Don't speak + Tathur & Salomé

L'estomac noué, Salomé avait bien du mal à conserver sa bonne humeur habituelle. Elle appréhendait la confrontation entre Tahlia et Arthur. Pourtant c'est elle-même qui l'avait poussé à aller le voir. Cela faisait désormais plusieurs mois qu'il purgeait sa peine dans la prison de Brisbane. Mais à chaque fois que Salomé venait rendre visite à Arthur, elle se sentait désarmée. Inconsolable, il n'arrivait pas à tourner la page. Elle était donc persuadée que cette confrontation l'aiderait à avancer.

Tout opposait Arthur et Salomé. Lui, son language cru de la rue. Son côté sombre et calculateur. Elle, respectueuse des règles de la politesse. Mais aussi dévouée aux pauvres, aux malades, aux laissés pour compte. Elle ne sut comment, sûrement à l'usure, mais elle était parvenue à convaincre Tahlia.

Quand elle sortit de la voiture, elle ajusta son béret en laine et remit en place sa minaudière. Prête? lui demanda-t-elle avec assurance. Je t'accompagne jusqu'à la salle. Je vous laisserais parler seul à seul. Elle ne voulait pas être spectatrice de cette conversation. Or, elle savait déjà qu'elle devra ramasser Arthur à la petite cuillère. Merci d'être là, je t'en suis vraiment reconnaissante rajouta-t-elle enfin en lui tenant la main.

Le rêve de courtier avait viré au cauchemar. C'est fou comment les choses sont arrivées si vite. Il avait troqué sa casquette à un costume trois pièces. Aux yeux de tous Arthur était catalogué. Crapule, bandit, malhonnête, voyou. Petit con, quoi.

Oh oui, il avait merdé grave. Soif d'argent, Arthur a tiré le diable par la queue. Après avoir escroqué une centaine de clients, il devait en assumer les conséquences. Dans un premier temps il remboursa tous ses clients. Et dans un second temps, il dût être condamné à cinq ans de prison, ferme.

Dans sa cellule, il n'y avait pas un jour où il ne pensait pas à elle. Tahlia. Ses cheveux bruns et soyeux. Ses yeux noisettes et son regard profond. Le plus tragique, ce n'est pas d'avoir perdu son argent. Sa plus grande tragédie, c'était de l'avoir perdu elle.

Il mentirait si il disait qu'il avait fait tout ça par amour. Tout comme il mentirait si il disait qu'il ne l'avait pas aimé. Et il l'aimait encore. La seule personne qui pouvait le comprendre était Salomé. C'est d'ailleurs la seule qui venait le rendre visite et qui acceptait de lui parler.

Aujourd'hui il portait son marcel blanc, ce qui lui rendait une mine épouvantable. Comme depuis des mois. Des cernes bleuâtres formaient des rides. Ses yeux bleus avaient perdu toute sa splendeur. Alors qu'il pensait voir Salomé arriver. Il la vit arriver, elle. Tahlia. Son coeur allait exploser. Le visage atrocement amaigri, Arthur afficha un sourire qui frôlait le désespoir. Rêvait-il?

Prête ? Tahlia acquiesça d'un signe de la tête, mais la réalité était toute autre. Non, elle n'était pas prête à revoir son ex, entre les murs froids d'une prison. Mais elle ne pouvait plus faire marche arrière, il fallait qu'elle prenne sur elle et qu'elle ait le courage d'affronter Arthur. Salomé serra sa main. Face à ce geste, Tahlia redressa la tête et lui adressa un vague sourire, réconfortée à l'idée que son amie ne se trouve pas loin, même si elle tenait à les laisser seuls. Les deux jeunes femmes entrèrent à l'intérieur, subirent les contrôles d'identité et les fouilles nécessaires. Puis Salomé laissa Tahlia entrer dans une pièce qui lui rappelait les salles d'interrogatoires du commissariat. C'était gris, froid, glauque. Sans vie. Postée devant la fenêtre où les barreaux en fer filtraient la lumière du soleil, la jeune policière ferma les yeux un instant et inspira un bon coup. Qu'allait-elle dire ? Ou faire ? Comment allait-elle réagir en le voyant ? Elle qui n'avait éprouvé que de la colère pour lui semblait désormais en proie à d'autres sentiments. Une sensation qui ne disparut pas en entendant la porte s'ouvrir. Tahlia se retourna et posa son regard sur le jeune homme. La vision qui lui offrit l'horrifia. Arthur avait perdu de sa superbe. Il était amaigri, cerné et la lumière du néon le rendait encore plus pâle qu'il ne devait l'être. La brune sentit son coeur se serrer alors qu'elle avança vers lui. Dans un souffle, elle murmura : "Bonjour Arthur." Elle fit de nouveau quelques pas vers lui, mais s'arrêta à mi-chemin. "Je sais que tu attendais Salomé. Mais... j'avais besoin de te voir." C'était un aveu qu'elle aurait préféré ne pas lâcher, mais bon, elle ne pouvait pas passer outre. "Comment vas-tu ?"  

Jamais plus il ne croyait la revoir ni entendre le son de sa voix. Tahlia lâcha-t-il d'une voix rauque. Un sourire se dessina sur son visage, accentuant ses traits amaigris. Il en avait le souffle coupé. Comme si on le privait soudainement d'oxygène. Il déglutit et ferma les yeux pendant un instant. Il se demandait vraiment si il ne s'agissait pas d'un rêve. Il espérait que non. Quand il ouvrit ses yeux, Tahlia était encore là. Elle était belle comme un ange. Ses cheveux bruns soyeux et brillant, tombaient sur ses épaules. Mais ce sont ses yeux d'un vert émeraude, qui fit bousculer le coeur d'Arthur.

Chaque jour qui suivit son arrestation, Arthur imaginait ce moment. Oh oui. Combien de fois se voyait-il lui dire tout ce qu'il avait sur le coeur? Au moins un million de fois. Durant un court moment il se vit fondre en larmes. Il se retint de toutes forces et de son peu d'énergie.  Il fit un mouvement pour prendre sa main mais se rabaissa. Il jeta alors un bref regard au gardien qui les observait. Si Tahlia le repousserait, il sera illico jeté dans sa cellule. Il plongea son regard larmoyant dans le sien. Tu es venu me voir lui dit-il avec espoir, ignorant au passage sa question. Maintenant qu'elle était là, il allait bien.

Spoiler:

Tahlia pouvait lire dans le regard d'Arthur une détresse qu'elle n'avait jamais décelé chez lui. Elle avait toujours connu l'homme sûr de lui, aussi bien à l'époque où il avait son survêtement qu'à l'époque où il était en costume. Le voir comme ça était surprenant, horrifiant. Il était bien loin le grand Arthur Delacroix. L'observant avec attention, elle le surprit à fermer les yeux, puis à les rouvrir, comme s'il s'attendait à faire face à un fantôme. Mais elle était là en chair et en os. Même si elle-même n'aurait jamais cru être là, elle aussi.

Il ne répondit pas à sa question. Pas étonnant, à vrai dire. On ne demandait pas à un taulard comment il allait. Mais Tahlia était gênée. Elle ne savait pas quoi dire. Face à lui, elle perdait son bagoût et son assurance. Ses yeux se baissèrent sur cette main qu'il avança jusqu'à elle, avant de se rétracter. Elle suivit le regard d'Arthur et observa le gardien. Elle savait qu'il suffisait d'un mot pour qu'il retourne dans sa cellule, mais en avait-elle envie ? Non, bien sûr que non. Avait-elle envie qu'il la touche, qu'il la prenne dans ses bras ? Elle n'en était pas sûre pour autant. Ses sentiments étaient en vrac. Mais au fond d'elle, malgré sa colère et sa rancoeur, elle regrettait ses étreintes, ses bras protecteurs au sein desquels elle se sentait en sécurité. Mais c'était fini tout cela. Alors qu'elle croisa son regard larmoyant – qui lui ficha un nouveau coup au cœur – la brune hocha la tête. « Tu connais la force de persuasion de Salomé, pas vrai ?! » Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la brune, avant de répondre. « Et puis, je ne pouvais pas laisser tes lettres sans réponses... »

Spoiler:

Arthur n'en croyait pas ses yeux. Tahlia était là. Il avait supplié Salomé, son seul contact avec le monde de l'extérieur, de pouvoir enfin la voir. Il ne savait pas comment, mais elle avait réussi à la convaincre. Oui, Tahlia était là, en chair et os. Bien vivante, sans imagination et pas dans ses rêves. Je ne la remercierai jamais assez. Et merci à toi d'être là lui dit-il d'une voix tremblante. Il avait tellement envie de la toucher, de l'enlever et de l'embrasser. Il n'avait aucune idée de ses intentions mais peu importe, puisqu'elle était là.

Sa présence lui donnait une once d'espoir qu'il pourrait la récupérer. Arthur jeta un bref coup d'oeil au gardien et ce fut ainsi qu'il descendit sur terre. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux inhabituellement trop longs et négligés. Ses yeux bleus étaient froids, tristes, sans vie.  Il s'apprêtait à faire ses excuses, et bien qu'il avait plein de choses à lui dire, il ne savait pas par où commencer. Il prit une bouffée d'oxygène et le peu de courage qui lui restait pour affronter son regard. J'ai été minable, si tu savais à quel point je m'en veux ses mots se perdirent dans un sanglot. Il cacha son visage dans ses mains. 

Arthur semblait tout aussi surpris que Salomé, quand Tahlia avait dit qu'elle viendrait. Semblait-elle si butée que cela ? Il était certain qu'elle aurait fini par venir. Mais elle n'avait pas su quand. Il lui avait fallu le temps pour se remettre du choc de l'arrestation d'Arthur, pour ne pas que sa visite se résume à cracher son venin et à laisser sa colère prendre pleinement le dessus. Etrangement, Tahlia semblait presque sereine face à lui. Même si à l'intérieur, elle était brisée de le voir comme cela. Aussi mince, aussi triste, aussi éteint. Alors qu'elle avait toujours aimé le sourire de sale gosse qu'il avait sur les lèvres. Cet Arthur lui manquait. Elle lui adressa simplement un sourire quand il la remercia d'être là.

Nerveux, le regard d'Arthur ne cessait de se balader entre elle et le gardien. Comme s'il se ramenait sans cesse dans sa réalité carcérale. Sa main se perdait dans ses cheveux qu'elle n'avait jamais vu aussi longs. Mais soudain, il affronta son regard et commença à se confier. La jeune femme l'écouta et hocha la tête. « Tu as été plus que minable, Arthur. Tu as joué au con. » répondit-elle sur un ton presque neutre. C'était la vérité, tout simplement. Elle n'allait pas lui dire que non, il n'avait pas été minable, elle n'allait pas lui trouver de fausses excuses. Il savait que Tahlia n'hésitait jamais à donner son avis parfois tranché. Mais le voir se cacher le visage dans les mains et réprimer un sanglot fut bien difficile pour la brune. Elle réduisit la distance entre eux et posa une main timide sur son bras. « Ne craque pas, s'il te plaît... » souffla-t-elle dans un murmure.

Tout le monde le savait, ce n'était pas un secret, Arthur a toujours été instable. Près de Tahlia il avait enfin trouvé une relation saine et durable. Ensemble ils avaient des projets. La force de leur couple était basée sur une forte complicité. Et lui, cet abruti, avait tout détruit.

Elle ne m'aime plus songea Arthur. Cette pensée le chagrina. Cette femme était si belle, avec de vrais valeurs, comment avait-il pu tout gâcher? Arthur se sentait pitoyable. Il frissonna. Comme si il faisait face au froid d'Alaska, à -10° ou lors d'une tempête de neige. Je sais admit-il les yeux larmoyant. Les paupières lourdes, il n'eut la force d'écouter Tahlia et craqua. Les larmes coulaient l'une après l'autre. Plus il s'empêchait de pleurer plus il pleurait. Il resta un moment silencieux.

Prenant une grande respiration, il reprit ses esprits et la parole. Je regrette, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je me disais, que... Au fait non j'sais pas. J'ai été con. C'était facile, suffisait de mentir. Je devenais de plus en plus riche. Une p*tain d'obsession de m*rde. J'ai été con répéta-t-il énervé contre lui même. Il deglutit, serra les dents et de nouveau il jeta un bref regard vers le gardien. Il évita aussi le regard de Tahlia et essuya ses yeux avec la manche de son shirt. 

Aussi rancunière qu'elle était, Tahlia n'était pas pour autant dépourvue de tout sentiment. Elle l'avait mis devant le fait accompli, elle lui avait lâché qu'il avait été un vrai con, mais en le voyant craquer de cette manière, Arthur atteignit Tahlia au plus profond d'elle-même. Elle avait toujours connu le Arthur sûr de lui-même, avec son bagout légendaire et son vocabulaire de rebelle des quartiers. Et même quand il enfilait son costume Armani, elle savait que le sale gosse n'était jamais bien loin. Elle ne l'avait jamais vu aussi vulnérable, même quand il avait été arrêté par les flics. Alors, le voir ainsi, en larmes, l'affecta profondément. Elle sentit une boule se serrer au niveau de son estomac, alors qu'il exprima ses regrets. Il était tombé dans le piège de l'argent, dans cette spirale infernale qui l'avait poussé à vouloir toujours plus. C'était triste. Et encore plus triste de se dire que Tahlia n'avait rien remarqué, qu'elle avait été aussi naïve au point de croire qu'il gagnait de l'argent légalement. "Tu n'es pas le premier à être tombé dans le piège. Mais j'aurai aimé que tu me le dises..." Cela aurait-il changé quelque chose ? Peut-être pas mais elle l'aurait couvert. Indéniablement. Elle l'aimait trop pour qu'il coule tout seul. Alors qu'il jeta un regard au gardien et qu'il s'essuya les yeux avec la manche de son t-shirt, Tahlia garda son regard ancré sur lui, cherchant à ce qu'il relève les yeux vers elle. Mais comme il ne le faisait pas, elle laissa son instinct la pousser jusqu'à lui. Elle le serra dans ses bras et se blottit tout contre lui, lâchant dans un murmure : "Maintenant, tu as intérêt à te tenir à carreau et à obtenir une réduction de peine..."

Minable. Pitoyable. Depuis qu'il était enfermé dans sa cellule, il s'enfermait dans cette tristesse infinie. Écorché vif, Arthur sombrait dans la dépression. Il se coupait du monde, ne pensant qu'à Tahlia. Il n'oubliait pas son regard lumineux. Ses yeux d'un vert émeraude. Elle avait la peau douce, dorée, sans imperfections. Il aimait sa petite taille car il avait l'impression de pouvoir repousser tous les dangers qui l'entourait. Et dire que ce petit morceau de paradis l'appartenait.

Des larmes coulèrent sur sa barbe mal rasée. À son étreinte il respira son parfum fruité. Pardonne-moi. Je regrette répétait-il d'une voix éraillée. Oui, il aurait dû lui dire qu'il déconnait. Mais il l'aurait perdu pour de bon. Pire, il aurait perdu son amour. Alors il avait préféré prendre le risque de magouiller derrière son dos. Il ne croyait pas qu'elle aurait pu l'aimer avec sa vieille paire de Stan Smith et sa casquetteabîmée par les années.

Je ferais n'importe quoi pour te récupérer. Il voulait se rattraper. Dans une pensée insensée, une éblouissante folie, Arthuravait une once d'espoir qu'il puisse se rattraper.

Les larmes d'Arthur eurent le don d'apaiser la colère qui avait envahi Tahlia avant d'arriver ici. Elle s'était attendue à voir un Arthur sale gosse, avec un air hautain qui ne regrettait pas vraiment ce qu'il avait bien pu faire. Mais le requin des finances avait laissé sa place et c'était un Arthur détruit qu'elle avait devant elle. Il avait pleinement conscience de ses actes et des pertes engendrées. Il avait perdu son fric, ses objets de valeurs, sa réputation. Et il l'avait perdu, elle. Il avait perdu cet amour, cette complicité, ces projets qu'ils avaient voulu construire à deux. Tahlia le regrettait, elle aussi. Elle, elle n'avait rien fait dans cette histoire et elle avait perdu autant que lui. Pourtant, son instinct la poussa tout contre lui, à le serrer dans ses bras, comme si cela allait pouvoir lui redonner un semblant de réconfort. Malgré toute la rancoeur qu'elle avait à son égard, ce serait mentir de dire qu'elle ne l'aimait plus. Tahlia l'aimerait toujours, c'était certain. Elle aura toujours ce goût d'histoire inachevée. Elle aura toujours cette culpabilité qui la transperçait. Elle n'aurait pas dû lui apporter son aide, lors de sa montée fulgurante. Elle n'aurait pas dû l'assister, elle n'aurait pas dû l'aider à faire ressortir cette assurance qui l'avait tant aidé dans son métier de courtier. Arthur serait resté ce petit cuisinier, avec sa casquette et ses Stan Smith abîmées, mais il serait resté son Arthur. « Je sais que tu regrettes. » lâcha-t-elle dans un murmure, en resserrant son étreinte autour de lui. Mais alors qu'il avoua qu'il ferait tout pour la récupérer, la brune redressa la tête et regarda le jeune français. « Pense à toi avant tout, Arthur. Le reste, on avisera plus tard.... Tu nous verrais encore ensemble, là maintenant, après tout ce qu'il s'est passé et alors que tu serais loin de moi, au quotidien ? » C'était bête mais il n'avait pas le droit de lui dire cela. Elle avait sa vie à vivre. Elle allait peut-être rencontrer d'autres hommes, vivre des belles histoires et des échecs sentimentaux. Et peut-être qu'elle le retrouvera à sa sortie, quand les années se seront écoulées. Et peut-être que là, elle osera lui donner une seconde chance...

Belle et froide comme la nuit. Tahlia. Le timbre de sa voix ne trahissait aucune faiblesse, aucune vulnérabilité. C'est ce qu'il a toujours aimé chez Tahlia. Elle est une femme forte et indépendante. Peut-être était-ce pour cette raison qu'il l'aimait. Parce qu'elle n'avait pas besoin de lui. Lui, plus que jamais, avait besoin d'elle.

Elle l'a aimé quand il n'avait rien. Elle l'a aimé quand il avait tout. Alors qui sait, l'aimera-t-elle de nouveau maintenant qu'il n'avait rien? Tahlia représentait la seule et unique raison de purger sa peine. Car soyons honnête, si Arthur ne se serait pas fait attraper, il n'aurait jamais rien avouer à Tahlia. Parce qu'il ne voulait pas prendre le risque de la perdre. C'était 1 chance sur 2. Il a perdu. Il ferait n'importe quoi pour la récupérer, quitte à attendre quatre, cinq, six ans. La réponse est évidente. Oui, évidement, que oui! J'ai merdé grave. Je suis qu'un petit con. J'ai compris... J'ai réalisé à quel point je t'aime. Rien que de te voir là... Il eut un sourire affaiblie, étirant ses traits maigres de son visage. Il la dévorait des yeux et chercha ses lèvres comme autrefois lorsqu'il cherchait à la courtiser. La nostalgie s'empara de lui. De doux souvenirs à leurs premiers baisers, tout aussi doux eux aussi.

Il voudrait la garder blottie contre lui, ses mains qui se glissent sur son dos. Il empêcha son vieux réflexe de mettre sa main sur sa cuisse pour relever ses longs cheveux bruns à l'extérieur de ses épaules. Elle sentait bon. En humant son parfum un sentiment de tristesse le submergea. Il avait le ventre noué. Je suis rien sans toi, moi. Son regard s'était assombri. Il avait l'air d'un gamin perdu dans les bois.

D'ordinaire, Tahlia affichait une assurance indéniable, voire presque hautaine face à ses exs. Quand c'était fini, c'était vraiment fini. Mais il y en avait deux envers qui elle était totalement différente : Elias et Arthur. Peut-être était-ce parce qu'ils étaient les deux seuls qui avaient compté pour elle, réellement. Elias avait été son premier amour, celui qui l'avait détruite. Arthur avait été la surprise, celui qui lui avait fait éprouver des sentiments à l'époque où elle ne le voulait pas. Elle s'était ouverte, elle lui avait fait confiance, elle avait appris à s'appuyer sur quelqu'un d'autre. Et il l'avait détruite, lui aussi. Pas de la même manière, certes. Mais elle avait fini par croire qu'elle n'était destinée à personne, qu'elle ne pouvait avoir confiance en personne. Il l'avait dupée, alors qu'elle aurait sûrement tout fait pour le couvrir, pour le protéger. Il avait préféré ne rien dire et ils avaient tous les deux tout perdu dans cette histoire. Et aujourd'hui, il croyait encore qu'elle allait retomber dans ses bras. Alors qu'il lui avoua qu'il l'aimait, la brune secoua la tête, complétement perdue. Perdue entre sa rancune et ses sentiments qui étaient toujours présents, qui lui serraient l'estomac. Perdue entre l'envie de l'embrasser, de se blottir contre lui et la peur de se faire duper par ses belles paroles. Mais son sourire qui illumina ses traits tirés et sa façon de la regarder lui donnaient l'impression qu'elle était son pilier. « Je t'aime, moi aussi, Arthur. Mais je ne sais pas si je suis capable de tout oublier, de te refaire confiance. » Il savait à quel point la notion de confiance était primordiale pour Tahlia. Alors qu'il avait ses mains sur elle, il repoussa sa chevelure brune, lui avouant qu'il n'était plus rien sans elle. Il savait user des mots pour la mettre mal-à-l'aise. Elle se sentait même coupable de ne pas se laisser entraîner, de ne pas tout laisser de côté pour retomber dans ses bras. Alors, elle souffla dans un murmure : « Laisse-moi du temps, Arthur. Laisse-moi du temps pour encaisser tout ça et voir plus clair. »

Fou à lier d'elle, Arthur n'avait d'yeux que pour elle. Tahlia fut l'unique à atteindre son coeur. Avant de la connaître, il jouait de filles en filles, les utilisait et disparaissait. Un mauvais garçon. D'ailleurs il a bien cru que cela allait se passer comme ça avec Tahlia. Puis sans le vouloir, sans s'en rendre compte, il est tombé amoureux. Tahlia n'était pas qu'une belle femme, elle était aussi dotée d'une douceur incroyable et un tempérament de feu.

Arthur ne pouvait pas l'accabler, tout était de sa faute. C'est lui qui a détruit cette relation, avec ses mensonges il s'était retrouvé derrière les barreaux. Si il voulait regagner sa confiance, il devait être persévérant et patient. Il le sera. Facile quand on tourne en rond dans une petite cellule. Arthur ne pensait qu'à elle. Constamment, tous les jours. Quel soulagement de l'entendre qu'elle l'aimait. Elle ne devait pas savoir à quel point cela lui faisait du bien. Arthur eut cette sensation agréable et renversante qui lui chatouillait le ventre. Il prit ses mains et y déposa un baiser. Il en prit le risque car il avait l'impression de pouvoir la reconquérir. J'ai compris la leçon. Je te promets que je ne te mentirais plus jamais insista-t-il. Il la regarda amoureusement. T'es belle. Moi j'ai l'air d'un con rigola-t-il. Il avait besoin de détendre l'atmosphère. Il avait surtout envie de revoir son beau sourire.

C'était bête mais elle se serait vue faire sa vie avec Arthur. Il était le type d'homme qu'il lui fallait. Ce type d'homme sur lequel elle pouvait s'appuyer mais qui savait l'affronter quand il le devait. Tahlia avait parfois besoin d'être remise en place, d'avoir un homme qui savait montrer les crocs quand elle avait tord et Arthur l'avait fait à merveille, tout en la maniant avec douceur. C'était pour cela qu'elle était folle de lui. Qu'elle éprouvait tant de regrets en voyant leur histoire gâchée de cette manière. Elle avait envie de le croire quand il insistait sur le fait qu'il ne mentirait plus jamais, quand il déposa un baiser sur sa main, comme le gentleman qu'il était,quand il la mettait sur un piedestal. Et alors qu'il la complimenta, la comparant à l'air con qu'il affichait, Tahlia joignit son rire au sien. Un rire où ils retrouvaient leur complicité, cette complicité qui les avait tant lié. Elle passa une main sur sa joue mal rasée, ses doigts jouant avec cette barbe qu'elle n'avait jamais vu sur le visage d'Arthur. « Je trouve que ça te va bien la barbe. » souffla-t-elle, avec un sourire qui déridait son visage crispé, presque libérateur. Elle avait eu ce qu'elle voulait. Elle avait eu les regrets d'Arthur. Comment cela allait-il se terminer ? Seul l'avenir leur dira. Peut-être retournerait-elle dans les bras de cet homme qui l'attendait. Ou peut-être pas. Parce qu'il y avait une différence énorme entre eux. Tahlia était dehors, elle. Elle avait sa vie à mener. D'autres hommes à rencontrer. Mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait pas tirer un trait aussi facilement sur Arthur. Elle était son amie, en plus d'avoir été sa petite amie. Alors, c'est pour cela qu'elle reprit doucement : « Je ne vais pas tarder à y aller. Il y a Salomé qui veut te voir aussi. » Elle se mordilla la lèvre inférieure, alors qu'elle enchaîna : « Si ça te dit, je pourrais revenir... »