time to kick some ass [karel]

Encore ce connard qui se marre à gorge déployée, son verre à la main qui se renverse sur le comptoir du bar. Il en fallait pas beaucoup plus à Clive pour être tendu, montrant au barman la bière renversée pour qu’il la nettoie. Soufflant tout en regardant autour de lui, il y avait un mec à côté, silencieux, au point que Clive ne l’avait pas vu s’installer à côté de lui. Reportant son attention devant lui, il allait boire une gorgée de sa bière lorsqu’il se fit bousculer par l’autre couillon de service d'à côté «Putain mais tu plaisantes…» qu’il lâche rageusement avant de poser sa bière, s’attardant sur sa chemise légèrement trempée, suffisant pour faire monter encore un peu plus en température Clive qui s’était tourné vers le type et ses deux potes. «Excuse-toi pas surtout.» Le regard noir, il espérait que ça calmerait un peu cette jeunesse mais au contraire, les trois compères étaient partis dans un éclat de rire. «Rigole, t’as raison. Ça risque de ne pas durer longtemps» qu’il se murmure à lui-même, secouant la tête tout en se pinçant la lèvre. Le poing serré sur le comptoir, il essayait de retenir celui-ci pour qu’il n’aille pas s’écraser sur la gueule d’un de ces gamins. Ils avaient beau être trois, c’était pas le nombre qui impressionnait Clive, il était pas du genre à craindre les coups, il en avait ramassés suffisamment pour savoir les encaisser. Prenant sa bière de sa main gauche, il sentit le regard des trois jeunes à côté de lui se faire insistant, se remettant à rire en laissant leurs bières se renverser à nouveau. La fois de trop pour l’impulsif qu’il est, quittant son tabouret et empoignant le premier à sa portée. «T’as envie de rire?» qu’il lui demande tandis que ses deux potes s’approchent pour qu’il relâche le gamin. «C’est bon, calme-toi vieux, c’est cool» Le regard planté dans celui en face de lui, il relâcha finalement son col et se préparait à s’asseoir… c’était sans compter sur le «sale chien» qui fut balancé dans son dos, une raison suffisante pour Clive de se retourner vers la bande et d’envoyer son poing valser dans le foie du premier puis de plaquer le second sur le comptoir avant qu’il ne se sente tirer en arrière par le troisième. Les joies de la castagne le retrouvaient après une disette de plusieurs mois… et ça lui avait terriblement manqué.

Karel n'était pas là depuis longtemps, mais l'attitude des trois gamins un peu plus loin l'agaçait déjà. Il se demandait parfois si ce genre de comportement était lié à un problème d'éducation ou bien surtout à un effet de groupe. Il espérait qu'un jour ils se souviennent de ce jour-là et ai honte d'avoir été aussi cons. Et de s'être pris une raclée. Oui parce que, même s'il n'était pas porté sur la violence gratuite, ils commençaient à le mériter. Il était là pour boire tranquillement son whisky, pas pour subir leurs conneries. Mais son voisin de droite eut sensiblement le sang plus chaud que lui.  Après plusieurs avertissements, ils venaient de passer la ligne rouge. Son voisin de comptoir lança les hostilités et sur ses deux premiers gestes, Karel devina que c'était loin d'être la première fois qu'il se battait. Bien que d'ordinaire plutôt raisonnable, le blond attrapa par le col le dernier gamin avant de lui envoyer son poing dans la figure. Le visage, ça faisait toujours mal à l'ego.

-Deux contre trois, ça me paraît plus équitable.

Ce coup de poing qu’il avait balancé dans le bas du ventre de ce type lui rappelait de bons souvenirs, suffisamment bon pour ne pas vouloir s’arrêter en si bon chemin. Le seul problème c’est qu’ils étaient tout de même trois et Clive avait beau être une masse dans son genre, le nombre avait souvent le dessus dans ces situations. Seulement c’était sans compter sur l’arrivée du mec silencieux que Clive avait vu à côté de lui au bar et qui le débarrassa d'un des couillons de service. Il avait eu à peine le temps de se retourner qu’il vit le poing du blondinet s’écraser dans le visage du mec, son nez pas loin d’exploser. Une grimace prit place sur le visage de Clive face à la violence du coup et adressa un coup d’œil à celui qui était venu rendre le combat plus équilibré. «Fais-moi penser à te payer une…» bière. Mot qui aurait dû sortir mais il sentit quelque chose se briser dans son dos. La douleur était passagère mais violente sur le moment, suffisamment pour que Clive se recroqueville légèrement avant de se retourner et de voir la moitié de queue de billard dans la main du gamin et l’autre à ses pieds «Mais t’es pas sérieux?!» Il se baissa en grimaçant pour prendre le bout de bois par-terre et se redressa tout en pointant le morveux avec, s’avançant vers lui sans la moindre hésitation, enragé. «T’aurais dû viser la tête car là je vais te défoncer mon bonhomme» Du moins c’est ce qu’il s’apprêtait à faire lorsque le gosse se mit à reculer, s’emmêlant les pieds au point de trébucher, laissant tout loisir à Clive de lui tomber dessus en le saisissant par le col. «T’as de la chance d’être par-terre parce que tu ne te rends pas compte à quel point l’envie d’écraser mon poing dans ta gueule me démange.» Il en a même la main qui tremble, sûrement l’adrénaline. Relâchant le col du type, il se retourna vers le blond et balança rageusement le bout de bois qu'il avait en main, soupirant, l’air déçu. «Comment tu veux te battre avec des mecs qui ne savent même pas marcher?» Elle était bien loin l’époque des mecs qui se relevaient même avec le nez pété, qui se jetaient sur les types sans craindre de se faire rétamer derrière.

La violence n'amenait que la violence. Il était bien placé pour le savoir, et assez mal placé pour en parler, un joli combo. En tant que tueur à gages, il ne pouvait pas dire qu'il résolvait les conflits de façon pacifique, ce serait d'une ironie frôlant la mauvaise foi. Mais il savait bien que dans tout ce qui était mafia, gang et compagnie, il y avait toujours des histoires de vengeances qui faisaient beaucoup de tort à tout le monde. Et si on en était pas là ce soir, à la place des poings, un des gamins avait quand même opté pour la queue de billard. Parfois, il se demandait ce qui passait par la tête des gens. L'ego ? Certes se faire battre à plate couture n'était pas agréable mais ils l'avait bien cherché. Heureusement, à deux, ils devraient régler le problème assez rapidement et les mettre hors d'état de nuire. D'ailleurs, un desdits gamin, voulant sans doute soutenir son pote, se jeta sur lui, pensant sans aucun doute que la queue de billard avait retenu son attention. Mais il n'en fut rien et rien que le mouvement observé du coin de l’œil suffit à jauger le coup porté et à l'éviter. Il saisit le poignet du gamin et lui fit une clef de bras avant de tourner le regard vers son nouvel acolyte et celui qui s'était cassé la gueule. Peut-être que finalement leur bagarre allait prendre fin plus tôt que prévu. La chute devait fait bien plus mal à l'ego que le poing dans la figure.

-Tu sais, à leur âge il ne faut pas s'attendre à grand chose. Si on était aux Etats-Unis, je suis sûr qu'ils auraient déjà sorti une arme pour nous faire peur.

Les temps changent, les mentalités aussi et au lieu de faire face à des hommes, Clive faisait face à des mauviettes qui ne devaient même plus être capable de tenir tête à leur copine. Ça le tendait au plus haut point et de ne pas avoir pu enfoncer son poing dans la gueule de ce gamin n'avait fait qu'envenimer les choses. Malheureusement les coups gratuits, c'est pas ce qu'il préférait, il aimait le répondant et celui-ci venait de s'étaler par-terre comme un jeune bambin qui apprenait tout juste à placer un pied devant l'autre. Cependant s'il y avait une chose qui l'avait calmé un peu, c'était de voir avec quelle aisance le mec qui était venu lui donner un coup de main s'était démerdé. Il y avait un savoir faire, il était précis et il n'avait pas semblé hésiter sur ses gestes. Au fond de lui, Clive aurait préféré faire face à ce blond, au moins il y aurait eu de quoi faire. D'ailleurs à l'entente de ses paroles, une grimace s'était affichée sur le visage du futur quadra, les armes à feu, il détestait ça. Une invention pour ceux qui ne savaient pas porter leurs couilles à son goût. «J'ai jamais aimé les américains, des grandes gueules pour pas grand chose. Pas étonnant qu'ils aient un flingue sur eux, à défaut de n'avoir rien d'autre à dégainer.» Ça aurait pu être quelques mots placés pour faire rire, mais c'était surtout sa façon de penser. Il avait toujours préféré les britanniques et leur aisance avec les mots pour calmer les esprits plutôt qu'un enfant du pays de l'Oncle Sam qui bégayait et tremblait quand il finissait par ne pas assumer ce qu'il avait pu dire. «A ta gueule, t'as pas l'air d'un américain. Mais si ça devait être le cas, je suis navré de l'apprendre.» dit-il en lui offrant une tape amicale sur l'épaule avant de rejoindre le comptoir, observant les gens autour d'eux… la petite bande de morveux avait pris la poudre d'escampette, c'en était même pas surprenant. «Je t'offre quelque chose?» demanda-t-il en faisant signe au mec qui essuyait les restes de bière sur le bar.

Karel ne put retenir un sourire amusé à l'entente de ses paroles sur les américains. Lui n'avait rien de particulier contre ce peuple, mais leurs lois et leur propension à sortir une arme dans n'importe quelle circonstance avait tendance à l'agacer, il trouvait ça fortement insécurisant. Combien d'enfants avaient bêtement perdu la vie à cause de ça ? Certes, c'était peut-être l'hôpital qui se foutait de la charité, mais Karel savait sur qui il tirait. Il se considérait comme le bras armé de la justice divine.

-Non, Néerlandais en réalité. Mais je ne suis pas sûr que ça te parle.

Il avait l'habitude d'annoncer sa nationalité et d'expliquer ensuite où son petit pays se situait. L'Europe n'était pas forcément très bien connu de tous les Australiens, en particulier les Pays-Bas qui n'avaient pas un rayonnement à l'international comme pouvaient l'avoir la France ou l'Angleterre.

Il sourit à la tape sur son épaule le rejoignit le comptoir à son tour, ça méritait bien au moins un autre verre. Le bar s'était vidé de la petite bande, et clairement, Karel n'allait pas s'en plaindre. Il espérait seulement qu'ils n'avaient pas l'intention de revenir à plus, mais il n'avait pas l'impression que c'était leur intention, ils avaient surtout pris peur.

-Un whisky.

Il tourna le regard vers son nouvel acolyte.

-Karel, au fait.

Néerlandais? Ça lui parlait, vaguement mais ça ne lui était pas inconnu pour autant. Certainement qu’il avait dû entendre ce mot lors d’un match de rugby… ou de n’importe quel autre sport qui lui permettait de se poser dans un bar avec une bière à la main. Rien qui ne pouvait réellement l’aider à savoir où se trouvait ce pays et ce qu’on pouvait bien y faire. Une chose est certaine, c’est que s’ils avaient tous le profil de ce mec en face de lui, Clive aurait rêvé pouvoir en ratatiner quelques gueules. Du moins, il y a quelques années en arrière puisque désormais il connaissait la définition du self control… bien mieux que sa mise en application pour être tout à fait honnête. «Bien sûr que ça me parle…» lança-t-il en acquiesçant de la tête. «… du moment que tu ne me demandes pas où ça se trouve et ce que vous y faites.» s’était-il repris en lui tapant l’épaule et de l’inciter à le suivre jusqu’au comptoir où ils s’étaient accoudés à tour de rôle. Le regard captant celui de l’homme derrière le bar, il lui demandait deux whisky, rien de mieux après ces échanges de coups qui n’avaient pas duré longtemps, petite déception. Mais ça lui permettait peut-être de se faire un pote de beuverie l’espace d’une soirée, un pote qui avait un prénom et qui avait lancé les présentations. «Clive.» Voyant les verres posés devant eux, il fit glisser celui de Karel aux mains de ce dernier et leva son verre en sa direction. «Merci du coup de main et belle clé de bras au passage.» dit-il en se souvenant de l’aisance avec laquelle il avait manipulé le poignet du gamin pour enchaîner avec la clé. C’était pas quelque chose que Clive savait faire, il était davantage dans la force brute, à l’image de sa carrure qui rattrapait une taille tout juste moyenne. Avalant cul sex son whisky, il s’essuya le bout du lèvres du revers de la main et porta son attention sur le mec à ses côtés. «Alors, qu’est-ce qu’un… néerlandais fait ici en Australie? Et encore plus à Bowen en fait.» C’est pas comme si cette ville était connue pour quelque chose en particulier.

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