Ce fils indigne

Le temps, c'est de l'argent, et plus le temps passe et plus je me rends compte que ces visites à l’hôpital me font perdre du temps. Ma mère avait besoin de compagnie et elle me demandait trop de temps à passer avec elle. Pendant que je fais la contre cœur la discute avec elle, je perds l'opportunité d'avoir plus de client encore qui rapporte. J'ai même de moins en moins de temps à embêter ma petite Bessie. Et dieu sait à quel point, j'aime l’embêter... Non plus de temps pour moi, plus de temps pour gagner plus d'argent. Il était temps pour moi de passer une annonce pour que quelqu'un donne le chèque à ma place et passe du temps avec ma mère. Je finis par trouver un homme, pas trop expérimenté donc pas cher, mais doux comme un agneau, il sera parfait pour ma mère. Même s'il a une manière de parler très... Étrange. On ne peut pas tout avoir après tout, pas dans un délai aussi court. Le temps passe et je ne regrette pour l'instant pas mon choix. Pas de contact, il gérait tout, je virais son salaire chaque mois tout allait pour le mieux. Jusqu'au jour où on m'annonce son arrivée pour me voir. Je fronce les sourcils et demande un instant pour terminer tranquillement mon rendez-vous avec mon client. Une fois le client parti, je regarde mon agenda et annonce qu'il peut entrer. Je lui donne 10 minutes, pas plus. 

Pourquoi venir me voir et qui plus est sans rendez-vous ? Je fronce les sourcils et m’efforce de garder mon calme. Ce mettre en colère fait juste perdre son temps. Et j'en ai déjà fait les frais quand je me suis énervé contre un musicien de rue. Une expérience que je garde bien en mémoire, une expérience qui prouve que parler à ma mère me ramène beaucoup trop dans le passé et les regrets. Assis fièrement derrière mon bureau, je vois le petit Jim entré. Lorsqu'il parle, je hausse les sourcils et lui fait signe de s'asseoir en lui répondant. 

« J'ai dix minutes seulement à vous accorder. Si vous aviez dérangé, vous ne serez pas entré à mon bureau. »

Où alors j'aurais viré la secrétaire, car elle se serait permis de décider à ma place. Chose dont j'ai horreur. Je soupire un grand coup et histoire de paraître poli, je me lève et ouvre un tiroir qui présente plusieurs bouteilles de vin et whisky.

« Vous voulez boire quelque chose ? Un alcool ? De l'eau ? »

Une fois le ou les verres servis, je bois une gorgé de mon whisky et m'assois de nouveau en face de lui.

« Quelle est la raison de cette soudaine visite improvisé monsieur Mathews ? »

Je soupire intérieurement, cette manie de ne pas être capable de ne pas faire une phrase complète m'agace un peu. Mais il fallait faire avec, il remplit bien ses tâches, il passe même du temps avec ma mère pour pas qu'elle se sente seule celons les médecins. C'était un employé irréprochable et ça m'arrangerais bien que je ne perde pas menant à bien son rôle au-delà de mes espérances. Je lui sers un verre d'eau comme il le demande et lui tend son verre. Je me serre un whisky et un renifle son arôme avant d'en boire une petite gorgé. C'est fou comme je peux aimer cet alcool... Si raffiné et incompris de tous... On se ressemble tellement dans le fond. Je rentre dans le vif du sujet histoire de ne pas perdre de temps.

À propos de ma mère ? J'hausse un sourcil perplexe, son état s'est aggravé ? Enfin amélioré ? Que je le veuille ou non l'admettre je tiens à elle. La preuve en est que je suis venue bosser dans cette ville pourri pour pouvoir payer ses soins. Lorsque le verdict tombe de soupir d'agacement.

« Si je vous ai embauché pour payer l’hôpital, c'est justement parce que je n'en ai pas le temps. »

Je pose mon verre sur mon bureau et m'approche de mon salarié et entame mes arguments dans l'espoir qu'il saura l'expliquer à ma mère.

« Les soins de ma mère coûtent affreusement cher. Heureusement, mon travail me donne la possibilité de payer ces soins, cependant, ce travail me demande beaucoup, beaucoup, de temps. »

J'insiste sur le second beaucoup pour qu'il prenne conscience de la chance qu'il a que je lui accorde 10 minutes. 

« Le temps c'est de l'argent et j'ai besoin de cet argent pour la soigner et vous payer afin que vous puissiez l'accompagner plus fréquemment que j'ai dû le faire moi-même avant votre venue. »

Ça me faisait perdre du temps et ça me mettait dans un cafard épouvantable et indescriptible. J'ai conscience qu'elle ne le fait pas volontairement, mais elle me torture avec mon passé et mon rêve à présent irréalisable de devenir pianiste. Bloqué dans une boucle continue qu'est la richesse et le métier d'avocat. 

« Je peux toujours lui laisser un mot avec un bouquet de fleurs, mais venir la voir me fera perdre de l'argent. »

Et fera une baisse trop considérable de mon moral avec sa salle manie de toujours parler du passé plutôt que du présent. Il a tout pour rester mine de rien fière de moi, alors je ne comprends pas pourquoi elle insiste autant pour que je m'accroche a une vie qui me fera perdre tout l'argent et la gloire que j'ai réussie à acquérir. Je reprends mon verre et regarde mon interlocuteur.

« Vous saurez lui expliquer ça ? »

C'est quoi  cette manie hein ? Cette manie de toujours vouloir faire la morale ignorant complètement les raisons des agissements d'une personne ?! Pas à cinq minutes près... Avant de l'embaucher, je prenais tout ce temps, et cinq minutes plus cinq minutes et encore cinq minutes... Et cette femme me rendais complètement dingo au point d'insulter un musicien de rue, tutoyer soudainement une femme qui le défend et me bourrer la gueule vidant mon sac à la prostituée que je fréquentais et que maintenant, ne peux plus fréquenter. Elle en sait beaucoup trop sur moi et je ne peux plus me permettre de refaire appel à ses services. En bref et en clair, la voir fait tout ce qu'on veut sauf du bien. Elle m'empoisonne et me fait vivre dans le passer pour avoir des regrets que je ne devrais jamais avoir. Parce qu'on ne peut pas faire machine arrière, et me torturer à la voir ne l'aidera pas à guérir. Non, ça me fera juste tombé à mon tour. Mais ça évidemment mon petit salarié sera incapable de le comprendre.

Il commence à prendre de l'assurance jugeant mes priorités, je serre la mâchoire et pose brutalement mon verre sur mon bureau sans pour autant le briser. Je tente de garder mon calme, mais son entêtement commence déjà à me titiller les nerfs. Bras croisé et le regarde froid, je m'avance vers lui, le fixant droit dans les yeux.

« Dites moi monsieur Matthews... »

Je m'approche un peu plus de lui dans l’espoir de l'intimider et de lui faire comprendre qui est le patron dans cette pièce.

« Avez-vous ne serais ce que la moindre idée de l'importance de l'argent. »

Je le coupe avant qu'il réponde.

« Par vos dires, je dirais que non. Seconde question monsieur Matthews... Connaissez-vous vraiment toute l'histoire entre moi et ma mère ? »

La colère monte peu à peu en moi, mais je tente de la contenir tant bien que mal.

« Avez-vous conscience de ce qu'elle représente et du mal que ça me procure de la voir ? Au point d'en oublier mon travail ? Et donc gagner moins d'argent ? Et prendre donc le risque de ne plus avoir les finances pour régler la somme de ses soins ? »

Je décroise les bras pour les mettre dans mes poches restant tout de même crispé par la colère. J'inspire un grand coup pour me calmer et tente de prendre une voix un peu plus douce. Peut-être a-t-elle raconté sa version des faits par rapport à mes ambitions passé. Raconter notre ancienne complicité à ce propos laissant supposé que c'est moi le méchant qui ait soudainement changé.

« Qu'est-ce qu'elle vous a raconté pour que vous insistiez autant sans connaître tout ces détails? »

Comme une bonne majorité des petits mammifère que son les être humain non-aisé, le reproche numéro un qui vient à mon interlocuteur est se reproche de mon affection sur l'argent. L'argent nous permet d'avoir tout ce que l'on souhaite, et celui qui prétend le contraire est généralement une personne qui n'a jamais pu connaître ce goût des mille possibilités que nous offres ces billets verts. Les bras croisés, totalement fermés au dialogue. Parce que je sais que j'ai raison et puis c'est tout. Mais ces derniers dire me fait faire un rictus nerveux. J'inspire un grand coup et peste en faisant des aller venu sur mon bureau 

« Pas comme ça avant... Une phrase typique de ma chère et tendre mère tient... »

Je finis par me pincer l'arrête du nez et tente de calmer mon calme en respirant lentement. Bordel de merde ce que cette discution peu à la fois me mettre dans tout les états et aussi m'ennuyer.

« Les gens changent ok ? Ce n'est pas parce qu'avant j'étais con et naïf que je le suis encore aujourd'hui, c'est clair ? »

Je secoue la tête et tente de me calmer, mon interlocuteur lui paraît tout à fait calme, il ne fallait pas que j'explose le premier. Je finis alors par lui dire sèchement.

« Si mon comportement envers elle et aller la voir vous est si insupportable rien de vous oblige à continuer. Je trouverai quelqu'un d'autre de moins intrusif dans ma vie privé. »

Parce que oui ! Après tout ! En quoi ça le regarde hein ? Bah en rien ! D'un signe de main, je l'invite à quitter mon bureau sans surveiller si le temps est vraiment écoulé.

« Les dix minutes sont passées, vous pouvez disposer maintenant. »

Je le fixe dans l'espoir de le dissuader d'en rajouter plus.

Ce qui m'a fait changer aujourd'hui, c'est de me rendre compte qu'on obtient tout ce qu'on souhaite avec l'argent. Mais ça bien entendu, tout ceux qui ne gagne pas leur vie aussi bien que moi ne le comprenne pas. C'est sûr que s'abriter par le fait qu'on ne peu pas tout acheter console de leur moyen limité. Ça leur donne un réconfort sur ce qu'ils n'auront jamais. Exactement comme celui qui se trouve en face de moi. Mais je voyais clairement qu'il était sincère, il pense bien faire, c'est sûr. D'un côté manipulatrice comme est ma mère... J'aurais dû m'attendre que ce genre de jour arriverai tôt ou tard. Elle est gentille, oui, c'est clairement la sensation qu'elle donne. Puis elle racontera sa vie... Parlera de moi avant que j'ouvre les yeux sur la réalité, pour ensuite se faire passer pour la victime parce que aujourd'hui je suis comme elle dit si bien : le méchant. Heureusement que mon salarié est plutôt du genre à écouter, même s'il reste entêter sur l'idée que je dois aller voir ma mère. Mais son insistance m'inquiète à vrai dire, et un détail que j'ai ignoré jusqu'à présent me vient à l'esprit : son état ne s'améliore pas. Est-ce que du coup se serait elle qui ne fait aucun effort pour me pousser à faire ce qu'elle veut elle. Je peste intérieurement, je déteste le chantage et les mines au dépourvu. Monsieur Matthews n'insiste pas plus à la bonne heure, j'ignore copieusement sa dernière phrase et l'accompagne à la porte. Lorsque je saisis le poignet, je me fige un petit instant pensif. J'ouvre le revers de ma veste et y sors mon porte-monnaie. Ces dires et son état m'inquiète quand même que je le veuille ou non, je le fixe alors droit dans les yeux lèvres pincées et inspire un grand coup avant de lui demander. 

« Dites moi... Aussi gentille qu'elle puisse paraître... Est-ce qu'elle fait le nécessaire pour guérir ? Les médecins ne constatent aucune évolution depuis un certain temps, on me rapporte même que ça s'aggrave... Vous qui la voyez régulièrement, vous pensez que ça a un rapport au fait qu'elle veuille à tout prix me voir ? »

Si tel est le cas, j'irais lui rendre visite pour lui faire comprendre certaines choses... Après sa réponse je sors plusieurs billets de mon porte-monnaie et lui tend sans vraiment lui donner le choix d'accepter.

« Ça ne le parait pas aux premiers coups d'œil, mais je vous suis réellement reconnaissant que vous continuez ce travail. Vous avez l'air d'être quelqu'un de très attentif, c'est plutôt rare de nos jours, continuez comme ça, ça nous rend service à elle et à moi. »

J'entre ouvre la porte et inspire un grand coup. Me mettre à dos celui qui écoute ma mère ne fera que je porté préjudice. Je m’efforce de me calmer et garde dans l'espoir.

« Il y a autre chose dont vous avez besoin ? Dans tous les cas, je serais toujours à votre disposition par téléphone au bureau ça risque d'être compliqué, j'y reçois régulièrement des clients. »

Je commençais enfin à voir un peu plus clair dans le jeu de ma mère. Je suis presque sûr qu'elle cache bien son jeu envers les médecins et monsieur Matthews, mais on ne me l'a fait pas à moi. Pas pour rien que mon père se soit séparé d'elle. Je pense aussi qu'il a dû se prendre dans la tronche chantage sur chantage quand elle n'avait pas ce qu'elle voulait ! Je soupire d'agacement lorsque monsieur, je sais tout me déclare que pour lui, elle se bat et que si j'avais un doute, je n'avais cas venir par moi-même. Je lève les yeux au ciel à cette phrase et soupire d'agacement quand il acclame que son travail ne lui rend pas service. Je lui sors un compliment ce qui est plutôt rare et il me fait encore la morale ?! Ça prouve bien que la gentillesse ne paye pas tiens ! Quand est-ce que les gens vont le comprendre ? Au lieu de me faire la morale que ce n'est pas bien d'être méchant... De un, je ne suis pas méchant mais réaliste. Deuxièmement, gagnez d'abord bien votre vie et ensuite venez oser me faire la morale ! Je finis alors par lui ouvrir la porte et tapote son épaule et l'invite à sortir.

« Parfait alors. On se revoit pour le salaire dans ce cas. Au revoir monsieur Matthews. »

Je ferme la porte derrière lui et me pince l'arrête du nez. J'ai cette salle impression que tout le monde est contre moi depuis que j'ai emménage dans cette fichue ville. Je me rapproche pour pouvoir soigner et voilà ce que je récolte. Trop bon ? Trop con. Je regrette presque d'être venu, mais ça reste ma mère. J'ai beau bien gagné ma vie, je m'imagine mal la laisser tomber. Si les résultat continue à baisser, j'irais m'assurer personnellement si elle fait le nécessaire pour s'en sortir. Et si je constate qu'elle met en effet de la mauvaise volonté, je lui rappellerai que ce n'est plus elle qui décide, et qu'elle fera mieux de faire son maximum pour s'en sortir.