#455 - dancing in the dark, with you between my arms (tahlia)

Croire qu'elle faisait les mauvais choix de personnes dans son entourage serait la facilité. Bien sûr, son regard s'était porté sur des personnes qui n'auraient jamais dû faire partie de sa vie, mais il y en avait d'autres qui s'étaient éloignées parce que Tahlia les avait blessé d'une manière ou d'une autre. Et puis, il y avait Elias, son ex, à qui elle n'avait pas pu offrir une relation saine, pour qui l'amour s'était transformé en haine. Tous avaient disparu de sa vie, rendant à chaque fois le départ plus difficile à encaisser. Alors elle s'était contentée de hocher la tête, en signe d'approbation face aux paroles de l'italien. Il avait les mots justes, les mots qui parvenaient à la rassurer. Et c'était sur cette voie-là qu'elle avait continué, lui faisant part de ces doutes qui l'envahissaient à l'aube de ses trente ans. Elle ne pensait pas qu'il était si simple d'en parler avec tant de recul. Comme quoi Ciàran avait un effet bénéfique sur elle. Elle esquissa un sourire quand, après ses remerciements, il lui affirma que, d'ordinaire, il n'était pas si bavard. « Il faut un début à tout. » répondit-elle malicieuse. « Mais oui, je crois aussi qu'il est plus simple de parler avec toi. » C'était cela qui était étonnant. L'un et l'autre s'ouvraient d'une manière déconcertante. Il y avait cet intérêt, cette curiosité commune, cette écoute et cette envie de partager qui permettaient un tel miracle quand on connaissait les deux énergumènes séparément. Seulement, Tahlia le savait. C'était trop beau. Une tuile allait finir par leur tomber dessus. Mais cette tuile-là, elle ne pensait pas la voir arriver aussi rapidement. L'article des Writers mettait fin à cette complicité grandissante. Sa relation avec Carter mettait fin à ce lien naissant avec Ciàran. Pourtant, Tahlia n'avait pas envie de mettre un point final, elle n'avait pas envie de ne plus voir l'italien, même si elle savait que cela serait la normalité. On n'allait pas voir l'homme qui l'attirait dangereusement quand on était avec quelqu'un d'autre. Encore plus quand, cerise sur le gâteau, elle apprit que Ciàran et Carter se connaissaient. C'était bien sa veine. Un long soupir s'échappa des lèvres rosées de la brune, ne sachant plus quoi dire, quoi faire. Elle se justifiait mais elle savait que l'inévitable allait se dérouler. C'était sûrement la dernière fois qu'ils se voyaient. Ciàran ne digérait pas le fait qu'elle soit avec quelqu'un d'autre. Pourtant, il la connaissait. Il savait qu'elle ne courait pas après les hommes, qu'elle ne voulait pas perdre de temps à courir après une relation qu'elle pensait être sans suite. Il lui avait dit qu'il était l'homme sans attaches. Un homme sans attaches qui, pourtant, n'acceptait pas de la partager. Alors qu'attendait-il d'elle? Cela fut l'objet de sa prochaine question, alors qu'elle énuméra justement tous ces arguments qu'il avait pu lâcher durant leurs nombreuses confidences. Qu'attendait-il alors ? Qu'elle reste à ses côtés en attendant d'avoir un regard de sa part ? Qu'elle prenne le risque de s'attacher et de se prendre un mur en pleine face quand il la rejettera ? Tahlia avait déjà bien donné. Elle avait déjà trop souffert à cause des hommes. Elle reporta cependant son regard sur lui alors qu'il lui apporta sa réponse. Une réponse déroutante. Il évoqua le fait que oui, peut-être que leur petit truc en plus aurait abouti sur quelque chose de plus fort. Elle en était presque sûre, elle aussi, mais il y avait cette part de doute qui subsistait et qui lui interdisait d'y croire davantage, qui lui interdisait d'entretenir une once d'espoir. Son espoir, c'était en Carter, uniquement, qu'elle devait le véhiculer. Carter qui était un ami avant tout, un pilier. Un pilier solide face à Ciàran qui représentait la dangereuse attraction et la liberté. Deux extrêmes qui retournaient l'esprit de la brune. Elle se mura dans un silence, se contentant simplement de soutenir son regard quand il daigna la regarder de nouveau. Un regard nostalgique, qui clôturait un lien court mais intense. « Ciàran... » souffla-t-elle simplement, quand il lui souhaita tout le bonheur du monde. Elle aurait pu afficher un air hautain et le remercier avec assurance, mais son cœur se serrait et elle ne parvenait pas à en dire davantage. Alors, elle se releva quand il l'invita à s'en aller – ou plutôt à la mettre dehors. « ça m'a fait plaisir. » répondit-elle vis-à-vis du cadeau pour Gabriel. « Quant au reste, c'est dommage que mon célibat soit la seule condition pour rester à tes côtés. » Elle avait besoin de le dire, elle avait besoin de lui montrer qu'elle était blessée par son rejet. Malgré tout. Elle rassembla ses affaires et mit sa veste avant d'avancer jusqu'à la porte. Arrivée à l'entrée, elle se retourna et regarda une dernière fois l'italien : « Prends soin de toi, Ciàran. Et si un jour, tu as besoin de quoique ce soit, tu sauras où me trouver... » Ils avaient partagé, trop partagé pour effacer en totalité tout ce qu'ils avaient vécu. Sur ces mots, elle partit, le cœur bien plus lourd qu'à son arrivée.