most wonderful time of the year ▽ (libre)

C'est une magnifique journée hivernale. Les lieux sont bondés mais si joliment décorés pour Noel, on entend les gens trinquer, rire, deviner leurs cadeaux. Certains couples s'embrassent, d'autres enfants listent leurs vœux à haute voix... et lui traîne des pieds au milieu de la foule, en se trimbalant un ours géant que sa petite sœur voulait absolument acheter quelques stands plus loin. Au cas où la taille ne sauterait pas aux yeux des gens qui se payeraient sa tête, la couleur pétante de la peluche rattraperait le coup.

Collin soupire : pour une fois qu'il est en congé à Noel, on le force à se sociabiliser. Il aurait préféré regarder un film niais à la télé chez lui, en solo. Mais la décision de venir a été soumise au vote et c'était 5 contre un. Défaite écrasante. Le voilà donc, rien qu'un accompagnateur insouciant et muet. S'il était un Schtroumpf, il serait sans doute le petit bonhomme grincheux. Il lève le regard au ciel quand il voit Charlie sautiller sur place comme une gamine, c'est pourtant elle qui lui rabâche tout le temps qu'elle a grandi, blabla. Mais au fond, il ne peut nier à quel point ça lui fait plaisir de la voir si proche d'Opale, sa... future belle-sœur. Oui, s'il y avait une chose qui l'intéressait bien aujourd'hui, c'était l'avis de ses sœurs quant à ce mariage, au fait que Opale viendra habiter avec eux. La chambre de leurs parents sera enfin déverrouillée et les nouveaux mariés y emménageront, c'est le plan de Col mais rien ne tout ça n'a encore été dit à haute voix. "Arrête de prendre des photos et fais tes achats, j'ai pas envie de m'éterniser ici." se plaint-il en regardant Stella. "Et si vous me disiez ce que vous vouliez pour Noel ? Qu'on en finisse rapidement, y a un match à 17h." demande-t-il à l'attention de Charlie et Opale, sa petite sœur a déjà l'énorme ours en peluche et il avait deviné les souhaits des deux autres. Il ne reste plus que ces deux-là. A y penser, Collin soupire, ses sœurs auront un second cadeau en prime : une belle sœur. Reste à savoir si elles la considéreraient vraiment comme un cadeau. En tout cas, il ne faut pas compter sur lui pour partager la nouvelle. Il laisse ça lâchement à sa bien aimée, monopolisée par Charlie.

Insensible à l'apparente exaspération de Collin, qu'il ne se donnait absolument pas la peine de cacher, Charlie arborait un sourire jusqu'aux oreilles. Même lorsque ce dernier marmonnant quelques paroles dans sa barbe, ressemblant plus à un vieux papy grognon qu'à un jeune adulte de vingt-huit ans, la jeune femme se contenta de lever les yeux au ciel sans se départir de son sourire, secouant ses longues boucles brunes. « T'as jamais envie de rien de toute façon, Col. À part perdre ton temps devant un match tout pourri. » rétorqua-t-elle en tirant la langue, fermant un instant les paupières sur ses beaux yeux clairs - héritage familial -, avant de repartir en sautillant, marchant un peu devant pour se retourner et prendre une photo de Collin et Opale sur le vif. Elle revint vers eux en se remémorant que Collin vient quand même de lui demander ce qu'elle veut pour Noël. Bonne occasion, qu'elle ne compte pas louper. « Un poney ? Non, mieux : une licorne. Mais arc-en-ciel hein. Ou non, tu sais quoi, un scalpel, pour m'entraîner sur toi quand tu me saoules. » débita la jeune fille à toute vitesse, faisant mine de réfléchir et de changer d'avis toutes les cinq millisecondes. Elle parlait en marchant à reculons, guère inquiète de ne pas voir où elle allait, jusqu'à ce qu'elle percute quelqu'un. Charlie se retourna, confuse, alors que la personne avait déjà pris la parole pour s'excuser. La jeune femme le reconnut et son léger embarras se transforma en une étincelle joyeuse dans son regard. « Hé, salut Fred ! Oh t'en fais donc pas, dis. J'te présente mon frère, Collin, toujours en train de tirer la tronche, et sa copine, Opale, beaucoup plus sympa si tu veux mon avis. » lança Charlie avec jovialité en tournant la tête vers ses deux acolytes, se délectant du moment où elle se moquait une fois de plus de son aîné. Rien de méchant, il le savait parfaitement bien. Ils étaient juste plus doués pour s'échanger des vannes pourries et des piques bien lourdes que pour se dire qu'ils s'aimaient d'amour.