[MAXYM & FELIX] Minuit une.

Il jouit. Ils s'embrassent. Ce sont des amants qui partagent tout. Même en dehors de leurs corps, ça va plus loin. Ils mélangent tout ce qui les concernent pour être certains de réussir, de jamais se séparer. C'est simple, fais des tas de noeuds entre les cordes qui te relient à quelqu'un et tu peux être certain que t'en détacher sera pas une mince affaire. Isaak et lui, c'en est tellement bon que ça en devient malsain. A New York, il se souvient de Phoenix qui le regardait droit dans les yeux en lui disant que ça ne pouvait pas durer, que c'était uniquement de la comédie, un coup de tête et pire encore, que Chad le retenait, essayait de le changer. Ils n'avaient rien compris, les autres, ceux qui ont toujours pensé savoir mieux que tout le monde. Ils ont rien compris, non, parce qu'eux aussi sont trop souvent perdus. Ils pataugent dans leur coeur, c'est le concept même de leur amour. Ils se posent pas de questions, ils se donnent, encore, jusqu'à se démembrer, sentir leurs organes quitter leurs corps pour aller dans celui de l'autre. T'imagines.
La beauté du truc.
Chad inspire, s'échoue à côté d'Isaak qui lui dit que s'ils doivent un jour finir séparé, ce sera compliqué. Le colosse ne dit rien parce que cette idée l'effraie, qu'il a toujours vu ceux qui s'aimaient le plus finir loin l'un de l'autre, arrachés l'un à l'autre comme si c'était illégal. La passion, pire qu'une drogue.
Il le sait.
Parfois il en ressent le manque, sans explication, sans preuve que Isaak l'aime un peu moins que la veille. Mais parfois ça sonne en lui. Il se réveille le matin et se dit que sa moitié a peut-être envie d'un nouveau morceau de puzzle pour continuer sa vie.

On a déjà vu des hommes traverser la guerre, résister aux balles, survivre à des catastrophes naturelles et mourir à cause d'une grippe. Leur amour a subsisté à l'horreur mais un grain de sable dans le mécanisme pourrait les faire vriller ; Chad au courant, il se méfie. Il a peur, l'embrasse pour dissiper ce qui le ronge. La peau transpirante, la chaleur australienne collée au corps comme une couverture, sa main se pose sur le torse d'Isaak. L'aimer, c'est tout ce qui compte. Le protéger aussi, ça sert à rien sinon, de chérir quelque chose qui s'effrite. Il faut que ce soit constant, éternel. Lui voudrait ne plus avoir parkinson pour le rassurer mais c'est la seule chose qu'il pourra jamais faire.
Guérir.
Non.
Tomber un peu plus malade.
Oui.
Ça va aller. Ici, dans cette nouvelle terre, dans ce nouveau monde. C'est comme changer de planète, laisser derrière soi tout ce qu'ils étaient pour se reconstruire. C'est une promesse. Baiser sur son front. Sa peau transpirante éveille ses sens. Je t'aime. Et ça c'est pas négociable, pas altérable.
Vive les mariés.