fashion is luxury, love is intimacy + xavier

HJ:

L'Italie rimait avec plusieurs choses. Le rêve, la romance, l'argent, la séduction, la chaleur, les vespas, la nourriture, les découvertes. Plusieurs choses qui constituaient son pays d'amour. L'Italie manquait cruellement à Gisella, chaque jour qui passait était un jour de trop passé loin de sa patrie natale. Elle n'était pas à Bowen de gaité de coeur, même si elle tentait de s'y intégrer le mieux possible. Elle était ici pour le travail, pour son père, mais surtout pour le passé. Elle avait fait d'excellentes rencontres à Bowen, des gens formidables, mais elle avait encore le mal du pays. Il était impossible de lui sortir l'Italie de son coeur. Se promener sur les boulevards, parmi les touristes et les piétons, pour faire les grands magasins sous la chaleur de la ville, les petites mobylettes qui klaxonnaient leur arrivée au passage, ces souvenirs lui manquait. Et la mode. La mode aussi lui manquait. Tous ces articles griffés de marques locales, purs items de mode internationale, qu'elle avait juste à porter de main. Gisella incarnait le cliché pur et dur de l'Italienne. Belle brune au regard perçant, séductrice à ses heures, avare de la haute couture. Elle incarnait tous les clichés excepté un, celui de la bonne cuisinière. Gisella était affreusement mauvaise derrière les fourneaux. Elle n'avait pas hérité de ce gène et par conséquent lorsqu'il lui venait le temps de séduire, elle ne pouvait pas faire partie de celles qui entraient dans le fameux dicton : séduire un homme par l'estomac. C'est en se promenant dans les petites rues de Bowen qu'elle remarqua un petit atelier de couture renfermant tout un charme, comme ceux qui longeaient les avenues de sa ville natale. Elle ne put s'empêcher d'y entrer. Par pure curiosité, mais aussi par nostalgie de ce qui lui manquait le plus : le cliché de ce qu'elle ne pouvait plus avoir.

Depuis le bal Disney, tu pouvais dire que le calme était revenu à la boutique. Tu avais très peu de demande ces derniers jours et ce n'était pas pour te déplaire. Ainsi tu avais le temps pour bosser sur ta collection avec Andeana, le temps de créer de nouvelles pièces pour ta boutique et aussi le temps de voir Annushka. Tout allait pour le mieux entre vous mais tu avais toujours ton plus gros secret à lui avouer. Celui qui te pesait et te tourmentait le plus. Même si ça devait faire une bonne semaine que tu n'avais pas eu de mauvais rêve. Pas une nuit à revivre la situation. Tu pensais qu'avec le temps ça s'estompait mais pas chez toi. Tu avais parfois l'impression que c'était plus vif, plus violent que la réalité. Tu sortais de tes pensées en entendant la cloche sonner. Une cliente entrait dans le magasin, et comme à chaque fois que tu te trouvais dans l'arrière boutique, tu te levais d'un bond pour aller jeter un coup d'oeil. C'était peut-être une cliente qui avait besoin de commander quelque chose ou bien de récupérer sa commande. En arrivant, tu tombais sur une grande brune. Une italienne que tu connaissais que trop bien. « Mlle Monti ? » demandais-tu en la regardant fixement. Un nouveau fantôme du passé. Tu avais l'impression qu'ils ne cessaient pas d'arriver en ville. Certains pour te tourmenter, comme le sosie de Teresa. D'autres pour te rappeler à quel point tu avais pu être con dans le passé, comme la présence d'Andeana ou la découverte d'Abygaël dans cette ville. Même si elle était toujours portée disparue. Tu avais parfois le sentiment que tu ne la reverrais plus jamais. Et ça te rendait triste. 

La mode l'avait toujours fascinée. Depuis toujours elle était coupable de ce luxe qui avait donné bien des cheveux blancs à son père en consultant son relevé de carte de crédit, lui qui ne comprenait pas vraiment comment il était possible de dépenser plus de cinq-cents dollars sur une simple robe. Mais, Monsieur Monti aimait tant sa fille qu'il ne pouvait rien lui refuser, ni même une virée shopping qui lui coûtait cher. Son amour pour la mode avait commencé tôt, tout juste dans son adolescence alors qu'elle feuilletait les magasines Vogue de sa mère ou qu'elle s'infiltrait dans sa garde-robe pour dérober des pièces vintages au passage. Et aussi rapidement que son attirance pour les tissus, son style s'était forgé. Chic, typique de l'Europe, elle peignait à elle seule les caractères particuliers de son genre vestimentaire. Gisella ne connaissait pas encore bien la ville et bien que cette dernière était aussi petite que la paume de sa main, l'Italienne arrivait encore à se perdre dans les rues. Lorsqu'elle aperçut le petit atelier de couture, une boutique qui criait son nom, elle ne put s'empêcher d'y entrer comme si le destin l'avait amené ici, à cet endroit précis. En entrant, elle vit les différentes confections faites dans de beaux tissus, parfois très luxueux. Son regard se porta sur une robe beige en satin qui était accrochée près de la vitrine, munie de drapé élégant près de la poitrine. La pièce était magnifique et la captivait, tant qu'elle n'entendit pas les pas du propriétaire derrière elle. Ce fut sa voix, familière, qui la sortit de ses rêveries, elle qui s'imaginait déjà danser avec cette robe de soirée. Gisella se retourna d'un bond, sursautant lorsque la voix grave de l'homme retentit dans l'atelier de couture. Personne ne t'appelait ainsi, ici, puisque tu étais inconnue. L'homme, lui, semblait te connaitre. Tu levas les yeux vers lui pour le reconnaitre. Xavier ? Dit-elle de son plus bel accent français, comme son nom en respirait. Je.. euh.. c'est.. C'est ta boutique ? Vous aviez, autrefois, formé un couple cliché liant la mode à l'Italie et tu te rappelais ses talents en couture, que tu reconnaissais à présent dans la robe que tu avais regardée.

Tu avais utilisé un terme plus vraiment d'actualité pour l'appeler. Tu l'avais même appelé par son nom de famille, tellement tu n'étais pas sûr de toi. Elle s'était retournée pour te regarder de plus près. Tu ne savais pas depuis combien de temps elle était là, mais ce n'était pas tout les jours que quelqu'un devait l'appeler par son nom. Pas quand on rentre dans une boutique pour regarder une robe de plus près avant de retomber nez à nez à un ancien amant. Tu ne savais pas vraiment comment décrire ta relation avec elle, vous aviez partagés de bons moments ensemble mais tu ne pouvais pas dire que vous aviez vécu une grande histoire d'amour. C'était plus compliqué que ça à l'époque, à cause de la notoriété que tu pouvais avoir. Tu étais assez connu en France, en Angleterre et même en Italie. Il y avait d'autres pays où on entendait parler de toi. Tu tenais à garder une certaine intimité, une vie bien privée, qui ne regarde que toi. Ce n'était pas facile à l'époque de le faire entendre aux médias. Pourquoi toi, tu devrais échapper à la pluie médiatique ? Tu avais dépensé pas mal d'argent pour pouvoir acheter toutes les photos, toutes les ébauches d'articles, refuser des interviews. « Gisella ! » avais-tu ajouté après qu'elle t'ait appelé par ton prénom. Des années que tu n'avais pas entendu sa voix et tu avais oublié les sonorités qui venaient d'elle. Tu avais oublié pas mal de choses sur elle, ta mémoire n'avait jamais été bonne et encore moins quand tu devais retenir des personnes. Parfois il y avait des détails qui t'aidaient. Pour le coup, avoir eu une relation passée, ça t'avait pas mal aidé pour t'en souvenir. Tu n'avais pas connu tant de femmes que ça au fil de ta vie. « C'est.. Oui, c'est bien la mienne ! » Tu en avais parcouru du chemin depuis la dernière fois que tu l'avais vu. Si ça se trouve, elle n'avait pas non plus suivi ta carrière, après tout, lorsque tu as quitté Paris pour venir vivre à Bowen, c'était comme si tu avais disparu du monde chic de la mode. « Tu es à Bowen pour un voyage, les affaires peut-être ? » Même si ça faisait loin de chez elle pour venir défendre un client. Elle avait peut-être une grande réputation aujourd'hui, d'où sa présence ici. Après tout, tu ne pouvais pas le savoir, tu n'avais pas vraiment suivi sa carrière.