Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Azriel avait quitté le skatepark au bout de peu de temps, contrairement à d'habitude. Quelque chose s'était passé, il l'avait bien vu. Impossible de ne pas le remarquer. Quand Milo avait quitté leur endroit favori à l'arrivée de Niels, s'éclipsant discrètement, Az aurait dû être aveugle s'il n'avait pas trouvé ça suspect. Ils étaient un trio soudé, tous les trois passionnés de skate et capable de traîner ensemble des heures durant. Mais un froid polaire semblait s'être emparé des lieux quand Niels était arrivé. Le brun ne s'était permis aucune réflexion. Si quelqu'un avait quelque chose à dire, il le dirait. Les esprits semblaient trop bouillonnants que pour avoir envie de s'exprimer et de s'apaiser. Az avait bien vu à la tête de Niels que quelque chose n'allait pas. Quelque chose de plus qu'une potentielle embrouille avec Milo, ce qui était déjà assez rare que pour ne pas être perturbant. Après un moment, il avait fini par se confier en quelques mots, marmonnant quelque chose à propos d'Aelya et lui n'étant plus ensemble. La discussion à ce sujet ne s'était pas éternisée, et Azriel n'avait pas insisté, ni même demandé en quoi leur troisième compère avait quelque chose à voir là-dedans. De toute façon, il s'imaginait assez bien ce qui avait dû se passer, pas besoin d'un dessin.
Après avoir pris congé de Niels et des autres potes skateurs, Az s'était roulé une clope et était parti en direction du Hendrix. Il avait quitté le terrain bien plus en avance que prévu. Car il y avait une dernière personne, et pas des moindres, concernée par cette histoire, et elle non plus ne devait pas être dans son assiette. Az comptait bien prendre le temps de voir ce qu'il en était. "Hey. Je vais pas te demander si tout va bien, je me doute que non. Je commence le boulot dans 45 minutes, mais je vais déjà au Hendrix si tu veux passer avant mon service." Il appuya sur "envoyer", le message se mettant en route pour le téléphone d'Aelya. Il n'avait pas formulé ça de manière à ce qu'elle se sente obligée de venir, ce n'était même pas une demande. C'était dire qu'il prenait le temps pour elle, sans vraiment le dire. Qu'il arrivait plus tôt au boulot, prévoyait du temps de libre qu'elle était invitée à remplir, sans vraiment utiliser ces mots précis.
Quand Niels et Aelya avaient commencé à réellement se mettre ensemble, Az avait été super content pour son pote, de un, mais il avait aussi appris à beaucoup apprécier cette jeune femme. La communication s'était rapidement bien établie entre eux deux et il appréciait sa présence et leurs conversations. Il trouvait qu'elle et Niels se correspondaient et se complétaient sur énormément de points, et qu'ils ressemblaient à peu de choses près au couple parfait. Pas dans le sens où tout allait toujours bien, mais dans le sens où ils étaient faits l'un pour l'autre et que ça crevait les yeux. En tout cas, c'était le point de vue du jeune homme. Il se sentait donc d'autant plus concerné par cette histoire de rupture et de guerre froide avec Milo, mais avant tout, il voulait savoir comment se portait Aelya et écouter ce qu'elle avait sur le cœur. Az n'était peut-être pas un grand romantique dans l'âme, mais pour le coup, il était assez persuadé qu'il était impossible que l'histoire d'Aelya et Niels soit définitivement terminée.
Au bout du rouleau, croulant sous les flots d'un océan de maux, Aelya s'était laissée glisser sur une pente glissante alors que Niels l'avait quitté à cause de ses péchés, de ses démons bien trop agités qui l'avaient trop souvent conduits à errer sans but dans une destinée qu'elle tentait d'oublier. Il l'avait lâché, et en vérité, elle comprenait. Elle ne s'était jamais sentie méritante de l'avoir à ses côtés, alors, elle ne faisait que fauter, employant les actes manqués que son cerveau cherchait à mettre en place pour la décimer, lui montrer qu'elle n'en valait pas la peine. Oublier. C'était tout ce qu'elle voulait faire. C'était ce tout ce qu'elle possédait dès à présent. Les yeux noyés sous les larmes qui roulaient à flot sur ses joues rougies par leur acidité, elle s'était vue envahir par la culpabilité, la désolation alors que son âme était en perdition, s'écorchant contre les ronces de son esprit déprimé, altéré. Allongée dans son lit qui respirait encore son odeur, elle ressentait son manque, alors que son portable s'était mis à vibrer sur la table de chevet. Un message d'Azriel. Elle l'appréciait, l'ayant rencontré par le biais de Niels, et fallait croire que le feeling était toute de suite passée, Aelya s'éprénant directement d'engouement pour son tempérament qui lui rappelait à s'y méprendre à celui de son ex petit ami aujourd'hui. Il lui demandait de passer à son travail, et si sa compagnie lui ferait du bien, elle savait aussi que quelques verres d'alcool ne serait pas de refus non plus pour son mal-être. Aelya se mit en route pour trouver Azriel après s'être préparée, cachant les déboires de sa tristesse, et elle poussa la porte du bar avant de légèrement lui sourire quand elle le reconnut derrière le comptoir.
- Salut. Tu me sers un verre de rhum s'il te plaît ? Lança-t-elle en prenant place sur un des tabourets.
Aelya avait envie de tout, sauf de s'étaler dans les méandres de sa déprime qui tournoyait dans sa tête, prête à surgir au travers de son paraître plutôt serein.
Az avait déverrouillé la porte du bar et avait commencé à préparer quelques trucs pour le service, avec nonchalance, prenant tout son temps puisqu'il en avait. Il avait pris soin de laisser les stores à moitié fermés, indiquant que le bar n'était pas encore ouvert, tout comme le prouvaient les chaises encore montées sur les tables. S'affairant avec calme, en silence, Az releva la tête quand Aelya franchit la porte. Il esquissa un mince sourire, la laissant s'installer tout en continuant à essuyer l'intérieur d'un verre sans faire d'excès de zèle. « Yo. Bien sûr. Sec ? » demanda-t-il tout en allant chercher la bouteille et de saisir un verre propre. Il se permit de s'en servir un à lui aussi. Déjà, pour accompagner Aelya, ensuite, parce qu'un ou deux verres pour la maison de temps en temps, ce n'était pas bien grave. Le patron ne leur en tenait pas rigueur, à Peter et lui, parce qu'ils n'abusaient pas de ces petits extras et tenaient le bar de manière responsable. Il posa le verre devant Aelya, puis trinqua avec elle. « On trinque à quelque chose en particulier ? » Azriel n'était pas du genre à mener la conversation dans ce genre de situations, et il n'était déjà pas quelqu'un de très bavard en temps normal. Mais dans ce cas, il suivait Aelya. Si elle avait envie de parler, il écouterait. S'il avait des choses à dire, il les dirait. Alors il se contentait de tâter le terrain, d'observer ce vers quoi elle souhaitait se diriger. Le but étant de lui offrir un peu de répit dans sa peine, qu'il imaginait grande, et peu importe en quoi ce répit consistait. Si elle voulait se saouler jusqu'à ne plus se rappeler son nom, il ne l'en empêcherait pas.
Dévastée, elle s'était laissée traîner dans ce bar, où y'avait Az, le seul qui pouvait sûrement lui remonter le moral après ce drame, parce que si ça n'avait l'air de rien comme ça, elle ne savait même pas comment elle arrivait encore tenir debout, dans une impression que ses épaules portaient un poids tellement lourd qu'elle avait l'impression de s'affaisser, sa carcasse lasse titubant au milieu des ruelles, dans l'espoir d'y trouver un peu de lumière, l'espoir qui s'était cassé par terre dans le même bruit que son cœur qui ne semblait plus battre, épuisée par cette dispute qui avait laissé un trou dans sa poitrine, et Aelya avait mal, une boule au niveau du plexus qui semblait l'étouffer. Il était parti, et elle devait faire avec, même si elle peinait à se dire que c'était fini parce qu'il n'y avait aucun fin à ses sentiments inépuisables. Elle hocha la tête à sa demande, le regardant faire avec un léger sourire aux lèvres, parce qu'elle n'avait pas envie de lui faire subir son humeur massacrante. Il ne le méritait pas. Elle prit le verre dans ses mains, claquant le contenant contre le sien.
- À mon célibat ? Lança-t-elle, le ton cynique.
Puis, elle avala le liquide ambré d'une traite, sentant l'alcool brûler sa trachée.
- Il m'a quitté. Avec Milo, on a dépassé les bornes sans le savoir tous les deux. J'ai merdé, Az.
Elle haussa les épaules, tentant d'arborer un air nonchalant pour ne pas se laisser consumer par la déprime.
- M'arrêtes pas ce soir. Je payerai autant de verres qu'il m'en faut pour me sentir mieux. Je t'aurais bien proposé de me suivre mais pas sure que ton patron accepterait, ajouta-t-elle, un air joueur sur le visage.
Elle n'irait pas mieux, mais elle pouvait au moins essayer.
Un sourire sans joie tira les traits du jeune homme quand Aelya proposa de trinquer à son célibat, l'enveloppant d'un regard marron chaud. Il pouvait voir qu'elle contrôlait l'expression de sa peine et qu'elle se battait pour tenir debout. Elle donnait le change, même en avalant en une fois le contenu de son verre. Toute sa personne irradiait la douleur, Az pouvait le sentir. Mais elle gardait la face et il ne pouvait qu'admirer cet effort. Lui-même renfermait fortement ses émotions, principalement quand il s'agissait de la fin d'une relation sentimentale. Il préférait garder l'ouragan d'émotions à l'intérieur, enfermé dans une boîte quelque part dans son esprit et afficher une attitude frôlant l'indifférence. C'était son moyen à lui de digérer les déceptions et d'accepter les choses, même si ça pouvait paraître insensible. Chacun gérait à sa manière et il n'était personne pour juger son amie dans sa façon de faire. « C'est sûr que se taper le meilleur pote de ton mec n'était pas la meilleure idée du monde. » commenta-t-il avec un haussement d'épaules et l'ombre d'un sourire. Ce n'était pas pour l'enfoncer ou la faire culpabiliser, mais une simple constatation des dégâts. « Mais je suppose que c'est pas vraiment comme ça que ça s'est passé. » ajouta-t-il en resservant le verre de la brune, avant de poser à nouveau son regard sur elle. Il n'avait pas demandé aux deux autres ce qu'il s'était passé, et il n'était pas plus curieux que ça, mais il imaginait tout de même que ni Milo ni Aelya n'avaient fait cet acte en toute connaissance de cause. Jamais ils n'auraient fait ça à Niels, c'était évident. « T'en fais pas, je ne comptais pas t'empêcher de boire. Le premier verre est pour la maison, d'ailleurs. Et celui-ci aussi. En revanche, tu me feras le plaisir de prendre un taxi pour rentrer, ou bien je prendrai ta voiture pour te raccompagner. » répondit-il avec un sourire en se servant à son tour un verre, trinquant avec la jeune femme. « Un verre avant l'ouverture ne me fera pas de mal. » lâcha-t-il avec un haussement d'épaules en prenant une gorgée. Il n'était techniquement pas encore en service et ne comptait de toute façon pas être ivre, surtout s'il devait prendre le volant pour reconduire Aelya chez elle. Elle pouvait se mettre dans l'état qu'elle voulait, il n'était personne pour juger. Et il n'avait pas la prétention de croire qu'il pourrait lui remonter le moral, alors si elle voulait noyer sa peine dans l'alcool durant quelques heures, il la laisserait faire.
Elle grimaça à son cynisme qui rappelait le sien, non, c'était clair et net que ça n'avait pas été la meilleure idée du siècle, d'ailleurs, ça n'en avait même pas été une, parce qu'Aelya n'aurait jamais prévu de rentrer ce soir-là avec le meilleur ami de Niels, et encore moins de lui présenter son lit. Ca faisait trop de bruit dans sa tête, au milieu du silence qui plongeait son coeur dans une latence morbide, dans l'envie qu'il ne vienne à la rappeler, parce qu'elle avait tenté de lui expliquer mais il n'avait rien voulu écouter et encore moins comprendre. - Ce qui s'est passé, c'est quoi j'me suis dans la merde toute seule en ne sachant pas que Milo connaissait Niels. T'sais quoi, les relations sans lendemain, ça attire bien plus de problèmes qu'on ne le croit à la base, soupira-t-elle, exaspérée, buvant une gorgée.
Puis, tout ça s'était mis en place à cause des photos d'Aelya prise par Milo et qui s'étaient retrouvées bien trop vite dans les mains de son petit-ami qui était de nouveau son ex. Le coeur lourd face à cette constatation, elle s'empara d'un autre verre, laissant le liquide âcre rongée sa trachée. - Az... Tu sais que je t'adore, mais je crois pas que ce soit une bonne idée que tu me raccompagnes. A tous les coups, connaissant ma poisse légendaire, Niels pourrait débarquer et constater que maintenant "je me tape son deuxième meilleur ami". Bref. Je prendrai un taxi, ouais, ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel, peu ravie d'écourter son temps avec lui pour empêcher le sort de s’abattre encore une fois sur elle.
Un léger sourire sur les lèvres, elle trinqua avec lui, acquiesçant à ses mots. - On dira que tu testes ta came avant de bien la vendre à tes clients, lança-t-elle, amusée. Faut bien que tu connaisses tes produits, après tout, haussa-t-elle les épaules, un air malicieux sur le visage.
Elle reporta son attention sur lui, son regard était las et désolé de lui infliger ça. - Je suis désolée. Ca a vraiment du mettre un froid entre vous trois. Et toi t'es au milieu de ça alors que c'est pas de ta faute. C'était pas prévu, mais Niels est... Un peu trop jaloux, parfois. On s'est bien trouvés tous les deux.
Souvent, même, qu'elle aurait du dire pour être le plus juste possible. Mais elle le comprenait, elle était pareille, usant de sa possessivité électrique pour tout détruire.
Az écoutait son amie avec un sourire sans joie, appuyé sur le comptoir, les bras croisés. Il comprenait mieux ce qui avait dû se passer, et voir tout le monde ruminer sa tristesse ou sa rancœur dans son coin allait presque jusqu'à le frustrer. Il comprenait le ressenti de chacun, c'était normal, et autant il était certain que ça passerait, d'une manière ou d'une autre, autant il trouvait ça dommage de voir tout le monde perdre du temps pour une chose à laquelle personne ne pouvait rien. « Je crois que les problèmes trouvent toujours un chemin jusqu'à nous, quoi qu'on y fasse. » répondit Az d'un air fataliste pour toute réponse. De son côté, il penchait plutôt pour dire que c'étaient les relations exclusives et la jalousie qui créaient des problèmes, la conception de l'amour telle qu'elle était dans l'esprit de la grande majorité des gens. Mais ça, c'était son avis personnel et il comprenait que tout le monde ne partageait pas cette vision des choses. Et comme il venait de le dire, peu importe les situations et les actions, les problèmes survenaient à un moment ou un autre, point barre. Personne n'était à blâmer. « Pas faux, j'y avais pas pensé. Y a pas de souci, ce serait effectivement con d'envenimer les choses par un malentendu supplémentaire. Tant que tu rentres safe, ça me va. » acquiesça le barman avec un sourire avant de boire une gorgée de son verre. « T'as tout compris, je n'oserais pas servir quelque chose aux clients sans m'être assuré de sa qualité, voyons. » rigola-t-il sur le ton de l'ironie aux paroles d'Aelya. Il voyait bien que la jeune femme était au bout du rouleau, mais il était soulagé de voir qu'elle avait encore la force de faire un peu d'humour. Azriel secoua la tête quand elle s'excusa pour tout ce bordel. « T'excuses pas voyons, j'suis le dernier à être en mauvaise posture dans cette histoire. J'espère juste que ça s'arrangera d'une façon ou d'une autre pour tout le monde, c'est dommage de vous voir comme ça. » rassura le jeune homme en pressant le bras de son amie, avec un petit sourire. Il n'avait pas à se plaindre, même si l'ambiance n'était pas au rendez-vous, il était celui qui pâtissait le moins de la situation. Il n'aurait pas voulu être à la place de Niels, Milo ou Aelya, aucune n'était facile à vivre. « Ouais, la jalousie... » soupira-t-il avec un haussement d'épaules, buvant pensivement une autre gorgée.
Elle voulait récupérer son petit-ami, voyant sa vie se faner peu à peu, à mesure que la distance les séparait, comme deux âmes qu'on ne pouvait vraiment contraindre à se déchirer sans en subir des conséquences. C'était les effets secondaires de ce sentiment si puissant, Aelya qui n'avait jamais connu ça de toute sa vie, elle qui avait trop souvent prôné les relations sans lendemain pour ne justement pas avoir à expérimenté les déchirures qui siégeaient maintenant dans son coeur. - C'est clair. Heureusement que t'es là, toi, ajouta-t-elle avec un léger sourire reconnaissant.
Parce qu'il ne la jugeait pas, parce qu'il l'écoutait sans broncher alors qu'il aurait tout simplement pu prendre le parti de son meilleur ami, Aelya qui s'était encore une fois aventurée sur une pente dangereuse, et qui n'arrivait à pas la remonter, s'écorchant dans ses propres efforts vains. - Ouais, j'ai juste pas envie que tu ramasses mes pots cassés toi non plus, j'ai pas forcément envie que tu me détestes à force d'attirer des ennuis à tout le monde, soupira-t-elle tristement en buvant une gorgée de son verre.
Elle rit légèrement, tentant de s'accrocher à cette ambiance plus légère que celle qui pesait sur son âme. - Ce serait pas pro du tout, je trouve que c'est une qualité vraiment rare, d'être autant dévoué pour ses clients... S'amusa-t-elle en lui envoyant un clin d'oeil, buvant une nouvelle fois.
Son regard valsait entre ses yeux et son verre qu'elle trouvait encore trop remplit, comme si le bonheur se trouvait dans le fond de ce liquide qu'elle se devait de terminer pour espérer seulement sourire sans avoir mal. Elle acquiesça à ses mots, attendrie par le doux contact de sa main sur son bras. - Vous vous voyez plus tous les trois, j'imagine ?
Elle s'imaginait sans trop de peine que Niels évitait surement Milo, qu'il préférait se laisser ronger par la solitude, celle qu'elle redoutait, parce qu'elle savait qu'il avait les mêmes tendances à l'auto-destruction qu'elle. - T'as jamais été jaloux ? T'as jamais aimé quelqu'un toi ? Demanda-t-elle, sa curiosité piquée à vif devant sa nonchalance.
Invité
Sujet: Re: warm blood cold heart ▽ (aelya) Mar 11 Juin 2019 - 15:02
Az esquissa un petit sourire amical et plein de chaleur en guise de réponse. C’était sans doute la qualité qui sortait le plus quand on parlait de lui, le fait qu’il soit tout simplement là, à l’écoute. Ce n’était pas sa place de juger. Et rajouter une couche au malheur des gens en jugeant leurs actes et leurs éventuelles erreurs n’aidait en rien, de plus, personne ne pouvait savoir ce qu’il aurait fait à la place de l’autre. On pouvait ne pas être d’accord, bien sûr, mais dire à la personne ce qu’elle aurait dû ou pas dû faire était totalement inutile et ne faisait qu’enfoncer la personne. « Culpabilise pas pour les autres en plus, t’es pas responsable de tous les malheurs du monde. T’en fais pas va, faut déjà y aller pour que j’en arrive à détester quelqu’un. » répondit-il avec douceur, terminant sur un ton plus léger. C’était vrai, il ne voyait pas pourquoi il détesterait un jour Aelya. Quoi qu’elle fasse. Même si certaines personnes blessaient, involontairement ou même volontairement, il aurait fallu que ce soit réellement très grave pour qu’Azriel en arrive à ressentir de la réelle haine. La plupart du temps, ce n’était que de l’exaspération, et encore, même ça c’était rare. Encore une fois, il estimait que l’impact des décisions des gens ne méritait pas de provoquer de la haine. Les erreurs étaient inévitables, tout comme le fait de blesser les gens et d’être blessé. C’était comme ça, c’était quand même plus sage de s’y faire plutôt que de blâmer les autres. Mais bon, c’était son point de vue. Se détester lui-même, en revanche, ça il en était bien plus capable, même s’il le cachait habilement. « Mais ! Tu recommences, tu me poses une question alors que tu sais pertinemment que la réponse va te faire culpabiliser. » s’exclama l’italien, tout en conservant son sourire amusé, tentant de maintenir une ambiance détendue et légère. Mieux valait en rire qu’en pleurer non ? « Pour le moment ouais, on traîne plus trop ensemble. Enfin, je les vois séparément quoi, et je vois surtout Milo à la coloc’, Niels un peu moins. » Il n’allait pas mentir, le trio s’était un peu délité. Mais il ne perdait pas espoir que les morceaux se recollent, avec le temps. Tout reviendrait à la normale. Il s’amusa de la question d’Aelya et but une gorgée avant de répondre. « Perso’, j’ai toujours trouvé que la jalousie n’avait rien à voir avec l’amour. » dit simplement le brun. « La jalousie est reliée au besoin de posséder exclusivement quelque chose pour combler des besoins personnels, psychologiques ou physiques. Quand je suis amoureux, tout ce que je veux c’est que la personne soit heureuse, où qu’elle soit, quoi qu’elle fasse. Elle ne m’appartient pas. Si voir et être avec d’autres gens la rend heureuse, alors je suis heureux. » expliqua-t-il plus longuement ensuite. « Mais ce n’est que mon avis personnel. » ajouta rapidement l’italien avec un petit haussement d’épaules. Il savait que sa conception des choses différait de celle de la plupart des gens, mais il le vivait bien, jusqu’ici. Bien sûr, cela avait mis fin à la plupart de ses relations, bien qu’il n’en ait pas eu énormément. Mais il l’acceptait. Il ne pouvait exiger des gens qu’ils voient l’amour et le couple comme lui, tout comme les autres ne pouvaient exiger de lui de restreindre ses libertés et ses envies.
Elle aurait pu enfiler le meilleur de ses masques pour dissimuler la peine qui la rongeait, et en même temps, elle n'en avait pas la force ni l'envie, comprenant également qu'Azriel serait à même de recevoir l'assaut de ses émotions négatives puisqu'il en connaissait très bien la cause, et surtout, il connaissait très bien Niels et la relation qu'ils nouaient pour ne pas pouvoir comprendre à quel point cette situation pouvait l'affecter. Quelque part, elle était reconnaissante de l'avoir, lui qui arborait toujours une posture détendue face à tout, qui la faisait légèrement sourire par le biais de sa bonne humeur contagieuse. - C'est là-dessus qu'on est super complémentaires, moi tu vois, faut y aller pour que je vienne à apprécier quelqu'un, s'amusa-t-elle.
Parce qu'elle avait toujours eu l'impression que c'était plus facile de haïr que d'aimer, peut-être parce qu'elle avait grandit avec ce mode de fonctionnement, qu'il valait mieux nuire que d'être nuit, qu'il valait mieux détester pour éviter de trop souffrir d'un énième abandon. Puis, au fil du temps, elle s'était rendue compte que parfois, ça valait le coup de tomber de haut, quand on savait que dans les ténèbres, il pouvait parfois y avoir de la lumière. Mais là, sans Niels, il n'y en avait plus. Elle haussa les épaules à sa remarque, ne pouvant s'empêcher de grimacer de manière amusée devant son comportement qui visait à en savoir un peu plus sur leur relation à tous les trois, comme dans une manière de s'introduire dans la vie de Niels alors qu'il l'avait chassé. Elle hocha doucement la tête à sa réponse, un air dépité sur le visage, consciente que de toute façon, elle ne se serait attendue à aucune réponse que celle qu'il venait de lui donner. - Il préfère surement rester un peu seul. Pour encaisser.
Elle le connaissait bien, son Niels, l'homme de sa vie malgré tout, qui s'évertuait toujours à confronter ses problèmes seul plutôt que de les étaler, sauf qu'elle savait très bien que comme elle, ils n'avaient tous les deux pas les moyens les plus sains du monde pour les gérer. Elle se sentait impuissante, luttant contre l'envie de s'imposer à lui pour qu'il daigne juste comprendre que cette histoire n'était finalement qu'un grain de sable dans les rouages de leur lien. Elle but quelques gorgées en l'écoutant, ressentant les effets désinhibiteurs de l'alcool qui l'apaisaient alors que ses paroles la faisaient réfléchir. - Tu dois nous trouver dingues alors... Lâcha-t-elle dans un rire nerveux.
Ils étaient constamment l'un sur l'autre, à s'apprivoiser dans leurs comportements possessifs qui visaient à les retenir dans leur bulle, et qui étaient souvent la source de leurs dégâts relationnels. - J'suis heureuse si Niels est heureux. J'pourrai surement accepter le fait qu'il puisse vouloir s'éloigner de moi pour l'être, parce que tout ce que j'veux c'est qu'il se sente bien mais en même temps... S'il est heureux avec quelqu'un d'autre, ça veut juste dire que j'ai échoué. Et j'crois que c'est surtout ça que je pourrais pas accepter et qui peut me rendre dingue, tu vois.
Elle soupira, regardant le fond de son verre vide. - J'sais pertinemment que j'suis pas un cadeau et qu'il mérite mieux. Mais clairement, j'ai aucune envie qu'il m'oublie. Alors, ouais c'est peut-être égoïste, mais, y'a rien de pire que de se rendre compte qu'on est pas à l'hauteur. Surtout quand on aime, admit-elle, pensive.
Ses yeux s'embuèrent soudainement de larmes alors qu'elle sentait les émotions se débattre dans son organisme. - Désolée. C'est pas dans mon habitude de me confier autant. L'alcool joue pas mal. En tout cas, t'es d'une très bonne écoute. J'espère que ta futur copine te fera jamais de coups tordus, lança-t-elle en souriant tendrement.
Un rire authentique résonna dans l’air quand Aelya souligna qu’ils étaient assez complémentaires, avec une pointe d’humour. C’était effectivement assez comique de voir leurs personnalités respectives se rencontrer ainsi. Az n’était ni quelqu’un de colérique, ni quelqu’un de rancunier, il était très difficile de le faire sortir de ses gonds ou même de lui déplaire. Il y avait certes des personnes avec qui il accrochait moins que d’autres, mais une différence de convictions ne l’avait jamais empêché d’entretenir des bonnes relations. Il fallait vraiment aller loin pour que le garçon n’en vienne à perdre son habituel comportement détendu, et vraiment très loin pour qu’il ne sente des pulsions violentes l’envahir. C’était déjà arrivé, mais c’était devenu extrêmement rare, surtout après le décès de sa cadette. Il avait délaissé une partie de lui-même à cette période pour devenir quelqu’un de plus responsable et mature, se rendant compte d’à quel point il avait pu être idiot. « Je m’estime chanceux d’avoir une conversation avec toi dans ce cas, c’est un réel honneur. » plaisanta le brun avec un clin d’œil et un sourire en coin enfantin. Aelya lui demanda si leur trio a priori inébranlable était encore en contact, et Az fut bien obligé de lui répondre honnêtement. Mais il ne voulait pas dramatiser la situation non plus et il estimait que la jeune femme n’avait pas à se reprocher quoi que ce soit de plus. C’était entre Niels et Milo, cette histoire, et même Az évitait de trop s’en mêler, il n’allait pas jouer les entremetteurs d’amitié. Ses deux potes étaient des grands garçons et ils régleraient ça en temps voulu, pour le moment, Niels avait besoin de se calmer, comme le précisa Aelya. « C’est mieux comme ça pour le moment je pense. Ils finiront bien par se parler, t’en fais pas. » fit le brun sur un ton aussi réconfortant que possible, un sourire optimiste animant ses traits. Le sujet dériva ensuite sur la jalousie et l’italien s’amusa de la question de son interlocutrice, avant de lui exposer son point de vue sur la chose. Il était bien conscient que peu de gens partageaient son opinion et il pouvait le comprendre. Ça ne l’empêchait pas d’assumer totalement qui il était et ce dont il avait besoin dans une relation de couple. « Disons que j’ai du mal à comprendre, mais c’est parce que je fonctionne pas comme tout le monde. C’est plutôt vous qui êtes normaux et moi qui ait des idées moins répandues. » répliqua Azriel avec un petit rire et un haussement d’épaules. Il ne jugeait en rien la relation de Niels et Aelya, la plupart des couples fonctionnaient ainsi. Mais c’était certain que si la jalousie disparaissait des émotions humaines, ces deux-là seraient toujours ensemble et Niels n’aurait aucune raison d’en vouloir à Milo. Malheureusement, ce n’était pas comme ça que la plupart des relations humaines tournaient. Les paroles de la brunette firent leur chemin jusqu’à l’esprit du garçon, qui réfléchit un instant avant de hocher la tête. « Ça je peux le comprendre. Si j’aimais une fille et qu’elle était avec quelqu’un d’autre, sans être avec moi… Je serais sans doute triste oui. Mais je n’associe pas vraiment ça à de la jalousie. » reprit le brun à la suite de ses paroles. Quand il était avec quelqu’un, ça ne lui posait aucun problème que cette personne aille voir ailleurs. Parce qu’au final, c’était avec lui qu’elle était, c’était vers lui qu’elle revenait, c’était avec lui qu’elle avait une relation. Et réciproquement. C’était autre chose s’il n’était pas avec la personne, s’il n’y a pas de relation, c’était forcément plus décevant. « Mais ça ne veut pas dire que tu as échoué en quoi que ce soit. Je trouve qu’on peut pas qualifier une relation d’échec, peu importe comment elle se vit et se termine. C’est délicat d’entretenir quelque chose à deux, chacun a sa personnalité, ses besoins et ses manies, et peu importe la fin, je pense que chaque partie retire quelque chose de bénéfique de cette aventure, au final. » Azriel était rarement aussi pensif et il était rare qu’il décrive exactement sa façon de penser, mais il fallait croire que l’ambiance d’aujourd’hui s’y prêtait bien. « T’excuses pas, pour le coup tu m’as fait parler plus qu’à mon habitude aussi. » rit-il en croisant le regard d’Aelya, avant de boire quelques gorgées de son verre après tant de paroles. « Ben j’espère aussi ! » reprit Az avec un sourire franchement amusé. « Je te ressers ? » demanda-t-il ensuite en désignant son verre. Loin de lui l'idée de la faire boire, mais Aelya était aussi venue ici pour ça et il pouvait totalement comprendre son besoin de noyer sa tristesse le temps d'une soirée.
Invité
Sujet: Re: warm blood cold heart ▽ (aelya) Mer 10 Juin 2020 - 14:16
Elle trouvait en Azriel une oreille attentive, le genre d'écoute qui lui faisait énormément de bien surtout lorsque ses pensées étaient scellés dans la tristesse de sa perte. C'était comme ça qu'elle se voyait : perdue. Le coeur désagrégé dans les flots de sa séparation avec Niels qu'elle n'avait pas su prévoir. Et elle était rassurée de voir qu'Azriel ne portait aucun jugement et qu'il était bien au contraire le seul qui était à même de les comprendre tous dans leur position singulière. C'était surement une des qualités qu'elle appréciait le plus chez lui, et sans vraiment s'en rendre compte, il avait réussi à l'apaiser avec ses mots, avec son sourire, réveillant en elle un peu plus de légèreté dans son monde qui tombait en morceaux sans Niels. - Faudrait déjà savoir ce que c'est la normalité avant toute chose. Franchement, j'ai pas l'impression que tout le monde se taperait le meilleur ami de son petit copain... Pouffa-t-elle tristement, se moquant d'elle-même alors qu'elle enchainait les verres pour faire taire la culpabilité qui la rongeait. T'as de la chance de pas connaître la jalousie. J'aurais aimé être assez forte pour travailler là-dessus, mais avec Niels, ce sera toujours voué à l'échec. J'ai jamais été jalouse avant lui. Il a décuplé pleins d'aspects de ma personnalité et je sais que c'est dû au fait que j'suis très amoureuse de lui, avoua-t-elle, laissant son coeur parler le plus justement possible de ses émotions. T'as raison... T'aurais vraiment du faire psy' toi. J'espère que tu trouveras quelqu'un qui te mérite, t'es vraiment un gars super, sourit-elle, égayée par la justesse de son ton qui révélait l'aspect positif des choses quand elle ne voyait que du négatif. Nan merci ça ira... J'vais appeler un taxi et rentrer. J'reviendrai surement demain t'inquiètes pas. Tu vas me voir souvent ici en ce moment j'pense, admit-elle, un léger sourire triste sur les lèvres. Merci pour les verres, et merci de m'avoir écouté, ça m'a fait du bien. Prends soin de toi, lança-t-elle sincèrement en se dirigeant vers la porte du bar.