felix&maxym - fuel to fire.

nous deux, moins toi.

@Felix Twist

Le silence durant le repas est comme un indicateur sur la distance qui les sépare. Ce n'est même pas par pénurie de sentiments mais des liens se sont coupés et la communication n'existe plus. Une part de Max sait qu'il ne peut rien faire pour changer la situation. En quittant leur maison, le coeur de Felix s'est brisé avec son départ.
Il sait maintenant, par expérience et désillusions que les coeurs brisés ne peuvent pas être rassurés.
Alors au fond, ce silence, ce n'est qu'un mal pour un bien. Il est important pour eux de garder leur énergie, de la laisser se régénérer car ils en auront tous les deux besoin le moment venu.

Savoir qu'ils vont à la plage après manger aide Chad a accepter de regarder la télévision plus que son propre mari. Et lorsqu'il est enfin temps pour eux deux de déserter l'appartement de leur colocation, son coeur se gonfle de légèrement alors qu'il imagine celui de Felix plus lourd.

Ensemble sur la plage, les vagues parlent pour eux tandis que les oiseaux les accompagnent dans leur balade plus lente que la normale. Max traîne un peu le pied et termine par s'asseoir sur le sable en faisant signe à Felix de le rejoindre. Son regard sur l'horizon, ses iris sont encore plus bleutés que d'habitude. S'il ne le fixe pas encore c'est qu'il se laisse du temps pour assimiler tout ce qu'il contient au fond de lui. Ses bras se posent sur ses genoux alors qu'il fixe ses pieds. Je crois que je fais fausse route depuis le début. Le visage de Chad se tourne enfin vers Felix. Tu sais ce visage doux, parfaitement Chadien, si calme qu'on pourrait l'utiliser comme image de méditation dans toutes les écoles. Si rassurante au point de ne plus sentir le moindre jugement dans ses rides et sous ses cernes. J'ai trop cherché à rejeter la faute sur toi puis sur moi. A l'image du perron ou de la piscine, sa voix porte le même timbre, la même ouverture d'esprit, celle qui pousse à la discussion plus qu'à la honte. Celle qui accepte les brèches de l'autre mais aussi la possibilité de les guérir. Ces dernières semaines j'ai compris que malgré mes problèmes de possessivité et tes longues absences tu m'apportais tout ce que j'ai toujours attendu de quelqu'un. Au delà de la superficialité de me rendre heureux je veux dire. Il inspire, prend le temps d'avoir une dose suffisante d'oxygène dans les poumons pour reprendre.

Je te dis pas tout ça pour avoir un dialogue. Je respecte ta décision, ton mal être. Je t'assure, j'accepte tout. Je pense que c'est plus constructif pour tous les deux de ne pas brusquer l'autre. L'image du rasoir lui revient instinctivement en tête. Mais aussi celle des bouteilles vides. Je crois juste qu'il est toujours bon d'entendre des choses sincères lorsqu'on va mal et je voulais que tu saches que je ne te vois pas comme un partenaire mais comme un compagnon de vie. Cette passe là ... Je ne sais pas où elle nous mènera mais je pense pas qu'elle remette en question cette notion d'éternité entre nous. Pas de mon côté, en tout cas. Sa voix se coupe un peu brutalement. Ses yeux lâchent enfin ceux d'Isaak. Max aura eu le respect de le regarder en lui prononçant ses mots.
Et il regrette encore son discours. Il a la sensation de lui avoir offert un texte troué.
Des fondamentaux sont oubliés, il en est presque certain mais difficile pour Maxym de garder le cap quand le navire de toute sa vie prend le large.

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@Maxym Twist & son chat

Il n'avait jamais remarqué à quel point marcher dans le sable demande un effort plus important que de marcher sur du béton ; à quel point avancer contre le vent l'obligeait à rentrer la tête dans le cou et à plisser les yeux pour y voir clair. Chaque fois qu'ils s'étaient rendus sur cette plage pour se balader, Isaak n'avait eu d'yeux que pour Chad et son émerveillement discret face aux paysages saisissants du bord de mer Australien. Le regarder sourire et respirer à plein poumons ce grand air moins pollué que celui de New York suffisait à le mettre dans un état de bien-être avancé. Aujourd'hui, même la lumière le met en difficultés. Bien qu'elle soit douce et qu'elle sublime la pureté du ciel au dessus de leur tête, cette dernière donne à Coalman l'impression de sortir d'une nuit qui aurait duré des semaines. Ses cornées accusent le coup, ses cordes vocales restent muettes ; il avance en silence, pâle copie de lui-même, fantôme du Felix qui courrait jusqu'à l'eau pour éclabousser Max en riant aux éclats. L'écume des vagues lui rappellent l'été qui s'en est allé, emportant avec lui leur idylle, arrachant à sa vie tout ce qui lui donnait de la consistance.

Au moment de s'asseoir aux côtés de Chad, Isaak joue avec le sable. Il en attrape une poignée qu'il laisse couler en un fin filet entre ses doigts. Cette vision lui rappelle la fuite du temps qui passe ; il imagine la matière tomber dans le trou noir de son existence pour ne jamais être rattrapée, ni par lui, ni par Chad, ni même par Parkinson. Il se dit que leur vie raccourcit trop vite et redoute que celle du blond touche à sa fin avant qu'il n'ait pu dire à nouveau lui dire à quel point il l'aime. A cette pensée, des larmes lui montent aux yeux. D'un revers de manche, il s'apprête à les essuyer discrètement mais s'immobilise dans son geste aux premiers mots du blond. Vulnérable, Isaak fait l'effort de le regarder et de l'écouter jusqu'au bout malgré les vagues d'émotions qui viennent s'éclater contre les parois de son cœur plus férocement encore que celles qui, au loin, lèchent les rochers empilés sur la plage. Les yeux de Graham sont si bleus qu'il pourrait se noyer dedans s'il n'était pas déjà en train de boire la tasse de ses propres larmes. Silencieuses, elles coulent le long de ses joues froides et pâles, comme tout le reste de ce qu'il est devenu loin de son amour.

D'abord son corps se met à tressauter. Isaak essaye de contrôler ses membres mais n'y parvient pas. Il lui faut cacher son visage derrière ses mains et replier les genoux contre sa poitrine pour essayer de contenir l'appel à l'aide de son être au bout du rouleau. Tête baissée, Coalman sent tous les barrages de sa douleur céder en même temps sous le poids des regrets. Il repense à Travis et au centre de recherches contre Parkinson, à toutes ces précautions prises pour disparaître en faisant le moins de vagues possibles dans la vie de Max. Lorsqu'il prend la parole, c'est d'une voix meurtrie par la peine et dont le timbre raisonne d'une culpabilité à laquelle il ne sait plus comment faire face. Je te demande pardon. Pardon, pardon, pardon. Il le répète plusieurs fois en pressant fort ses paumes contre ses paupières. S'il avait la force, peut-être qu'il s'arracherait les yeux pour cesser de pleurer, d'être lamentable et décevant sous le regard de cet homme qu'il aime plus que ses capacités ne lui permettent de le démontrer. La pression derrière ses tempes est trop élevée, elle lui donne mal au crâne mais les maux physiques ne sont rien comparés aux déchirures de son esprit. Incohérent, Isaak oublie de structurer ses propos et laisse sortir tous ces mots qu'il aurait voulu lui dire depuis son départ mais que le champagne s'est chargé de refouler dans le fond de son estomac. Je pensais que tu voulais une vie normale, sans carte gold, sans domestiques, sans paparazzis, mais je voulais aussi être certain que tu ne manques de rien et je ... Il renifle en songeant au Casino, à son job de manager et aux heures supplémentaires pas toujours désirées mais dont il s'était convaincu de la nécessité, ne serait-ce que pour avoir de quoi parer immédiatement à tout problème inopiné relatif à la maladie et aux frais d'hôpitaux exorbitants. J'ai fais la seule chose que je sais faire : du fric. Son mépris est palpable, sa gorge est sèche ; Isaak peine à déglutir tant il se dégoûte. Si tu savais comme je regrette ... Tellement qu'il  voudrait en mourir, mais ça aussi, il le regrette.

Cachant son visage dans le creux de son coude, il s'accorde une minute entière de sanglots si intenses qu'ils le vident du peu de substance qu'il lui reste. Lorsqu'il redresse la tête, le nez rouge et la respiration si faible qu'on ne saurait dire lequel des deux est le plus malade, son regard est une porte ouverte sur la seule chose qui le maintient en vie : l'amour irrationnel qui l'anime. C'est toi ma vie, Chad.

nous deux, moins toi.

@Felix Twist

L'intensité du moment qu'ils partagent est si importante que tout cela le prend aux tripes. Chad sent bien qu'il est à deux doigts de mettre de côté ces semaines de silence pour l'embrasser et tout gâcher.
Gâcher, oui, cette chose qu'il tente vainement de lui faire comprendre et de lui faire entendre, surtout. Difficile pour l'univers de tendre l'oreille à une tristesse silencieuse. Difficile de lui donner une réelle identité, des formes, des couleurs ; tout ce qui pourrait pourtant le sauver. Et il trouve cela presque ironique, de devoir user du silence pour la faire entendre. Il considère la vie soudainement moins belle, presque vicieuse. Autour de son doigt, son alliance lui rappelle pourtant qu'il y a encore tout un tas de choses pour lesquelles il faut se battre mais les mots d'Isaak le bouleversent comme il ne l'a plus été depuis longtemps. Son cœur à la renverse, le colosse reste tout de même fort et se tourne pour l'écouter, faire face à ce visage qu'il lui cache et dont il voudrait effacer chaque larme assassine.

Ils étaient venus ici pour se reconstruire, créer un paradis qui tourne finalement en un enfer inépuisable.

C'est toi que je voulais. Une vie simple où le boulot ne passerait pas avant tout. J'avais juste oublié que simple, tu ne l'es pas. Il lui adresse un sourire complice malgré tout, le genre de petit sourire de rien du tout, un brin timide et mélancolique mais quand même là, comme pour le rassurer, lui montrer que lui aussi n'est pas parfait. La seule chose que tu sais faire ? Le paysage du Wyoming se redessine autour de lui, longtemps que ces souvenirs là n'étaient plus venus lui rendre visite. Cela lui met une claque de voir la mer devenir des montagnes interminables, tout un monde époustouflant d'infinité et de beauté. Lorsque nous étions au Wyoming, tu m'as laissé entendre que tu ne savais rien faire et je t'ai demandé de me dire trois de tes qualités. Tu te souviens de tes réponses ? Parce que moi oui, jamais je ne pourrais les oublier. Sa voix n'est pas nostalgique, elle est douce, enclin d'une émotion qui illumine ses yeux en réalisant comme Felix peut être une personne magnifique. Tu m'as avoué que tu n'avais jamais eu autant d'espoirs que depuis que tu me connaissais et que tu persévérais pour nous. Que tu ne lâcherais jamais rien de ce côté là. Tu avais raison, sur toute la ligne. Tu n'as jamais rien lâché. Sa main termine par traverser la distance et caresser délicatement ses cheveux. Max se fiche que Felix pleure. Les larmes sont salvatrices. Il en connaît quelque chose pour les garder trop souvent pour lui. Je le sais tout ça ... Il murmure, rassurant. Bien sûr qu'il sait qu'Isaak le considère comme sa vie, il n'en doutera jamais. Je le sais. Son timbre devient de plus en plus faible jusqu'à se briser totalement.

Je n'avais pas à t'abandonner si longtemps. A notre stade, ce n'est plus un devoir mais une nécessité de rester ensemble. Surtout quand on sait que leur lien est au delà de toutes rationalités. Isaak et Chad dépassent le stade de la raison, ils le savent, ont décidé de l'assumer quitte à se brûler parfois les ailes. Son corps termine par glisser sur le sable pour passer son bras dans le dos de son mari et le ramener contre lui, le protéger du léger vent qui se lève et chérir sa silhouette trop frêle. On va se laisser du temps maintenant. Tu vas t'accorder une pause pour te remettre de tout cela et je vais prendre les choses en main. Tu n'auras à te soucier de rien si ce n'est de ton propre bien être. Pour la première fois, ce sera lui qui travaillera, lui qui subviendra à leurs besoins en sachant que son salaire est minable à côté de celui d'Isaak mais qu'importe.

Efface ces larmes maintenant, tu sais que je deviens con quand tu chiales. Élan de force masculine qui le prend à la gorge alors que celle-ci dormait ces derniers temps. Il se rappelle pourtant bien New York et son besoin de montrer à Isaak qu'il était au dessus, physiquement uniquement mais mentalement aussi, peut-être, un peu parfois. Des deux, Felix était toujours celui à éclater en sanglots et perdre les pédales là où Chad se montrait fort et impressionnant. Dans ce regard qu'il lui lance, il a ce même air qu'au Sapphire lorsque les autres friqués doutaient encore de lui jusqu'à ce que son mari ne termine à l'hôpital sous leurs yeux.
C'est étrange, Max se sent particulièrement tendre et protecteur envers Isaak à cet instant mais il ressent aussi ce besoin presque bestial de le prendre aussi violemment qu'au Wyoming. La seule différence serait le sable et le bruit de la mer. Ses doigts se referment brutalement sur le pull trop épais de Felix. Espérons qu'il ne reconnaisse pas cette pression et cette tension dans son corps. La même qui avait tenté de les briser alors qu'il s'était retrouvé seul, le pantalon baissé au milieu d'herbe et de terre.

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@Maxym Twist & son chat

Entendre Chad lui rappeler qu'il n'a rien d'une personne simple et facile à vivre le désole autant que cela lui arrache un sourire triste, teinté de dépit et de résignation. Comment en vouloir au blond de l'avoir oublié quand lui-même s'est laissé aveugler par son propre optimisme ? Isaak voulait tellement y croire, repartir de zéro et devenir Felix Twist, cet homme qui n'apporterait que du bon à sa moitié. Ni sang, ni larmes, ni passé sulfureux. Rien qu'eux, leur amour et leur volonté de vivre ensemble le temps que Parkinson voudrait bien leur laisser de bonheur avant que la vie ne s'arrête pour de bon. En dépit de tous ses efforts, le chat accuse le coup. Difficile pour lui de ne pas se sentir seul responsable de leur naufrage. Tout ce que cet échec lui inspire se résume à une espèce de fatalité qui veut que ses casseroles le rattrapent où qu'il aille et plongent quiconque l'y suit dans des abysses qu'une vie entière de fuite ne suffirait pas à distancer. Aussi baisse-t-il les yeux lorsque l'ours évoque le Wyoming. Toute la peine qu'il ressent rend leurs souvenirs douloureux et les drape d'un voil de regrets propice à l'épanouissement de ce sentiment de nullité absolue qui le prend aux tripes. Dans ces montagnes, Isaak désirait tellement voir son amour sourire pour le restant de ses jours qu'il laisse Chad lui caresser les cheveux en tachant d'accepter ses propos comme un réconfort qu'il estime pourtant ne pas mériter. Avoir tenu bon pour se retrouver à pleurer sur cette plage aujourd'hui lui semble être pire que mieux. Il se souvient de ce cri poussé dans la nuit et de cet orage violent qui avait bien failli noyer leur campement. L'Australie n'est-elle qu'un autre de ces orages qui en veulent à leur bonheur ?

Ce n'est qu'en entendant le blond parler de l'avenir qu'Isaak réussit enfin à passer outre ses remords et sa honte d'avoir échoué. Le corps aussi fatigué que l'ame, il inspire l'odeur du colosse et se laisse aller au creux de son bras. Savoir qu'ils resteront ensemble suffit à l'apaiser et à lui faire hocher la tête pour accepter les conditions. Dans l'état actuel des choses, seule la présence de Graham à ses côtés semble être la solution adéquate pour maintenir Isaak en vie. La notion de nécessité s'impose comme une évidence quand on voit qu'une seule accolade suffit à le réchauffer bien plus que ce gros pull trop grand pour lui. Le visage encore humide, Coalman fait un effort pour reprendre le contrôle de ses émotions écorchées, conformément à la demande de sa moitié. Lorsqu'il sent la prise se resserrer autour de son vêtement, son corps s'immobilise comme celui d'un cerf en alerte. Ses paupières jusqu'alors fermées pour savourer l'étreinte se rouvrent et fixent sans la voir la ligne d'horizon derrière laquelle le jour et la nuit se disputent les derniers rayons de soleil. Plusieurs secondes s'écoulent dans le silence relatif que leur offre la plage sans qu'aucun d'eux ne bouge d'un centimètre. Figé, Isaak sait que le lien qui les unit exclue toute interprêtation erronée du geste, quand bien même les passerelles le reliant à Chad n'ont jamais été aussi fragiles. Ici, les clapotis de la rivière ont laissé place aux grondements des rouleaux d'eau salée s'échouant à leurs pieds et le sable présent par milliers de tonnes n'est peut-être rien de plus que de la poussière de montagnes usées par le temps. Encore imprégné des souvenirs du Wyoming, Isaak réfléchit à toute vitesse, le corps à la fois réceptif et étrangement lent à la détente, comme si la mécanique de son désir s'était grippée en l'absence de l'objet de tous ses fantasmes.

- Aujourd'hui, ça fait trente jours ... Qu'il est parti. Que leurs lèvres ne se sont plus trouvées ; que leurs corps ne se sont plus rencontrés et qu'Isaak se transforme peu à peu en fossile. Pourtant, il suffit qu'il fasse le parallèle entre ce mois d'abstinence et le premier de leur histoire pour rendre la situation moins complexe vis à vis de son organisme si violemment sevré du blond qu'il peine à répondre au quart de tour, comme avant. Sa main se pose sur celle de Chad encore crispée autour de son pull, ses doigts pressent ceux du colosse tandis qu'une lueur invisible réchauffe ses entrailles. Chad a peut être raison, après tout, lorsqu'il parle de passe à surmonter. Enfermé dans sa détresse, Isaak ne s'était même pas rendu compte de son exploit. Un mois de plus à prouver qu'il n'aime pas son homme uniquement pour sa queue ; sans sextos, sans branlette dans les vestiaires du gym et sans pipe à la fraise dans le jacuzzi d'un hotel de luxe pour tenir le coup. Tournant le regard vers le blond, il lui accorde son premier vrai sourire depuis leurs retrouvailles. Ce dernier est encore hésitant, certes, mais l'on y lit une certaine satisfaction : Je suis fidèle. Pour la première fois de sa vie ; preuve s'il en faut que cet homme là est forcément le bon, quand bien même brille au fond de ses yeux des vices que seul la fureur de leur passion peut tolérer.

nous deux, moins toi.

@Felix Twist

Trente jours.
Il s'en souvient comme si c'était hier. Des nombreux sms, des longs appels, de ses rêves mais aussi de ses cauchemars. Il ne savait pas si Isaak tiendrait le coup, s'ils cesseraient de se voir avant les trente jours et cela l'avait tellement torturé qu'il aurait pu en devenir fou. Ce qui le traverse à cet instant, c'est l'évidence avec laquelle Chad n'a pas douté de son mari durant ce derniers mois là où il ne cessait de se faire un sang d'encre lorsqu'il rentrait trop tard du travail. A croire qu'il fallait partir pour se rendre compte de la loyauté de l'autre, à croire qu'il fallait couper les ponts pour comprendre qu'ils ne peuvent pas vivre l'un sans l'autre, à croire qu'il fallait se taire pour avoir plus envie que jamais de lui adresser la parole. La mer est belle mais ce qui l'est encore plus, ce sont les mots de Felix.
Je suis fidèle.
Sans compter le coeur de Max qui se serre si brutalement qu'il ne sait pas comment réagir. Idiot de se dire que la peur refait surface uniquement lorsque son époux lui fait part de sa fidélité. Avant ça, Max n'y pensait pas. Maintenant, tout lui tombe sur la gueule avec une telle puissance qu'il resserre un peu plus son étreinte sur Isaak. L'Australie n'a encore jamais vu les travers de Chad, bien plus subtils et vicieux que ceux de son mari. La complexité du colosse réside dans le fait de pouvoir être irréprochable mais aussi de dépasser toutes les limites.

Le regard qu'ils s'échangent suffit à partager plus de sentiments et d'ondes que n'importe quels mots que Max est incapable de lui offrir. Installé aux côtés de son homme, son regard pointe l'etendu infini sous leurs yeux d'un regard accusateur. Comme si tout cela était de sa faute, comme si tout cela était prémédité depuis trop longtemps pour qu'ils puissent l'éviter. Coincé sur cette île, les souvenirs de leur voyage restent l'unique façon de pouvoir encore s'échapper de cette cage qu'est devenue l'Australie. Et lorsque la nuit tombe, que le vent ne suffit plus à les tenir en vie, la silhouette de Maxym se redresse en aidant automatiquement Isaak à le faire à son tour. Il a mis le mode intuition en marche et sait instinctivement comment réagir sans avoir à réfléchir. Le blond l'aide à se relever parce qu'il le sait faible. Tout comme il reste bras dessus bras dessous dans les rues les ramenant chez eux parce qu'il a bien compris que cela apportait du baume au coeur de Felix qu'il aime avec une telle ampleur que cela en viendrait presque à lui scier les jambes en deux. Il trouve troublant cette faculté de tout abandonner pour une seule et unique personne. S'il trouvait ça cruel autrefois, Max accepte aujourd'hui de donner de l'importance à la survie de son mari plus qu'à celle de son entourage En réalité -et pour être honnête avec lui-même- l'existence des autres indiffère le colosse alors qu'il ferme derrière eux la porte d'entrée à double tour.

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@Maxym Twist & son chat

Le regard de Chad sur la plage. Isaak y repense avant de s'endormir, les paupières closes et la tête bien enfoncée dans l'oreiller pour optimiser la sensation de confort tandis que Maurice lui ronronne au creux du cou. Les yeux si bleu et si expressifs de son amour accompagnent sa respiration qui trouve peu à peu son rythme de croisière pour la nuit. Les silences en battements de cils de Graham ont toujours été ses préférés. C'est apaisé que Coalman s'endort, habité d'un espoir que le chemin du retour a su rallumer en lui. Bien au chaud sous la couette, il se laisse sombrer avec la certitude que les choses finiront par s'arranger. Qu'importe si elles ne redeviennent pas comme avant. Ce soir, face à la mer, il a compris que meme l’avenir ne saurait les séparer définitivement. Réduire leurs perspectives à ce seul point crucial l’aide à fermer la porte à toutes ses peurs ainsi qu’aux nombreuses inquiétudes qui l'habitent. Celle de ne plus être assez bien pour le blond, par exemple, où bien trop maigre, où trop pauvre maintenant qu'il a vidé ses comptes au profit de la fondation Graham. Chassées par le souvenir du bras de Chad autour de ses épaules, ses chimères se mettent en pause et sembles enfin disposées à lui offrir une véritable nuit de sommeil réparateur et sans cauchemards ...

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@Maxym Twist & son chat

Une dizaine de minutes plus tard, Felix sort la tête de sous les draps en se léchant les lèvres, les cheveux en pétard, les joues roses et le regard brillant. Bonjour. Dit-il, comme si de rien n'était avant d'embrasser le blond et de se lever pour préparer le petit déjeuner. Les fesses à l'air, le t-shirt froissé, il s'affaire quelques instants puis revient avec deux bols remplis de fruits, d'avoine, de lait de soja et de graines dont il se moquait jadis lorsqu'il voyait un grand gaillard comme Graham picorer tel une poule. Aujourd'hui, rien ne lui fait plus plaisir que de couver son blond dans ce petit nid d'amour. Il sait qu'il lui faudra du temps pour se faire à ce nouveau rythme de vie, que chaque absence de Max sera une lutte contre la peur de ne pas le voir revenir, que l'absence de richesse risque de le frustrer mais le sourire de sa moitié au moment de lui tendre le bol suffit à le rassurer.

Une cuillère après l'autre, Isaak Coalman entreprend de revenir à la vie.