when love is so sad, jim.

Fleur était partie quelques semaines en France pour essayer un traitement mais au final ca n'avait pas eu l'effet escompté. Elle était plus malade que jamais. La fin était plus proche que tu ne voulais le croire. Votre mariage avait fini par se faire entre vous deux et ses parents dans sa petite chambre à l'hôpital. Elle avait le teint pâle mais elle n'en était pas moins belle a tes yeux. Tu lui avais dit oui, promettant de partager jusqu'à son dernier souffle avec elle. Et ce jour était arrivé, elle était partie pendant son sommeil. Une mort douce pour la belle Fleur. Ton coeur, lui était dévasté. Jeune marié et déjà veuf. Tu n'aurais vraiment pas cru que ça aurait pu d'arriver à toi. Il fallait bien te rendre à l'évidence. Ce qui était difficile quand tu passais la plupart de tes journées enfermé chez toi, à attendre que le temps ne passe. Mais il ne passait pas assez vite. Déjà six semaines qu'elle était partie, six semaines que tu n'avais vu personne, Ni tes colocs, ni Jim et encore moins ta soeur. Par chance pour toi elle avait choisi de quitter la ville, donc tu n'avais pas à craindre les remontrances de sa part. Allongé sur ton lit, tu entendus la sonnette retentir, tu laissais le soin aux autres d'aller ouvrir. Tu constatais qu'il n'y avait personne d'autre que toi lorsqu'on donnait à nouveau à la porte. D'un pas pas, tu te traînait jusqu'à la porte où tu y découvrais un visage familier. « Bonjour Jim, ça faisait longtemps. Entre ! » Tu l'invitation à te suivre jusque dans la cuisine où tu t'installais sur un des sieges, le laissant faire de même. Tu ne lui proposais même pas de quoi boire, comme si tu avais oublié les bonnes manières lorsqu'on reçoit de la visite. Tout ce que tu voulais faire c'est prendre la parole en premier pour pouvoir esquiver la question qui fâche. « Comment vas-tu ? » Parler de lui était un moyen évident pour toi de ne pas avoir à parler de toi. De ne pas avoir à t'exprimer sur ce que tu pouvais ressentir. Bien que sa présence n'était sûrement pas anodine, il savait pour Fleur, il devait se faire du soucis pour toi.

Tu ne pensais pas que c'était le bon moment pour voir qui que ce soit, tu n'avais pas envie de parler, encore moins envie de pleurer devant quelqu'un. Pourtant tu avais ouvert la porte à Jim, tu l'avais laissé entrer et prendre place dans la cuisine. Il semblait malheureux, la mort de Fleur avait dû l'affecter bien comme il faut, après tout elle était son amie et c'est grâce à elle si vous l'étiez aussi. « Ne le sois pas, on ne peut pas vraiment dire que je sois de bonne compagnie. » Au début CJ faisait l'effort de venir te chercher pour les repas, pour t'annoncer les personnes qui étaient venu prendre de tes nouvelles puis il avait fini par réduire le rythme, préférant te laisser respirer. De toute façon il n'avait rien obtenu de plus que quelques grognements. Tu avais su de cette façon que Jim était passé ou que tes parents avaient essayé de te joindre. Mais tu continuais de faire le mort, si on peut le dire ainsi. « Je suis dévasté Jim, Fleur c'était ma perle rare, la seule à me comprendre rien qu'avec un regard et on me l'a enlevé. » Tu avais été mis au courant très vite de sa situation, et quand sa maladie semblait perdre du terrain, tu avais eu de l'espoir. Un peu trop d'espoir. Au point que sa rechute avait été difficile à vivre. Tu t'étais montré fort pour elle, toujours un sourire sur le visage, prêt à tout pour la distraire, l'épousant pour lui offrir ce qu'elle désirait le plus. Tu voulais qu'elle soit ta femme et que ton mariage dure une éternité. Tu avais au moins eu une de ces deux choses. « Je crois qu'elle l'était. » Tu ne pouvais pas le dire avec certitude, même si tu étais toujours à ses côtés, elle luttait contre un cancer des poumons, elle était souvent sous morphine pour atténuer la douleur. Tu ne pouvais pas dire que c'était une fin heureuse, mais elle n'était pas seule. Sa famille avait été présente comme lors de votre voyage à Paris, ses murs étaient recouverts de photos pour qu'elle puisse revivre ses plus beaux souvenirs et penser à tous ses amis. « Je ne sais même pas ce que je suis censé faire maintenant. » avais-tu soufflé, les larmes aux bords des yeux.

Jim insistait sur le fait que tu n'avais pas à te justifier, que tu n'avais pas à être désolé de faire le mort. Après tout tu venais de vivre une épreuve difficile. Vivre la mort d'un proche n'était jamais une épreuve facile dans la vie, encore moins quand c'est une personne qu'on aime profondément. Même si tu avais su que la fin était inévitable, mais le savoir n'aidait pas à surmonter la douleur lorsque ça arrivait. « Je sais. » Pourtant, tu l'avais fait, tu avais besoin de te justifier, besoin d'être désolé de ne pas être de bonne compagnie. Jim était ce qui s'approchait le plus d'un meilleur ami pour toi, la preuve, c'était lui qui devait être ton témoin. Et toi le sien. Ce n'était pas rien dans une relation amical. « J'ai l'impression d'être un égoïste. » Tu avais l'impression qu'il n'y avait que ta peine qui existait, mais ce que tu oubliais c'est que tu n'étais pas le seul à souffrir de la mort de Fleur. Ses parents avaient perdus une fille, son entourage avait perdu une amie et oui, tu avais perdu ta femme. Tu avais demandé à Jim ce que tu pouvais bien faire maintenant, une question un peu rhétorique, tu te doutais qu'il n'aurait pas forcément la réponse que tu voulais entendre. Encore aurait-il fallu que tu saches ce que tu voulais entendre mais Jim avait des paroles très sages. « Ce n'est pas bête du tout Jim, c'est juste que ça me parait.. impossible. J'veux dire, j'ai vécu une très belle histoire d'amour, je m'imagine pas en vivre une autre. » C'était peut-être trop tôt pour imaginer retomber amoureux, oui mais Jim avait raison, tu ne devais pas rester seul, tu devais sortir, voir tes amis, leur parler. Te changer les idées, ne pas rester seul chez toi, à broyer du noir. « Et toi Jim, comment tu le vis ? Comment Ingrid le vit ? » Peut-être qu'eux aussi avaient dû mal à avancer dans la vie sans la présence de Fleur. Tu savais que Jim et elle étaient très proches, et qu'elle s'était vite liée d'amitié avec Ingrid. Ils avaient au moins la chance d'être tous les deux ensemble pour surmonter tout ça. 

Jim ne semblait pas t'en vouloir, même pas un tout petit peu et ça te soulageait d'un poids. Il était un de tes amis les plus proches et tu ne voulais pas le perdre à cause de ce que tu traversais. Tout le monde ne réagissait pas de la même façon, mais Jim était un gars cool, très compréhensif. « Merci beaucoup Jim. » Tu dessinais un mince sourire sur ton visage. Le premier depuis des semaines et probablement le dernier. Tu lui étais vraiment reconnaissant d'être patient avec toi, de continuer de passer te voir alors que tu es loin d'être de bonne compagnie. Il avait raison, c'était important pour toi de continuer de voir ton entourage, de faire ce que tu faisais au quotidien. Ce qui te semblait être impossible. « Je n'ai le goût de rien, j'ai juste envie de broyer du noir. » Rester seul, traîner toute la journée en pyjama, à écouter des chansons d'amour déprimantes, à regarder sans cesse les mêmes films où l'amour ne triomphe pas. Où l'un des protagoniste fini par mourir en laissant l'autre derrière lui avec une peine de cœur béante. Le genre de peine qu'on a l'impression qu'elle ne guérira jamais. Fleur était l'amour de ta vie, peu importe ce que peuvent penser les autres. Tu l'as aimé comme tu n'en as jamais aimé une autre, elle t'a apporté un grand bonheur et tu avais une marque d'elle sur ta peau. Tu ne pourrais jamais l'oublier, ça c'était une certitude. « Son état s'est vite dégradé oui. » En l'espace de quelques semaines, juste après être rentrés de Paris, Fleur avait été hospitalisé d'urgence, très peu de monde avait pu venir la voir avant qu'elle s'en aille. Jim n'avait pas eu cette chance, mais il n'était pas le seul, la plupart des amis de Fleur n'ont pas pas lui dire au revoir ou assister à votre mariage qui s'était fait dans l'urgence. « Oh Jim, je suis désolé. Qu'est-ce qui se passe ? » demandais-tu, attristé d'apprendre que ton ami vivait une passe difficile en plus de la mort de Fleur. Tu aurais aimé être un meilleur soutien pour lui en ce moment mais ce n'était pas trop en ton pouvoir de penser aux autres. Pas que tu ne le voulais pas, mais plutôt que tu ne le pouvais pas.

Tu savais bien qu'il avait raison, que ruminer ne t'apporterait rien de bien dans la vie, au contraire. Tu ne ferais que tourner en rond et te rendre un peu plus triste chaque jour qui passerait. Mais c'était plus fort que toi, pour le moment tu ne pouvais pas faire autrement. Ça passerait, probablement. Tu ne savais juste pas dans combien de temps, ni comment. « Comme une mauvaise comédie qui se joue en boucle. » ajoutais-tu en haussant doucement les épaules. Vous reveniez brièvement sur l'état de santé de Fleur et sur la façon dont ça avait dégringolé en si peu de temps. La médecine c'était relativement une science fiable, on ne pouvait pas vraiment dire le contraire. C'était plutôt le cancer, le problème. « C'est le risque d'un cancer. » Quand on sait qu'un patient atteint d'un cancer n'est déclaré guéri que quatre années après qu'on ai constaté qu'aucune tumeur ne revenait à la charge. Une des maladies les plus compliquées à soigner parce qu'on ne sait pas si la chimio fera vraiment effet et que selon où elle se trouve, une opération est bien trop risquée. Elle était à un stade bien trop avancé pour que ça puisse avoir une chance de fonctionner. « Je suis désolé pour toi Jim, je sais à quel point tu tenais à Ingrid, mais parfois malgré l'amour, il se peut que ça ne marche pas. » Tu n'avais pas vraiment les mots. Perdre Fleur et vivre ça en même temps, ça ne devait pas être facile pour ton ami. Tu te sentais triste pour lui. Tu te rappelais très bien de votre premier dîner à quatre, celui où tu avais fais la connaissance d'Ingrid, où tu t'étais un peu plus rapproché de Jim. Ils avaient l'air si heureux, tu n'aurais pas soupçonné que des nuages gris planaient au-dessus de leur tête. « J'imagine que ça doit être un coup un peu dur ! » Tu le savais même. Tu avais déjà connu l'amour par le passé et bien souvent tu étais celui qui t'accroché le plus à une histoire qui n'en valait pas la peine. L'amour ne suffisant pas toujours, c'était une sensation assez frustrante quand on le vivait.