#382 Every breath, every hour has come to this (Ciàlia)

Thaïs dans les bras, en train de boire son biberon, Tahlia profitait de cette accalmie pour se perdre dans ses pensées. Juliann voulait vivre avec Nevaeh. Elle, elle devait trouver un nouveau logement. Et Ciàran avait soulevé un fait que Tahlia repoussait sciemment : comment allaient-ils élever leur bébé en ayant deux maisons ? Il n'y avait qu'une seule solution pour pallier à ce 'souci', et évidemment tout un tas de questionnements en découlait. Et de l'angoisse, beaucoup d'angoisse. Elle avait l'impression de revenir quelques mois en arrière, quand son ancien propriétaire n'avait pas renouvelé le bail et qu'elle devait se dépêcher de trouver un toit pour sa fille. C'était bien quelque chose dont elle se serait passée, surtout en étant enceinte. Heureusement, cette fois, elle n'était pas seule et c'était un soutien inimaginable. Elle sortit de ses pensées en entendant quelques petits coups tapés à la porte. C'était sûrement Gabriel. Elle se releva, gardant Thaïs tout contre elle, et alla ouvrir la porte. Immédiatement, son regard angoissé se fit plus pétillant quand elle vit les Adreani dans l'encadrement de la porte. Même la petite fille, qui était complètement abattue par sa poussée dentaire, lâcha un cri de joie quand elle vit Gabriel. "Hey. ça va, vous deux ?" dit-elle, avec un sourire, déposant un baiser sur la joue du petit garçon, puis se hissant sur la pointe des pieds pour embrasser le papa. "Merci d'être venus. La maison était bien trop vide." Bien trop vide sans eux, surtout. Les laissant s'installer, Tahlia comprit que Thaïs délaissait complètement son biberon, son attention accaparée par Gabriel. "Je peux te la laisser deux secondes, s'il te plaît ?" demanda-t-elle, lui laissant Thaïs dans les bras, le temps d'aller dans la cuisine rincer le biberon. Ce ne fut qu'en revenant dans le salon qu'elle s'arrêta un instant pour admirer la scène qui se présentait à elle : Ciàran assis sur le canapé, Thaïs et ses joues rouges qui posait sa tête contre le torse de l'italien, la petite ayant un sourire en coin derrière sa sucette parce que Gabriel faisait le clown à ses côtés. Attendrie, Tahlia s'imprégna de cette vision, avant de dire doucement, en s'installant aux côtés de Ciàran : "Tu sais qu'elle vous a complètement adopté ?" Thaïs était sociable, oui, mais il y avait quelque chose de fort dans son lien avec Gabriel et Ciàran. Et c'était beau.

A travers ses sms, tu as bien senti que Tahlia avait besoin de réconfort et d'une présence pour la rassurer. Un besoin que tu partages avec la brune même si ce n'est pas pour les mêmes raisons qu'elle. Toi, tu as juste besoin de t'assurer qu'elle va bien et qu'elle est en sécurité. Depuis cette fameuse histoire lors de son voyage à Melbourne, tu ne peux pas t'empêcher d'avoir peur. Tu as l'impression que l'étau se resserre tout autour de toi et que la tempête va te frapper de plein fouet. Tu es peut-être parano mais ton instinct te trompe rarement. Alors quelle meilleure façon de s'assurer qu'elle est en sécurité, avec Thaïs, que d'être auprès d'elle ? C'est Gabriel qui frappe quelques petits coups à la porte pour avertir la jeune femme que vous êtes là. A peine la porte est-elle ouverte que le regard de Tahlia se dirige vers ton fils avec une extrême douceur. « Salut. » Dis-tu, un sourire au coin des lèvres en la regardant saluer Gabriel. « Voilà... mon fils m'a volé la vedette. » Plaisantes-tu en voyant qu'elle t'embrasse après lui. « On va bien. Et toi ? » Demandes-tu en soutenant son regard, le tien étant légèrement inquiet. Tu sais que Tahlia vit toute cette situation de déménagement assez mal et avec raison. Tu es donc là pour l'apaiser, du mieux que tu le peux. Hochant la tête, tu prends Thaïs dans les bras juste avant de déposer un baiser sur le haut de son crâne. Mais la petite fille n'a d'yeux que pour ton fils, elle aussi. Quel tombeur. Tu laisses l'Australienne s'éloigner, rejoignant le salon avec les deux enfants. Rapidement, vous vous asseyez sur le canapé, Gabriel à côté de toi, Thaïs sur tes genoux, riant aux bêtises de ton fils. Quel phénomène celui-ci, un vrai petit clown. Pas comme son père. Ce n'est qu'après quelques secondes que tu repères Tahlia qui s'approche de vous, un sourire aux lèvres. « Nous aussi on l'a adoptée... Mais la concernant, je crois surtout que c'est Gabriel qu'elle a adopté. Elle est vraiment fan de lui. » Lui fais-tu remarquer en voyant à quel point elle ne détache pas des yeux ceux de ton fils. Ils ont une relation pure, vraie, fraternelle, et tu adores ça. Dire que celle-ci sera complétée par ce petit être qui grandit en Tahlia. « Comment tu vas ? Mon bébé va bien ? » Demandes-tu en posant une main sur le ventre de la brune.

Elle essayait de prendre sur elle, d'apprendre à se relaxer, mais son esprit en ébullition empêchait tout moment de sérénité. Il fallait dire que ça faisait beaucoup de choses en peu de temps. Elle commençait à accepter sa grossesse. Mais en contre-partie, elle avait cette dispute avec Juliann, le tracas du déménagement, de l'impact de ce bébé sur la vie de couple qu'elle avait avec son bel italien. Et puis il y avait cette histoire de Melbourne qui, même si Tahlia ne le disait pas à haute voix, l'inquiétait quelque peu. Outre le fait qu'elle avait peur pour ce bébé, pour Thaïs, pour Gabriel, pour Ciàran, pour elle, elle détestait, de surcroît, être un moyen d'atteindre le jeune homme. Elle savait que cela l'inquiétait, lui aussi, et à vrai dire, elle se voyait comme le boulet que l'on traînait. Elle n'aimait pas le rendre vulnérable. Sans doute la chose la plus judicieuse aurait été, en effet, de s'éloigner, comme l'avait dit Ciàran. Mais elle ne pouvait concevoir une vie sans lui, avec ce bébé qui rappellerait tous les jours ce qu'elle avait perdu. Alors, elle préférait faire l'impasse de cette épée de Damoclès qui traînait au-dessus de leurs têtes et appréciait chaque moment qu'on leur offrait. D'ailleurs, quand elle vit les Adreani sur le pas de la porte, elle sentit une vague de bonheur la submerger. C'était aussi cela qu'il lui apportait, Ciàran. Elle salua Gabriel en premier puis embrassa Ciàran, ce que l'italien ne manqua pas de lui dire. "En même temps, regarde la bouille qu'il a !" s'exclama-t-elle, amusée, en montrant Gabriel, à qui elle caressa les cheveux bouclés avec tendresse. Elle se fit toutefois plus sérieuse quand elle capta le regard inquiet de Ciàran. "ça va. Vous êtes là, alors ça va." Thaïs aussi exprima sa joie en délaissant totalement son biberon. Tahlia laissa Ciàran s'occuper un instant de la petite. C'était fou ce qu'il était beau avec un bébé dans les bras ! Elle s'attendrit d'ailleurs devant la scène quand elle revint dans le salon, prenant quelques secondes pour admirer ce joli portrait. Quand elle les rejoignit, elle secoua la tête face aux mots de Ciàran : "Oui, ça se voit qu'ils s'adorent tous les deux. Mais je t'assure, elle t'adore aussi. C'est rare qu'elle reste comme ça, dans les bras, tout contre toi. C'est une sauvage, ma fille." Comme sa mère, dirons-nous. Mais il n'y avait pas que Thaïs qui appréciait rester dans les bras de Ciàran, Tahlia aimait tout autant. Elle qui n'était pas fan des gestes attentionnés se surprenait à aimer se blottir dans ses bras. Elle prit d'ailleurs place à ses côtés, posant sa main sur son bras, et esquissa un sourire quand il vint rapidement toucher son ventre, demandant comment aller son bébé. "Lui, il va bien, oui. Moi il me rend toujours malade le matin et me fait avoir des fringales à longueur de journée. D'ailleurs, il ne vaut mieux pas que tu saches ce que j'ai mangé, il y a tout juste une heure. Quand j'y pense, je me dis que c'est horrible, mais c'est comme si j'avais mangé le meilleur encas de toute ma vie." Un orgasme gustatif. "Et sinon, en plein dans les cartons... J'ai à peine commencé mais j'ai déjà hâte que ça se termine."

Tu ne vas pas pouvoir contredire Tahlia à propos de la bouille de ton fils. Il est clair qu'il est totalement craquant et vous n'êtes pas les seuls à le remarquer. Parfois, quand tu fais quelques courses en magasin et que ton fils t'accompagne, il parvient à faire sourire plus d'une femme. Un vrai tombeur. « Je sais... c'est même parfois difficile de résister à cette bouille, quand il fait une bêtise. » Dis-tu avec un léger sourire aux lèvres. Gabriel a un air angélique scotché au visage et pourtant, il peut faire les pires bêtises quand il est lancé. Il peut être un vrai petit démon. Lorsque tu demandes à Tahlia comment elle va, sa réponse te rassure au moins un peu. Toi aussi tu te sens soulagé d'être à ses côtés, de pouvoir veiller sur elle et sur Thaïs. Tu n'aimes pas être continuellement séparé d'elles et sans doute que ce sentiment s'amplifiera lorsque votre bébé sera né. L'Australienne s'échappe vers la cuisine, laissant Thaïs dans tes bras le temps que vous rejoigniez le salon, avec Gabriel. Tu t'installes dans le canapé, la petite dans les bras, obnubilée par ton fils. Les mots de Tahlia te touchent mais tu es persuadé que c'est parce qu'elle est trop occupée à regarder Gabriel. Elle ne se rend sans doute pas compte qu'elle est sur tes jambes. « Elle a de qui tenir. » Soulignes-tu en souriant, jetant un regard complice à Tahlia. « J'espère qu'elle n'est pas la seule à m'adorer. » Ajoutes-tu en arquant un sourcil, un air taquin sur le visage, avant de reporter ton attention sur Gabriel l'espace de quelques secondes. Il est dans un âge où il faut sans cesse surveiller ce qu'il est en train de faire parce qu'il enchaine les bêtises. Il veut toucher à tout, tout découvrir, tout connaitre. Mais heureusement, pour l'instant, il se contente de sortir quelques jouets d'un sac que tu as apporté pour les montrer à Thaïs. « A ce point-là ? » Demandes-tu en riant. « J'croyais que c'était moi, le meilleur encas de ta vie. » Dis-tu plus doucement pour éviter que des oreilles trop chastes vous entendent. Même si, concrètement, tu sais que Gabriel est encore trop petit pour comprendre et ne parlons même pas de Thaïs. « Je peux t'aider pour empaqueter des choses tu sais. » Surtout qu'avec la grossesse, il vaut sans doute mieux qu'elle fasse attention et se ménage. Mais tu sais que c'est une vraie tête de mule qui aime son indépendance. « Comment tu te sens, d'ailleurs, vis-à-vis de tout ça ? Tu penses passer une soirée avec Juliann avant de partir, pour mettre les choses à plat ? » Demandes-tu en fronçant légèrement les sourcils.

"Oui, je me doute. Ils savent comment faire, ces petits !" En effet, il avait une bouille d'ange ce petit, mais elle savait aussi qu'il regorgeait d'idées quand il faisait une bêtise. Le plus dur, dans ces moments-là, c'était de rester crédible auprès de l'enfant. Mais elle savait que Ciàran gérait à merveille. Un froncement de sourcils de la part de l'italien et le tour était joué. Les laissant un instant dans le salon, Tahlia s'attendrit très vite quand elle revint et qu'elle vit le joli portait qu'ils lui offraient. Gabriel était tout sourire, Ciàran regardait les deux enfants et Thaïs ne bougeait pas des genoux du jeune homme. Ce qui était étonnant quand on connaissait la pile électrique qu'elle était. C'était une sauvage, Thaïs. Et selon Ciàran, elle avait de qui tenir. "ça doit être du côté de son père, évidemment." rétorqua-t-elle en lui lançant le même regard complice. Et après un temps de pause, elle reprit, malicieuse : "Hum, ça se peut qu'il y ait une femme dans cette pièce qui t'adore un peu... beaucoup.... énormément ? Oui, énormément." Elle ne l'adorait pas. Elle l'aimait, tout simplement. S'installant à ses côtés et le laissait poser sa main sur son ventre, Tahlia évoqua ses envies culinaires étranges. "Bah... Je ne pensais pas que la pâte à tartiner et les cornichons se mariaient aussi bien !" Il y en avait une autre, d'envie, qui, elle, n'était pas étrange et Ciàran le sous-entendit clairement. "Non, toi, tu n'es pas un encas. Toi, tu es l'entrée, le plat, le dessert et la petite coupe de champagne à la fin. Tu es là !" dit-elle en surélevant sa main bien au-dessus de leurs têtes. Il était la plus belle de ses envies, celle dont elle ne se lasserait pas. "Toi, tu me rends gourmande." Elle soutint son regard, ses yeux verts se faisant charmeurs, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres. Mais elle ne pouvait en rajouter davantage, il y avait quatre petites oreilles qui étaient bien trop près d'eux. Elle regarda les enfants s'amuser avec les jouets, son sourire se tarissant alors qu'elle évoquait son déménagement. "Oui, je sais que tu es là. J'aurais besoin de tes gros muscles." Elle était indépendante, Tahlia, oui. Mais elle n'avait pas envie de le mettre de côté. Surtout que Ciàran allait être un soutien indéniable pour elle. Cette histoire, ça lui pesait, beaucoup, beaucoup trop. Aussi, quand il lui demanda si elle comptait voir Juliann, elle répondit sans aucune hésitation : "Non." Elle détourna le regard et lâcha un soupir. "Je ne suis pas du genre à me défiler. Mais là, j'ai juste... mal. Pourtant, je comprends sa démarche, je sais pertinemment qu'on n'aurait pas vécu ensemble toute notre vie. Et je suis heureuse qu'il envisage quelque chose avec Nevaeh. Mais je n'ai pas aimé sa façon de faire. Me l'annoncer comme ça, par texto, ça a été brutal. Et après, il a beau dire que je peux prendre mon temps, je sais que derrière, il a déjà fait tous ses projets. ça me donne juste l'impression d'être une moins que rien, d'être en trop..." Elle sentait ses muscles se tendre au fur et à mesure. Elle secoua la tête afin de dissimuler son désarroi. "Et puis, je ne vais pas pouvoir rester indéfiniment chez mon cousin. Le temps est compté. J'aimerai trouver un endroit où je pourrais enfin me sentir chez moi, avant que Bébé n'arrive. Tu crois que c'est trop demandé ?"

« Evidemment. » Répètes-tu quand Tahlia affirme que le côté sauvage de Thaïs vient de son père. Pour avoir vu Carter plus d'une fois, tu peux assurer qu'il est bien plus calme que Tahlia alors le côté un peu fou de la petite, vient forcément de sa mère. Quand la brune ajoute qu'elle t'adore énormément, un sourire nait au coin de tes lèvres. Sa confession est proche du je t'aime et même si à présent, vous vous êtes dit ces trois petits mots magiques, ils ne sont pas si fréquents. Enfin, en ce qui te concerne, les avoir prononcé est déjà un grand pas et même si tu le penses, tu n'es pas prêt à les dire à tout va. C'est trop précieux, trop intime. Alors tu n'ajoutes rien, supposant que ton sourire suffira à lui faire comprendre que tu ressens la même chose. « De la pâte à tartiner et des cornichons, sérieux ? Je ne suis plus sûr d'avoir envie de t'embrasser après ça. » Plaisantes-tu. Tu ne seras jamais capable de te passer de ses lèvres, de son corps, de sa peau et Tahlia le sait parfaitement. En plus, maintenant qu'elle est enceinte et qu'elle porte ton enfant, tu as l'impression que la brune est encore plus désirable, encore plus attirante. Tu ne fais pas partie de ces hommes qui ont peur de toucher une femme enceinte par peur de la blesser. Toi, tu sais exactement comment la toucher, comment la faire vibrer. « Alors j'espère que tu ne manqueras jamais d'appétit avec moi. » Réponds-tu en arquant un sourcil. « Si on était seuls, je t'aurais déjà allongée sur ce canapé... » Murmures-tu rien que pour elle, un sourire lascif au coin des lèvres. Mais étant donné qu'il y a deux petits êtres innocents dans la pièce, vous ne pouvez pas agir comme à l'habitude, en laissant parler votre fougue et votre désir. Plus tard. C'est ce que tu te dis pour éviter d'être frustré. « Mes gros muscles seront à ton service alors. » Dis-tu, bien décidé à la ménager au maximum lors de ce déménagement. Tahlia n'a pas besoin de prendre des risques en portant des caisses et des cartons. Aujourd'hui, il faut qu'elle prenne soin d'elle et de votre bébé et elle en a déjà fait assez en remplissant tous les cartons de ses affaires. Un déménagement c'est usant et l'Australienne n'en est malheureusement pas à son premier cette année-ci. Alors que tu la questionnes à propos de son colocataire, tu vois qu'elle est vraiment touchée par la situation avec celui-ci. Cela te tue de ne pouvoir rien faire pour la soulager. « Soit il a été maladroit, soit il est complètement con. » Réponds-tu en fronçant les sourcils. Mais étant donné que Tahlia l'estime beaucoup, tu imagines que c'est de la maladresse dont il a fait preuve. « Mais je t'arrête tout de suite, tu n'es pas une moins que rien. N'importe quel homme devrait s'estimer chanceux de t'avoir dans sa vie et s'il ne s'en rend pas compte et bien tant pis pour lui. » Tu sais que ce n'est pas aussi simple surtout pour Tahlia qui a bien plus d'attaches que toi avec les gens. « Non ce n'est pas trop demandé. » Ajoutes-tu, les sourcils toujours froncés. Tu ne sais pas réellement comment lancer le sujet mais il va falloir que vous trouviez une solution pour l'avenir, lorsque votre bébé sera là. « D'ailleurs, puisqu'on en parle, comment envisages-tu l'arrivée du bébé ? Je vais avoir envie d'être tous les jours avec lui, de pouvoir t'épauler la nuit quand tu devras te réveiller pour l'allaiter. Je ne veux rien manquer de ses premières fois... » Et donc, une seule solution s'offre à vous, selon toi. Mais tu n'es pas certain que vous soyez prêts pour ça. Alors tu attends d'avoir l'opinion de Tahlia à ce sujet même si c'est un peu choisir la solution de facilité.

Ah la grossesse... la grossesse et le corps qui se métamorphose de jour en jour, la grossesse et les émotions à fleur de peau, la grossesse et ses envies étranges. Pour Thaïs, elle n'avait pas eu d'envies particulières, hormis de fromage (sans lait cru évidemment). Mais pour cette grossesse, elle prenait des fringales qui la poussaient à mélanger des ingrédients que l'on ne mélangeait pas. Ciàran semblait, d'ailleurs, très peu convaincu par son mélange pâte à tartiner/cornichons. Il la taquina même sur le fait qu'il n'avait pas envie de l'embrasser. "Tu es prêt à arrêter de m'embrasser pendant quelques mois ?" demanda-t-elle, taquine. "Je risquerai d'être frustrée et de manger deux fois plus de tartines du genre." Elle laissait croire qu'elle était capable de se passer de ses baisers, mais elle savait que c'était tout bonnement impossible. Il avait éveillé son désir lors de sa première grossesse, l'avait réconcilié avec ce corps qu'elle ne reconnaissait plus. Cette deuxième grossesse n'atténuait en aucun cas ce sentiment. "Jamais, je ne manquerai d'appétit." Elle le désirait, l'aimait de tout son être, et le moindre geste, le moindre regard, le moindre baiser la rendait folle de lui. Aussi, elle ne put retenir un sourire complice quand elle entendit ce murmure destiné qu'à elle, rien qu'à elle. "Si on était seuls, tu serais déjà bien moins habillé." souffla-t-elle à son tour. Elle regarda l'horloge qui trônait dans le salon. "C'est bientôt l'heure du coucher, de toute façon." Elle tenait à établir un rythme à Thaïs, tout comme Ciàran le faisait avec Gabriel.Outre le bien-être des enfants, cela contribuait aussi à leur vie de couple, à ce moment où ils se retrouvaient qu'à deux. Mais très vite, la conversation se fit moins agréable, puisque le sujet du déménagement fut mis sur le tapis. Elle essayait de garder bonne figure, mais elle souffrait. Elle souffrait de la maladresse de Juliann. C'était forcément ça. "Je préfère me dire qu'il a été maladroit." affirma-t-elle. Ses doigts jouaient nerveusement avec les fils qui dépassaient de son plaid, son regard rivé vers les enfants alors que Ciàran confirmait qu'elle n'était pas une moins que rien. "C'est l'impression que ça m'a donné. Et pourtant, il était mon ami." Juliann la connaissait. Il savait qu'elle réagissait au quart de tour. Il savait donc qu'elle allait mal prendre la façon dont il a annoncé tout ça. Et maintenant, elle avait l'impression d'être la méchante de l'histoire, d'être la princesse capricieuse qui avait cassé le bonheur du jeune couple. Alors qu'elle avait juste espéré être ménagée. "J'en suis à trois déménagements en moins d'un an, Ciàran ! Et là, ce n'est même pas quelque chose de définitif." Il fallait comprendre qu'elle déraillait. Elle allait devoir recommencer les visites, ne pas finir dans un taudis insalubre, prévoir même quelque chose de plus grand pour l'accueillir avec les petits. Enfin, ça, c'était ce qu'elle avait dans le tête, sûrement parce qu'elle craignait de mettre à plat ce questionnement qui la hantait depuis quelques jours : qu'allaient-ils faire quand Bébé sera là ?  Ce fut Ciàran qui aborda le sujet, qui énonça son envie d'être présent, de ne pas manquer les premières fois du bébé. Elle le regarda un instant, songeuse, avant de secouer la tête : "J'y ai réfléchi, oui. J'ai même retourné la situation dans tous les sens. A moins qu'un de tes voisins s'en aille et que je prenne la maison juste à côté de chez toi, on n'a pas beaucoup de solution..." Elle marqua une pause. "Maintenant, est-ce qu'on est prêts à vivre sous le même toit ? Je ne sais pas... Je sais ce qu'est la vie en communauté, mais pas la vie de couple. Et je crains de faire un faux pas, d'empiéter sur ton territoire, ou de s'énerver mutuellement avec nos manies. Après, je me dis qu'on a encore quelques mois pour habiter ensemble... Mais tu te vois avoir le bébé et essayer de vivre ensemble en même temps ? J'ai peur que ça fasse beaucoup et qu'au final, on se perde." Soit ils prenaient des risques en allant trop vite, soit ils prenaient des risques à être submergés par toutes ces nouveautés et de voir leur amour éclater. "Tu en penses quoi, toi ?"