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Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 Fed my heart on ancient light + Olivia

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Marcus O'Brian
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MessageSujet: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyMer 10 Oct 2018 - 8:02

Londres, courant du mois de septembre 2018, quelques semaines avant le grand départ.

Samuel était un écrivain à succès, il avait eu plus d’une fois son visage placardé sur les abribus, le summum du succès, surtout dans une ville comme Londres, s’il vous plais. Il avait été invité aux plus célèbres talk-shows du pays, il était doué, qu’on disait, une vague de fraîcheur dans le monde de la littérature -ça c’était l’un des gros titres qui accompagnaient sa tête sur les affiches-. Et en plus il était charmant, regardez-le, avec sa belle gueule, rassurant avec ses épaule carrées de bûcheron et ses cheveux soyeux dans lesquels vous auriez envie de passer la main, il n’aurait pas du tout la tête de l’écrivain qui passe sa vie dans les bouquins, et pourtant…. En bref, Samuel avait tout pour lui, la reconnaissance du milieu, l’amour du public, un appartement bien placé dans le Londres branché, il avait des entrées dans les meilleurs clubs et même quelques connaissances célèbres, il avait tout. Pourtant ce matin il s’était levé à l’aube pour un rendez-vous dès la première heure avec Edward, son éditeur. Et Edward, dès le matin, n’était pas très commode, il lui fallait toujours au moins trois cafés serrés pour avoir les yeux en face des trous, avant, il était simplement imbuvable. Alors s’il avait convoqué Samuel à cette heure là c’était bien pour lui passer un savon. Oui, vous avez bien lu, il l’avait convoqué. A une époque c’était Sam qui pouvait choisir de convier son peuple, il pouvait débarquer dans les locaux de Pearson à toute heure et on lui déroulait le tapi rouge, ventre à terre. Mais les choses avaient changé. Depuis tout le monde savait ici que  Pohl était fauché et qu’il ne vivait que sur l’avance qu’on lui avait accordé pour l’écriture de son troisième roman, il y avait déjà presque deux ans de ça et sur l’héritage de sa mère récemment décédée. Aujourd’hui Samuel était devenu, aux yeux de tous, un petit con arrogant qui ne faisait que des promesses en l’air, un arriviste qui ne savait pas ce que c’était que de relever les manches et se mettre au travail. Un homme qui ne tenait pas ses engagements mais qui se pavanait pour se faire aimer du public en le tenant en haleine et en souriant pour les photos et les selfies avec les fans, qui parlait de son prochain bébé, celui dont il n’avait écrit qu’un chapitre, prometteur, mais qui n’avait aucune suite, ça, le public ne le savait pas. Aujourd’hui, Edward en avait marre de le supplier de travailler, il comptait bien le mettre au pied du mur et ça Samuel le savait. Alors croyez bien que son air sympathique, sa belle gueule et sa notoriété n’aurait aucun effet sur ce vieil anglais qui commençait à être aigri, il avait été assez gentil avec son protégé, il avait cru en lui, il l’avait propulsé et si aujourd’hui il ne touchait plus terre c’était bien grâce à lui et il avait bien l’intention de le lui rappeler, sans lui il ne serait rien.
Pohl était arrivé à l’agence en jean baskets et sweat à capuche, on aurait presque dit qu’il sortait de la salle de sport, clairement, ce matin il n’avait fait aucun effort de présentation. L’entrevue avait duré une bonne demi-heure, sans compter celle, réglementaire, durant laquelle il avait poireauté dans la salle d’attente alors que l’éditeur sirotait tranquillement son premier café. A ce moment là Sam avait eu l’impression de revenir presque huit ans en arrière, quand il avait eu son premier rendez-vous ici et qu’il était encore serveur dans un fast-food de Kings Cross. Les premiers mots avec Edward furent presque chaleureux, puis rapidement plus fermes et le volume sonore monta d’un cran entre les deux hommes pour finir par devenir très froid, on aurait presque dit un père qui passait un savon à son gamin pour ne pas avoir filé droit. Et c’était un peu ce que l’homme ressentait quand il voyait le grand gaillard devant lui, toute la déception d’avoir mis tant d’espoir en son poulain qui à présent lui faisait perdre son temps. Samuel promis qu’il ferait un effort, qu’il allait se bouger, parce qu’Edward l’avait menacé de le congédier en lui demandant son avance et les intérêts qui allaient avec s’il ne pondait pas une bonne base d’histoire et quelques chapitres avant la fin de l’année en cours, soit un peu moins de trois mois. L’entrevue se termina avec une accolade plutôt rapide durant laquelle l’homme fatigué glissa au blond que s’il ne croyait pas en son talent il aurait été viré bien plus tôt que ça et sans aucun sentiments. Samuel quitta le bureau la gorge nouée, parce qu’il savait qu’il n’avait plus d’inspiration, qu’il essayait, depuis des mois mais que rien ne venait et ce n’était pas ces quelques remontrances qui allaient réveiller sa verve.
Il passa dans les couloirs de l’immense tour, prêt à s’engouffrer dans l'ascenseur qui n’était plus à quelques pas et à refaire le chemin inverse pour retourner s’affaler dans son lit. Mais à travers les cloisons de verre qui constituaient chaque bureau il remarqua, dans l’un d’eux, un visage qu’il cru reconnaître, un fantôme, une apparition. Olivia. Figé sur place, durant quelques secondes il  observa la silhouette de dos, son port de tête, sa stature, droite, ses cheveux presque courts qui dansaient dans sa nuque. Il l’avait reconnue, comment l’oublier ? Mais déjà les questions se posaient, que faisait-elle ici ? C’était impossible, elle n’avait rien à faire dans une maison d’édition. Non, il devait s’être trompé. Il resta encore à l'affût quelques secondes, espérant qu’elle se retourne pour confirmer ses doutes. Mais elle restait là, droite comme un I à écouter son interlocuteur. Et Samuel se dit que ce devait bien être ça, un fantôme, un mauvais tour de son imagination. Puis il tourna les talons, prêt à aller appeler l'ascenseur.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyMer 7 Nov 2018 - 0:38

La secrétaire de son éditrice l'avait accueilli avec au moins autant de chaleur que cette dernière. Une attitude à laquelle la Carteret n'était plus vraiment habituée, ces derniers mois. Au mieux, on les assénait quelques sourires compatissants, dégoulinant d'hypocrisie ; au pire, certains - ou plutôt certaines, plus particulièrement - osait des sourires en coin franchement moqueurs. Ainsi allait la vie dans les strates aristocratiques anglaises. Une réputation se gagnait aussi chèrement qu'elle pouvait se défaire en un instant et parfois, comme dans le cas de la jeune veuve, sans que la faute vous en incombe. Un mauvais entourage, un fait divers graveleux, suffisait à vous réduire à rien. On ne la conviait plus aux brunchs du dimanche ni aux réceptions données en l'honneur de la dernière naissance en date. Le Highgate, s'il ne lui fermait pas ses portes, avait étonnamment tout à coup bien du mal à lui trouver une table ou un cour libre - pour peu qu'elle eut un partenaire pour l'accompagner. En somme, pire qu'une parvenue, Olivia était désormais une reine déchue. Aussi avait-elle apprécié à sa juste valeur les délicatesses de Joanne, celle qui l'avait découverte et publié quelques années auparavant. La femme avait même eu le bon goût de ne faire que survoler le cataclysme de son dernier roman, lequel avait, disons-le clairement, fait un four total. Chose que la brune, cigarette brûlant entre les doigts, n'avait, elle, eu aucune difficulté à évoquer. « Cinquante mille exemplaires renvoyés, ce n'est pas un "incident de parcours", Joanne. Plutôt le doux sifflement du couperet de la guillotine. » s'était-elle ouvertement amusée, pétrie de dérision. De quoi choquer son interlocutrice, cette dernière balayant sa remarque d'un revers de la main. « Ne dis pas n'importe quoi, ma chérie ! Tu verras, on s'arrachera le prochain ! Erreur de parcours, te dis-je ! » Olivia avait haussé les épaules, exposant une nonchalance caractéristique de sa nature indolente. « Si seulement Jeremiah avait pu passer son fusil à gauche quelques mois plus tôt, j'aurais pu publier sous mon véritable nom et il aurait probablement fait de moi une star de la littérature criminelle. Même en cela, il ne m'aura été d'aucune utilité. » Œillade pétillant de malice qui s'était heurtée à la mine réprobatrice de son éditrice. « Trésor, peut-être devrais-tu ... As-tu pensé à prendre quelques vacances ? » Finalement, Joanne avait opté pour la stratégie douce, plutôt que de lui rentrer dedans. Rien qui ne risquait d'éveiller l'artiste en elle. La Carteret avait soupiré, avant d'écraser son mégot dans le cendrier immaculé que l'autre avait sorti à son attention. « Mais enfin ! Qu'avez-vous tous avec ça ? » Une manie que celle de vouloir la dégager de son propre pays, n'est-ce pas ?

L'entrevue s'était terminée sur la promesse que la maison la rappellerait sous peu afin de lui proposer une somme pour son avance. Olivia n'y comptait pas trop et à dire vrai, n'était pas certaine d'en avoir quelque chose à faire. Sa carrière d'écrivaine était peut-être révolue, au regard de l'inspiration proche du néant qu'elle expérimentait depuis près d'un an. Elle s'arrêta à l'accueil où la secrétaire, toujours aussi avenante, lui demanda de lui dédicacer un exemplaire de son premier livre - et best-seller - et leva soudain le nez alors que le stylo entamait le dernier « t » de son nom de famille. Comme si on l'observait. Elle se retourna mais ne vit que la silhouette indéfinissable d'un homme de dos, appuyant sur le bouton de l'ascenseur. « Quelque chose ne va pas ? » La brune fit signe que ce n'était rien, une impression vague et probablement due à tous ces mois d'attention malvenue. Elle laissa la femme la remercier et prit à son tour la direction de l'ascenseur, son chemisier à jabot s'agitant sous ses pas, tandis que ses longues jambes étaient entravées par une jupe crayon et rehaussées de Louboutins au moins aussi cher que le sac à main qu'elle tenait. Elle avait déjà rallumé une cigarette, faisant fi de la loi interdisant de fumer dans les espaces publics. Les conventions ne l'étouffaient que quand cela l'arrangeait. « Avez-vous remarqué comme ces machines sont d'une incroyable lenteur dès lors que l'on voudrait partir d'un endroit au plus vite ? » interrogea-t-elle l'homme qui, à l'instar d'Olivia, patientait. Toutefois, son souffle grisâtre se perdant sur les portes désespérément closes, elle fixait le vide, sans un regard pour l'inconnu. Si bien qu'elle ne réalisa pas qu'il ne l'était pas tant que ça.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyVen 9 Nov 2018 - 13:43

Il venait de se prendre un savon comme un gamin, comme s’il avait besoin qu’on lui fasse la morale, comme s’il ne savait pas qu’il déconnait déjà depuis un bon moment. Si Samuel avait été l’employé lambda d’une entreprise comme une autre, il se serait fait virer depuis bien longtemps. Mais voilà, il avait fait gagner beaucoup d’argent à son éditeur, il était l’un des auteurs fards de la maison et l’un des chouchous du public. Encore aujourd’hui malgré ses silences, les fans attendaient le prochain livre et Pearson faisait tout pour entretenir le mystère, l’espoir d’un prochain roman génial à paraître très bientôt. Même si tout cela n’était que du vent. C’était donc la raison qui faisait que Pohl était encore le bienvenu dans ces murs, pourquoi Edward lui faisait la morale et allait jusqu’aux menaces mais avec un fond de bienveillance, parce qu’ils voulaient le garder, parce que si ce petit arrogant d’allemand se mettait à écrire de nouveau, il resterait leur poule aux oeufs d’or. Sam, lui, doutait sérieusement de réussir à écrire quoi que ce soit, pas en ce moment, pas alors qu’il avait bien trop de choses en tête. Et des histoires bien différentes de celles qu’il avait l’habitude de raconter. Sa propre histoire, sa famille, sa mère et son frère. Donovan, après des mois de recherche et de nombreux moyens mis en oeuvre, il avait enfin retrouvé sa trace. Sauf qu’il se trouvait bien plus loin que ce à quoi il s’attendait. S’il avait pensé devoir faire le chemin inverse que celui qu’il avait fait lorsqu’il était gamin, retourner dans son Allemagne natale, renouer avec une vie dont il ne se souvenait pas, il s’était lourdement trompé. Chamberlain semblait s’être exilé le plus loin possible, à l’autre bout du monde, en Australie. Une fois la stupeur passée, toute la question était alors de savoir si ça valait le coup de prendre un billet d’avion pour aller rencontrer un inconnu aussi loin. Et cette question le travaillait, depuis des jours il ne pensait qu’à ça, alors son bouquin avorté attendrait encore un peu.
Alors qu’il pensait encore aux menaces d’Edward qui, malgré tout, n’étaient pas tombées dans l’oreille d’un sourd, Samuel fut frappé par une autre réminiscence de son passé, un visage deviné à la volée, une sensation, puis une voix, qu’il pensait avoir oublié depuis bien longtemps. Celle-ci s’éleva derrière lui alors qu’il attendait l’ascenseur. Créant une décharge électrique, un frisson qui remonta l’échine du grand blond. Il n’avait pas revu Olivia depuis des années, la dernière fois qu’il était retourné sur leur île avant le décès de sa mère, quand il l’avait déménagé pour qu’elle vienne le rejoindre à Londres dans l’appartement qu’il lui avait acheté. Ils s’étaient croisé, furtivement, il se souvenait de son attitude froide et distante, de cette bague qui brillait fièrement à son doigt. Il l’avait félicité pour son mariage, à l’époque celui-ci avait fait grand bruit. Depuis il avait appris que son époux était décédé d’une façon risible, les nouvelles allaient vite, mais il ne s’en était pas ému, ni réjouit, la belle anglaise faisait parti de son passé. Et puis ils n’étaient pas du même monde, Lord Carteret le lui avait bien fait comprendre, des années plus tôt. Il ne pris pas la peine de se retourner après qu’elle lui ait adressé la parole, toujours dos à elle, avec sa capuche sur la tête, il esquissa un demi sourire, incapable de savoir s’il était heureux ou non de devoir partager un ascenseur avec son ancien coup de foudre. Ce qui était sûr c’est qu’elle ne se doutait pas à quel point ses mots étaient bien choisis, au regard de leur situation. A croire que le destin se joue de nous. Ou que nous sommes les héros d’un mauvais roman sentimental. N’est-ce pas Olivia ? Il se retourna pour la fixer avec une pointe d’espièglerie dans le regard. Samuel aimait les effets de surprise alors il ne gâchait pas son plaisir d’avoir l’avantage face à elle, celle qui semblait continuellement imperturbable, avec son éternelle clope au bout des ses doigts délicats.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyDim 11 Nov 2018 - 0:21

Pourquoi entamer une conversation avec un parfait étranger ? Certainement parce que la belle brune n'avait guère grand-monde avec qui discuter désormais. La solitude qu'elle affectionnait tant pouvait s'avérer pesante lorsqu'elle était subie et non choisie. Oh ! Il demeurait bien quelques « amies » qui la soutenaient malgré tout, toutefois ... Elles étaient si ennuyeuses. Toutes ne faisaient que babiller à propos du dernier yacht que leur riche mari s'était offert, de la garden-party où l'un des invités avait fatalement terminé ivre mort, de leurs enfants tous surdoués - te rends-tu compte, Oli, il sait lire alors qu'il n'est qu'en troisième année de maternelle ?! -, de leurs grossesses en cours, passées ou même à venir. Soit de toutes ces choses qui ne l'intéressaient pas ou auxquelles, concernant les bambins en tout cas, elle ne pouvait accéder malgré un désir présent depuis déjà plusieurs années. Un monde tournant autour de leur ravissant nombril et qui l'ennuyait profondément. Alors qu'avait-elle à perdre en risquant une question aussi simple, devant cet ascenseur ?  A croire que le destin se joue de nous. Ou que nous sommes les héros d’un mauvais roman sentimental. N’est-ce pas Olivia ? Cette voix, elle la reconnaissait. Eut du mal à l'associer à un visage jusqu'à ce qu'il se dévoile, l'homme mystère, l'ombre d'un fantôme depuis longtemps reclus dans les affres de son passé. Un éclair de surprise pure passa dans ses prunelles, sans cependant s'étendre jusqu'à ses traits. Faux-semblants et contrôle de soi étaient la base de la vie dans la jungle de la haute société. Ce qui n'empêcha pas le coin de ses lèvres de s'étirer en un sourire aussi mutin que l'était le regard de son interlocuteur. « Quelque chose comme Fifty shades of yesterday ? Au moins, nous avons déjà le titre. » répliqua-t-elle sans se démonter. Quand on savait que son époux était mort d'asphyxie érotique en tenue de latex, le jeu de mots était osé. Malgré ses grands airs, semblait-il que la jeune femme ne se prenait toujours pas au sérieux. « Samuel Pohl. Tu es encore plus beau que dans mon souvenir. Pari que je pensais intenable. » énonça-t-elle avec un naturel désarmant, faisant un pas jusqu'à ce qu'ils se retrouvent côte à côte. Ou plutôt, alors qu'elle pivotait vers lui, presque face à face. Ses yeux ne sauraient mentir : certains hommes s'empâtaient, d'autres se bonifiaient avec le temps. Et son ancien amour faisait indéniablement partie de la seconde catégorie.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyDim 11 Nov 2018 - 22:57

Non, il n’avait définitivement pas que ça à faire, renouer avec une ancienne connaissance alors qu’il se demandait si son passeport était encore valable pour prendre ce vol pour l’Australie. Surtout pas retrouver cette fille qu’il avait aimé secrètement, d’un amour si ardent, innocent, durant tellement d’années alors qu’elle lui restait continuellement indifférente. Coeur de pierre, c’est comme ça que leurs quelques connaissances communes la qualifiaient dans son dos, elle qui semblait ne jamais rien ressentir, elle qui était toujours impassible. Pourtant Pohl la connaissait, il savait qu’Olivia avait un coeur, il l’avait entendu battre contre son torse une fois, une seule, durant un moment d’égarement charnel, le seul où elle avait levé le masque pour montrer son vrai visage, celui d’une jeune femme fougueuse mais douce, indomptable mais tendre. La jeune Carteret avait compris ce jour là qu’il était épris d’elle et lui qu’elle ne lui était pas totalement indifférente. Mais ça n’avait pas duré, Charles Carteret, ayant saisit depuis bien longtemps les sentiments qui unissaient les deux jeunes amants, avait rapidement mis un terme à cette idylle naissante. Rappelant à Samuel comme il se devait la place qui était la sienne, entendons, tout en bas de l’échelle sociale alors que sa famille en tutoyait les sommets. Dès lors le jeune homme avait rasé les murs, repoussant les avances non dissimulées de sa douce amante, la reléguant presque au rang de passade. Bien que lui ne soit jamais réellement passé à autre chose. Les années avaient passé, il avait eu bien d’autres femmes dans son lit, mais aucune n’ayant eu la chance d’accéder à ses bonnes grâces, on le disait homme à femme, on le disait coureur, indifférent, lui n’arrivait simplement pas à trouver de fille qui ait autant de chien que celle qui avait grandi avec lui. Elles pouvaient être plus belles, elles pouvaient être plus douces, mais elles étaient toutes fades.
Après tant d’années, Samuel n’avait plus la prétention de connaître encore si bien celle qu’il avait longtemps côtoyé, mais il reconnut cet éclat de surprise, furtif mais bien réel, qui passa dans ses yeux l’espace d’une seconde. Son sourire s’étira alors, il avait fait son petit effet. Elle n’avait rien perdu de son verbe, à ce qu’il remarqua, tant mieux, il l’aimait ainsi, piquante et insolente. Le baiser dans l'ascenseur c’est un cliché vu et revu. On est au dessus de ça et mes intentions seraient bien plus sulfureuses. Il retira sa capuche et observa son interlocutrice, elle venait de lui faire un compliment, en vérité ce n’était pas surprenant, Olivia n’était jamais la dernière à dire ce qu’elle pensait. Il semble que le temps n’ait pas d’emprise sur vous, miss Carteret. Ou lady Astor peut-être ? Ou bien dois-je vous appeler Celia ? Celle-là je ne l’avais pas vu venir, je l’avoue. Pourquoi vous cacher sous ce pseudonyme ridicule ? Il avait compris, lorsque la secrétaire lui avait demandé une signature, qu’elle était la fameuse romancière mystérieuse. Le vouvoiement était de mise, depuis qu’ils n’étaient plus en âge de courir en culotte courte sur la plage de leur île, il était obligatoire pour Samuel de traiter Olivia comme l’aristocrate qu’elle était et il avait gardé cette habitude, seul le surnom qu’il lui donnait, Liv, subsistait comme une manie fâcheuse.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyJeu 22 Nov 2018 - 2:22

De tous les amants dont la Carteret avait fait l'affront à ses parents lorsque, adolescente, elle se prêtait au jeu de les rendre encore plus fous qu'ils n'étaient déjà, le fils de leur domestique avait certainement était le plus ... Conséquent. Pas en terme de dommages - aucun bâtard à cacher n'avait été à déplorer, pas plus qu'un scandale extra-familial - mais plutôt du fait de la place que leur brève idylle avait pris dans son cœur et dans son esprit. Le seul moment d'égarement qu'ils avaient partagé l'avait envahi toute entière, des jours durant. Pour finalement se solder par un rejet incompréhensible de la part du jeune homme. Il avait par la suite traversé le manoir tête basse, sans oser croiser son regard, repoussant les gestes tendres qu'elle tentait de lui donner, comme si avoir obtenu son intérêt était là un but atteint qui n'appelait pas à une autre fin. Puis, il était parti pour Londres. Et peu de temps après, on avait fêté les fiançailles tant attendues avec un homme qui, lui, ne cristallisait pas le fond du panier. Ainsi qu'on le sait, le mariage avait été désastreux. Ce que l'on ignorait davantage, c'était qu'au fond, l'arrangement était moins terrible qu'il n'y paraissait aux yeux d'Olivia. Liée à un homme envers qui elle peinait même à ressentir de l'affection, elle avait eu tout le loisir de continuer à rêver de son ancien ami et amant dans quelques moments de faiblesse, tout en se persuadant que, de toute façon, ainsi était tracée son existence. Fantasme resterait passé. Jusqu'à aujourd'hui, en tout cas. Le baiser dans l'ascenseur c’est un cliché vu et revu. On est au dessus de ça et mes intentions seraient bien plus sulfureuses. Un haussement de sourcils mutin répondit à l'affirmation toute aussi crue de son compagnon. La brune aimait cette brusquerie, être bousculée des carcans oppressants de l'hypocrisie avec laquelle on la bassinait à longueur de journée. De plus, elle partageait tout à fait sa lubie et ne voyait pas dans quelle mesure elle devrait s'en cacher. Il semble que le temps n’ait pas d’emprise sur vous, miss Carteret. Ou lady Astor peut-être ? Ou bien dois-je vous appeler Celia ? Celle-là je ne l’avais pas vu venir, je l’avoue. Pourquoi vous cacher sous ce pseudonyme ridicule ? « Pourquoi pas ? » Pas de trace d'étonnement, cette fois. Seulement ce petit sourire malicieux, à peine creusé sur sa peau de porcelaine. Elle ne s'offusquait pas davantage qu'il l'ait qualifié de « ridicule ». Vraiment, il avait toujours l'art de la titiller sur des détails. De quoi la ravir un peu plus. « Je voulais goûter à l'anonymat. C'est chose faite. » continua-t-elle, menteuse par omission, appuyant ses paroles d'un haussement d'épaules désinvolte tandis qu'elle lâchait son mégot dans une pauvre plante verte qui aurait mérité plus d'égards. « Hm ... Et pour toi, ce sera Liv. Avec du « tu ». A moins que tu ne cherches à me vexer. »  Comme s'il en fallait si peu ... Ce jeu-là ne prenait pas. En tout cas, elle tenait à leurs vieilles habitudes, qu'importaient leur âge ou le nombre d'années. Il restait celui auprès de qui elle avait grandi.

Le tintement de l'ascenseur les informa que la cabine était enfin arrivée. Vide. Elle s'y engagea la première, bientôt suivie de Samuel. « Où m'emmènes-tu ? » interrogea-t-elle à peine le bouton du rez-de-chaussée enfoncé, cette mine confiante toujours accrochée à ses traits. Qu'il la délaisse à peine retrouvée ? Inenvisageable. Pas cette fois. Elle ne le laisserait pas s'échapper avec la même aisance que tant d'années auparavant.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyVen 23 Nov 2018 - 20:31

Jamais Samuel n’avait cherché à entretenir la flamme qu’il avait pour Olivia. Jamais il n’avait gardé l’espoir qu’elle lui revienne un jour. Il n’était pas romantique, loin de là, plutôt pragmatique, terre à terre, il savait qu’ils n’étaient pas du même monde, qu’ils n’évoluaient clairement pas dans les mêmes sphères et que, même s’il avait tutoyé les sommets grace à sa renommée en tant qu’écrivain, il ne serait jamais du même rang que la famille Carteret. Si dans son adolescence il avait caressé certains espoirs, encore gamin, rêveur, il avait vite retouché terre quand le paternel avait mis les points sur les I après leur aventure. Depuis il s’était fait à l’idée, cette fille n’était pas pour lui. D’ailleurs il partait du principe qu’il n’avait pas besoin d’avoir une corde au cou tenu par une femme pour être complet. Entendez bien, il y avait tellement de jolies filles, partout, une vraie foire à la tentation, pourquoi se contenter d’une seule, toute sa vie ? Il ne voyait pas l'intérêt de se marier ou de fonder une famille, il se disait que ce n’était pas pour lui et croyez bien que ça lui laissait beaucoup de liberté. Pourtant, au fond de lui, bien enfoui, il y avait toujours ces cendres encore rouges, qui menaçaient de s'embraser, s’il recroisait celle pour laquelle il avait déjà succombé. Peut-être ne revérait-il pas tous ses grands principes pour ses yeux de biche, mais s’agissant de Liv, il ne répondait plus de rien. Et leur rencontre, aux portes de cet ascenseur, en était la preuve. Si vous pouviez la voir comme lui la voyait, elle était parfaite. Avec sa moue boudeuse, faussement offusquée par les brusqueries de son ancien camarade, elle avait cette classe naturelle, elle était au dessus de tout, bien au dessus de lui qui se sentait minable dans son sweat à capuche avec son air négligé. Elle ne l’était jamais, négligée. Néanmoins cette fois-ci il ne comptait pas raser les murs, il n’allait pas se rabaisser, il avait changé, pris en assurance, il n’était plus le gamin timide qu’elle avait connu. Et le simple fait de la voir réveillait en lui l’instinct primaire de s’enfuir, mais pas seul cette fois, avec elle sinon rien. C’est daddy qui doit être content… Il se moquait gentiment de sa condition de pauvre petite fille riche, c’était de bonne guerre. Il savait qu’elle ne s’en offusquerait pas et même si elle le faisait, il n’en avait finalement rien à faire. Il hocha la tête en fixant le sol une seconde, guêné, elle voulait qu’il la tutoie, comme quand ils étaient gosses, pourquoi pas, il fallait qu’il s’y fasse mais ça retirait donc toutes les barrières. Ce satané ascenseur finit par s'ouvrir, vide, prêt à les accueillir. Une fois les portes refermées Sam observa Olivia avec un regard amusé, il cachait son trouble par une trop grande confiance en lui, il avait qu'il lui plaisait et lui était toujours terriblement attiré par elle, mais au delà de tout ça c'était tout un bouleversement que cette rencontre providentielle, comme si le destin s'amusait à lui donner toutes les cartes pour changer de vie en ce moment. Et la brune était sa pièce manquante, toute la question était, oserait il tout envoyer promener… On va chez moi. Il avait lâché ça le plus nonchalamment du monde, comme si la réponse était évidente. Ils sortirent de l'ascenseur et Pohl passa à la réception chercher un casque de moto. A moins que vous ayez mieux à faire, princesse. Le vouvoiement, là, c’était juste pour la forme. La moto, rutilante, l'un de ses nombreux caprices de nouveau riche, était garé juste devant l'immeuble. Il ouvrit le coffre pour y récupérer un second casque qu'il tendit à la belle Carteret avec un regard mi-provoquateur mi-interrogateur.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyLun 26 Nov 2018 - 1:29

On va chez moi. Sourire succinct, ombre fugace par-dessus ce cœur qui s'emballe. A mille à l'heure, à toute allure. Une sorte de rayon de soleil inattendu dans le paysage gris londonien. Pourtant, quand elle répond, c'est un : « Tu m'en diras tant. » qui s'échappe de ses lèvres, d'un ton plat, crasseux de cette indifférence qu'Olivia affectionne et dont elle se pare pour dissimuler la réalité de ses émotions. Il ne l'a pas éconduite, il n'a pas fui. Il entretient les braises de leurs retrouvailles impromptues avec une nonchalance qu'elle ne lui reconnait pas. Mais qui lui plaît. La noble jeune femme aime les jeux de bien des natures, et puisqu'il lui propose une partie, elle serait bien en peine de la lui refuser. Qu'importe qu'elle n'en connaisse pas les règles, le risque ne l'effraie pas. Au contraire, proposé par son ami d'enfance, il la galvanise. Sa morne existence de veuve condamnée à l'affliction se voit enfin illuminée par de nouvelles perspectives. A moins que vous ayez mieux à faire, princesse. Ils ont retrouvé le cirque de la rue, le ballet de ses passants pressés et de ses klaxons furieux. La moto est là, belle cylindrée que son regard avisé identifie sans mal comme presque neuve. Son sourire malin lui est aussi revenu, moins pour se moquer de cet étal de richesse que de sa proposition. « Allons, Sam, as-tu oublié ma passion pour les mauvais garçons sur deux roues, fut un temps ? » interroge-t-elle, l’œil brillant de malice. Temps révolu mais pas si lointain, celui où toute jeune fille, elle narguait Lord Carteret en s'enfuyant pour la journée, voire la nuit, à cheval derrière quelque mâle en blouson de cuir et basse condition. Jersey jasait de cette attitude outrancière, soupçonnait une grossesse malvenue, un mariage sans promesse d'héritage ... Mais il fallut bien se rendre à l'évidence, son ventre resta plat et la seule bague qu'on lui passa au doigt pesait sa livre de carats. Aussi les mémoires s'étaient-elles effacées. Du moins, pour la plupart. « Non, le problème réside dans ma tenue. Comment suis-je supposée chevaucher cette bête-là vêtue de la sorte ? » D'un geste élégant de la main, elle désigne sa jupe, un carcan de tissu certes d'excellente facture, mais qui pouvait aisément s'apparenter à une culotte de chasteté moderne : serrée et inaccessible. La peine qu'elle affiche révèle à quel point elle peut être mauvaise actrice, tant ses joues creusées d'un pur amusement la trahissent. « Je ne vois qu'une solution. » Et la voilà qui se courbe légèrement, s'empare du bas du vêtement à deux mains et en déchire les fibres jusqu'à mi-cuisses. Libérées de leurs entraves, ses pas la portent jusqu'au blond et elle récupère le second casque. « Et bien ? Qu'est-ce qu'on attend ? »  Il n'a plus qu'à grimper, elle le fera à son tour, défiera le vent et le froid anglais comme elle l'a fait à peu près toute forme de convenances.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyLun 26 Nov 2018 - 18:07

Il était direct, que l’on se le dise, il avait appris à posséder ce qui lui faisait envie et à en disposer comme bon lui semblait. Peu de filles s’étaient offusqué de cette brusquerie, aucune ne l’avait réellement éconduit, il avait tout l’air d’un homme qui savait ce qu’il voulait et à qui tout souriait. On était loin du blondinet qui restait assis durant des heures sur ses rochers, à fixer les vagues ou à noircir ses carnets, Samuel avait bien d’autres centres d'intérêts, son horizon s’était ouvert depuis qu’il avait quitté son île. Et ses perspectives avec. N’allez pas croire qu’il était violent ou ingrat pour autant, dans l’intimité il savait prendre le temps d’apprécier les choses, de se laisser guider s’il le fallait, néanmoins les sentiments étaient rarement de mise, il succombait rarement à plus que la simple luxure, n’en déplaise à certaine. Mais probablement que ce ne serait pas la même chose avec Olivia, même si de façade il semblait être totalement sûr de lui, en vérité Sam était effrayé de se retrouver face à elle, face à ces sentiments qu’il n’avait jamais pu exprimer et qui ne l’avaient jamais totalement quitté, le nombre d’années qui les avait séparé importait peu, le coeur semblait avoir ses raisons et son fonctionnement bien à lui, se foutant totalement qu’il perde la face ou qu’elle ne tombe pas vraiment au bon moment.
Il avait oublié, en effet, que la fille Carteret s’était encanaillée avec des mauvais garçons à une époque. Pourtant il les avait maudits, ces bikers de pacotille, avec leurs grosses moto souvent empruntées à leur père juste pour faire mouiller la petite culotte des filles. Et il l’avait trouvée frivole, elle, de succomber de cette façon si facile alors que lui se mourait d’amour pour elle. Ca avait pourtant été l’une des raisons principales qui l’avait poussé à quitter leur île, pour ne pas la voir s’échapper avec un mec différent chaque soir et revenir le lendemain avec le sourire satisfait de celle qui avait pris du bon temps. Mais au fond, sans qu’il s’en rende compte, n’était-ce pas pour venger ces années d’impuissance face à ces autres, qu’il avait acheté la moto la plus grosse, la plus belle et la plus chère du magasin presque sur un coup de tête ? Il roula des yeux pour simple réponse alors qu’il l’observait, juchée sur ses talons avec sa jupe crayon bien trop serrée. Comme si Liv devinait ses pensées, elle posa sa question. Si j’avais sû j’aurais sorti mon cheval blanc pour l’occasion… Mais j’imagine que tu vas trouver une solution. Pour Sam il n’y en avait pas beaucoup et si elle ne l’avait pas fait il se serait bien chargé lui-même de déchirer cette jupe qui, de toute façon, allait finir par connaître ce sort, à un moment où à un autre. Il haussa un sourcil, le spectacle valait son pesant d’or, il imaginerait aisément la tête de lady Carteret si elle voyait sa fille dans cet état, heureusement il était seul spectateur et son esprit était bien loin de leur île, il pensait déjà à la façon dont il la débarasserait du restes de ses vêtements. Il enfila son casque et fit gronder le moteur de la cylindrée. Et puis enfin ils quittèrent le trottoir, fendant l’air durant quelques minutes, seuls au monde dans les rues de Londres. Samuel se délectait de sentir le contact d’Olivia contre son dos, elle s’y pressait, à cause du vent, à cause des sensations de la route ou bien à cause du fait que c’était lui et pas un autre, il ne le saurait pas, évidemment la brune n’allait pas se rabaisser à lui donner le fond de sa pensée.
Une fois au pied de sa résidence, dans un quartier branché de Londres, tout près de la City, Samuel gara son bolide et attrapa la main d’Olivia. Il l’entraîna vers l'ascenseur, il vivait au dernier étage. Cette fois-ci, une fois les portes refermées derrière eux, il l’embrassa, parce qu’il n’en pouvait plus d’attendre, il avait besoin de la toucher, de sentir son souffle, de la retrouver, enfin. Il se gardait encore de parcourir son corps, il fallait conserver un minimum ses esprits pour parcourir les quelques mètres qui les séparaient de son appartement. Et quand ils furent chez lui, l’écrivain retira sa veste, posa son casque et ses clés, laissant à sa conquête le loisir de découvrir son intérieur, spacieux, moderne, très masculin puisque très épuré. Ils respiraient, pour mieux se retrouver.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyMar 27 Nov 2018 - 1:44

Elle revenait des années en arrière. Cette adolescente qu'elle avait abandonné aux griffes d'un mariage arrangé retrouvait la sensation de liberté qui l'étreignait quand elle partait à l'aventure, cheveux au vent et bras enserrant le torse d'un énième amant. Même le froid glacial ne parvenait pas à doucher son exaltation, l'impression que soudain, tout était possible, comme dans un mauvais roman de chick-lit dont elle aurait été l'héroïne consentante. Le fait de sentir le dos de Samuel contre elle, les courbes de son ventre sous sa poigne, était un plus qu'elle ne pouvait ignorer. Pire, il ne faisait qu'ajouter à l'étreinte d'émotions violentes qui la parcouraient. Émotions qui n'en étaient qu'aux prémices, elle en eut la confirmation quand, à peine descendus du véhicule et à l'abri de la seconde cabine de la journée, leurs lèvres se trouvèrent avec le plus grand naturel. Sa respiration haletante se heurta à celle, toute aussi fiévreuse, du beau blond. Le contact était délicieusement familier, exhalant des années d'un amour contrarié, occulté mais jamais oublié. Des années à rattraper. Bientôt. Pour l'instant, ils devaient encore se séparer un peu afin qu'elle découvre ce nouveau monde qu'il s'était construit durant tout ce temps. Les joues encore rosies de leur baiser, toute sa belle tenue chiffonnée par le voyage, elle embrassa du regard le luxueux appartement où il l'avait conduit. « On est loin de la chambre de bonne. » commenta-t-elle de ce ton entre cynisme léger et, oui, semblait-il, une certaine admiration. Non pas qu'elle le trouva plus attirant parce qu'il avait de l'argent - au contraire, ce constat aurait plutôt tendance à la rebuter -, mais parce que parti de rien, il avait acquis tout ce qu'il possédait par la force de son talent. Bien plus admirable que tous ces rentiers vivant de la spéculation sur les efforts d'un aïeul. Bien plus admirable qu'elle, en un sens - quoi que l'idée ne la traversa pas, elle n'avait aucune honte à profiter de la richesse de sa famille.

Elle repéra une bibliothèque ornant l'un des murs, presque seule personnalisation du lieu, et alla la délester d'un ouvrage au hasard. L'Attrape-coeurs, de Salinger. L'ironie de la fortune la fit sourire. Elle feuilleta l'ouvrage d'une main leste, parcourant les lignes sans les lire. « La peur de grandir, ces rêves fous au bout desquels on ne va jamais ... » lâcha-t-elle sobrement, sans émotion particulière. Un constat, tout simple. Ou pas. Rien n'était jamais simple, avec Olivia. « Sauf pour toi, Sam, n'est-ce pas ? » Sourire au coin de la bouche, elle observa une fois de plus l'immense pièce à vivre, ses meubles rutilants et son haut plafond immaculé. Avant d'en revenir aux prunelles de son hôte. « On dirait que tu as tout ce que tu as toujours voulu. » Et son regard à elle parlait pour tout ce qu'elle taisait. A savoir qu'elle espérait que non, au fond, qu'il lui restait quelques défis à accomplir. Dont elle voulait faire partie.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyMar 27 Nov 2018 - 15:48

On pouvait croire que Samuel se montrait trop empressé, trop rentre dedans envers Olivia, jeune veuve visiblement peu éplorée, mais veuve tout de même. En vérité ce moment là il l’attendait depuis des années, il l’avait écrit de mille et une façons dans ses romans ou dans les différentes histoires avortés qui ne sortiraient jamais aux yeux du public. A chaque fois il y avait ce héro, ou cette héroïne, peu importe ce qu’ils faisaient dans leur vie ou le stade auquel ils étaient, il y avait toujours cet autre, qui manquait à leur vie et qui arrivait pour y redonner un sens. Ne vous méprenez pas, ses romans n’étaient pas du genre sentimental ni à l’attention d’un lectorat exclusivement féminin, loin de là, généralement ils étaient plutôt noirs et bourrés de suspens, mais malgré tout il y avait toujours cette histoire qui s’y glissait, sans qu’il le veuille vraiment, parfois ce n’était qu’un chapitre, une bribe presque anecdotique, mais c’était la preuve que même sans y penser réellement, il était hanté par cet amour là qui manquait à sa vie. Alors il l’avait enlevé, parce qu’elle lui avait laissé comprendre qu’il le pouvait et il l’avait embrassé, parce qu’il espérait ces lèvres-là depuis trop d’années. Et Carteret semblait ne rien avoir à y redire alors qu’elle se laissait faire, laissant tomber ce masque froid qui la tenait continuellement éloigner des dommages des sentiments. Une fois la porte refermée sur eux il la laissa déambuler, c’était presque irréel de la voir là, chez lui, à découvrir son intimité, à passer ses doigts fins sur sa bibliothèque. Il sourit à demi, en effet, il avait bien évolué, son premier appartement, un studio humide dans la banlieu londonienne ne lui manquait pas. Il avait toujours rêvé de briser les chaînes qui entravaient sa misérable vie sans le sous et l’argent en était la clé, grâce à lui il s’était cru à l’abri, libre, sur le toit du monde. Mais les choses n’étaient pas aussi simples et le fric filait bien plus vite que ce qu’il aurait pensé. A trop calquer, il avait vite retrouvé son compte en banque dans le même état que quand il était serveur dans un fast-food. A ça près qu’il savait à présent faire du charme au banquier et qu’il avait réussi à se créer un patrimoine non négligeable, en plus de son avance par Pearson et l’héritage de a mère qui était bloqué sur un compte, il s’en sortait encore, du moins il donnait le change, l’illusion qu’il était encore en état de grâce, mais ce n’était qu’un écran de fumée et comme Edward le lui avait si bien dit, s’il n’écrivait rien avant quelques semaines, il se retrouverait réellement sur la paille. Pourtant à cet instant précis, alors qu’il regardait Olivia impressionnée par son changement de vie, il était à mille lieues de penser à ses soucis d’argent, il était même fier de lui faire découvrir le nouvel homme qu’il était, il avait presque le droit légitime de la côtoyer, enfin. Il sourit à nouveau, de ce sourire énigmatique qui ne relevait que le coin de ses lèvres, presque moqueur, presque contrit, pas vraiment amusé non plus. Grandir c’est prendre sa liberté, c’est être libre de ses propres choix. Pourquoi en avoir peur ? C’est une délivrance. Il s’approcha d’elle, reposa le livre à sa place, au millimètre près. Il n’était pas maniaque, seulement avec ses livres, ses trésors. Et puis il l’observa, le regard espiègle, si proche d’elle qu’il lui semblait pouvoir lire le fond de son âme et qu’il sentait la délicieuse odeur de ses cheveux, mélange de cigarette et de parfum délicat, une odeur qui n’appartenait qu’à elle, que Samuel reconnaîtrait entre mille. J’ai tout, oui. En apparence. C’est bien là le secret de ce monde qui m’a finalement ouvert les portes, les apparences, n’est-ce pas ? Comprenait-il ce qu’elle avait envie d’entendre ? Oserait-il le dire ? Ce n’était pas chose aisée que d’avouer qu’il lui manquait une pièce du puzzle, la pièce maîtresse. Et toi, Liv, qu’est ce qui manque à ta vie si parfaite pour que tu t’enfuies avec le premier mauvais garçon que tu croises ? Il porta un oeil à cette jupe fendue qui s’était un peu plus ouverte sous les assauts de leur escapade en moto.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyJeu 28 Fév 2019 - 19:34

Grandir c’est prendre sa liberté, c’est être libre de ses propres choix. Pourquoi en avoir peur ? C’est une délivrance. Vraiment ? Peut-être. Finalement, Olivia Astor-Carteret n'en savait rien. Elle ne pouvait qu'imaginer le goût de cette liberté, la vraie, pas celle que l'on s'invente à dix-sept ans en prenant le large quelques heures avec un inconnu, pour revenir dans le confort de ses draps de soie quelques heures plus tard. Elle ne connaissait pas ces enjeux-là car, dans son monde à elle, ils n'existaient pas. On naissait « fille de » pour passer, à peine majeure à « femme de », pour le meilleur ou pour le pire, même après que la mort vous ait séparé de votre moitié. Quant aux hommes, ils naissaient « fils de » et eux seuls pouvaient espérer acquérir un nom propre - et encore, ils seraient toujours assimilés à leurs aïeux. Le statut était tout, être dilettante ou, a contrario, bourreau de travail, moqué dans les dîners mondains. Jamais assez riche, toujours presque pauvre, derrière des armoiries patinées par les siècles et les scandales. Elle était faite de ce bois-là, dans un moule aristocratique qu'elle ne cherchait pas vraiment à rompre. Parce qu'après tout, c'était tout ce qu'elle avait toujours connu. J’ai tout, oui. En apparence. C’est bien là le secret de ce monde qui m’a finalement ouvert les portes, les apparences, n’est-ce pas ? « Évidemment. Cela ne pourrait être autrement, et tu le savais. » Le sourire de la jeune femme revint, énigmatique. Un brin moqueur. Il l'avait choisi ce monde. Sûrement espéré, depuis petit, depuis qu'on le lui avait fait goûter, de loin, mais si proche à la fois. Au moins conservait-il son pragmatisme. Peut-être cherchait-il à la défier, à la renvoyer à sa propre image. Sur ce dernier point, il avait touché juste. Si elle ne reniait pas ses origines, elle les remettait en question. Doutes inconscients qui l'abordaient parfois, qu'elle rejetait, puis qui l'assaillaient de nouveau maintenant qu'ils s'étaient retrouvés. Tandis que le livre s'échappait de ses doigts et retrouvait son étagère, en ordre parfait, elle s'éloigna de quelques pas, s'assit avec grâce mais sans convenance, sur le plateau d'une table de designer. Laquelle était sûrement peu utilisée, toutefois, l'usage n'était pas le but premier de ce genre de meubles hors de prix. Et toi, Liv, qu’est ce qui manque à ta vie si parfaite pour que tu t’enfuies avec le premier mauvais garçon que tu croises ? « Un souffle. » répondit-elle sans hésiter, sans même y penser. Elle observa un instant le plafond, comme s'il allait lui donner l'inspiration. « Parfois, je me demande ce que l'on ressent, quand on respire sans l'étau de rien. Et puis, je te retrouve et il me semble que je l'apprends. La question est donc plutôt : pourquoi est-ce que je ne le ferais pas ? Ce serait insensé, non ? » Une nouvelle cigarette vint à ses lèvres. Elle ne demanda pas la permission, puisqu'elle ne le faisait jamais. Comme si chaque endroit lui appartenait. « C'est toi qui m'as quitté, Sam. Tu ne peux pas me reprocher de ne pas t'avoir attendu, puisque tu ne me l'as pas demandé. Ni de ne pas t'avoir suivi, puisque, là encore, tu ne l'as pas fait. » reprit-elle entre deux volutes de fumée mortifère. Contrairement à ce que ses mots pouvaient laisser croire, elle ne semblait pas lui reprocher quoi que ce soit. Elle constatait, voilà tout. « Jusqu'à aujourd'hui, en tout cas. Alors dis-moi, où est-ce que tu veux m'emmener ? » Le tissu de sa jupe déchirée se fendilla un peu plus sous la pression de ses cuisses se décroisant.

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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyVen 8 Mar 2019 - 22:51

Samuel n’avait jamais envié le monde dans lequel était née Olivia, il en connaissait les bons comme les mauvais côtés et sur la balance, selon lui il y avait bien plus de mauvais que de bon. Lui il voulait exister, être reconnu, il voulait avoir autant de valeur que les autres même s’il venait d’un milieu modeste. Il voulait qu’on entende sa voix, qu’on se souvienne de son visage. Il voulait qu’on l’aime, ou qu’on le déteste, peu importe au fond, du moment qu’on parle de lui. Il avait toujours vécu dans l’ombre des autres, toute son enfance au service d’une famille qui ne le voyait que comme le fils de la gouvernante. Alors qu’il était ce gamin plein de vie, d’imagination et de choses à dire. Mais dans ce monde là, le bas peuple n’avait pas la parole, il n’était qu’une ombre parmi tant d’autres, au service des plus grands. Et il s’était toujours révolté contre ça. Il avait compris que l’argent achetait beaucoup de choses, même une certaine idée du bonheur, en un sens c’était vrai, depuis qu’il était officiellement écrivain, il était heureux, d’une certaine façon, dans ses fringues hors de prix et son appartement luxueux il vivait mieux, il vivait bien. L’argent n’achetait pas tout, il n’était pas stupide, il savait que tout ce faste n’était qu’un écran de fumée, mais il entretenait les apparences, pour se donner une valeur. Dans tout ça il manquait l’amour, certainement, mais il n’y croyait pas trop et puis grâce à ce fric il fréquentait des filles sublimes qui le comblaient au moin pour la nuit, c’était suffisant il n’avait pas besoin de plus. Pourtant Olivia était là, face à lui et cette vision remettait pas mal de ses convictions en question. Il leva les yeux au ciel alors qu’il écoutait sa réponse, logique. Elle était la reine des faux-semblants, elle si détachée de tout, si peu impliquée, il n’y avait jamais cru. Il savait que derrière cette façade froide et insensible se cachait un volcan, une furieuse envie de vivre, de vibrer, d’aimer, d’embrasser une vie pleine de surprises plutôt que ce chemin tout tracé qu’elle suivait aveuglément depuis sa naissance. Sam remis le livre sur son étagère et elle choisit ce moment pour s’éloigner de lui, grimpant avec agilité sur sa table à manger flambant neuve. Il l’observa en s’adossant au mur face à elle. Tout dans l’attitude de la belle anglaise appelait à ce qu’il la rejoigne, son air détaché, sa moue boudeuse et sa jupe fendue à outrance mais il gardait une distance nécessaire, comme s’ils avaient besoin de ce genre de parade. Elle alluma une cigarette, c’était prévisible, il soupira, il fumait comme un pompier lui aussi, mais pas chez lui, il avait horreur de la simple idée que l’odeur de tabac froid s’imprègne dans son intérieur. Il s’approcha alors, attrapant la clope de la bouche d’Olivia, tira dessus rapidement puis l’écrasa dans un cendrier. Il souffla doucement la fumée sur le côté et accrocha son regard. Pas ici. Le ton était suffisamment ferme pour qu’elle comprenne qu’il n’y avait aucune objection possible. Je ne te reproche rien, Liv. Je n’t’ai pas quitté non plus, on n’était rien l’un pour l’autre, juste deux ados un peu trop travaillés par nos hormones, non ? Non. Lui ne le pensait pas, il l’avait aimé cette fille et s’il était honnête envers lui-même il pourrait même dire qu’il l’aimait encore, cet idiot, il l’attendait sans même s’en rendre compte depuis des années, comme s’il avait toujours su qu’ils finiraient par se retrouver. Je n’ai nulle part ou t’emmener. Il s’approcha d’elle, l’obligeant à ouvrir ses cuisses pour l’accueillir plus près d’elle, la jupe n’étant à présent plus qu’un souvenir, un bout de tissu en lambeaux Et sa résistance à la tentation de sa peau sur le point de vasciller. On pourrait au moins rester un peu ici, le monde peut encore nous attendre quelques heures. Pensait-elle vraiment qu’il avait un plan ? Parce qu’il n’en avait aucun, il avait réussi à séduire la fille de ses rêves avec trois mots et un baiser enflammé, mais il ne voyait pas beaucoup plus loin que ça pour l’instant.

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Dernière édition par Samuel Pohl le Mar 12 Mar 2019 - 13:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyDim 10 Mar 2019 - 1:29

Pas ici l'avait-il contré, fermement, impérieux. A son ordre s'était opposée la lèvre supérieure légèrement retroussée de la Carteret. Moins contrariée qu'amusée, cela dit. Ce petit air de défi toujours planté dans l'iris, répondant à cet ersatz de duel de force qu'ils s'imposaient tout à coup. Comme des aimants s'attirant avant de changer de pôles. Il ne lui reprochait peut-être rien, ramenait peut-être leur brève liaison aux affres adolescentes, mais Olivia, elle, ne savait entendre ce discours. Et elle doutait qu'il en crut une bribe non plus. Ou alors, il avait bien plus changé qu'elle ne l'avait cru. L'avait fantasmé bien au-delà du raisonnable - si tant est que ce mot fit partie de son vocabulaire. A celui-ci, elle répondit par une mine impassible, un sourcil simplement haussé en signe de scepticisme. Elle ne bougeait pas, ne cherchait pas à l'emmener à elle. Il y viendrait. Parce qu'il en avait envie, au moins autant qu'elle. Elle le voyait dans cette distance qu'il comblait petit à petit, qu'il creusait à nouveau, mais jamais assez, jamais vraiment. Indécis. Luttant contre l'évidence. Je n'ai nulle part où t'emmener. Nouveau mensonge. Par omission ou inconscience, sans doute. Il y avait une terre entière qui pourrait les accueillir. Des songes et des rêves où ils pourraient se retrouver, loin du fardeau du passé, du nom, d'une encombrante famille. Il ne voulait pas le voir ? Leurs corps soudain ramenés l'un contre l'autre, cuisses offertes aux plus concupiscentes conclusions, se chargeraient de faire cesser cet aveuglement. On pourrait au moins rester un peu ici, le monde peut encore nous attendre quelques heures. Le visage d'Olivia se rapprocha de celui de son compagnon, ses lèvres l'effleurèrent. Toutefois, plutôt que de joindre leurs bouches avides, elle posa son index et son majeur sur celles de l'écrivain. « Tu ne veux pas la facilité, Samuel Pohl. » souffla-t-elle des quelques centimètres qui les séparaient, sentant son buste l'effleurer à chacune de ses respirations. Elle le dissimulait bien, mais Dieu, qu'elle se battait ! A son tour, contre la moindre cellule, le moindre mouvement qui manquait de la faire basculer. « Fais-moi savoir la destination, quand tu la connaîtras enfin. » Car il y en avait une, tout son être le lui criait. Elle le repoussa doucement de sa main libre pour retrouver le sol de ses stilettos. Elle s'en allait. Pour aujourd'hui, en tout cas. La suite dépendrait des réponses qu'il trouverait. Peut-être pour les conduire au bout du monde.

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Marcus O'Brian
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MessageSujet: Re: Fed my heart on ancient light + Olivia   Fed my heart on ancient light + Olivia EmptyJeu 14 Mar 2019 - 21:43

Samuel était sincère quand il affirmait à Olivia qu’il n’avait nulle part ou l’emmener. Il ne pouvait rien lui offrir, rien lui promettre. Son appartement luxueux n’était qu’une façade, tout comme son grand sourire presque arrogant. Derrière tout ça il restait le gamin qui courait dans les vagues parce qu’il n’avait que ce terrain de jeu là, qui écrivait des histoires sur des bouts de papiers parce que sa mère n’avait pas les moyens de lui donner d’autres possibilités de s’évader, qui portait des vêtements dix fois reprisés parce qu’ils étaient seuls, tous les deux et qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même pour assurer une vie plus ou moins décente à son fils. Il restait ce gamin là, effrayé par le monde, déraciné qui ne savait pas vraiment qui il était. Et sans le sous de surcroît. Il se cachait derrière sa célébrité toute reluisante pour oublier le reste et donner le change. Alors qu’aurait-il à donner à une fille pareille, une fille qui avait tout, qui pouvait tout avoir en un claquement de doigt. Un peu d’amour, si tant est qu’il puisse lui en apporter, mais qu’est ce que c’était, l’amour au fond ? Elle semblait tellement au-delà de ça, inaccessible. Au plus près d’elle, dans cette intimité retrouvée qui semblait des plus naturelles, Pohl avait presque envie d’y croire, de croire que tout était enfin possible, qu’Olivia le voyait enfin comme un homme, un homme digne d’elle. Elle approcha ses lèvres des siennes, leurs souffles se mêlèrent et il ferma les yeux en fronçant les sourcils, prêt à l’accueillir, prêt à s’abandonner enfin. Pourtant la belle était joueuse, un brin castratrice même, puisqu’elle s’éloigna de lui à nouveau, elle avait l’habitude de mener la danse, elle avait toujours su le faire tourner en bourrique. Et à ce moment là elle semblait à l’apogé de son art. N’était-ce vraiment qu’un jeu pour elle ? Elle qui semblait pourtant vouloir le suivre aveuglément, elle soufflait surtout le chaud et le froid. Ses talons, aiguilles, ils portaient bien leur nom, claquèrent sur le parquet dans un bruit sec. Carteret se lassait de jouer avec lui. Sam serra les poings. A quoi tout ça rimait, elle était venue jusqu’ici, elle s’était laissée embrasser, il avait senti son désir, il l’avait lu dans son regard et pourtant elle le plantait là. Elle s’approchait dangereusement de la porte de sortie et il soupira, rageux. Je ne veux pas la facilité, non. J’te veux toi. Et il savait ô combien elle était difficile à avoir et combien des mots pareil, pourtant si forts, pouvaient la laisser de marbre. Il finit par la rejoindre dans l’entrée, une main sur la porte pour l’empêcher de sortir. Ma mère est morte, il y a trois mois. Aucun Carteret n’a daigné se présenter aux funérailles sur l’île. Il avait la voix pleine d’amertume, il en voulait énormément à ceux pour qui elle avait tant donné de ne pas lui avoir rendu hommage. La seule personne qu’il avait vu, pour représenter la famille et encore, il n’en était pas convaincu, c’était la nouvelle gouvernante qui avait remplacé sa mère voilà quelques années. Ces gens se pensaient tellement supérieurs qu’ils n’avaient aucun respect pour ceux qui donnaient tout, leur temps, leur vie, pour vivre à leur service. En détournant le regard il remarqua son passeport qui traînait sur l’étagère. Je pars dans quelques semaines en Australie, il parait que j’ai un frère et qu’il s’y serait installé, il est ma seule famille à présent. Il la défia du regard. Alors je fais quoi ? J’te propose de venir avec moi ? De tout plaquer pour me suivre ? Moi, le palefrenier ? Tu ferais cette connerie là ? Oserait-elle vraiment ? Et pour quelle raison ? Parce qu’il l’aimait depuis toujours et qu’elle aussi, même s’ils ne se l’étaient jamais avoué ? Ce serait une folie, il n’arrivait pas à l’envisager. Il s’approcha encore, la coinçant presque contre la porte, la dominant de toute sa stature. Pourquoi tu es venue jusqu’ici Liv ?

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