My only hope is you (Niels)

S'il n'avait jamais expérimenté ce que c'était d'être dépendant d'une personne avant elle, Niels comprenait maintenant que le manque qui résultait de la distance qui le séparait d'Aelya était plus que destructeur. Il suffoquait, les poumons asphyxiés rien qu'à l'idée de la savoir loin de lui, loin de ses bras la nuit, de savoir qu'il ne pourrait pas vérifier si elle allait bien en rentrant du travail, qu'il ne pourrait la protéger s'il lui arrivait quoique ce soit. Ça le tuait en vérité, parce-que tout ça, cette hospitalisation et les conséquences qu'elle engendrait, ça lui montrait à quel point il pouvait être impuissant et perdre le contrôle de la situation. Heureusement qu'il savait que tout ça n'était qu'éphémère, se rassurant en se disant qu'il approchait de la guérison même si en vérité, il n'en avait pas la confirmation. Il ne demandait que d'en finir, une bonne fois pour toute, parce-qu'il avait déjà l'impression d'avoir perdu trop de temps en restant éloigné d'elle de la sorte. Il prenait un peu ça comme une punition quelque part, quelque chose de cruel et d'injuste que de se voir arraché constamment à Aelya alors que tout ce dont il avait besoin pour aller bien, c'était simplement sa présence à ses côtés. Il avait souri à sa rétorque, lui répondant par un clin d’œil empli de malice. Leur jalousie était similaire, il n'y avait aucun doute là-dessus, tous les deux semblant prêts à n'importe quoi pour protéger leur relation. Et fallait dire que Niels l'avait prouvé à plusieurs reprises, finissant parfois le visage en sang après avoir peu apprécié un regard ou un geste trop insistant en direction de la brune. Il avait bien vite compris qu'il pouvait faire une croix sur son skate pendant un bon moment encore, au moins jusqu'à ce qu'Aelya soit convaincue de ses capacités physiques. Il esquissa un sourire amusé à ses mots, tournant légèrement la tête de droite à gauche devant sa volonté de fer. « Bon ok ça marche, j'te confie ma planche jusqu'à ce que je sois remis. Mais dés que ça sera le cas, faudra me partager à nouveau. » Dit-il pour la taquiner, bien qu'en vérité, il adorait qu'Aelya veuille s'occuper de lui de la sorte même si ça impliquait de laisser sa passion de côté. Il savait qu'il devrait probablement se ré-entraîner comme un dingue pour reprendre tout ce qu'il avait perdu depuis son agression, sentant que son corps en avait pris un sacré coup au même titre que sa condition physique. Il hocha la tête à ses dires, l'amusement prenant possession de ses traits alors qu'il s'approcha dangereusement de ses lèvres pour la provoquer. « J'suis aussi dur que toi en fait, faut croire qu'on se tiendra toujours tête. » Souffla-t-il, venant de nouveau exercer une pression sur ses lèvres après ce qu'elle ajouta, son cœur flanchant à la tendresse de ses mots. Il n'attendait que ça lui aussi, et il attendrait ça toute sa vie, parce-que c'était ce qu'il désirait le plus, se voir uni à elle jusqu'à la fin des temps. « Je sais... j'suis désolé de paraître insatisfait, c'est juste que.. je te veux tout le temps, genre vraiment tout le temps et je pourrais jamais me satisfaire de quelques heures seulement. » Avoua-t-il tristement, conscient qu'il en demandait beaucoup lorsqu'il s'agissait d'Aelya. Mais c'était comme ça, et malheureusement, il ne pouvait rien faire pour changer les choses. Il fronça les sourcils à sa réponse, tandis qu'il scrutait encore les plaies sur sa peau. « Supportable ? C'est pas ce que je voulais entendre. » Admit-il, peu rassuré. « J'veux que tu vois un médecin bébé, tu perds rien à le faire, au contraire même. » Il avait pris son visage dans ses mains, voulant lui montrer qu'il était sérieux et que son inquiétude pour elle était réelle. Il s'approcha de son front, y déposant des baisers dans une volonté de balayer les douleurs. « T'es parfaite. » Souffla-t-il, un peu subjugué avant de voir la réaction de la brune. « Ben quoi ? Tu me demandes, je te réponds. En même temps, tu t'adresses pas à la meilleure personne pour avoir un avis objectif là. » Ajouta-t-il, en haussant les épaules. « Je leur dirai la vérité, je m'en tape de ce qu'ils en pensent. Je vais pas les supplier pour qu'ils me reprennent, s'ils le font tant mieux, sinon tant pis, je rentrerais chez moi. » Avoua-t-il, un peu détaché comme à son habitude. Son corps entier s'était mis à tressaillir sous les gestes précis et réparateurs d'Aelya, appréciant le contact qu'elle créait avant d'en faire de même avec elle, ses yeux rivés sur elle, mordillant sa lèvre comme lorsqu'il était concentré en passant ses mains sur sa peau, aucun centimètre carré ne lui échappant. « J'avais raison, t'es parfaite. » Il lui sourit avant de lui voler un dernier baiser et de sortir de la douche, se séchant pour remettre ses affaires et finir de se préparer. Il passa une main dans ses cheveux, arrangeant quelques mèches devant le miroir, apercevant au niveau de l'échancrure de son col les marques encore fraîches de son agression, soupirant à leur vision.

Il avait toujours préféré vivre les choses entièrement, à mille à l'heure quitte à prendre des risques inouïs plutôt que de devoir constamment faire attention à ce qui pouvait lui arriver, conscient que ça n'attirerait que les regrets. Il n'avait pas envie de ça. C'était surtout depuis sa sortie de prison que sa mentalité avait évolué, considérant qu'il avait déjà perdu trop de temps pour pouvoir se permettre de ne vivre qu'à moitié. La vie avait son importance, évidemment qu'il le savait, mais il voulait la savourer comme il se le devait, sans filtres, sans limites. Les barrières, il les avait déjà expérimenté, il n'était plus question de se laisser dicter par elles. Et c'était sûrement égoïste de continuer sur cette lancée-là sachant que maintenant, son existence importait aux yeux d'une personne, mais il tentait néanmoins de faire quelques efforts pour se freiner, comprenant que le bonheur d'Aelya passerait toujours en premier. Il sourit aux mots qu'elle prononça lorsqu'elle évoqua sa planche et la passion dont il était épris lorsqu'il s'y retrouvait dessus. « Heureusement que tu me demandes pas de choisir. » La taquina-t-il, faisant semblant de pouvoir être tiraillé alors qu'en vérité, la question ne se posait même pas. Fallait dire qu'Aelya était toute aussi passionnante pour lui. Elle habitait ses pensées de manière perpétuelle, sans daigner les quitter ne serait-ce qu'un instant. Et il était habitué à ça, comme si elle faisait partie intégrante de son âme qui ne pouvait être apaisée que si elle se sentait liée à la sienne. « Ça m'arrange que ce soit toi qui le fasses. » Répondit-il, amusé, lui faisant clairement comprendre qu'il ne pourrait jamais se passer de sa volonté à prendre soin de lui, elle qui ne cessait jamais de lui prouver combien il était important à ses yeux. Un sourire s'était finalement imposé sur son visage sur lequel sa peine s'était reflétée, hochant la tête en se forçant à penser au fait qu'il n'aurait plus jamais à devoir se défaire du manque de sa petite-amie qui le rongeait lorsqu'elle viendra chez lui, dés sa sortie de l'hôpital. Niels était persuadé qu'il n'était pas fait pour vivre éloigné d'Aelya, qu'il était en réalité lui-même que lorsqu'ils étaient ensemble, à se donner mutuellement de l'affection et se battre contre les aléas de cette vie qui cherchait à tout prix à les séparer. Il se sentit tout à coup rassuré à ses paroles qui lui affirmèrent qu'elle irait consulter un médecin pour ses maux de tête. « Je devrais t'écouter plus souvent en fait, surtout si on arrive à trouver ce genre de terrains d'entente. » Il lui adressa un clin d’œil, satisfait de voir qu'ils faisaient tous les deux des efforts pour se rassurer mutuellement, cherchant à écraser cette inquiétude infernale et insoutenable. « Le pire c'est qu'ils en seraient capables... même si j'en suis pas franchement étonné au final. » Parce-qu'il savait qu'il leur en faisait voir de toutes les couleurs depuis le début de son hospitalisation, parfois même sans le faire exprès, ne supportant juste pas son rôle de patient. « Le seul moment où ils ont eu du répit, c'est quand j'étais inconscient. » Admit-il, presque nonchalamment, sur un ton amusé. Il avait eu envie de lui faire ressentir tout le bien qu'elle pouvait lui faire, ses mains parcourant son corps nu qu'il connaissait si bien mais qu'il redécouvrait à chaque fois, toujours un peu plus envoûté par ses courbes parfaites. Il sourit à ses mots, tournant légèrement la tête de gauche à droite lorsqu'elle le complimenta à son tour, remontant ses mains jusqu'à son visage qu'il encadra pour lui voler un énième baiser. « Je me lasserai jamais de te regarder. » Souffla-t-il près de ses lèvres, d'un ton charmeur et pourtant sincère. En sortant de la douche, il avait pu apercevoir pour la première fois l'image que renvoyait son corps à travers le miroir, celui d'un corps meurtri et blessé, lui rappelant les scènes de l'agression qu'il aurait franchement préféré oublier. Il sentit les bras d'Aelya venir l'entourer, rassuré par sa présence et ses mots empreints d'une douceur infinie. Il passa sa main sur son bras afin de le maintenir contre son torse, lui adressant un faible sourire dans le reflet du miroir. « Ça va être long, mais on va le faire. » Affirma-t-il à son tour, comprenant que la convalescence allait être longue et sûrement douloureuse mais qu'au bout du compte, ils pourraient entrevoir la lumière au bout du tunnel. « Tant que mon corps te dégoûte pas encore, ça me va. » Dit-il en plaisantant, avant de s'adosser au mur pour la contempler tandis qu'elle finissait de se préparer. Il attrapa son portable à sa remarque, constatant qu'en effet, l'hôpital avait essayé de le joindre une bonne dizaine de fois. Il haussa les épaules, ne souhaitant pas y consacrer une grande importance, préférant prendre les devants pour appeler un taxi afin de les mener jusqu'à l'hôpital. Avant de sortir, il s'occupa d'attraper les clés de sa voiture qui étaient restées dans la veste qu'il portait le soir de l’agression, les tendant à la brune. « Tiens, j'en ai pas besoin. Et puis, ça sera toujours plus simple que de payer le taxi pour aller au boulot. » Elle savait que sa voiture était restée devant le strip-club, n'ayant pas bougé depuis la dernière fois qu'il l'avait utilisée. Sa main vint chercher celle d'Aelya, avant qu'ils ne se dirigent tous les deux au bord de la route, où le taxi les attendait.

Il n'aurait jamais cru une seule seconde trouver quelqu'un comme Aelya en venant s'installer à Bowen, une âme qui ressemblait tant à la sienne, l'idée de construire quelque chose de solide sentimentalement parlant ne lui ayant jusque-là aucunement traversé l'esprit. Fallait croire que ce genre de choses arrivait toujours plus vite que prévu et surtout lorsqu'on s'y attendait le moins. Il était tombé éperdument amoureux de la brune et maintenant, ce terme prenait clairement tout son sens. Parce-qu'il n'avait rien vu venir, quand bien même il avait compris qu'Aelya avait le pouvoir de laisser son empreinte sur lui, il n'avait jamais imaginé qu'il était capable d'aimer à ce point. C'était complètement fou et en même temps, il n'y avait rien d'aussi vivifiant. « Toi avant tout, et pour toujours. » Répondit-il, aussi simplement que ça, comme un pacte qu'il se promettait de respecter jusqu'à la fin de ses jours. De toute façon, il n'avait franchement pas le choix parce-que ça serait de l'auto-destruction que de mettre de côté sa relation avec elle juste pour vivre pleinement sa passion. Il savait pertinemment qu'il pouvait allier les deux sans le moindre problème, assez conscient que leur lien était bien plus important que tout le reste qui n'était finalement que matériel. Il sourit à sa remarque, un sourire qui se voulait malicieux parce-qu'il savait qu'elle avait totalement raison. « Je peux pas croire que ça te dérange tant que ça. » Répondit-il, en arquant un sourcil de manière espiègle, espérant qu'elle ne le contredirait pas bien. Il avait appris à se sentir important au fil de leur relation, comprenant rapidement qu'il ressentait la même volonté de guérir ses peines et panser ses blessures, désirant quelque part être la seule et unique personne à avoir le droit de le faire. Il savait qu'il continuerait encore et encore à lui laisser un accès libre aux plus profondes de ses fêlures, comme s'il était conscient du fait que seules ses mains, ses lèvres et tout ce qui émanait d'elle pouvaient les refermer. Il lui vouait une confiance totale, aveugle même, et c'était une chose qui ne changerait sans doute jamais. « Ouais, on est plutôt bons pour avoir ce qu'on veut. C'est pour ça que y'a que toi que je veux comme coéquipière. » S'amusa-t-il, appréciant l'image que lui reflétait cette pensée, l'équipe qu'ils formaient et continueraient de former pour un moment qu'il espérait aussi long que possible. Il se vit attraper sa main aux paroles qu'elle ajouta ensuite, comprenant la haine qui pouvait l'habiter lorsqu'elle pensait à toutes ces personnes désireuses de les désunir, ressentant cette même colère lui aussi. « On me fera plus rien, je laisserai plus ça arriver. » Répondit-il, d'un ton plus ferme, le regard soudainement plus noir, ayant envie de croire à ses propres paroles. Il adorait apaiser la tension dans les moments de tendresse qu'ils acceptaient de se délivrer, ne se lassant jamais de sentir ses mains sur son corps, ou la caresse de ses lèvres contre les siennes. Le temps était compté à présent, alors Niels désirait s'imprégner de chaque marque d'affection que lui donnait Aelya, voulant la graver en lui pour se rappeler des sensations qu'elle lui procurait même lorqu'elle n'était pas avec lui. Une fois préparé, il s'était laissé à l'envie de la regarder, scrutant le moindre de ses traits qu'il contemplait sans fin. Il rit à ses mots, plutôt satisfait de savoir qu'il pouvait lui procurer autant d'effet même avec un corps aussi marqué. « T'es la seule à mal le vivre tu sais... » Ajouta-t-il, l'air de rien, d'une voix néanmoins empreinte d'une tonne de sous-entendus. Niels avait décidé de lui confier les clés de sa voiture, jugeant qu'elles lui seraient plus utiles qu'à lui, coincé de toute manière dans sa chambre d'hôpital avec l'incapacité d'en sortir. « Essaye juste de pas détruire tous les poteaux de la ville avec. » Il lui adressa un petit clin d’œil amusé avant de répondre à son baiser, riant à ce qu'elle ajouta ensuite. Elle n'avait pas tort sur ce point-là, bien conscient qu'ils s'étaient de nombreuses fois bien amusés à en tester les suspensions. Rapidement arrivés à l'hôpital, sa main solidement accrochée à la sienne, ils se firent sans plus attendre interpeler par une infirmière. « Pas assez visiblement. » Avait-il répondu, usant de son arrogance légendaire avant que le regard d'Aelya ne lui rappelle pourquoi ils étaient venus ici. Il se racla un peu la gorge, prêt à donner les explications que les soignants attendaient avant que son médecin ne se point devant eux, l'air plutôt agacé. « Vous êtes complètement inconscient, M. Björk. On peut pas se permettre de perdre notre temps avec des patients qui ne veulent pas recevoir des soins. Vous êtes allés trop loin, vous ne vous rendez même pas compte que vous vous mettez en danger par simple fierté. » Niels sentit son sang bouillonner à ces dernières paroles, se retenant de toutes ses forces pour ne pas s'emporter devant l'homme qui se permettait de le juger sans connaître les réelles motivations de son geste. « Par simple fierté ? » Répéta-t-il après lui, resserrant ses doigts autour de ceux d'Aelya. « Et vous, vous pensez l'aider en disant amen à la moindre de ses sautes d'humeur ? » Ajouta-t-il, en s'adressant à Aelya. La tension à son comble, il s'avança d'un pas comme par instinct, ressentant le besoin de protéger sa petite-amie. « Hey redescends, c'est pas sur elle qu'il faut rejeter la faute. » Lança-t-il, avant d'essayer de prendre sur lui pour se contenir. « Vous savez pas ce qu'il s'est passé, un mec comme vous, avec une vie comme la vôtre pourra jamais l'imaginer alors n'essayez pas de me faire passer pour ce que je ne suis pas. J'ai été obligé de le faire, j'ai pas cherché intentionnellement à me foutre dans la merde si c'est ce que vous pensez. J'ai merdé ouais, mais c'était pas une question de volonté. » Il s'arrêta un instant, ancrant son regard dans celui du médecin. « Je vais pas débattre sur ça, j'suis pas là pour chercher à prouver que je suis un patient désolé parce-que je le suis pas. J'ai fait ce que j'avais à faire et c'est tout. Maintenant, si vous voulez pas me reprendre, ça fait rien, j'me débrouillerai avec les moyens du bord. » Termina-t-il, satisfait de ne pas avoir pété les plombs.

Il aimait penser que même la mort serait incapable de les séparer pour de bon, osant croire que leur lien était assez fort et puissant pour dépasser n'importe quelle frontière, y compris celle de l'au-delà. Fallait sûrement être un peu barré pour avoir ce genre de pensées, mais Niels se foutait complètement du jugement qu'on pouvait émettre sur lui. Il était convaincu de la richesse des sentiments qu'il vouait à Aelya, de leur sincérité et du fait que même le temps qui courait ne serait pas en mesure de les arrêter. Il ferma les yeux en sentant ses lèvres rejoindre les siennes, insufflant à travers ce baiser toute l'affection qu'il pouvait ressentir pour elle. Son cœur se mit à battre un peu plus fort lorsqu'il entendit ses mots, un léger sourire s'étirant sur ses lèvres tandis qu'il maintenait leur proximité avec les siennes, désirant lui voler un dernier baiser. « J'espère bien. » Lui répondit-il, partageant son envie d'être lié à elle pour l'éternité. Se lasser d'elle n'était même pas quelque chose qu'il pouvait envisager, parce-qu'il était persuadé qu'il n'en aurait jamais assez d'elle, bien trop accro à tout ce qu'elle représentait pour lui. « J'essayerais de pas être trop vilain pour toi. » Ajouta-t-il en prenant cet air innocent qui lui allait si bien, y reflétant toute sa malice. Il avait l'habitude d'être vilain avec elle, mais c'était dans des circonstances bien différentes en réalité, et elle le savait aussi bien que lui, rien qu'à en voir les milliers de sous-entendus qu'ils se balançaient par des regards appuyés. Ses paroles le touchèrent en plein cœur, décidément bien mis à l'épreuve par tout ce que lui faisait ressentir sa petite-amie. Il ne s'était jamais vu de cette façon-là, comme quelque chose de précieux et d'important, lui à qui on avait certainement plus fait comprendre à quel point son existence était accidentelle. C'était quelque chose d'agréable pour lui, et surtout de nouveau, de savoir que pour une fois, il n'était pas celui qu'on voulait laisser sur le bas côté de la route comme un vulgaire objet. « C'est moi qui ai de la chance de t'avoir, j'te jure, je sais pas ce que j'ai fait pour te mériter. » Admit-il à son tour, en haussant les épaules, surpris d'être victime de cette chance heureuse, choisi pour être aimé par une personne comme elle. Il existait à travers elle, à travers cette relation qui lui faisait tourner la tête depuis un bon moment et dont il ne se départirait jamais. C'était tout ce qu'il avait, son plus beau trésor. Et il ne laisserait plus quiconque essayer de lui dérober, se sentant prêt au pire pour le protéger de toute menace extérieure. La vie avait déjà bien trop joué avec eux, s'amusant à les faire tanguer avec le vide que représentait la mort, leur rappelant à quel point tout ne tenait qu'à un fil. Sauf qu'il fallait bien plus que ça pour séparer Niels d'Aelya, plus que de simples menaces en tout cas. Sans hésiter, il lui avait confié les clés de sa voiture, préférant qu'elle puisse s'en servir pour se rendre au strip-club et surtout pour continuer à venir le voir si son hospitalisation reprenait son cours. Il s'était emparé de la main d'Aelya avant de pénétrer dans le hall de l'hôpital, rapidement reconnus par les équipes médicales sur place qui semblaient afficher une mine décontenancée face à son retour imprévisible. Le médecin avait débarqué avec son jugement plus que douteux, rejetant la faute sur Niels puis sur Aelya sans même mesurer la force de ses mots. Il n'en fallait pas plus au brun pour sentir sa volonté de rester calme flancher soudainement, son envie d'exploser lui brûlant de l'intérieur. Heureusement pour lui qu'Aelya reprit la parole, défendant son petit-ami et les choix qu'il avait décidé de faire. Niels avait la gorge nouée, le regard soudainement assombri, plus que glacial posé sur l'homme en blanc face à lui. « Vous savez quoi ? Allez vous faire foutre, j'vous emmerde tous vous et votre règlement à la con ! Si vous êtes pas capables de faire la différence entre la bêtise et l'obligation, alors j'ai rien à faire ici. » Il se retourna vers Aelya, ne supportant plus de devoir faire face à des personnes aux mentalités aussi fermées que celles qui leur faisaient face actuellement. « Viens on se barre d'ici. » Il était déterminé à quitter les lieux pour de bon, dégoûté par toutes ces personnes qui prétendaient vouloir l'aider et qui n'étaient même pas foutues de tenir un dixième de leur parole. Et avant qu'ils ne puissent tourner les talons définitivement, ils furent arrêtés par le médecin qui les interpela : « Attendez. » Lança-t-il, d'un air embêté, soupirant devant le dilemme qui semblait se tramer dans son esprit. « Ça serait déloyal de ma part et surtout une erreur professionnelle de vous laisser partir comme ça alors que vous nécessitez encore de soins. » Reprit-il, fixant Niels du regard. « Et puis, on ne peut pas vous reprocher votre franchise au moins. » Il s'avança de quelques pas vers Niels et Aelya, d'un air soudainement plus calme. « J'ai besoin d'être certain que vous ne ferez plus rien qui pourrait mettre votre vie en péril, c'est important. » Le brun le scruta, avant de reposer ses yeux sur Aelya un instant puis de revenir à lui. « Si ça ne nécessite pas que j'intervienne, alors oui, j'ferai en sorte d'accepter tous les soins, jusqu'au dernier. » Répondit-il, lui faisant comprendre que dans tous les cas, il n'hésiterait pas à enfreindre de nouveau les règles si un cas comme celui qui s'était déroulé se représentait à lui. Niels était comme ça et il ne transigerait jamais dessus, ses priorités faisant qu'il ne laisserait jamais Aelya dans une situation dangereuse même si son état à lui laissait à désirer. « Très bien. » L'homme semblait comprendre qu'il était inutile de se battre avec Niels sur ce terrain, bien conscient qu'il ne changerait jamais d'avis sur ce qu'il avait en tête. Néanmoins, il se montra un peu plus compréhensif et à la plus grande surprise, indiqua à Niels de reprendre place dans sa chambre. Sans broncher, le brun s'y dirigea, ses doigts toujours liés à ceux d'Aelya. Il poussa la porte, constatant que rien n'avait changé, déposant ses affaires sur le lit. « Toujours aussi charmant. » Finit-il par dire ironiquement en parlant de sa chambre, soupirant légèrement avant de s'asseoir, le regard perdu. « Retour à la case départ. » Souffla-t-il, de manière à peine audible en jetant un coup d’œil autour de lui, comprenant qu'il n'avait maintenant plus le choix que d'accepter son sort.

Il avait toujours pensé qu'il continuerait à faire son bout de chemin comme il l'entendait, sans savoir réellement où est-ce que ça le mènerait, se laissant simplement porter par ses envies. Il n'avait rien prévu de tout ce qui lui arrivait aujourd'hui, pensant qu'il échapperait toujours à ce genre de plans qu'il avait longtemps considéré comme foireux si ça impliquait les sentiments. Il se rendait bien compte aujourd'hui d'à quel point il avait été con de ne pas y croire, de n'avoir donné aucune chance à ce genre de relation, regrettant amèrement de ne pas avoir croiser la route d'Aelya plus tôt. Mais peut-être que ça n'y aurait rien changé finalement. Parce-qu'ils s'étaient croisés à une période précise de leurs vies, à une période où ils partageaient sûrement déjà la même vision des choses. Peut-être que c'était ça qui avait fait que ça avait autant matché entre eux. Ça avait été le bon endroit, au bon moment. Il lui adressa un clin d’œil enjôleur à sa remarque, souriant lorsqu'il sentit ses dents attraper sa lèvre inférieure, son désir ne manquant pas de lui rappeler combien il la voulait. Elle le rendait dingue, dans tous les sens du terme. Et s'il l'avait pu, il aurait sans doute essayé de lui montrer à quel point c'était le cas, dans une étreinte où il se serait abandonné à elle avec délectation. « Tu dois être la première personne dans tout l'univers à le penser et le dire. » S'amusa-t-il, se sentant flatté par les adjectifs qu'elle employait pour le décrire, son cœur se réchauffant à ses mots. Il avait bien l'impression qu'il commençait à y croire, à tout ce qu'elle pouvait lui dire, peut-être que finalement, on avait essayé de lui mettre un tas de choses dans la tête pour fragiliser son esprit déjà bien torturé. Peut-être qu'il était loin de ressembler à cette image qu'on lui donnait et qui lui collait à la peau. Aelya l'avait rendu meilleur, il n'en avait jamais douté. Elle faisait naître en lui des choses inexplicables, des émotions dont il n'aurait même pas soupçonné l'existence il y a de ça quelques temps. Et il s'impatientait de pouvoir les ressentir au jour le jour, n'attendant que d'avoir le droit de la retrouver pour vivre tout ce qu'ils n'avaient pas encore réussi à vivre ensemble. La scène de l'hôpital fut intense, et pour le moins rapide lorsqu'on savait l'impulsivité qui animait les âmes d'Aelya et de Niels. Il avait rapidement compris à travers les paroles du médecin qu'il n'était pas souhaité ici, que sa place ne se trouvait pas dans un lieu qui comportait autant de règles qu'il n'était juste pas capable de suivre. Sauf que contre tout attente, l'homme avait fini par se raviser, jugeant que l'état de Niels nécessitait encore des soins. Il avait donc repris place dans sa chambre, un brin soulagé mais surtout le cœur serré lorsqu'il comprenait qu'il était de nouveau question de se séparer de la brune. Il hocha la tête à ses dires, silencieusement, partageant son avis. Ses yeux dévièrent sur sa main posée sur sa cuisse, tandis que la peine prenait de nouveau possession de ses traits. Il se pencha, tendit la nuque vers elle pour lui offrir un baiser amoureux. « Je pourrais pas réussir sans toi, c'est toi qui me donnes de la force. » Souffla-t-il, les yeux fermés tandis que son front était venu se reposer contre le sien. Il se détacha progressivement, comprenant qu'il se faisait encore plus de mal. « J'aurais aimé que ça soit plus long. » Admit-il, sa main se posant affectueusement sur la sienne. « Faut que tu trouves un moyen de me contacter si t'as vraiment perdu ton portable. Je peux te passer le mien si tu veux, y'a toujours le téléphone de l'hôpital ici. » Lança-t-il, soucieux de ne pas savoir se gérer si Aelya se retrouvait dans l'incapacité de lui donner des nouvelles.