos débités par son interlocuteur sans vraiment y prêter attention, pourtant il y répondait. Il y a un proverbe qui dit que la meilleure des réponses est le silence, seulement avec Maddox, ce proverbe perd tout son sens puisque s'il décide de garder le silence, le gosse pensera qu'il a gagné et c'était hors de question. Ça pouvait aller loin ce petit jeu et il en était conscient.

" - Un conseil, ne fait pas de connerie, sinon tu sais déjà qui te collera aux basques, on verra si je suis réellement un boulet." dit-il en lui adressant un clin d'oeil.

Oui Donovan était un agent de police depuis plus de vingt ans, alors forcément, certains ne pouvaient pas s'empêcher de dire qu'à son âge, c'est derrière un bureau qu'il devrait être, mais c'était un très bon agent de terrain, même s'il avait ses propres méthodes pour résoudre les affaires.

" - Je suis flic je te rappelle, j'en connais bien plus que ce que tu penses."

L'avantage de bosser avec tous les outils qu'ils avaient à disposition, c'est qu'il lui était possible d'enquêter sur des personnes qui semblaient être on ne peut plus légales sur le territoire australien, mais tout le monde a un passé. Lui y compris.

" - Est-ce que tu te rends compte que pour te donner de l'importance tu es en train de me vanter ta vie sexuelle ? Tu es tombé bien bas Maddox. Tu me déçois.."

Donovan n'avait pas de vie, qu'elle soit sociale ou bien sexuelle, mais qu'elle était l'importance dans cette conversation ? Aucune.

Tu ne sais plus quoi dire ni quoi faire pour que Donovan réagisse enfin. Tu veux voir jusqu'où il est capable d'aller et où se trouvent ses limites. Tu ne sais pas du tout quelle sera sa réaction lorsqu'il atteindra le point de non-retour mais tu n'as pas peur. Tu n'as peur de rien et il est bien là le problème. Souvent, tu ne vois pas les signaux d'alerte importants et c'est sans doute ça qui provoquera ta chute. « Ce sont des menaces ? » Demandes-tu en arquant un sourcil, interpellé. Tu ne prévois jamais à l'avance de faire telle ou telle connerie. C'est plutôt sur le moment que tu ressens une poussée d'adrénaline et que tu te lances dans des plans complètements cons. Heureusement, depuis ton adolescence, tu t'es grandement calmé. Parfois, tu joues encore avec la limite des lois passant entre le bon et le côté obscur mais ça n'est jamais bien grave. Tu ne mets jamais la vie de qui que ce soit en danger si ce n'est la tienne. Lorsque Donovan parle de ta vie personnelle, tu sens la tension monter chez toi. Tu n'aimes pas qu'on se mêle de ta vie et encore moins de ton passé ou du moins, si tu ne l'as pas décidé. Ça ne te dérange pas tellement d'en parler mais plutôt à des gens de confiance, des gens proches. Evidemment, tu ne classerais pas le policier parmi ceux-ci, tu n'as aucune confiance en lui. Aucune. « Waw en grand flic que tu es, tu as des contacts à chaque coin du monde, c'est ça ? » Demandes-tu en soupirant et en levant les yeux au ciel. Ça ne te plaît pas qu'il en sache plus sur ta vie que toi sur lui mais vu le travail de Donovan, tu n'as pas d'autre choix. « Oh tu sais ton opinion m'importe peu, finalement. » Dis-tu en haussant les épaules, indifférent. « J'avais juste envie de lire cette frustration sexuelle que je vois dans tes yeux. » Ajoutes-tu avec un rictus au coin des lèvres. Tu ne vois rien d'autre que de l'indifférence dans le regard de Donovan mais ça te plaît bien trop de lui faire croire que tu peux le décrypter assez aisément. Alors qu'il n'est est rien.

Donovan a le pouvoir de s'étonner tout seul parfois. Il lui arrive de partir au quart de tour sans raison à priori valable lorsqu'il essaye de se contenir, et à ce moment où Maddox essaye tant bien que mal de le pousser sans ses retranchements pour voir jusqu'où il peut aller, le policier reste calme. Pour le moment, il est tout ce qu'il y a de plus serein. Est-ce qu'il se serait assagi ? Non loin de là, ce n'est pas du tout son genre de devenir sage.

" - Oh interprète le comme tu veux, si tu te sens menacé j'en suis fort désolé."

Bien sûr qu'il n'en avait que faire de savoir s'il avait ou non blessé émotionnellement le jeune homme, c'était la dernière de ses préoccupations. Mais il était tout de même heureux s'il s'était senti menacé c'est qu'il y avait une bonne raison, et même s'il ne l'avouait pas, peut-être qu'au fond de lui, il avait tout de même peur du lieutenant de police. Il faut dire aussi qu'il n'entre pas vraiment dans la norme, là où un de ses collègues aurait agit tact et douceur, Donovan lui, fonce dans le tas sans se préoccuper des retombées que cela pourra avoir par la suite.

" - Je ne dirai pas à chaque coin du monde mais quand je veux quelque chose, généralement je l'obtiens. Et récolter des informations sur un ancien délinquant ce n'est pas ce qu'il y a de plus difficile."

Donovan ne faisait quasiment jamais d'enquête sur les personnes qu'il arrêtait, il s'en fichait pas mal en réalité, mais s'il le fallait, il avait les moyens pour obtenir les informations qu'il désire et rapidement en plus de cela. Il n'avait fait aucune recherche sur le jeune homme, mais le lui faire croire est tellement facile que ça en devient presque ennuyeux.

" - De la frustration sexuelle ? On ne me l'avait encore jamais faite celle-ci. Mais tu sais, la qualité première d'un flic c'est de savoir bluffer, tu ferais un très mauvais flic puisque tu ne sais pas mentir."

Donovan n'était absolument pas frustré comme aurait pu le dire Maddox, oui il souffrait énormément de la perte de sa femme, mais il n'avait jamais cherché à la remplacer, et si toutefois, il éprouvait le besoin de se satisfaire sexuellement, il trouverait bien une demoiselle dans un bar qui accepterait se passer une nuit avec lui, sans plan sur l'avenir. Mais ce n'était pas dans ses projets. Si éventuellement il voyait quelque chose dans son regard c'était de l'indifférence à son égard et de la souffrance d'avoir perdu la femme de sa vie. En dehors de ça, il n'y avait pas grand chose qui passait dans ses yeux puisqu'il avait perdu tout goût de vivre.

« Je ne me sens pas du tout menacé par toi. » Bien au contraire. Tu ne redoutes pas grand monde si ce n'est ta mère et encore. Alors ce n'est pas un flic en carton qui va te faire peur. Aussi tenace soit-il. Lorsqu'il te nomme comme ancien délinquant, tu arques un sourcil, légèrement agacé. C'est ce que tu es, dans le fond, mais ça ne fait pas plaisir à entendre. Tu en as fait des conneries à Londres, bien plus que la plupart des gens et tu en regrettes une bonne partie. Néanmoins, ça fait partie de ton histoire, de qui tu es. Tu souffrais trop à l'époque de l'abandon de ton père malgré tout l'amour donné par ta mère et par tes frères et soeurs. Ça ne suffisait pas. Tu avais besoin d'aller contre les lois pour exprimer cette injustice qui te rongeait. C'était stupide mais c'était la seule manière d'extérioriser ton sentiment qui fonctionnait sur toi à l'époque. « Ne me fais pas croire que tu as toujours été blanc comme neige durant ta vie. » Des conneries tout le monde en fait et ça ne fait pas de tout le monde des délinquants pour autant. Mais en ce qui te concerne, le terme est bien choisi. Lorsque Donovan prétend que tu mens, tu soupires, montrant ton agacement et ta lassitude. Tu ne vas pas rester là toute la soirée à discuter avec un connard de première. Tout ce que tu veux, c'est être tranquille, toi. « Crois-moi bien, la dernière chose dont j'ai envie c'est d'être flic. Je ne comprends juste pas comment on peut avoir envie d'exercer ce métier. » Rétorques-tu en haussant les épaules, indifférent. « Mais je suis sûr que tu es persuadé de me cerner de a à z et pourtant, tu es si loin de la vérité. Tu ne me connais pas Donovan, pas du tout. Alors arrête de prétendre le contraire en lisant dans mon comportement ou par je ne sais quelle manière de flic à la con. » Tu soupires longuement, détachant ton regard du sien pour faire redescendre la pression. Tu restes un instant bloqué sur l'horizon, appréciant la vue malgré cet individu indésirable à tes côtés qui est de trop à tes yeux.

Le soucis avec Maddox, c'est qu'il avait pris Donovan pour son ennemi, ce qui n'était pas du tout en réalité. Il ne l'avait jamais été. Il avait simplement fait son travail, si ça n'avait pas été lui, ça aurait été quelqu'un d'autre, ça n'aurait pas changé grand chose, mais peut-être que dans l'esprit du jeune homme, ça aurait pu changer sa manière de le juger.

Par la suite, pour suivre le fil de leur discussion, Donovan sait que s'il veut se débarrasser du gamin, il faut qu'il appuie sur les cordes sensibles, et ainsi risquer que ce soit lui qui perde les pédales plutôt que lui. Mais la remarque de ce dernier le fit sourire.

" - Tu m'aurais posé la question il y a cinq ans, je t'aurai dis que si. Je n'ai jamais été un gamin turbulent."

Comment l'être quand son père le frappait lorsqu'il entrait, quand il était totalement ivre et que c'est son propre fils qui devait s'occuper de lui pour le coucher. Aujourd'hui, il lui en voulait énormément d'avoir été ce monstre avec lui, mais il sait pertinemment qu'il ne pourra plus changer cette période de sa vie. Donovan a beaucoup souffert du divorce de ses parents et notamment le fait d'être séparé de son frère et de sa mère. Il avait grandi sans véritables repaires. Et ça l'avait énormément affecté mais il n'avait jamais cherché à attirer l'attention sur lui pour faire comprendre que c'était un appel à l'aide, ce que Maddox lui avait fait. À l'époque, si le lieutenant l'avait arrêté, bien que cela puisse le mettre en rogne aujourd'hui, c'était pour le protéger de lui-même. Est-ce qu'il le lui avouera un jour ? C'est possible même s'il connaît déjà à l'avance la réaction du jeune homme.

" - C'est la même envie que ceux qui deviennent pompier, médecin ou même psychologue. Ils ont pour vocation de venir en aide aux autres, et c'est ce que j'ai fais avec toi, bien que tu ne l'entendras jamais. J'ai jamais été ton ennemi Maddox, c'est toi qui m'a prit pour ça, mais je n'ai jamais cherché à te nuire. Sache-le."

La conversation prenait un tournant qu'il y a encore quelques minutes, le franco-allemand n'aurait pas pensé aussi sérieux. Vu comment cela avait commencé, il ne s'attendait pas à se livrer aussi facilement sur son état d'esprit à ce gosse qui allait très certainement s'en foutre. Ça avait toujours été comme ça avec lui, tout lui passe au-dessus, mais il a tout de même l'espoir que ses paroles rentrent dans son esprit.

" - Je n'ai jamais prétendu quoique ce soit, c'est ça que tu ne comprends pas. Je sais que ce que t'as fait quand je t'ai arrêté c'était un appel au secours, t'es pas un mauvais mec dans le fond, faut juste que t'en prenne conscience c'est tout."

Et le jeune homme ne disait pas ça uniquement pour apaiser la situation, il le pensait vraiment. Autant il pouvait être un connard, autant il savait que Maddox, malgré les choix qu'il avait fait et les bêtises qu'il avait enchaîné ne faisait pas de lui quelqu'un de mauvais. Ils n'étaient pas si différents tous les deux, mais ça, jamais Donovan ne lui revelera, il a bien trop peur de ce que le gamin pourrait en faire.

Tu arques un sourcil, étonné par les révélations du policier. Tu ne t'attendais pas vraiment à ce qu'il soit honnête mais plutôt qu'il évite tout détail sur sa vie personnelle. Néanmoins, tu ne peux t'empêcher de le provoquer à nouveau, comme tu en as l'habitude. « Serais-tu devenu un petit délinquant, toi aussi, durant ces cinq dernières années ? » Demandes-tu avec un rictus assez prononcé au coin des lèvres. Si Donovan semble bien décidé à ouvrir un peu le dialogue, ce n'est pas ton cas. Tu ne te livreras jamais à lui et encore moins parce qu'il s'agit d'un flic ripoux, qui plus est. Ou du moins, c'est l'image que tu as de lui. Sans doute parce qu'il t'a arrêté plusieurs fois par le passé dans des moments où tu avais besoin de tout sauf de ça. Malheureusement, le policier ne le comprend pas, persuadé d'avoir agi de la meilleure des façons. « Sauf qu'eux viennent réellement en aide aux autres. Non je n'entendrai jamais que tu voulais m'aider... Tout ce que je vois, c'est que t'es venu m'emmerder quand ce n'était pas nécessaire. En me laissant tranquille, là, tu m'aurais aidé. » Rétorques-tu en haussant les épaules, simulant l'indifférence. Tu bouillonnes intérieurement, tu as envie de lui cracher à la figure tout ce que tu penses de lui et des flics mais tu n'en fais rien. Ça apporterait quoi, dans tous les cas ? Rien. Alors autant continuer à paraître indifférent pour lui montrer que sa présence ne t'atteint pas. Et qu'elle ne t'atteindra jamais. Les paroles que Donovan prononcent te prennent de court, ne t'attendant pas à ce qu'il te lance des fleurs de la sorte. Bon ok, ce n'est pas exactement ce qu'il fait mais ça s'en rapproche. En tout cas, il est bien plus aimable qu'au début de votre conversation. Il semble comme apaisé alors que toi, tu es toujours dans la retenue et la provocation.  « Je ne pense pas être quelqu'un de mauvais. Du moins pas totalement. On fait tous des choses qu'on regrette dans la vie, c'est tout. » Réponds-tu en gardant le regard rivé sur l'horizon et la beauté de la ville. « Pense ce que tu veux, ça m'importe peu. » Ce que Donovan pense de toi, tu t'en fous complètement. Ce n'est pas comme si son avis comptait après tout. Peut-être qu'il compte aux yeux de quelqu'un, mais pas aux tiens.

HJ:

Donovan n'a jamais été quelqu'un de mauvais, même si certains gamins font des bêtises quand ils sont jeunes, les trois quarts d'entre elles ne sont que des appels aux secours. Lui n'a pas souvenir d'avoir agit ainsi. Son enfance n'avait pas été rose, mais il ne s'en était jamais plains parce qu'il avait pleinement conscience que quelqu'un ailleurs, vivait quelque chose d'encore pire que ce que lui avait vécu.

Mais à la question de Maddox, le flic ne voyait aucune raison de lui mentir. Malgré ce qu'il peut laisser paraître, Danno n'est pas le genre de personnes à se sentir au-dessus des lois quand il s'agit de se comparer à des gamins totalement perdus. En revanche, lorsqu'il s'agit d'une affaire personnelle, là oui, il outrepasse clairement ses droits sans avoir le moindre remord. Mais ça n'a jamais été le cas avec Maddox, bien que le jeune homme l'ai toujours considéré comme un ennemi voire même un adversaire.

" - Un délinquant ? Non on ne peut pas définir ce que je suis devenu par ce mot."

Un futur meurtrier, un flic qui utilise ses droits à outrance quand il sent qu'il peut faire pencher la balance, un alcoolique doublé d'un drogué suicidaire, tout ces mots désignent ce qu'il est devenu. Mais ce n'est pas un délinquant, c'est bien plus que ça.

" - Ce n'est pas parce que tout le monde t'a laissé dans la merde que j'allais faire pareil. Que tu le veuilles ou non, je t'ai aidé, si ça n'avait pas été moi, ça aurait été un autre flic. Et tu l'aurais haïs comme tu le fais avec moi, alors que tu n'as aucune raison de le faire. Si j'avais vraiment voulu t'emmerder comme tu dis, je t'aurai fais découvrir l'univers de la prison, et là tu aurais eu une bonne raison de me haïr."

Donovan ne cherchait même plus à se battre contre le jeune homme, c'était une perte d'énergie inutile puisque de toute façon, Maddox le considéra toujours un ennemi et n'acceptera jamais de voir la vérité en face. Peut-être qu'un jour il finira par lui faire entendre raison.

L'allemand ne put que se sentir concerné par les propos que tenait son interlocuteur. Lui le premier avait fait des choses qu'il regrettait, comme par exemple, ne pas prendre les menaces qu'on lui avait fait au sérieux. Sa femme enceinte en avait les frais. Et ça, personne ne pourra lui retirer ce sentiment de culpabilité qui pèse sur ses épaules.

" - Quand tu seras moins borné et aveuglé par ta colère tu comprendras tout ce que je t'ai dis ce soir."

Sur ses mots, il tourna les talons et s'en alla. Il en avait fini pour ce soir, il n'avait qu'une envie : aller se changer les idées en vidant une bouteille d'alcool, il n'y a que ça qui peut l'apaiser. Il ne pouvait reprocher au gamin d'être têtu, il était comme lui, ils n'avaient tout simplement pas le même âge, et lui n'avait plus rien à perdre alors que Maddox avait encore toute la vie devant lui.

HRP:

HJ: