say something, i'm giving up on you (niels)

La vie se fichait de lui, lui rappelant de manière complètement sadique à quel point ça faisait mal d'aimer une personne comme il pouvait aimer Aelya. Surtout lorsqu'il comprenait qu'il n'était plus désiré, que sa présence n'apportait que de la souffrance, des pleurs et de la destruction. Il n'avait jamais souhaité lui faire du mal de cette manière, mais il semblerait que ce n'était jamais qu'une simple question de volonté, comme s'il comprenait que quoiqu'il puisse arriver, il était comme voué à la faire souffrir. Et il aurait aimé qu'elle trouve du réconfort dans ce baiser profondément tendre qu'ils venaient d'échanger, qu'elle puisse y lire tout ce qu'il ressentait pour elle mais il était conscient que ça ne ferait que raviver des douleurs plus intenses. C'était cette impuissance de ne plus parvenir à l'apaiser qui lui donnait envie de crever, parce-qu'Aelya était la dernière personne qu'il voulait voir souffrir, et le pire dans tout ça, c'était qu'il ne pouvait jamais s'empêcher de le faire. Leur amour était destructeur, comme il l'avait toujours été, et ce soir plus que jamais, il avait compris qu'Aelya s'était laissée l'opportunité de s'en sortir. Ses lèvres avaient finalement retrouvé cette sensation de froid lorsqu'elle décida de s'écarter, le ramenant d'une rapidité sans précédent à la réalité alors qu'il ré-ouvrait lentement les yeux pour lui signifier qu'il l'aimait encore. Il fronça les sourcils à ses premiers mots, discernant son regret d'avoir partagé ce moment avec lui. Il tenta de rattraper son regard, secouant la tête négativement pour lui montrer son désaccord. « Aelya... tu réfléchis trop. C'est pas une connerie si on en avait envie tous les deux. » Chercha-t-il à la rassurer, même s'il comprenait qu'elle ne souhaitait pas replonger dans ses travers de peur de se voir une nouvelle fois anéantir par lui. Autant il détestait faire ce qu'il ne voulait pas que les autres lui fassent, autant il avait déjà balayé l'existence de ce petit-ami dont elle lui avait parlé, souhaitant égoïstement reprendre la place de celui qui lui délivrait de l'affection. Peu importe que ce type puisse débarquer à n'importe quel moment, Niels devait absolument faire comprendre à Aelya combien elle lui manquait, et s'il y avait la chance la plus minime qui soit de la convaincre, alors il s'y accrocherait de toutes ses forces et avec toute la volonté du monde. Ses yeux ne la quittèrent pas lorsqu'elle reprit la parole, lui avouant qu'elle avait eu recours à des "choses pour éviter de souffrir". Il fronça les sourcils, essayant de lire à travers son regard tout ce qu'elle passait sous silence. « Et elles fonctionnent, ces choses-là ? » Demanda-t-il, voulant être fixé, comme s'il comprenait qu'il entravait sans doute le seul moyen pour elle de ne plus souffrir à cause de lui. Son corps se détacha du sien et immédiatement, le vide reprit sa place habituelle, revenant le surplomber comme une nuage noir dont il ne pouvait plus se débarrasser. Son cœur s'activa à ses paroles, aux émotions qu'il pouvait discerner dans sa voix et son regard. « Je sais tout ça, je.. Je suis désolé d'être celui que je suis Aelya, j'ai jamais voulu te faire du mal et c'est ce que je suis constamment en train de faire malgré moi. Je voulais pas pourrir ton quotidien, mais j'ai pas pu contrôler tout ce que je ressens, je suis juste désolé que ça soit tombé sur toi. » Dit-il, comme s'il rendait les armes, comprenant que le problème dans toute cette histoire, c'était cette manie maladive qu'il avait de détruire tout ce qu'il y avait de bon autour de lui, même les meilleurs éléments. Son regard se teinta égoïstement d'espoir à ses mots, au fait qu'il n'y avait aucune autre personne qui ait pu caresser l'âme qu'il chérissait le plus au monde. Il retint un soupir de soulagement, se détestant de se réjouir de cette information. Pour autant, Niels comprenait que si les résultats n'étaient pas ceux qu'elle attendait, ses efforts pour l'oublier relevaient d'une grande volonté. Et il ne pouvait pas venir détruire ça, pas encore une fois. Il l'aimait, mais son envie de la voir désormais heureuse primait sur tout le reste. Alors il laissa un blanc s'écouler, détaillant ses traits jusqu'à poser son regard sur les lèvres avant de revenir à ses yeux. « Si c'est ce que tu veux vraiment, alors demande-moi de partir. Je le ferai pour toi, je disparaitrai. Tu pourras te rétablir sans que je sois là pour semer la pagaille. T'entendras plus parler de moi. »

Il se demandait souvent à quoi aurait ressemblé son quotidien s'il avait choisi une option moins radicale que celle de mettre un terme à leur relation. C'était le genre de questions qui lui passaient souvent par l'esprit et qui avaient le don de l'anéantir encore plus. Parce-qu'il se plaignait souvent de ne pas avoir le contrôle lorsqu'Aelya était dans la même pièce que lui et pourtant, il savait très bien qu'il l'avait eu le contrôle ce soir-là, qu'il aurait même sans doute pu changer le cours des choses s'il avait su le gérer correctement. Il ne pouvait pas refaire ce qui était fait, la seule chose dont il était capable, c'était de se laisser submerger par les regrets, de manière perpétuelle. Il avait remarqué qu'elle s'était adoucie, il aimait penser que leur échange en était pour quelque chose, que quelque part, ils avaient encore réussi à partager de l'amour dans cette étreinte courte mais passionnée. Il sentit son cœur vibrer en voyant ses yeux dévier vers ses lèvres, se retenant de lui dire combien il voulait qu'elle l'embrasse encore et encore, jusqu'à la nuit des temps, jusqu'à ce que leurs souffles ne fassent plus qu'un. « Ne t'en empêche pas... » Il souffla, conscient qu'il n'arrangeait pas la situation, mais il ne pouvait pas s'en empêcher, surtout maintenant qu'il comprenait qu'une brèche s'était ouverte. Jamais il ne lui refuserait ça et Aelya le savait pertinemment, il n'avait même pas besoin de lui confirmer par des mots tant son regard était évocateur de son envie de goûter à sa peau. Il baissa les yeux tristement, épris d'une culpabilité insupportable, celle d'être un frein à sa guérison. Il avait mal de voir que finalement, ils étaient toujours sur la même longueur d'ondes, parce-qu'ils se voulaient mutuellement et pour l'éternité mais qu'ils ne pourraient jamais accéder à ce désir sans se voir détruire l'un par l'autre. Ses yeux retrouvèrent les siens, alors qu'il prit une grande inspiration en sentant sa peine se déverser dans ses veines. « Dans tous les cas, tu sais que je t'attendrai. J'suis bon qu'à ça, c'est ce qui me fait tenir debout. J'préfère vivre dans mes illusions plutôt que de savoir que tu me reviendras jamais. » Avoua-t-il tristement, profitant de la chaleur de sa main contre sa joue tant qu'il le pouvait encore. Il s'accrochait à ces derniers moments de tendresse, comprenant que dés qu'il passerait le seuil de la porte, tout ça ne serait plus que des souvenirs qui s'estomperaient avec le temps. Il aurait eu envie de lui dire qu'il parviendrait pourtant à savoir qui elle était s'il l'embrassait, qu'il pourrait encore la reconnaître entre mille même en absence de lumière. Il voulait croire qu'il pouvait encore toucher son âme, comme il avait toujours réussi à le faire, refusant de s'imaginer qu'elle était devenue une autre. Parce-qu'il pouvait voir à travers ses yeux qu'elle était la même, celle qu'il avait toujours aimé et qu'il aimerait jusqu'à la fin des temps. Il préféra néanmoins rester silencieux, hochant la tête avec une difficulté perceptible, jugeant qu'il avait déjà bien trop semé de tourments. Il la laissa caresser sa joue avec ses lèvres, fermant les yeux avant d'accrocher son regard, touché en plein cœur par ses mots et son inquiétude qui lui prouvaient qu'elle était toujours la même, qu'elle le veuille ou non. « Je vais faire de mon mieux. » Il souffla, s'assurant de ne pas éveiller de soupçons quant à l'existence de ces pensées qui le terrifiaient constamment, lorsqu'il imaginait guérir définitivement de cette douleur quotidienne en s'enlevant la vie. Aelya n'avait pas besoin de ça et Niels voulait qu'elle se concentre sur elle, comme elle avait essayé de le faire pendant ces trois mois. Il lui offrit un dernier regard, hochant la tête pour lui signifier silencieusement qu'il était temps pour lui de retrouver le chemin sinueux de sa vie, tournant les talons pour disparaître progressivement de son champ de vision.