Forget it (Niels)

Il se rappelait d'être rentré chez lui avec une migraine épouvantable, le genre qui vous ramenait bien rapidement à la réalité, vous faisant promettre que vous ne toucherez plus jamais à une seule goutte d'alcool. Il avait tenté tout un tas de remèdes pour essayer de ne pas ressembler à un cadavre ambulant en arrivant au travail. Parce-que oui, il devait malheureusement quand même s'y rendre, même si l'idée de comater toute la journée au lit lui avait traversé l'esprit. Mais dans sa tête, l'urgence était toute autre, ce dont il avait besoin, c'était d'une douche, afin de se défaire de ces images qu'il avait dans son esprit, ces quelques scènes que sa mémoire avait volontairement photographié. Il avait besoin de faire disparaître son odeur, le plus vite possible. Que l'eau réparatrice vienne le débarrasser du moindre détail qui lui rappelait ce qu'il venait de se passer. Il voulait oublier.

Et c'est ce qu'il fit, ou ce qu'il pensait avoir fait. Plus ou moins efficacement. Il ne s'était pas interdit de sortir, bien au contraire. Il avait cherché à oublier le contact d'Aelya dans d'autres étreintes féminines les jours suivants, se persuadant à chaque fois, avec chacune d'entre elles, que la nuit qu'il avait passé avec son ex ne le hantait pas. C'était plus facile pour lui d'imaginer que ça n'avait pas compté. Que ça n'avait pas bousculé son quotidien. Aujourd'hui était un autre jour, et comme à son habitude, il s'était rendu au travail, un peu éreinté par les quelques folies qu'il avait faites les nuits précédentes. Heureusement pour lui que sa journée n'était pas loin de se terminer. Quoiqu'à chaque fois qu'il se rassurait de cette manière, une tonne de patients sur brancards arrivaient au même moment, comme par hasard, l'obligeant à redoubler d'efforts pour finaliser sa journée. Et quand on parlait de malheur, Niels n'y échappait presque jamais. Ses collègues vinrent le prévenir que de nouveaux patients attendaient à être envoyés dans les différents services, afin de recevoir leur consultation. Il se dirigea vers le hall des urgences, un peu nonchalant, se faufilant entre les brancards pour finalement s'arrêter sur l'un d'entre eux. Il se saisit du dossier suspendu au bout du chariot, ne prêtant pas vraiment attention à la personne qu'il avait en face de lui. « Suspicion de côte fêlée ? J'compatis... » se permit-il de commenter, avant de lever les yeux vers la patiente. « Oh, Aelya. » il dit, sous le coup de la surprise, son pouls s'accélérant soudainement. Il fronça un peu les sourcils, avant de faire glisser ses yeux sur l'ensemble de son corps, le sondant de tout son long, pour essayer de comprendre ce qui lui était arrivé. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » il demanda, oubliant ce qu'il venait de lire sur sa fiche médicale, sans doute un peu inquiet.  

Lui qui avait pensé qu'il n'était pas prêt de la revoir de si tôt, fallait croire qu'il s'était bien trompé. En même temps, Bowen n'était pas la ville la plus peuplée du monde, et son métier faisait aussi qu'il croisait un nombre incalculable de visages par jour. Alors forcément, ce genre de situation n'était pas si improbable qu'elle en avait l'air, même si pour le coup, le destin -ce sale traître- y était sûrement aussi pour quelque chose. Il se retrouvait maintenant devant elle, à ne plus savoir ce qu'il devait faire ou dire, comme s'il perdait toute notion de la réalité, comme s'il en oubliait les procédures de son job. Bouge-toi merde, c'est pas compliqué de faire rouler un brancard jusqu'à la pièce d'à-côté. Lui qui clamait fièrement être passé à autre chose depuis leur nuit ensemble, il se retrouvait bien con tout à coup. Machinalement, il ne put s'empêcher de lui demander ce qu'il s'était passé, essayant de dissimuler l'inquiétude qu'il avait sur le visage. « Je suis tombée au travail, rien de grave, d'ailleurs je sais pas pourquoi je suis là. » Ses sourcils se froncèrent tandis qu'il essaya de comprendre pourquoi elle réagissait ainsi. Quelque part, il se plaisait à penser que c'était lui la cause de tout ça. « J'crois que c'est plutôt clair et t'as pas l'air de t'être loupée. » il répondit, d'une voix détachée. Et alors qu'il s'apprêtait à l'emmener dans la salle de consultation, elle tenta de se redresser, presque prête à prendre la fuite. « Je suis pas là pour toi, je veux pas que tu te mettes dans la tête que je te suis. » Il hocha négativement la tête, roulant un peu des yeux. Ah, c'était donc ça le problème ; elle n'avait pas envie qu'il se fasse des illusions. En attendant, si elle était là, c'était qu'il y avait une raison et il ne la laisserait certainement pas s'échapper. « Arrête ça, je m'en tape. T'as clairement besoin de soins alors m'oblige pas à t'attacher. » il dit, sur un ton se voulant presque sérieux. En réalité, il était loin de s'en taper mais sur le moment, face à elle, il voulait juste paraître détaché, comme d'habitude. « Et puis... j'serais pas étonné si t'étais venue voir le plus beau brancardier de Bowen. » La provocation, encore et toujours, histoire de la faire réagir. Il se rapprocha un peu d'elle, un sourire en coin, ses mains de part et d'autre de ses bras afin de l'obliger à retrouver une position allongée. Il lui adressa un regard, en coup de vent, avant de le détourner, se rendant compte qu'il n'était pas du tout à l'aise avec le fait qu'elle soit si proche de lui.

Il était plutôt dissuasif habituellement, surtout lorsqu'il était à l'hôpital, trouvant rapidement les mots justes quand les patients menaçaient de déguerpir. Sauf que là, ce n'était pas n'importe qui qu'il avait en face de lui, là était tout le problème. Aelya était aussi têtue que lui et il aurait pu compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où il avait réussi à lui faire changer d'avis. Il aurait du s'en douter, dés le moment où elle avait émis l'idée de se barrer, qu'elle ne lui faciliterait pas la tâche. Le plus compliqué à gérer, c'était qu'elle obtenait très souvent ce qu'elle voulait, sans qu'elle n'ait trop à forcer d'ailleurs. « Je t'aurais bien laissé m'attacher dans d'autres circonstances mais là, je veux juste rentrer chez moi. Tu peux pas me garder sans mon consentement. » Il soupira un peu, secouant négativement la tête, agacé qu'elle ne prenne pas les choses au sérieux alors que son état nécessitait réellement d'être vu par un professionnel. Elle savait tout autant que lui que sa carrière en dépendait. « Consentement ou pas, t'as besoin qu'on te fasse une radio. Ça ne prendra pas une éternité, laisse-moi t'y emmener. » il dit, d'un air un peu plus sérieux cette fois-ci. Tellement sérieux qu'il n'essaya même pas de répondre à sa provocation, ni de ré-enchérir, c'était dire. Il se contenta de tenter une approche, qu'elle repoussa presque aussi rapidement, n'hésitant pas à y mettre un peu plus de force cette fois-ci. Il fit un pas en arrière sous la pression de sa réticence, n'ayant même pas le temps de lui faire la réflexion que son comportement était puéril qu'elle avait déjà pris la fuite, se dirigeant vers la sortie. Et avant même qu'on ne lui en donne l'ordre, il avait déjà tout laissé en plan pour essayer de la rattraper, décidé à ne pas la laisser partir. Pas comme ça, pas dans cet état. Une fois qu'il fut arrivé à sa hauteur, il l'obligea à lui faire face, sentant un vent de frustration prendre part en lui. « Putain mais à quoi tu joues Aelya ? » Il avait un peu haussé la voix, cherchant à comprendre ce qui la poussait à vouloir à tout prix s'enfuir. « Tu savais que t'aurais des examens à faire en venant jusqu'ici, et soudainement, tu te rends compte que t'as envie de te barrer ?! C'est quoi ton problème sérieux ? » il reprit, un peu indigné qu'elle puisse agir de la sorte. Puis, il baissa les yeux, comme s'il cherchait désespérément les mots qui arriveraient à la faire rester, ne serait-ce que quelques secondes, avant de finalement faire le lien, commençant à comprendre que la source du problème ne venait pas d'elle, mais de lui. « T'es prête à prendre des risques stupides juste parce-que t'es pas capable de supporter ma gueule plus de deux secondes ? » finit-il par dire, d'une voix plus froide, plus franche, soutenant son regard. « Je vais t'envoyer quelqu'un d'autre. » dit-il finalement, comme s'il capitulait, faisant écho au fait qu'il disparaitrait de sa vue si sa présence lui était à ce point insupportable. Il se retourna finalement, faisant signe à un de ses collègues de prendre la relève et de venir jusqu'à elle parce-qu'elle n'avait sans doute pas la force de refaire le chemin inverse.

Les pensées se bousculaient dans la tête du jeune homme, maintenant qu'il savait qu'Aelya était prête à éviter les soins juste pour ne pas avoir à le croiser. Même si ce n'était certainement pas une bonne idée, il avait envie de gratter en profondeur, de savoir pourquoi elle avait autant de mal à rester auprès de lui. Est-ce qu'il la perturbait autant qu'elle le perturbait ? Il aimait s'imaginer que oui. Peut-être qu'au fond, c'était ce qu'il avait toujours voulu, qu'Aelya ne parvienne pas à l'oublier. Mais là, il n'était pas seulement question de profiter de la situation pour abuser de ses faiblesses et de sa vulnérabilité apparente. Il pouvait être con Niels mais semble-t-il que l'état d'Aelya l'inquiétait plus que prévu et qu'il n'avait pas vraiment envie de tirer avantage de la situation. Aelya était blessée, et tout ce qu'il voulait, c'était qu'elle accepte, pour une fois, la main qu'il lui tendait. « Oui, c'est toi le problème. J'ai pensé à toi juste avant que je ne tombe, comme quoi même à distance tu arrives à m'atteindre. » Il se força à rester impassible, ne voulant pas lui montrer que ses paroles avaient fait réagir son corps, que son coeur s'était soudainement emballé en une fraction de seconde. « Me fais pas passer pour le fautif. Si t'étais pas capable de gérer, t'aurais pas du laisser ça arriver. » il lui répondit, un peu sur la défensive, refusant qu'elle le fasse passer pour le coupable. Il n'était pas prêt à assumer ça, à assumer le fait qu'il était capable de la blesser même lorsqu'il n'était pas là. « Envoie moi quelqu'un d'autre si ça te chante, est ce que je peux au moins aller fumer une cigarette ? Puisqu'on me traite comme une assistée, autant faire les choses à fond et te demander la permission. » Il lâcha un rire, un peu désespéré et un brin sarcastique, se rendant compte qu'Aelya ne changerait probablement jamais. Que sa répartie ne serait jamais impactée, ni affaiblie, qu'importe la situation. « Fais ce que tu veux, essaye juste de pas te taper le nouveau brancardier, sait-on jamais qu'il te perturbe lui aussi. » il dit en continuant de la regarder, tandis que son collègue arriva en même temps, prêt à la prendre en charge.

Ils étaient aussi têtus l'un que l'autre sur ce point-là. Leur échange était un combat de boxe, comme s'ils attendaient les mots qui mettraient k.o l'un d'entre eux. Niels était décidé à ne pas être le premier à craquer, même s'il s'affaiblissait à la moindre parole de son ex petite-amie. Une fois de plus, la tension était montée entre eux, sans qu'il ne puisse y faire quoique ce soit. Tout ce qu'il avait à faire, c'était d'éviter les coups du mieux possible, et d'être aussi percutant qu'elle pour se protéger. « On était deux, je te rappelle. Et j'arrive très bien à gérer, c'était juste là, pendant une seconde j'ai pensé à toi, c'est pas comme si ça arrivait tout le temps. » Il arqua un sourcil, prenant cet air un peu arrogant, lui montrant qu'il n'était pas franchement convaincu par ses paroles. « Je m'en rappelle très bien, et t'as pas cherché à me repousser non plus il me semble. » il dit, dans un premier temps, cherchant à lui prouver qu'elle en avait eu autant envie que lui. « Ça fait quand même beaucoup de dégâts pour une seule seconde. » il ajouta, l'air de rien, jouant sur les mots comme elle le faisait. Lui faire tourner la tête, c'était ce qu'il avait toujours désiré au fond de lui, depuis le début de leur relation. Il voulait être le seul qu'elle puisse désirer. « Si ton collègue est moins con et moins insupportable, peut être que ouais, il me perturbera mais dans le bon sens du terme. » Évidemment. Elle allait jouer sur ça et Niels savait déjà que ça pouvait être dangereux. Parce-qu'autant il aurait pu casser la gueule à n'importe quel autre type dans un autre contexte, mais là, il était au travail et Aelya allait forcément en profiter. « C'est vrai que j'étais sensée rentrer mais en réalité, si c'est toi qui m'amène, ça change la donne. On pourra faire connaissance. » Il détourna le regard, sentant une certaine indignation et frustration tentant de se déchaîner en lui, cherchant les forces pour les repousser. « Tu vas pas être déçu, crois-moi... » il dit en s'adressant à son collègue, haussant les sourcils, faisant référence au passé tumultueux d'Aelya. Le pauvre ne comprenait pas du tout le manège qui s'opérait autour de lui. « Je vais rentrer et me soigner avec ton collègue. » Il sourit, de manière toute aussi provocatrice, quand elle s'approcha de lui. Il se sentit néanmoins frémir en sentant son souffle proche de son oreille, évitant de penser à tout ce que lui, aurait aimé lui faire pour la soigner. « Tu tiens à peine debout, ça m'étonnerait que tu puisses faire grand chose. » il répondit, ne se démontant pas. Puis il pencha un peu la tête, faisant glisser ses yeux sur tout son corps avant de les replonger dans les siens. « Et tu sais très bien que personne ne peut te soulager comme je le fais. » Il lui adressa un dernier regard avant de se rediriger vers son collègue, un air presque menaçant sur le visage. « J'la garde avec moi, je voudrais pas que tu finisses trop tard. » Ouais, il avait changé d'avis. Parce-que même si son orgueil en prenait un sacré coup, il ne laisserait certainement pas Aelya entre les mains d'un autre mec. C'était plus fort que lui. Il récupéra le brancard, regardant son collègue s'éloigner vers le hall des urgences. C'est avec une certaine satisfaction qu'il se tourna de nouveau vers la jolie brune. « On dirait bien que t'es coincée avec moi. » Les mains sur le brancard, il lui fit un signe de tête, l'invitant à y prendre place, espérant cette fois-ci qu'elle ne chercherait pas à s'enfuir.

Ça aurait sans doute été moins compliqué s'ils n'avaient pas remis le couvert l'autre nuit, s'ils ne s'étaient pas laissés bercer par les illusions que l'alcool leur avait donné. Niels avait voulu jouer avec le feu, il s'y était brûlé. Et pas qu'un peu. Parce-qu'il ignorait comment il allait devoir faire pour gérer toutes les fois où il rencontrerait Aelya, toutes ces fois où son esprit ne se gênerait pas pour lui rappeler la passion de leurs ébats. Comme si ce n'était pas déjà assez compliqué comme ça. Le problème était que même lorsqu'il n'y pensait pas, elle finissait toujours par surgir de nul part, dans un coin de sa tête, une parcelle de son esprit qu'il tentait de faire taire depuis un bon moment maintenant. « J'étais surtout très bourrée, ce serait pas arrivé sinon. » Un sourire espiègle vint étirer ses lèvres, tandis qu'il hocha légèrement la tête de haut en bas, faisant semblant de rentrer dans son jeu. « Évidemment » il souffla, ironiquement, maintenant son regard pendant quelques secondes comme pour lui dire "pas à moi". Elle pouvait mentir à qui elle voulait de la sorte, mais elle savait que Niels ne s'y laisserait pas prendre. Surtout lorsque le sujet concernait leurs parties de jambes en l'air. « Ouais, c'est l'effet Niels. » Il prit cet air faussement impressionné, presque sur ses gardes. L'effet Niels, fallait avouer que ça lui plaisait beaucoup. « Ça a l'air dangereux » il dit, utilisant comme toujours le sarcasme comme arme de défense. Il savait que sur ce jeu, Aelya était très forte. Pas loin d'être imbattable pour être tout à fait honnête. « Qui sait, faut tester pour savoir » Il s'était volontiers pris à son jeu de séduction empreint d'arrogance, ne bougeant pas d'un poil lorsque leurs corps avaient menacé de reprendre contact. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il n'aurait sûrement pas hésité à plaquer ses lèvres contre les siennes, juste comme ça, pour voir sa réaction. Et peut-être qu'il se serait mangé une baffe en retour, mais au moins, il aurait provoqué quelque chose en elle. Sauf que malheureusement, il avait toujours en tête le fait qu'ils étaient sur son lieu de travail et qu'il ne pouvait pas se permettre de risquer son job juste pour de la provocation. Il se contenta de rester silencieux, s'imprégnant de cette tension sexuelle qui n'avait pas du échapper audit collègue. Collègue qu'il préféra "gentiment" renvoyer à l'intérieur du hall, ayant l'idée de garder Aelya à ses côtés. « Même au niveau professionnel tu sais jamais ce que tu veux. » Il haussa les épaules, ne répondant pas à cette énième remarque. Elle n'avait pas vraiment tort sur ce point-là quand on y pensait. « T'as ruiné mon coup. Si ça se trouve c'était l'homme de ma vie, on le saura jamais. » C'était le but. S'il pouvait la tenir éloignée de tout ce qui pouvait s'apparenter à un possible âme-sœur, alors il le ferait. Et puis entre nous, Niels était bien au courant que la vie sentimentale d'Aelya ressemblait plus à un chaos qu'à un véritable conte de fées. « T'as pas envie de le savoir, ça te ferait bien trop flipper » il lança, dans un premier temps, lui prouvant qu'il la connaissait mieux qu'elle ne le pensait. « Et j'te signale que tu m'as fait le même coup l'autre soir, et je l'ai pas regretté. Peut-être que tu ne le regretteras pas non plus. » il dit, comme s'il laissait ouverte la possibilité qu'ils finissent leur journée de la même manière que l'autre soir, continuant d'y faire référence, histoire de bien remuer le couteau dans la plaie. Il s'impatienta un peu, bien au courant qu'elle essayait de le faire un peu poireauter. « Allez monte, le radiologue est pas moche en plus. C'est peut-être lui l'homme de ta vie. » Il ne savait plus quoi inventer pour essayer de la persuader d'aller faire cette foutue radio une bonne fois pour toute.

Dangereux mais excitant. Ça résumait plutôt bien leur relation en fait. Alors clairement, que "l'effet Niels" puisse provoquer autant de sensations chez Aelya, ça lui convenait parfaitement. C'était ce qu'il avait toujours voulu. Dés le début de leur relation, le jeune homme avait souhaité ne pas changer son rythme de vie, comprenant rapidement qu'Aelya était comme lui, à vouloir vivre les choses à cent à l'heure, avec ardeur. Alors, c'est ce qu'ils avaient fait durant ces deux mois. Ils avaient vécu à cent à l'heure, comme si leur existence pouvait prendre fin le lendemain. Et Dieu sait que Niels avait aimé ça. Il avait volontairement voulu graver son existence dans la vie d'Aelya, pour qu'elle puisse se souvenir de ce qu'ils avaient vécu ensemble, de la manière dont il l'avait désiré, si leur relation venait à prendre fin. Comme quoi, il avait été un peu visionnaire pour le coup. « Faudrait pas en abuser » dit-il, ses mots prenant presque l'allure d'un conseil tandis que ses yeux cherchaient inévitablement ceux de la belle brune. Ils savaient tous les deux que sur ce nouveau point, ça serait un peu plus compliqué pour eux. Parce-que les abus et les excès, c'était un peu leur spécialité. Néanmoins, Niels devait se résoudre à ne pas franchir les limites, bien que sa nature faisait qu'il en crevait littéralement d'envie. A croire que tout lui donnait envie dés qu'il s'agissait d'Aelya. D'ailleurs, il n'hésita pas à lui avouer que la nuit qu'ils s'étaient autorisés à échanger la dernière fois, il ne la regrettait pas. Même s'il avait tenté d'oublier la moindre caresse, le moindre baiser, son inconscient lui ne mentait pas ; il avait aimé retrouver le corps d'Aelya, succombant à ses courbes, comme autrefois. « Je regrette pas le fait que tu sois un bon coup. Je regrette juste le fait que tu me rendes dingue. Dans le sens où tu m'énerves. » Oh ça il le savait, et il ne se gênait jamais pour en jouer. Il savait où est-ce que ça menait quand il faisait joujou avec ses nerfs, ça l'amusait de savoir si ce pouvoir marchait toujours autant. « Tu sais bien que j'peux pas faire autrement et ça te manquerait si ça venait à cesser. » Il la regarda s'installer enfin sur le brancard, soulagé qu'elle accepte finalement les soins qu'on lui proposait. Il rit à sa remarque, s'occupant sans plus tarder d'emmener Aelya à la plateforme de radiologie qui se trouvait seulement à quelques mètres plus loin. « Cool. J'pourrais participer à la lune de miel ? Je pourrais toujours rattraper le coup s'il n'est pas performant. » Ajouta-t-il, sur le même ton taquin. Puis elle enchaîna, continuant de faire monter la tension, Niels saisissant très vite le fait qu'elle le testait. « Et toi t'es ultra sexy quand t'es blessée, ça te donne un air vulnérable, ça change aussi. » Il avait repris la même construction de sa phrase, usant de cet humour arrogant qu'elle ne connaissait que trop bien. « T'aurais du oui. Ça n'en a pas l'air comme ça, mais c'est stressant comme travail, surtout quand les patients se montrent moyennement dociles. » Bien évidemment qu'il faisait référence à Aelya, en même temps, elle lui avait tendu la perche.

Ils arrivèrent rapidement sur les lieux, Niels saluant le radiologue en lui présentant le cas de la jolie brune. En temps normal, son travail s'arrêtait là, puisqu'il était censé récupérer les patients une fois leurs examens terminés. Mais disons que dans ce cas précis, la patiente n'était pas n'importe qui et il ressentit soudainement l'envie de rester dans la pièce. Le manipulateur radio donna à Aelya toute une panoplie de consignes, lui demandant également de se lever et d'enlever son haut pour se placer face à la machine. Niels en profita pour s'approcher d'elle, aussi discret qu'une ombre. « Ça risque d'être une action douloureuse, laisse-moi t'aider » il dit, de manière faussement innocente, attendant qu'elle lève les bras pour faire glisser son t-shirt. Il posa ses yeux sur elle, inévitablement, ressentant l'envie irraisonnable de goûter sa peau, encore une fois, envie qu'il chassa rapidement de son esprit. Il resta ensuite en arrière-plan, adossé à un mur, attendant que le diagnostic ne tombe enfin.