is your name your destiny + althea

La famille c'était sacré, c'est pourquoi se faire encré cette rose et cette lettre signifiait beaucoup pour toi. Un tatouage réel, sentimental. Voilà ce que tu voulais, ici dans ta nouvelle vie à Bowen. Lorsque tu étais encore à Londres, plongée dans la drogue, tu en avais oublié les valeurs familiales. Tu ne savais plus d'où tu venais, ce que tu faisais de ta vie et pourquoi tu faisais ça. Venir en Australie t'avait appris à être plus responsable, plus sûr de toi et à décrocher de pas mal de chose. La famille t'avait aidé, énormément. Le retour de Maddox dans ta vie avait été plus que bénéfique. « Depuis cinq ans, il me semble. Tu le connais peut-être » répondis-tu à la jeune femme en grimaçant lorsqu'elle passait sur tes côtes avec sa machine. Oui, c'était douloureux mais ça en valait la peine après tout. Surement qu'elle connaissait ton frère, et ça ne t'étonnerait pas. C'est un garçon très sociable et qui adore rencontrer de nouvelles personnes. « Il s'appelle Maddox » avouas-tu toute fière à Blanche. Avoir ce garçon comme frère, c'était une grande fierté en soi, et tu aimais le montrer, c'est tout. Le tatouage commencer légèrement à piquer, lorsque la blonde insista sur quelques détails. Mais c'est pas grave. La tatoueuse ria quand tu lui dis que cette douleur était comme une drogue. Et toi aussi, tu rias. Mais pas trop, pour ne pas bouger. « J'imagine ! Mais pourquoi tu n'as pas de tatouage, si c'est pas indiscret ? » demandas-tu à la blonde en regardant ce qu'elle faisait près de tes côtes.

Il était étrange de voir comment chaque individu avait des valeurs et des croyances si différentes. Pour Althea, la famille semblait être importante au point où elle avait envie d'en marquer son corps, d'une rose et des initiales de ses origines. Ils étaient plusieurs comme cela, à se faire encrer d'où ils venaient, pour ne jamais l'oublier. La blonde, elle, était loin d'être l'une de ces personnes. Elle ne savait plus depuis combien d'années elle n'avait pas eu de nouvelles de ses parents. La dernière fois devait remonter à un minimum de 10 ans, peut-être même plus, alors que son frère n'était pas encore en prison. Sa famille n'avait jamais été soudée. Elle n'était proche. Ils ne tenaient pas un à l'autre, beaucoup trop dans l'apparence. Ils devaient faire comme si ils étaient unis et pourtant, ils ne l'étaient pas. Et l'hypocrisie, ça lui donnait des nausées. Blanche avait préféré se retirer de ces situations embarrassantes, s'émanciper pour mieux grandir. Même si sa réalité était loin d'être la même que sa cliente, la tatoueuse de montre intéressée par ce qui l'avait poussé à se faire tatouer ses racines et à s'installer à Bowen, elle qui venait d'un si beau pays. Althea lui confirma qu'elle était venue rejoindre son frère, le visage fier, les yeux brillants. Leur relation lui rappelait celle qu'elle avait, autrefois, avec Charles, avant qu'il ne se fasse prendre pour des bêtises et qu'il doive faire un tour derrière les barreaux. Blanche sourit alors que l'Anglaise prononça le prénom de Maddox. Elle s'arrêta de travailler un instant pour lui signaler sa reconnaissance. Maddox, comme dans Maddox Rothschild ? Elle afficha un plus large sourire avant de poursuivre. Certainement que je le connais! Ah, alors, c'est toi la petite soeur de Rothschild ! Elle remit le dermographe en marche et continua sa phrase. Je l'ai tatoué, lui aussi, il a été le premier client pour qui j'ai brisé mes règles et à qui j'ai tatoué un prénom. Blanche rit légèrement. Et le dernier, d'ailleurs ! Il faut croire que sa soeur suit ses pas, j'ai fait une exception pour elle également. Elle lui lança un clin d'oeil avant de se concentrer à nouveau sur le travail qu'elle devait effectuer. Elle s'appliquait, prenant le temps de bien tracer les pétales des roses, passant sur les côtes de la blonde qui devaient se montrer douloureuses. Althea, quant à elle, se montrait curieuse, posant des questions sur les choix personnels de sa tatoueuse. Blanche sourit sans la regarder, mettant une pression sur la peau de sa cliente pour tirer la peau et bien l'encrer. Tu sais, Althea... Je ne suis pas une tatoueuse ordinaire... Avant de choisir ce métier, j'étais artiste. Je faisais de l'aquarelle, surtout, et j'adorais ça. J'aurais voulu être illustratrice ou graphiste, mais je n'avais pas l'argent pour me payer de telles études. Alors, les tatouages me semblaient être le métier le plus près de mes intérêts. Elle essuya l'encre qui débordait d'un geste sec. Pour moi, les tatouages c'est un art. Comme l'aquarelle. C'est pour ça que j'ai des règles strictes.. et l'une d'elles concerne les recouvrements. Je n'en fais pas. Aucun. Sous aucun prétexte. Je ne cache pas l'art des autres, c'est irrespectueux selon moi. Ça force les gens à bien choisir leur tatouage, à réfléchir sur la définition qu'ils en font. Elle éteignit sa machine. C'est pour ça que je n'en ai pas, je n'ai pas encore trouvé ce que je veux éternellement immortaliser sur mon corps. Blanche reposa son dermographe sur sa table de travail, elle essuya une dernière fois la peau de sa cliente et lui tendit un miroir pour qu'elle puisse observer le résultat final. Ça te plait ?

Une drogue, une façon de s'exprimer autrement que par les mots. Voilà ce que représentaient les tatouages pour toi. C'était ta façon à toi de dire aux gens que tu les aimais, ta façon de faire comprendre tes croyances et tes valeurs. Mais tu savais bien qu'un jour tu devrais t'arrêter. Tu n'en avais pas tant que ça, juste quelques pièces qui faisaient de ton corps quelque chose d'unique en son genre. Le fait que Blanche te tattoo aujourd'hui était encore plus symbolique, car c'était la première fois que tu te faisais piquer par une aiguilles étrangères à la couronne anglaise. Même si c'était ça, que tu voulais sur ta peau. Tes racines, tes origines. Lorsque tu émis le prénom de ton grand frère, la jeune femme leva le regard vers toi et semblait connaître le jeune homme. Tu esquissas un sourire. « En effet, comme dans Maddox Rothschild. Tu le connais ? » demandas-tu curieusement à la jeune femme. La blonde afficha un grand sourire et t'expliqua d'où elle le connaissait. Une entrave à sa règle, c'était donc de famille. En souriant, tu écoutais attentivement. Même si tu ne savais que ton frère avait un prénom tatoué sur le corps. « Tu vois, je savais même pas qu'il avait un prénom tatoué. Je suis peut-être aveugle, avouas-tu en rigolant. Oui, c'est de famille, les entraves aux règles » finis-tu par dire avant de rire de plus belle. La tatoueuse continua son travail et te parlait en même temps. Tu étais un peu plus à l'aise, elle connaissait ton frère et elle devait surement être amie avec. C'est vrai que les règles par chez vous, ça n'était jamais bien vu. Vous préfériez vivre votre vie selon vos règles, vos codes. Même si bien sûr, il y avait ces règles de bienséance à suivre. Lorsque la jeune femme t'expliqua pourquoi elle n'était pas tatoué, tu écoutais attentivement. L'histoire de chaque personne était très intéressante, et elle montrait que l'on vivait tous les choses à notre façon. « De l'aquarelle ? Whoa, si tes toiles sont aussi belles que tes tatouages, j'adorerais voir ça ! Je comprends, pour moi le tatouage est un art aussi, autant qu'un bijou personnel. C'est une belle philosophie que tu as » répondis-tu à Blanche, impressionnée. Avoir quelque chose d'imprimer à vie sur la peau, ça demande du temps et de la réflexion, ça tu en es consciente alors tu comprends le choix de l'australienne. « Il faut toujours prendre le temps de réfléchir à l'oeuvre que l'on veut sur son corps, je comprends » avouas-tu avec un sourire. Quelques instants plus tard, la blonde venait de finir ton tatouage. Elle enleva le surplus d'encre sur ta peau et te demanda si cela te plaisir. « Blanche, c'est super, j'adore ! Merci beaucoup ! » dis-tu en affichant ton large sourire qu'on te connaissait si bien.

Évidemment qu'elle connaissait Maddox. Il avait été le premier à faire craquer la blonde, à lui enlever la moralité des règles qu'elle s'était promis de ne jamais briser. Elle lui avait tatoué un nom, quelque chose qu'elle ne faisait jamais. La famille, c'était ça, son excuse. Elle n'avait jamais creusé au bout de cette histoire, elle ne s'était jamais demandé s'il lui avait menti, elle n'avait que cru aveuglément à ses paroles et ils avaient fini par devenir, en quelque sorte, des amis. Et voilà qu'aujourd'hui, comme un signe du destin, on avait mis sur sa route l'extension de celui pour qui elle avait fait l'exception. Ils étaient pareils, maintenant que la tatoueuse savait qu'il s'agissait d'une famille. À la question de sa cliente, Blanche hocha doucement la tête et poursuivit avec ses remarques. Oh, je pense que ce n'est pas la seule chose que vous avez en commun, toi et lui. Dit-elle en riant. Tu le saluera de ma part. Et te lui dira que ma porte est toujours ouverte s'il a besoin d'un nouveau tatouage. Blanche ajouta un clin d'oeil pour accompagner sa dernière phrase. Cela faisait des lustres qu'ils ne s'étaient pas vus.
La discussion continua de bons trains, la blonde lui demanda pourquoi sa peau blanche n'avait pas été imprégnée du métier qu'elle faisait. Sans indiscrétion, elle lui avait répondu avec une confiance aveugle, comme celle qu'elle avait accordée à son frère. Elle avait parlé de ses rêves, de ce qu'elle avait toujours voulu faire, mais de ce qui avait été impossible aussi, faute d'argent. Je suis d'accord avec toi, mais ce n'est malheureusement pas l'opinion de tout le monde. Certains se monteraient jugeur de son métier, de son art qu'elle partageait ouvertement avec la terre. Certains ne comprenaient pas ce qu'elle faisait. D'autres, même, lui demandaient pourquoi elle n'exerçait pas un métier plus commun. Mais elle s'en fichait d'eux. Je suis contente que tu aimes! N'hésites pas à revenir si la couleur ne tient pas, c'est possible, il me fera plaisir de t'offrir des retouches.

Savoir que Blanche connaissait ton frère laissait afficher un sourire sur ton visage. Cela te mettait encore plus en confiance avec la blonde. De son côté, Maddox avait fait bafoué les règles de la tatoueuse, lui aussi. Un prénom. Tu ne savais pas vraiment lequel c’était, tu n’avais même pas vu son existence mais tu lui demanderas la prochaine fois que tu le croises, pour lui montrer ce que la blonde venait de ta faire sur les côtes. Vous étiez vraiment pareil end ait, à vouloir les mêmes choses, vous n’étiez pas frères et soeurs pour rien. Lorsque Blanche te dit que ça ne devait pas être la seule chose que vous aviez en commun, tu riais légèrement avec elle. En soi, elle n’avait pas tord. Tous les deux, vous étiez des artistes, passionnés avec une énorme ambition dans la vie. « Pas de soucis, je n’y manquerais pas ! » répondis-tu à l’australienne lorsqu’elle te dit de passer le bonjour à ton frère. De ton côté, tu te doutais que tu allais surement retourner dans ce salon pour te faire un prochain projet. C’était toujours plus agréable de bien s’entendre avec la personne qui vous tatoue, créer des liens dans ce milieu est important. Ensuite, après avoir demandé à Blanche pourquoi elle n’était pas tatoué, tu écoutais attentivement sa réponse. En effet, elle avait une vision du tatouage que tu aimais beaucoup, et tu comprenais totalement son point de vue. « Heureusement qu’on ne s’arrête pas à l’opinion de monsieur tout-le-monde » avouas-tu à la jeune femme avec un sourire. Sinon, tu ne serais pas accepté, avec tes petites pièces sur les jambes et sur les bras. Certes ils étaient petits, mais beaucoup de gens jugeait les dessins que tu avais sur la peau, et tu ne comprenais jamais pourquoi. Mais l’avis des autres sur tes tatouages n’était pas important, tu le savais. « Je l’aime beaucoup ! Et je n’y manquerais pas, quitte à ce que la prochaine fois que je viens tu me tatoue une de tes oeuvres » dis-tu à la jeune femme en lui faisant un clin d’oeil.

L'oeuvre était complétée, c'était plus rapide qu'à l'habitude puis que la blonde savait déjà exactement ce qu'elle voulait. Pas de rendez-vous à l'avance, pas d'ébauche de croquis, pas de brainstorm d'idées, pas de tentatives de replacement sur la peau : Althea était entrée ici avec un but précis et elle n'en dérogeait pas. En somme, ce n'était pas mal. Ça démontrait une partie de sa personnalité que Blanche aimait, finalement, quelque chose qui la caractérisait. Le tatouage était sublime, les roses et la lettre en initiale ressortait bien sûr la peau bronzée pas le soleil océanien de la Britannique. Il n'y avait pas à dire, ce choix était le bon. Même s'il avait fallu que la tatoueuse déroge une nouvelle fois à la règle, ce qui semblait être une norme pour cette famille anglaise. Avant de lui montrer l'oeuvre complète, Blanche s'arrêta sur sa vision du tatouage et surtout pourquoi elle avait ses règles qui la définissait comme particulière dans le domaine. Tu as raison. Et tu vois, c'est pour ça que je semble si particulière ou froide quand on me rencontre la première fois. Même si l'argent domine le monde moderne, je préfère être à sac que faire n'importe quoi sur le corps de mes clients et les revoir, quatre années plus tard, avec un cover up fait d'un autre artiste pour cacher l'erreur qu'ils avaient faite en venant de voir. Dit-elle avec un sourire en coin. La dernière phrase était tournée avec une pointe d'humour, mais elle était véridique : bien trop souvent on ne réfléchissait pas aux conséquences. Les tatouages, c'est cool. C'est la mode. Mais ce n'est pas la même chose qu'une coloration capillaire. Une fois la mode passée, on ne peut s'en débarrasser. Je suis contente que tu l'aimes, c'est le plus important! Elle terminait de ranger son équipement. Tu peux revenir avec un de tes dessins, ça me fera plaisir de l'encrer pour toi. Parce qu'une fois sa règle dérogé, pourquoi pas recommencer ?

HJ: