Consulting Hour #1 | Brooke & Donovan

Donovan n'était pas dans un état très glorieux aujourd'hui, comme à son habitude, il avait picolé à n'en plus finir hier soir, et maintenant il avait une gueule de bois pas possible. Il était donc arrivé en retard au commissariat, mais par chance, ça n'inquiétait plus personne maintenant, puisque c'était assez fréquent chez l'homme censé donné l'exemple à ses officiers. C'est sûr que comme exemple, Donovan est loin d'en être un, et c'est sans doute pour cette raison que personne ne veut rejoindre son équipe. Sauf, Tahlia qui semble bel et bien décidé à rester sous ses ordres. Il ignorait pour quelle raison, sans doute pour l'emmerder encore un peu plus qu'elle le faisait à l'heure actuelle.

La journée se passa comme à son habitude. Des arrestations, des criminels à poursuivre, des dossiers qui s'empilaient sur le bureau de Chamberlain. C'est donc en rentrant au bureau qu'il se mit à les remplir. Comme un peu tout le monde, la paperasse était la partie la plus chiante de leur boulot, et même s'il aimait le terrain, il devait tout de même remplir les dossiers.

Ses boots sur le bureau, à moitié allongé sur sa chaise, il cochait certaines cases sur le dossier qu'il tenait en main, tandis que le commissariat commençait à se vider. Noyé sous les papiers, ce n'est qu'une fois son bureau en ordre qu'il remarqua une petite carte avec un numéro et une date. Merde ! Son rendez-vous chez la psychiatre. De toute façon, il n'en avait pas besoin, il avait déjà celle qui était dans les locaux de la police, et même là, il ne s'y rendait quasiment pas, ou alors uniquement pour faire acte de présence sans pour autant faire le moindre effort.

Le commissariat était désormais vide à quelques exceptions prêt, l'allemand décida alors de se donner du courage en finissant sa gourde remplie d'alcool puis en allant à ce fameux rendez-vous. S'il y avait bien une chose dont le quadra se fichait c'était de la ponctualité. Il n'était jamais à l'heure, où que ce soit. Et ce rendez-vous ne faisait pas exception à la règle. Pire, il y arriva déjà à moitié saoul. Ça promet pour la suite du rendez-vous.

Donovan se pointa avec une demi-heure de retard sur l'horaire où il aurait dû arriver, mais il trouva porte close. Alors qu'il s'apprêta à rebrousser chemin, une voix retentit dans son dos.

Donovan était plus qu'une cause perdue, il était devenu un monstre depuis le meurtre de sa femme. Il n'avait plus aucun coeur, mais surtout, il ne faisait plus la distinction entre le bien et le mal, même si au fond de lui, il savait ce qui l'était, il agissait comme son esprit lui dictait, sans prendre le temps de réfléchir aux conséquences. Après tout, qu'avait-il à perdre dans tout ceci ? Plus rien. On lui avait tout retiré. Sa femme. Son enfant. Il était seul et la solitude devenait un fardeau un peu plus lourd chaque jour qui passait. Pourtant, l'allemand ne pouvait se résoudre à tourner la page et envisager un nouveau départ, pas tant quil n'aura pas mis la main sur ces hommes qui ont le sang de son épouse sur les mains. Il lui arrivait parfois de perdre les pédales et de ne plus savoir réellement ce qu'il faisait, et ce, même sans la dose d'alcool à outrance qu'il avait dans le sang tous les soirs. Non. Donovan était loin d'être quelqu'un de bien, et il le savait, voilà pourquoi il tenait à écarter de son chemin les quelques personnes qui voudraient encore essayer de le sortir de l'enfer dans lequel il s'est mis tout seul.

Forcé de se rendre à ses rendez-vous avec la psychologue au commissariat, l'allemand faisait toujours en sorte de les écourter autant que possible. Et quand bien même il daignerait s'y rendre, ce n'était que de la parlotte et jamais de sujets précis. Il faisait toujours en sorte de les éviter ou tout simplement de faire comme s'il n'avait rien entendu. Peut-être qu'au fond, il avait réellement quelque chose. Peut-être qu'il était vraiment malade. Qu'il avait quelque chose qui ne tournait pas rond dans son esprit depuis le décès de sa femme. Et c'est sans doute dans cette optique qu'on l'avait forcé à prendre rendez-vous avec une psychiatre de l'hôpital. Par correction, il s'était dit qu'il le prendrait mais que ce serait le seul et l'unique. À quoi bon aller voir une personne qui pense tout savoir de votre passé et votre ressenti ? C'est cette sensation qu'avait le flic lorsqu'il devait se rendre à ce genre de séance, alors qu'il faisait tout pour les éviter. Ce rendez-vous là, il ne pouvait pas l'éviter, alors il allait faire avec, mais inutile de dire qu'il n'y mettrait aucune bonne volonté, comme pour faire comprendre à cette femme qu'il n'était pas ici de son plein gré.

Une fois à l'hôpital, il trouva porte close. S'il en avait été autrement, il aurait certainement gueulé en disant qu'il avait rendez-vous, mais la vérité c'est que c'est lui qui était en retard. Et presque volontairement en plus. Une main sur la poignée pour s'assurer qu'elle était fermée et il rebroussa chemin. Il n'aura qu'à dire que son rendez-vous a été annulé et sa psychologue sera ravie. Ou pas. Mais alors qu'il tenta de prendre le chemin de la sortie une voix l'interpella. Il se tourna et fit face à une jeune femme brune.

" - Ça se peut." fit-il en haussant simplement les épaules. " - Écoutez, on a qu'à faire comme si ce rendez-vous avait eu lieu et chacun reprend son train de vie. Si je suis ici c'est simplement parce que ma psychologue m'a forcé à venir, donc vous n'aurez qu'à lui dire que vous ne pouvez rien pour moi et le tour sera joué."

Il préférait la prévenir pour ne pas lui faire perdre son temps, comme le sien d'ailleurs, il avait d'autre choses à faire que de venir ici. Il devait par exemple poursuivre son enquête sur les meurtriers de sa femme, et c'était le numéro un dans sa liste de priorité, contrairement à ce rendez-vous..